par energy_isere » 05 oct. 2010, 18:16
Yves Paccalet: "Il faut être intransigeant avec le business vert"
Propos recueillis par Eric Lecluyse - 05/10/2010 L' Expansion
Parmi les jurés des 1ers Trophées du Business Vert que nous lançons sur L'Expansion.com figure Yves Paccalet. Dans son dernier ouvrage, Les mots pour le pire, le naturaliste, élu aux dernières régionales sous la bannière Europe Ecologie, s'en prend justement à cette notion de "business vert". Explications.
Pourquoi le terme "business vert" a-t-il droit à une entrée dans votre "dictionnaire énervé de l'écologie"?
Objectivement, une nouvelle industrie verte est nécessaire. Mais la dérive généralisée de ces notions de "business vert" dans la publicité me fait dire qu'il faut rester intransigeant, bien recadrer les débats: je ne veux pas que l'écologie soit récupérée pour faire de la publicité pour des bagnoles "vertes", surtout quand il n'y a rien de vert dans ces produits. C'est de la publicité mensongère, la voiture écolo, ça n'existe pas, il faut des gens dans mon genre qui ne se laissent pas embobiner.
Sur le terrain, vous qui êtes désormais élu en Rhône-Alpes, vous devez quand même apprécier des initiatives de ce business vert?
Bien sûr, il y a des percées intéressantes, comme le pôle Technolac en Savoie, où l'on développe les énergies renouvelables. J'encourage évidemment ces initiatives dans mon travail de citoyen. En même temps, je me suis aperçu que les salariés de ces entreprises prennent tous la voiture, en dépensant une quantité incroyable de pétrole, parce que le système de transport en commun est déficient... C'est aussi mon rôle de pointer ces problèmes.
Le terme "décroissance" vous fait également réagir...
Dans les pays riches, tout le monde dit: "Je suis contre la décroissance". Pierre Desproges aussi disait qu'il était contre le cancer, alors qu'il en était déjà atteint... Soit on est démocrate et on admet qu'il faut partager les ressources (alimentaires, en énergie, en matières premières...) avec les plus pauvres, soit on ne l'est pas et ce sera la guerre parce la situation n'est pas tenable. Dans tous les cas, il y aura décroissance, et la décroissance liée à une guerre serait bien pire. De toutes façons, les pays émergents comme la Chine ou l'Inde ne nous demandent pas notre avis: les ressources, ils sont en train de se les approprier. Il y a toujours des gens pour croire au miracle, pour espérer qu'on trouvera de nouvelles sources d'énergie: j'ai le regret de dire qu'on n'en invente pas comme ça, que le moteur à eau, ça n'existe pas...
Dans votre dictionnaire, vous vous en prenez aussi à vous-même...
Oui, je m'attarde sur des écolos comme Voynet, Duflot ou Cohn-Bendit et sur des anti-écolos tels Allègre ou Ferry, pour pointer leurs contradictions. Il n'y avait pas de raison que j'y échappe; je dois par exemple assumer le fait que j'ai consommé depuis longtemps mon empreinte carbone... Mais quelle que soit la personne dont je parle, j'ai toujours de l'empathie - certes, j'en ai sans doute davantage pour les plus pauvres -, je ne suis jamais cynique. Et j'essaye de faire preuve d'humour. D'humour noir s'il le faut.
http://www.lexpansion.com/economie/actu ... 40170.html
[quote] [b] Yves Paccalet: "Il faut être intransigeant avec le business vert" [/b]
Propos recueillis par Eric Lecluyse - 05/10/2010 L' Expansion
Parmi les jurés des 1ers Trophées du Business Vert que nous lançons sur L'Expansion.com figure Yves Paccalet. Dans son dernier ouvrage, Les mots pour le pire, le naturaliste, élu aux dernières régionales sous la bannière Europe Ecologie, s'en prend justement à cette notion de "business vert". Explications.
[i]Pourquoi le terme "business vert" a-t-il droit à une entrée dans votre "dictionnaire énervé de l'écologie"?[/i]
Objectivement, une nouvelle industrie verte est nécessaire. Mais la dérive généralisée de ces notions de "business vert" dans la publicité me fait dire qu'il faut rester intransigeant, bien recadrer les débats: je ne veux pas que l'écologie soit récupérée pour faire de la publicité pour des bagnoles "vertes", surtout quand il n'y a rien de vert dans ces produits. C'est de la publicité mensongère, la voiture écolo, ça n'existe pas, il faut des gens dans mon genre qui ne se laissent pas embobiner.
[i]Sur le terrain, vous qui êtes désormais élu en Rhône-Alpes, vous devez quand même apprécier des initiatives de ce business vert? [/i]
Bien sûr, il y a des percées intéressantes, comme le pôle Technolac en Savoie, où l'on développe les énergies renouvelables. J'encourage évidemment ces initiatives dans mon travail de citoyen. En même temps, je me suis aperçu que les salariés de ces entreprises prennent tous la voiture, en dépensant une quantité incroyable de pétrole, parce que le système de transport en commun est déficient... C'est aussi mon rôle de pointer ces problèmes.
[i]Le terme "décroissance" vous fait également réagir... [/i]
Dans les pays riches, tout le monde dit: "Je suis contre la décroissance". Pierre Desproges aussi disait qu'il était contre le cancer, alors qu'il en était déjà atteint... Soit on est démocrate et on admet qu'il faut partager les ressources (alimentaires, en énergie, en matières premières...) avec les plus pauvres, soit on ne l'est pas et ce sera la guerre parce la situation n'est pas tenable. Dans tous les cas, il y aura décroissance, et la décroissance liée à une guerre serait bien pire. De toutes façons, les pays émergents comme la Chine ou l'Inde ne nous demandent pas notre avis: les ressources, ils sont en train de se les approprier. Il y a toujours des gens pour croire au miracle, pour espérer qu'on trouvera de nouvelles sources d'énergie: j'ai le regret de dire qu'on n'en invente pas comme ça, que le moteur à eau, ça n'existe pas...
[i] Dans votre dictionnaire, vous vous en prenez aussi à vous-même...[/i]
Oui, je m'attarde sur des écolos comme Voynet, Duflot ou Cohn-Bendit et sur des anti-écolos tels Allègre ou Ferry, pour pointer leurs contradictions. Il n'y avait pas de raison que j'y échappe; je dois par exemple assumer le fait que j'ai consommé depuis longtemps mon empreinte carbone... Mais quelle que soit la personne dont je parle, j'ai toujours de l'empathie - certes, j'en ai sans doute davantage pour les plus pauvres -, je ne suis jamais cynique. Et j'essaye de faire preuve d'humour. D'humour noir s'il le faut.
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http://www.lexpansion.com/economie/actualite-economique/yves-paccalet-il-faut-etre-intransigeant-avec-le-business-vert_240170.html