La base aérienne d’Istres se prépare à mettre en œuvre le dirigeable stratosphérique Stratobus
par Laurent Lagneau · 14 septembre 2025 Opex360
Dévoilée par le ministère des Armées lors du dernier salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, la stratégie pour la Très Haute Altitude [THA], c’est à dire pour une zone comprise entre la fin de l’espace aérien contrôlé et le début de l’espace extra-atmosphérique, repose sur trois piliers, à savoir la détection [radars, dont le système Nostradamus], l’interception des aéronefs [ballons, dirigeables, etc.] hostiles et l’exploitation.
S’agissant de ce dernier point, il s’agit de « renforcer la supériorité des forces françaises » en leur donnant les capacités nécessaires en matière de renseignement, de transmissions, de guerre électronique, voire de frappe dans la profondeur, afin de leur permettre de tirer avantage de la THA.
Sans toutefois préciser leurs usages potentiels, cette stratégie ministérielle a évoqué trois projets capacitaires : le ballon stratosphérique manœuvrant BALMAN, conçu par Hemeria sous la maîtrise d’ouvrage du Centre national d’études spatiales [CNES], le pseudo-satellite [ou HAPS, pour High Altitude Permanent System] Zephyr, un avion « solaire » proposé par Airbus, et le dirigeable autonome Stratobus, développé par Thales Alenia Space depuis maintenant plus de dix ans.
En janvier 2020, la Direction générale de l’armement [DGA] notifia un étude de concept relative au Stratobus à Thales et à Thales Alenia Space. Étude qui devait porter sur un usage lié aux missions dites ISR [renseignement, surveillance, reconnaissance].
« Ce contrat a pour objet d’évaluer la pertinence des solutions stratosphériques persistantes de type StratobusTM, pour les besoins de défense et marque une étape clé vers la définition d’une éventuelle solution opérationnelle en lien avec les utilisateurs. Il permettra de préparer les entrées nécessaires au développement de la solution complète incluant l’avionique dronisée et fiabilisée ainsi que l’ensemble des segments de contrôle », avait résumé Thales, à l’époque.
D’une masse d’environ 8 tonnes, pour une longueur de 140 mètres, un diamètre de 32 mètres et un volume de 85 000 m³, le Stratobus est équipé de quatre moteurs électriques alimentés par des panneaux photovoltaïques associés à une pile à combustible. Il est censé pouvoir emporter une charge utile de 250 à 450 kg et voler à la vitesse de 80 km/h, à au moins 20 km d’altitude.
Le 10 septembre, le Stratobus a passé une nouvelle étape, après la tenue d’un premier comité de pilotage le concernant, sur la base aérienne [BA] 125 d’Istres.
Et cela avec des acteurs dont la présence peut sembler inattendue car en plus des représentants de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] et de Thales Alenia Space, ce premier comité de pilotage a réuni ceux de la région Sud – Provence-Alpes-Côte d’Azur, de la métropole Aix-Marseille-Provence, de la sous-préfecture d’Istres, de la Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement [DREAL], de la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités [DREETS] et de la Direction des territoires, de l’immobilier et de l’environnement [DTIE].
« J’ai eu l’honneur de présider le tout premier comité de pilotage du projet Stratobus […], réunissant l’ensemble des partenaires institutionnels, industriels et territoriaux impliqués. Cette rencontre a constitué une étape majeure dans le développement de ce dirigeable stratosphérique », a commenté le colonel Sébastien Esteve, le commandant de la BA 125.
Et d’ajouter : « Ce projet d’envergure, au cœur des enjeux capacitaires du moment pour l’AAE, symbolise à la fois l’innovation dans le domaine de la THA et la coopération entre acteurs publics et privés ».
À cette occasion, l’AAE a précisé que la BA 125, qui s’étend sur 2 500 hectares, « mettra à disposition une de ses parcelles pour accueillir le futur stratoport ». Le premier vol du Stratobus depuis cette base est prévu en 2030.