par energy_isere » 18 nov. 2024, 09:30
Accord UE-Mercosur : les agriculteurs de toute l'Europe dénoncent le projet
Boursorama avec Media Services •18/11/2024
Dès ce lundi 18 novembre, les agriculteurs français prévoient de se mobiliser contre ce traité - négocié depuis des décennies entre l'UE et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay et Bolivie) - que la Commission européenne, soutenue par plusieurs pays comme l'Allemagne et l'Espagne, espère signer d'ici à la fin de l'année.
Les agriculteurs français sont loin d'être les seuls à rejetter l'accord UE-Mercosur. Dans les grands pays producteurs d'Europe, les organisations agricoles dénoncent également le projet d'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays latino-américains. Mais la réponse de leurs gouvernements est plus nuancée, la France restant la plus véhémente dans son opposition.
Alors que le Mercosur exporterait vers l'UE d'abord des produits agricoles (viande bovine, volaille, porc, miel, sucre...), l'inquiétude est vive quant à des conditions de concurrence jugée déloyales, ces denrées ne répondant pas aux mêmes normes environnementales, sociales qu'en Europe, voire sanitaires en cas de contrôles défaillants. Le Copa-Cogeca, l'organisation européenne des syndicats majoritaires, a appelé l'UE à "revoir" ce projet et à "défendre une politique commerciale portant les standards rigoureux de notre agriculture".
France
La mobilisation est particulièrement forte dans le premier pays agricole du continent en valeur. Une vaste mobilisation est annoncée dès ce lundi 18 novembre, sur fond de crise générale de l'agriculture. "Un rapport d'audit de l'UE vient de mettre au jour des failles au Brésil dans les procédures de contrôle du respect des normes sanitaires", souligne la Fédération nationale bovine. "Malgré cela, la Commission européenne poursuit avec conviction les négociations qui favoriseront l'accès supplémentaire de 99.000 tonnes de viandes bovines sud-américaines". Paris essaie de rallier d'autres Etats, comme la Pologne, pour bâtir une minorité de blocage au sein de l'UE.
Allemagne
L'Allemagne, réticente à l'accord sous Angela Merkel pour cause de déforestation en Amazonie, a changé de pied avec Olaf Scholz, désireux d'élargir ses débouchés industriels. Aujourd'hui, l'effondrement de la coalition gouvernementale place les agriculteurs dans l'expectative.
Pour l'Association des agriculteurs allemands (DBV), principal syndicat, "il est urgent de renégocier" cet accord. Il "conduirait à remplacer la production nationale par des importations aux normes du siècle dernier, au détriment des consommateurs, des agriculteurs, des animaux, de l'environnement et du climat", explique Joachim Rukwied, son président, pour qui "l'agriculture de l'UE ne peut survivre que si des mécanismes viennent compenser les différences entre les normes internationales et européennes". Aucune manifestation officielle n'est prévue, ce qui ne devrait pas empêcher des convergences à la frontière franco-allemande, comme à la frontière franco-espagnole.
Espagne
En Espagne, l'ensemble des grands syndicats agricoles ont dit leurs craintes, notamment pour l'élevage. Cet accord est "dépassé et incohérent", pour l'organisation Asaja. Aucune mobilisation n'est annoncée, mais l'inquiétude suscitée par le projet avait pesé dans le mouvement de colère des agriculteurs en début d'année. Pour autant, le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez s'est prononcé pour. Il est "nécessaire stratégiquement", assurait mi-octobre le ministre de l'Agriculture Luis Planas : des filières pourraient souffrir, comme la filière bovine, mais d'autres en profiter comme le vin et l'huile d'olive.
Italie
La grande organisation Coldiretti a écrit à la Première ministre Giorgia Meloni pour exprimer la "profonde inquiétude" à l'égard d'un accord qui "aurait des effets dévastateurs sur le secteur agro-alimentaire". "Nous estimons qu’une collaboration étroite avec d'autres Etats membres de l'UE, comme la France, qui partagent nos inquiétudes, peut empêcher l'adoption de l'accord sous sa forme actuelle", appelle la lettre. Le ministère de l'Agriculture n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.
Pays-Bas
Le principal syndicat agricole LTO appelle "à arrêter les négociations". Aux Pays-Bas, le secteur avicole et le sucre seraient menacés, explique Klaas Johan Osinga, conseiller stratégie politique du LTO à l'AFP. "L'accord pourrait toutefois être bon pour le secteur du fromage, être une opportunité pour l'horticulture, mais ce sont relativement de petites sommes", ajoute-t-il, relevant que les quatre partis de la coalition gouvernementale sont divisés sur le sujet.
Pologne
Le ministère de l'Agriculture a exprimé ses "sérieuses réserves" à l'égard d'un projet qui "aura peut-être quelques bénéfices pour l'industrie, le transport maritime et certains services, aux dépens de la plupart des segments de la production agro-alimentaire". Une des principales organisations agricoles, NSZZ RI Solidarność, a appelé le chef du gouvernement Donald Tusk, à aller plus loin et à "bloquer" le projet.
Autriche
Les parlementaires du Conseil national ont adopté une résolution contre, rappelle le ministère de l'Agriculture : "restreindre la production agricole en Europe via des normes toujours plus sévères tout en poussant des accords commerciaux de la vieille école, ce n'est pas compatible. L'Autriche est un pays orienté à l'export, nous tenons à ce que le jeu soit équitable". De telles importations sans droits de douane "mettent notre agriculture en péril", résume la première association agricole (Bauernbund).
Irlande
Alors qu'en Irlande les élections législatives de fin novembre concentrent l'attention, les représentants des éleveurs (ICSA) ont protesté devant la chambre basse du Parlement.
https://www.boursorama.com/actualite-ec ... 9b3e95efd8
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Boursorama avec Media Services •18/11/2024
Dès ce lundi 18 novembre, les agriculteurs français prévoient de se mobiliser contre ce traité - négocié depuis des décennies entre l'UE et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay et Bolivie) - que la Commission européenne, soutenue par plusieurs pays comme l'Allemagne et l'Espagne, espère signer d'ici à la fin de l'année.
Les agriculteurs français sont loin d'être les seuls à rejetter l'accord UE-Mercosur. Dans les grands pays producteurs d'Europe, les organisations agricoles dénoncent également le projet d'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays latino-américains. Mais la réponse de leurs gouvernements est plus nuancée, la France restant la plus véhémente dans son opposition.
Alors que le Mercosur exporterait vers l'UE d'abord des produits agricoles (viande bovine, volaille, porc, miel, sucre...), l'inquiétude est vive quant à des conditions de concurrence jugée déloyales, ces denrées ne répondant pas aux mêmes normes environnementales, sociales qu'en Europe, voire sanitaires en cas de contrôles défaillants. Le Copa-Cogeca, l'organisation européenne des syndicats majoritaires, a appelé l'UE à "revoir" ce projet et à "défendre une politique commerciale portant les standards rigoureux de notre agriculture".
France
La mobilisation est particulièrement forte dans le premier pays agricole du continent en valeur. Une vaste mobilisation est annoncée dès ce lundi 18 novembre, sur fond de crise générale de l'agriculture. "Un rapport d'audit de l'UE vient de mettre au jour des failles au Brésil dans les procédures de contrôle du respect des normes sanitaires", souligne la Fédération nationale bovine. "Malgré cela, la Commission européenne poursuit avec conviction les négociations qui favoriseront l'accès supplémentaire de 99.000 tonnes de viandes bovines sud-américaines". Paris essaie de rallier d'autres Etats, comme la Pologne, pour bâtir une minorité de blocage au sein de l'UE.
Allemagne
L'Allemagne, réticente à l'accord sous Angela Merkel pour cause de déforestation en Amazonie, a changé de pied avec Olaf Scholz, désireux d'élargir ses débouchés industriels. Aujourd'hui, l'effondrement de la coalition gouvernementale place les agriculteurs dans l'expectative.
Pour l'Association des agriculteurs allemands (DBV), principal syndicat, "il est urgent de renégocier" cet accord. Il "conduirait à remplacer la production nationale par des importations aux normes du siècle dernier, au détriment des consommateurs, des agriculteurs, des animaux, de l'environnement et du climat", explique Joachim Rukwied, son président, pour qui "l'agriculture de l'UE ne peut survivre que si des mécanismes viennent compenser les différences entre les normes internationales et européennes". Aucune manifestation officielle n'est prévue, ce qui ne devrait pas empêcher des convergences à la frontière franco-allemande, comme à la frontière franco-espagnole.
Espagne
En Espagne, l'ensemble des grands syndicats agricoles ont dit leurs craintes, notamment pour l'élevage. Cet accord est "dépassé et incohérent", pour l'organisation Asaja. Aucune mobilisation n'est annoncée, mais l'inquiétude suscitée par le projet avait pesé dans le mouvement de colère des agriculteurs en début d'année. Pour autant, le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez s'est prononcé pour. Il est "nécessaire stratégiquement", assurait mi-octobre le ministre de l'Agriculture Luis Planas : des filières pourraient souffrir, comme la filière bovine, mais d'autres en profiter comme le vin et l'huile d'olive.
Italie
La grande organisation Coldiretti a écrit à la Première ministre Giorgia Meloni pour exprimer la "profonde inquiétude" à l'égard d'un accord qui "aurait des effets dévastateurs sur le secteur agro-alimentaire". "Nous estimons qu’une collaboration étroite avec d'autres Etats membres de l'UE, comme la France, qui partagent nos inquiétudes, peut empêcher l'adoption de l'accord sous sa forme actuelle", appelle la lettre. Le ministère de l'Agriculture n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.
Pays-Bas
Le principal syndicat agricole LTO appelle "à arrêter les négociations". Aux Pays-Bas, le secteur avicole et le sucre seraient menacés, explique Klaas Johan Osinga, conseiller stratégie politique du LTO à l'AFP. "L'accord pourrait toutefois être bon pour le secteur du fromage, être une opportunité pour l'horticulture, mais ce sont relativement de petites sommes", ajoute-t-il, relevant que les quatre partis de la coalition gouvernementale sont divisés sur le sujet.
Pologne
Le ministère de l'Agriculture a exprimé ses "sérieuses réserves" à l'égard d'un projet qui "aura peut-être quelques bénéfices pour l'industrie, le transport maritime et certains services, aux dépens de la plupart des segments de la production agro-alimentaire". Une des principales organisations agricoles, NSZZ RI Solidarność, a appelé le chef du gouvernement Donald Tusk, à aller plus loin et à "bloquer" le projet.
Autriche
Les parlementaires du Conseil national ont adopté une résolution contre, rappelle le ministère de l'Agriculture : "restreindre la production agricole en Europe via des normes toujours plus sévères tout en poussant des accords commerciaux de la vieille école, ce n'est pas compatible. L'Autriche est un pays orienté à l'export, nous tenons à ce que le jeu soit équitable". De telles importations sans droits de douane "mettent notre agriculture en péril", résume la première association agricole (Bauernbund).
Irlande
Alors qu'en Irlande les élections législatives de fin novembre concentrent l'attention, les représentants des éleveurs (ICSA) ont protesté devant la chambre basse du Parlement.
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