par energy_isere » 27 avr. 2024, 13:37
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En Lorraine, la première usine mondiale de biorecyclage pour les déchets plastiques "dont personne ne veut"
Longlaville De Bastien Munch Vendredi 26 avril 2024
L'entreprise auvergnate Carbios a posé, jeudi, la première pierre de son usine de biorecyclage de plastiques à Longlaville, en Meurthe-et-Moselle. Pour la première fois dans le monde, ce recyclage se fera naturellement, à l'aide d'une enzyme de synthèse.
C'est une première mondiale. Une usine de biorecyclage de plastiques va s'installer à Longlaville, dans le Pays-Haut, à la frontière avec le Luxembourg et la Belgique. L'entreprise Carbios, basée à Clermont-Ferrand, a posé la première pierre de ce site unique en son genre, jeudi 25 avril, en présence de nombreux élus et partenaires industriels. La mise en service de l'usine est attendue pour 2025, avec 150 emplois directs et indirects.
À terme, 50.000 tonnes de déchets plastiques PET (polytéréphtalate d'éthylène), parmi les plus utilisés dans le monde, seront recyclés sur le site, soit la consommation de 7 à 8 millions d'habitants. Ils seront récoltés dans un rayon de 300 à 500 kilomètres, en France, mais aussi en Allemagne, en Belgique ou au Luxembourg. Et ce ne sont pas les bouteilles en plastique, déjà recyclées par d'autres entreprises, qui intéressent Carbios. "On va aller chercher les déchets que les autres ne veulent pas", explique Emmanuel Ladent, directeur général de l'entreprise.
"Par exemple des barquettes alimentaires, qui se recyclent difficilement", détaille-t-il. "Pareil pour les flacons de cosmétiques. Plus le déchet est coloré, plus il est sale... plus il nous intéresse ! Parce que les autres ne savent pas le recycler, alors que nous, on sait faire avec notre technologie."
Découper le plastique puis le réassembler
Cette technologie, c'est une enzyme, autrement dit une protéine semblable à celles dans le corps humain, fabriquée par Carbios, et capable de séparer les molécules du plastique PET. "On va mettre les déchets dans une grande cuve, et là on va injecter nos enzymes", raconte Emmanuel Ladent. "Elles vont venir couper le déchet, comme un ciseau. On va donc revenir au composant de base du plastique, qu'on va être capable de réassembler pour faire du plastique vierge." Ce sera le rôle d'autres entreprises, qui recevront ce plastique recyclé à 90%.
"À partir d'une bouteille de shampoing on va faire une bouteille d'eau, à partir d'un T-shirt on va faire une bouteille de shampoing... C'est extrêmement flexible", continue le directeur général de Carbios. Une partie de l'usine en Lorraine servira aussi à recycler les textiles en polyester. Des grandes marques comme Salomon ou Puma ont déjà signé un partenariat avec Carbios. À plus long terme, l'usine de Longlaville pourrait doubler sa production de plastique recyclé.
Les emballages de L'Oréal bientôt biorecyclés
Le groupe L'Oréal s'est aussi positionné dès la présentation de cette solution biologique par l'entreprise auvergnate. "Nous, on utilise ce fameux plastique PET, qui est déjà recyclé à hauteur de 85% dans notre catalogue", affirme Brice André, responsable développement durable pour l'emballage chez L'Oréal. "Un procédé comme celui de Carbios vient vraiment en complément qualitatif."
"On utilise surtout du plastique recyclé de manière mécanique, or après plusieurs boucles de recyclage, on perd les propriétés mécaniques", explique-t-il. "Donc il faut revenir à de la qualité vierge. Et celle obtenue avec le procédé Carbios est très complémentaire de l'offre de recyclage proposée aujourd'hui. Demain, le PET recyclé enzymatique Carbios fera partie du catalogue L'Oréal." Le groupe ambitionne d'ailleurs d'atteindre, d'ici 2030, 100% de plastique recyclé pour ses emballages en PET.
"C'est une revanche"
Cet investissement de 230 millions d'euros dans le territoire nord-lorrain, dont plus de 40 millions d'euros d'aides publiques, provoque la fierté des élus locaux. "Je n'ai pas connu toute la période florissante de la sidérurgie", confie Hamdi Toudma, le maire de Longlaville. "Je n'ai connu que la fin, les craintes de voir son père se faire licencier, les usines qui ferment, la sidérurgie démontée boulon par boulon pour partir en Chine... Donc pour nous, c'est vraiment une revanche !"
"On reste une ville frontalière avec le Luxembourg et on sait qu'on a un habitant sur deux qui travaille de l'autre côté de la frontière", nuance l'élu. "Donc reconquérir des friches avec ce type de projet, c'est redonner de l'emploi localement, redonner de la vie à une petite commune de 2.500 âmes, apporter un rayonnement à l'échelle internationale... Je crois qu'on n'a jamais autant parlé de Longlaville positivement ! C'est extrêmement important pour nous."
Le projet Carbios rappelle le projet Parkes, et cette grande usine de recyclage chimique de plastique PET attendue sur la plateforme pétrochimique de Carling. Mais pour Emmanuel Ladent, le directeur général de Carbios, les deux usines ne sont pas comparables. "Nous, on n'utilise pas de solvants chimiques", explique-t-il. "Notre projet est aussi très bas en consommation d'énergie, on travaille à des températures autour de 65-70 degrés. Et puis comme on n'a pas de produit dangereux, on n'est pas obligés d'être sur un site classé Seveso."
https://www.francebleu.fr/infos/economi ... ne-7105704
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[quote] [b]En Lorraine, la première usine mondiale de biorecyclage pour les déchets plastiques "dont personne ne veut"[/b]
Longlaville De Bastien Munch Vendredi 26 avril 2024
L'entreprise auvergnate Carbios a posé, jeudi, la première pierre de son usine de biorecyclage de plastiques à Longlaville, en Meurthe-et-Moselle. Pour la première fois dans le monde, ce recyclage se fera naturellement, à l'aide d'une enzyme de synthèse.
C'est une première mondiale. Une usine de biorecyclage de plastiques va s'installer à Longlaville, dans le Pays-Haut, à la frontière avec le Luxembourg et la Belgique. L'entreprise Carbios, basée à Clermont-Ferrand, a posé la première pierre de ce site unique en son genre, jeudi 25 avril, en présence de nombreux élus et partenaires industriels. La mise en service de l'usine est attendue pour 2025, avec 150 emplois directs et indirects.
À terme, 50.000 tonnes de déchets plastiques PET (polytéréphtalate d'éthylène), parmi les plus utilisés dans le monde, seront recyclés sur le site, soit la consommation de 7 à 8 millions d'habitants. Ils seront récoltés dans un rayon de 300 à 500 kilomètres, en France, mais aussi en Allemagne, en Belgique ou au Luxembourg. Et ce ne sont pas les bouteilles en plastique, déjà recyclées par d'autres entreprises, qui intéressent Carbios. "On va aller chercher les déchets que les autres ne veulent pas", explique Emmanuel Ladent, directeur général de l'entreprise.
"Par exemple des barquettes alimentaires, qui se recyclent difficilement", détaille-t-il. "Pareil pour les flacons de cosmétiques. Plus le déchet est coloré, plus il est sale... plus il nous intéresse ! Parce que les autres ne savent pas le recycler, alors que nous, on sait faire avec notre technologie."
Découper le plastique puis le réassembler
Cette technologie, c'est une enzyme, autrement dit une protéine semblable à celles dans le corps humain, fabriquée par Carbios, et capable de séparer les molécules du plastique PET. "On va mettre les déchets dans une grande cuve, et là on va injecter nos enzymes", raconte Emmanuel Ladent. "Elles vont venir couper le déchet, comme un ciseau. On va donc revenir au composant de base du plastique, qu'on va être capable de réassembler pour faire du plastique vierge." Ce sera le rôle d'autres entreprises, qui recevront ce plastique recyclé à 90%.
"À partir d'une bouteille de shampoing on va faire une bouteille d'eau, à partir d'un T-shirt on va faire une bouteille de shampoing... C'est extrêmement flexible", continue le directeur général de Carbios. Une partie de l'usine en Lorraine servira aussi à recycler les textiles en polyester. Des grandes marques comme Salomon ou Puma ont déjà signé un partenariat avec Carbios. À plus long terme, l'usine de Longlaville pourrait doubler sa production de plastique recyclé.
Les emballages de L'Oréal bientôt biorecyclés
Le groupe L'Oréal s'est aussi positionné dès la présentation de cette solution biologique par l'entreprise auvergnate. "Nous, on utilise ce fameux plastique PET, qui est déjà recyclé à hauteur de 85% dans notre catalogue", affirme Brice André, responsable développement durable pour l'emballage chez L'Oréal. "Un procédé comme celui de Carbios vient vraiment en complément qualitatif."
"On utilise surtout du plastique recyclé de manière mécanique, or après plusieurs boucles de recyclage, on perd les propriétés mécaniques", explique-t-il. "Donc il faut revenir à de la qualité vierge. Et celle obtenue avec le procédé Carbios est très complémentaire de l'offre de recyclage proposée aujourd'hui. Demain, le PET recyclé enzymatique Carbios fera partie du catalogue L'Oréal." Le groupe ambitionne d'ailleurs d'atteindre, d'ici 2030, 100% de plastique recyclé pour ses emballages en PET.
"C'est une revanche"
Cet investissement de 230 millions d'euros dans le territoire nord-lorrain, dont plus de 40 millions d'euros d'aides publiques, provoque la fierté des élus locaux. "Je n'ai pas connu toute la période florissante de la sidérurgie", confie Hamdi Toudma, le maire de Longlaville. "Je n'ai connu que la fin, les craintes de voir son père se faire licencier, les usines qui ferment, la sidérurgie démontée boulon par boulon pour partir en Chine... Donc pour nous, c'est vraiment une revanche !"
"On reste une ville frontalière avec le Luxembourg et on sait qu'on a un habitant sur deux qui travaille de l'autre côté de la frontière", nuance l'élu. "Donc reconquérir des friches avec ce type de projet, c'est redonner de l'emploi localement, redonner de la vie à une petite commune de 2.500 âmes, apporter un rayonnement à l'échelle internationale... Je crois qu'on n'a jamais autant parlé de Longlaville positivement ! C'est extrêmement important pour nous."
Le projet Carbios rappelle le projet Parkes, et cette grande usine de recyclage chimique de plastique PET attendue sur la plateforme pétrochimique de Carling. Mais pour Emmanuel Ladent, le directeur général de Carbios, les deux usines ne sont pas comparables. "Nous, on n'utilise pas de solvants chimiques", explique-t-il. "Notre projet est aussi très bas en consommation d'énergie, on travaille à des températures autour de 65-70 degrés. Et puis comme on n'a pas de produit dangereux, on n'est pas obligés d'être sur un site classé Seveso."
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