par energy_isere » 05 juil. 2024, 23:07
Déplacer les heures creuses de 11 à 17 heures l’été : quels changements attendre ?
La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a demandé à Enedis de mettre à jour le régime des heures pleines/heures creuses pour mieux s’adapter aux heures de pic de production solaire en journée. Prévue pour 2025, la réforme pourrait changer les habitudes de consommation des particuliers et des professionnels, mais aussi des propriétaires de centrales solaires.
JUILLET 5, 2024 GWÉNAËLLE DEBOUTTE
Dans le cadre de la recherche de flexibilité sur le réseau électrique, en plus des batteries de stockage, de l’hydrogène et du pilotage des bornes de recharge, un autre axe de réflexion porte sur une meilleure concordance entre la production d’électricité et la consommation. C’est pourquoi la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a demandé à Enedis de mettre à jour le régime des heures pleines/heures creuses, afin de mieux prendre en compte l’augmentation de l’injection d’électricité photovoltaïque sur le réseau. En 2023, la production solaire en France a en effet avoisiné les 8 TWh des mois de juin à août, contre 3,5 TWh entre janvier et mars, selon RTE.
Envisagée pour 2025, la mise en application de cette réforme viserait donc à fixer les heures creuses en journée au printemps et en été (de 11 heures à 17 heures) et non plus la nuit, pour encourager le déplacement des consommations aux meilleurs moments de la journée du point de vue du système électrique. La saison hivernale maintiendrait les heures creuses actuelles. « La capacité de consommer aux heures où la production est la moins contrainte, et donc a priori aux heures les moins chères de l’année, doit permettre, de faire baisser le coût global de l’électricité », note ainsi la CRE dans une note sur les prochains tarifs d’utilisation des réseaux publics d’électricité “Turpe 7”. Autrement dit, il faut « mettre en cohérence les tarifs et les capacités de production », a déclaré la présidente de la CRE, Emmanuelle Wargon, pour éviter la multiplication des épisodes de prix négatifs sur les marchés de gros.
Décaler ses habitudes
Cette remise à plat concernerait en premier lieu les 15 millions de foyers français ayant choisi le tarif réglementé de vente (TRV) heures pleines – heures creuses. Ceux-ci seront encouragés à réaliser les tâches énergivores (ballon d’eau chaude, machine à laver, recharge de leur véhicule électrique…) pendant la journée, entraînant un changement dans les habitudes actuelles. « Les petites entreprises, dont les puissances de compteurs sont inférieures ou égales à 36 kVA (C5), sont aussi éligibles aux tarifs aux heures creuses et seront donc impactées », complète Anthony Dal Moro, président d’Alliance des Énergies, un cabinet de conseil et de courtage en électricité.
Il s’agit typiquement du commerce de proximité, du tertiaire ou des petits artisans (boulangers, traiteurs…). « Au printemps et en été, ces professionnels auront tout intérêt à changer leurs modes de consommation en fonction des périodes journalières où le prix de l’énergie est le plus faible. Pour ceux qui ont une activité majoritairement diurne, cela pourra avoir un effet positif », poursuit Anthony Dal Moro.
Par ailleurs, l’expert nous indique que les entreprises dont les puissances compteurs supérieurs à 36 kVA (C4 à C1), soumises aux tarifs horosaisonniers (c’est-à-dire qui possèdent plusieurs structures de prix en fonction de la saison), pourraient également bénéficier d’une baisse des prix. « De manière indirecte, ceux qui sont sur des offres au marché ou sur des formules à clic (qui demandent de suivre quotidiennement les évolutions du marché pour saisir les meilleures opportunités tarifaires) pourront bénéficier d’une meilleure compétitivité des prix spot », décrit le spécialiste.
Toutefois, les professionnels propriétaires d’une installation solaire verront le prix de l’énergie diminuer pendant la saison estivale. « Cela rebat les cartes dans le calcul d’amortissement d’un projet en autoconsommation au niveau des kWh produits et de l’effacement électrique théorique », conclut-il.
https://www.pv-magazine.fr/2024/07/05/d ... -attendre/
[quote] [b][size=120]Déplacer les heures creuses de 11 à 17 heures l’été : quels changements attendre ?[/size][/b]
La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a demandé à Enedis de mettre à jour le régime des heures pleines/heures creuses pour mieux s’adapter aux heures de pic de production solaire en journée. Prévue pour 2025, la réforme pourrait changer les habitudes de consommation des particuliers et des professionnels, mais aussi des propriétaires de centrales solaires.
JUILLET 5, 2024 GWÉNAËLLE DEBOUTTE
Dans le cadre de la recherche de flexibilité sur le réseau électrique, en plus des batteries de stockage, de l’hydrogène et du pilotage des bornes de recharge, un autre axe de réflexion porte sur une meilleure concordance entre la production d’électricité et la consommation. C’est pourquoi la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a demandé à Enedis de mettre à jour le régime des heures pleines/heures creuses, afin de mieux prendre en compte l’augmentation de l’injection d’électricité photovoltaïque sur le réseau. En 2023, la production solaire en France a en effet avoisiné les 8 TWh des mois de juin à août, contre 3,5 TWh entre janvier et mars, selon RTE.
Envisagée pour 2025, la mise en application de cette réforme viserait donc à fixer les heures creuses en journée au printemps et en été (de 11 heures à 17 heures) et non plus la nuit, pour encourager le déplacement des consommations aux meilleurs moments de la journée du point de vue du système électrique. La saison hivernale maintiendrait les heures creuses actuelles. « La capacité de consommer aux heures où la production est la moins contrainte, et donc a priori aux heures les moins chères de l’année, doit permettre, de faire baisser le coût global de l’électricité », note ainsi la CRE dans une note sur les prochains tarifs d’utilisation des réseaux publics d’électricité “Turpe 7”. Autrement dit, il faut « mettre en cohérence les tarifs et les capacités de production », a déclaré la présidente de la CRE, Emmanuelle Wargon, pour éviter la multiplication des épisodes de prix négatifs sur les marchés de gros.
Décaler ses habitudes
Cette remise à plat concernerait en premier lieu les 15 millions de foyers français ayant choisi le tarif réglementé de vente (TRV) heures pleines – heures creuses. Ceux-ci seront encouragés à réaliser les tâches énergivores (ballon d’eau chaude, machine à laver, recharge de leur véhicule électrique…) pendant la journée, entraînant un changement dans les habitudes actuelles. « Les petites entreprises, dont les puissances de compteurs sont inférieures ou égales à 36 kVA (C5), sont aussi éligibles aux tarifs aux heures creuses et seront donc impactées », complète Anthony Dal Moro, président d’Alliance des Énergies, un cabinet de conseil et de courtage en électricité.
Il s’agit typiquement du commerce de proximité, du tertiaire ou des petits artisans (boulangers, traiteurs…). « Au printemps et en été, ces professionnels auront tout intérêt à changer leurs modes de consommation en fonction des périodes journalières où le prix de l’énergie est le plus faible. Pour ceux qui ont une activité majoritairement diurne, cela pourra avoir un effet positif », poursuit Anthony Dal Moro.
Par ailleurs, l’expert nous indique que les entreprises dont les puissances compteurs supérieurs à 36 kVA (C4 à C1), soumises aux tarifs horosaisonniers (c’est-à-dire qui possèdent plusieurs structures de prix en fonction de la saison), pourraient également bénéficier d’une baisse des prix. « De manière indirecte, ceux qui sont sur des offres au marché ou sur des formules à clic (qui demandent de suivre quotidiennement les évolutions du marché pour saisir les meilleures opportunités tarifaires) pourront bénéficier d’une meilleure compétitivité des prix spot », décrit le spécialiste.
Toutefois, les professionnels propriétaires d’une installation solaire verront le prix de l’énergie diminuer pendant la saison estivale. « Cela rebat les cartes dans le calcul d’amortissement d’un projet en autoconsommation au niveau des kWh produits et de l’effacement électrique théorique », conclut-il.
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https://www.pv-magazine.fr/2024/07/05/deplacer-les-heures-creuses-de-11-a-17-heures-lete-quels-changements-attendre/