Guerre commerciale: les discussions avancent malgré de nouvelles tensions sur l'acier et l'aluminium
AFP •04/06/2025
Les nouveaux droits de douane sur l'acier et l'aluminium imposés par le président Donald Trump suscitent mercredi une levée de bouclier des partenaires commerciaux des Etats-Unis, même si tous assurent poursuivre les négociations avec Washington afin de trouver une issue à ces tensions.
Depuis mercredi matin, l'acier et l'aluminium importés aux Etats-Unis sont en effet taxés à hauteur de 50%, contre 25% depuis le 12 mars dernier. Des droits de douane "illégaux et injustifiés", a dénoncé le Premier ministre canadien Mark Carney.
Les "discussions approfondies" avec le gouvernement américain "progressent", selon lui, mais "nous prendrons le temps" pour élaborer la réponse à cette nouvelle hausse.
"Les gens en ont assez de le voir changer d'avis et jouer avec le feu avec l'économie", a déclaré à l'AFP Ron Wells, un syndicaliste canadien basé à Hamilton (Ontario), "nous sommes déçus de voir les Etats-Unis appliquer des droits de douane sur le Canada, ils se trompent d'ennemi".
De son côté, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a jugé cette surtaxe "injuste" et "insoutenable", assurant préparer des contre-mesures s'il n'y a pas d'accord bilatéral avec Washington.
"Cela n'aide pas les négociations actuelles d'autant que nous réalisons des progrès", a pointé pour sa part le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, disant regretter "fortement" ces surtaxes.
"Je crois toujours" aux négociations, a poursuivi Maros Sefcovic, les qualifiant de "très concrètes" et se disant "optimiste" sur leur issue, tout en rappelant que l'Europe est prête à répliquer en cas de hausse la ciblant spécifiquement.
Il a rencontré dans la journée le représentant de la Maison Blanche au Commerce (USTR) Jamieson Greer à Paris, saluant des échanges qui "vont dans la bonne direction", parlant de discussion "productive et constructive".
Les négociations "avancent rapidement", s'est de son côté félicité Jamieson Greer, estimant que l'Union européenne manifeste la "volonté (...) de travailler avec nous".
Cette discussion intervient dans un contexte de fortes tensions.
- Pression sur Pékin -
La fin de la pause de 90 jours sur les droits de douane les plus punitifs voulus par Donald Trump est prévue pour le 9 juillet. Le bloc européen est menacé dans ce cadre d'une surtaxe de 50%.
Le président américain n'a en revanche pas caché sa frustration à l'égard de Pékin, jugeant les discussions difficiles entre les deux premières puissances économiques.
Les 10 principaux fournisseurs d'acier en 2024 des États-Unis, selon les données d'importations de l'US International Trade Administration ( AFP / Jonathan WALTER )
"J'apprécie le président chinois Xi, je l'ai toujours aimé et je l'aimerai toujours, mais il est TRÈS DUR", a posté mercredi le président américain sur son réseau Truth Social, alors que la Maison Blanche assurait la veille que les deux chefs d'Etat pourraient échanger "probablement cette semaine".
Donald Trump a accusé la semaine dernière Pékin de ne pas respecter les termes de l'accord de désescalade signé mi-mai à Genève (Suisse), menaçant de relancer la guerre commerciale.
Et de nouveaux fronts pourraient rapidement s'ouvrir: devant le Sénat, le secrétaire américain au Commerce Howard Lutnick a affirmé mercredi que le gouvernement envisageait d'imposer de "nouveaux standards" en matière de droits de douane sur les pièces d'avions, potentiellement "d'ici la fin du mois" afin de "protéger notre industrie".
Ces droits de douane sectoriels, appliqués également à l'automobile pourraient aussi s'étendre prochainement aux produits pharmaceutiques et aux semi-conducteurs.
Ce sont pour l'instant les seuls à ne pas avoir été invalidés récemment par des juges. Leurs décisions concernaient uniquement les droits de douane appliqués sans distinction.
Ces derniers - en vigueur tant que l'affaire n'est pas tranchée définitivement - continuent néanmoins d'alimenter l'incertitude pour les entreprises américaines, comme l'a rappelé à l'AFP le directeur général de Learning Resources, Rick Woldenberg.
Son entreprise vend des jeux éducatifs et est à l'origine d'une des procédures.
"Nous sommes confrontés aux mêmes difficultés et problèmes qu'avant la décision judiciaire et devons gérer d'importantes ruptures d'approvisionnements", s'est-il inquiété.
Dans un rapport publié mercredi le Bureau du budget du Congrès (CBO), organe non-partisan, a estimé que "les évolutions des droits de douane allaient pénaliser l'économie américaine, renforcer l'inflation mais aussi réduire le déficit public grâce aux nouvelles recettes".