GM abandonne définitivement le projet de robots-taxis de Cruise
Le constructeur automobile américain, qui a englouti environ dix milliards de dollars dans Cruise, veut désormais concentrer ses efforts sur le développement de voitures autonomes destinées aux particuliers.
Jérôme Marin 11 décembre 2024

General Motors jette l'éponge. Après avoir englouti environ dix milliards de dollars dans Cruise, le grand constructeur automobile américain a annoncé mardi 10 décembre qu’il renonçait à concevoir ses propres robots-taxis. Un projet sur lequel travaillait la start-up californienne qu’il avait rachetée en 2016 pour un milliard de dollars.
À la place, le géant de Détroit veut concentrer ses efforts sur le développement de voitures autonomes destinées aux particuliers. Ainsi, les ingénieurs de Cruise travailleront désormais avec les équipes de GM qui développent le système d'assistance à la conduite SuperCruise. À terme, celui-ci doit permettre une conduite en autonomie complète sur les voitures des différentes marques du groupe.
GM justifie son choix par le “temps et les ressources considérables qui seraient nécessaires” pour faire aboutir le projet. Et aussi par “un marché des robots-taxis de plus en plus concurrentiel", entre l’avance prise par Waymo, la filiale de Google, et les grandes ambitions de Tesla. Le groupe n’a pas communiqué sur de potentiels licenciements, mais il table sur un milliard d'économies par an.
Reprise limitée des essais
Cette annonce intervient seulement trois mois après la reprise des essais de Cruise, qui avaient été suspendus pendant près d’un an en raison d’un grave accident dans les rues de San Francisco. Une reprise très limitée : seulement cinq véhicules sont en circulation et ils ne fonctionnent pas de manière autonome.
En octobre 2023, une voiture de Cruise circulant de manière autonome avait percuté puis traîné sur plusieurs mètres une piétonne. Dans la foulée, les autorités californiennes lui avaient retiré sa licence d’exploitation. Sa maison-mère avait ensuite suspendu l’ensemble des essais. Puis, elle avait débarqué son fondateur et patron Kyle Vogt.
Rapport accablant
Dans un rapport, un cabinet d’avocats s’était montré extrêmement critique avec l’ancienne direction. Cruise a “caché des éléments importants”, notaient ses auteurs. Aux médias mais surtout aux autorités, leur envoyant même une vidéo montée pour dissimuler des faits. Le rapport pointait aussi “un leadership médiocre, des erreurs de jugement, un manque de coordination, une mentalité de confrontation avec les régulateurs et une incompréhension des obligations de transparence”.
Reprise en main par GM, la société avait engagé un responsable de la sécurité et revu ses procédures de contrôle. La reprise des essais de “conduite autonome supervisée sur la voie publique”, c'est-à-dire avec un opérateur présent à bord pour reprendre le contrôle en cas de besoin, était espérée début 2025. Cruise avait aussi noué cet été un partenariat avec Uber pour déployer ses robots-taxis dans une ville américaine l’an prochain.