par energy_isere » 29 nov. 2020, 21:48
Batteries : les aléas du sodium-soufre
Environnement magazine le 4 novembre 2016
C’est l’histoire d’un beau projet, d’une batterie qui fonctionne bien, mais qui n’a pas encore totalement convaincu. Dans l’île de la Réunion, EDF avait installé dès 2009 une batterie sodium-soufre sur un poste-source situé à Saint-André, dans le cadre d’un projet baptisé Pégase. Ces batteries sont spécialisées dans le stockage massif, de l’ordre du mégawatt. Elles fonctionnent à haute température, environ 300 °C, et possèdent un atout majeur : leur prix. Mais elles ont aussi plusieurs inconvénients. Leur rendement reste moyen : 60 à 65 %, contre près de 90 % pour la technologie lithium-ion. Autre défaut, leur ratio puissance sur énergie est fixe. Ainsi, une batterie d’une puissance de 1 mégawatt fournit forcément 7 mégawattheures.
Celle de Saint-André avait une puissance de 1 MW. Elle était notamment destinée à répondre au pic de consommation à la tombée de la nuit. Elle a rempli sa mission avec succès, si bien qu’EDF a décidé en 2011 de l’utiliser pour favoriser le développement des énergies intermittentes. Elle a donc mis en réseau avec trois parcs renouvelables : deux fermes photovoltaïques et une ferme éolienne pour une puissance totale de 23 MW. À l’aide de méthodes de prévision de la production de court terme (moins de 48 heures) et très court terme (quelques dizaines de minutes), l’objectif était de démontrer que l’on peut injecter sur le réseau une production lissée à partir d’une production intermittente. Succès là encore, puisque « grâce à ce système de stockage, la Réunion peut désormais atteindre le taux d’énergies intermittentes instantané de 32 % », souligne-t-on chez EDF. Habituellement, ce seuil de sécurité est limité à 30 %. Autrement dit, sans la batterie, à chaque fois que l’on risquait d’injecter plus 30 % d’énergies intermittentes, l’opérateur local d’électricité SEI devait débrancher une partie de sa production. Le projet Pégase visait à réduire de 80 % ces pertes d’électricité renouvelable.
Malgré tous ces succès, cette batterie a dû être stoppée. À l’origine, un feu s’est déclaré sur une batterie sodium-soufre non pas en France, mais au Japon. Le constructeur, le japonais NGK, a demandé à tous ses clients un arrêt pour vérification et changement des cellules. Depuis, le projet Pégase a redémarré et fonctionne correctement, mais rien n’indique que cette solution sera retenue industriellement. « Cette batterie sodium-soufre était bien positionnée sur le marché, mais l’incident a installé le doute », observe Laurent Torcheux, chef du groupe batteries chez EDF.
Aujourd’hui, les batteries lithium-ion viennent en concurrence frontale avec des prix fortement à la baisse. Sans l’incendie, les batteries sodium-soufre auraient progressé, une deuxième génération serait apparue. Mais l’incident a fait perdre cinq ans. « Il y aura quand même un marché du sodium-soufre, prédit Laurent Torcheux. Mais pour cela, il faut attendre une nouvelle génération, plus souple en rapport puissance/énergie, et moins chère. »
https://www.environnement-magazine.fr/e ... diumsoufre
[quote] [b]Batteries : les aléas du sodium-soufre
[/b]
Environnement magazine le 4 novembre 2016
C’est l’histoire d’un beau projet, d’une batterie qui fonctionne bien, mais qui n’a pas encore totalement convaincu. Dans l’île de la Réunion, EDF avait installé dès 2009 une batterie sodium-soufre sur un poste-source situé à Saint-André, dans le cadre d’un projet baptisé Pégase. Ces batteries sont spécialisées dans le stockage massif, de l’ordre du mégawatt. Elles fonctionnent à haute température, environ 300 °C, et possèdent un atout majeur : leur prix. Mais elles ont aussi plusieurs inconvénients. Leur rendement reste moyen : 60 à 65 %, contre près de 90 % pour la technologie lithium-ion. Autre défaut, leur ratio puissance sur énergie est fixe. Ainsi, une batterie d’une puissance de 1 mégawatt fournit forcément 7 mégawattheures.
Celle de Saint-André avait une puissance de 1 MW. Elle était notamment destinée à répondre au pic de consommation à la tombée de la nuit. Elle a rempli sa mission avec succès, si bien qu’EDF a décidé en 2011 de l’utiliser pour favoriser le développement des énergies intermittentes. Elle a donc mis en réseau avec trois parcs renouvelables : deux fermes photovoltaïques et une ferme éolienne pour une puissance totale de 23 MW. À l’aide de méthodes de prévision de la production de court terme (moins de 48 heures) et très court terme (quelques dizaines de minutes), l’objectif était de démontrer que l’on peut injecter sur le réseau une production lissée à partir d’une production intermittente. Succès là encore, puisque « grâce à ce système de stockage, la Réunion peut désormais atteindre le taux d’énergies intermittentes instantané de 32 % », souligne-t-on chez EDF. Habituellement, ce seuil de sécurité est limité à 30 %. Autrement dit, sans la batterie, à chaque fois que l’on risquait d’injecter plus 30 % d’énergies intermittentes, l’opérateur local d’électricité SEI devait débrancher une partie de sa production. Le projet Pégase visait à réduire de 80 % ces pertes d’électricité renouvelable.
Malgré tous ces succès, cette batterie a dû être stoppée. À l’origine, un feu s’est déclaré sur une batterie sodium-soufre non pas en France, mais au Japon. Le constructeur, le japonais NGK, a demandé à tous ses clients un arrêt pour vérification et changement des cellules. Depuis, le projet Pégase a redémarré et fonctionne correctement, mais rien n’indique que cette solution sera retenue industriellement. « Cette batterie sodium-soufre était bien positionnée sur le marché, mais l’incident a installé le doute », observe Laurent Torcheux, chef du groupe batteries chez EDF.
Aujourd’hui, les batteries lithium-ion viennent en concurrence frontale avec des prix fortement à la baisse. Sans l’incendie, les batteries sodium-soufre auraient progressé, une deuxième génération serait apparue. Mais l’incident a fait perdre cinq ans. « Il y aura quand même un marché du sodium-soufre, prédit Laurent Torcheux. Mais pour cela, il faut attendre une nouvelle génération, plus souple en rapport puissance/énergie, et moins chère. »
[/quote]
https://www.environnement-magazine.fr/energie/article/2016/11/04/48430/batteries-les-aleas-sodiumsoufre