Le parallèle a certes ses limites, toutefois je maintiens mon pari
Il faut se rappeler que le coût "sortie de centrale" de l'électricité ne compte aujourd'hui que pour approximativement que pour le quart du prix du consommateur résidentiel (vous et moi). Le reste, ce sont des frais de transport et de distribution et les marges des différents acteurs de la chaîne.
Considérons donc un producteur énergétique dont le parc de production est essentiellement nucléaire : dans son prix "sortie de centrale", le combustible compte pour disons 15% (uranium + coût d'enrichissement et de transformation en combustible "prêt à l'usage")
Avec ce qui est dit plus haut, le combustible, seule véritable composante variable des prix de revient, représente donc moins de 4% du prix usager : le reste est fixe et correspond à des amortissements et des marges.
L'usager résidentiel ayant une consommation constante, ou en tout cas plafonnée à une valeur supportable, le risque financier consistant à lui vendre l'électricité au forfait est donc assez limité et peut se couvrir assez facilement. En contrepartie, on obtient une offre commerciale redoutable car donnant l'illusion de l'abondance. Idéal pour piquer des parts de marché
On peut faire le parallèle avec les offres de téléchargement MP3 "illimitée" : il y a des limites physiques au téléchargement frénétique du particulier (notamment la lassitude) même s'il y a en contrepartie des droits d'auteur à payer aux maisons de disques qui sont eux proportionnels au nombre de morceaux téléchargés.
Notez qu'un opérateur de centrales au gaz peut faire pareil, mais a besoin de plus de flair : comme le gaz représente plus dans la structure de coûts, il lui faut utiliser une couverture plus coûteuse a priori, sauf s'il spécule adroitement sur le GNL à terme. Avez-vous remarqué que justement P***o construit des centrales au gaz et un terminal GNL ?
Ce genre de contrat n'est pas à proposer à un industriel ou même un acteur tertiaire, dont les ordres de grandeur de consommation, bien supérieurs, rendraient le coût de la couverture trop élevée pour que l'offre finale soit attractive.
Quand la dérégulation se marie avec la finance de haut vol, ça donne des cocktails détonants...