par energy_isere » 26 juin 2015, 16:27
Gaz : Engie confronté à une érosion de ses parts de marché en France
Les Echos -Anne Feitz Le 15/06
L’opérateur historique a perdu 1,5 million de clients en cinq ans sur un total de 11 millions d’abonnés au gaz.Le groupe réduit ses coûts et propose des offres de marché attractives pour compenser la fin des tarifs réglementés.
C’est désormais incontestable, le secteur du gaz est ouvert à la concurrence en France.
L’opérateur historique Engie (ex-GDF Suez) en sait quelque chose. Officiellement entamée il y a un peu plus de dix ans, l’ouverture du marché a été lente, mais régulière : selon le dernier observatoire de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) publié la semaine dernière, Engie ne comptait plus parmi ses clients, au 31 mars 2015, que 82 % des 11 millions de foyers utilisant le gaz dans l’Hexagone. En cinq ans, l’ex-Gaz de France a perdu près de 1,5 million d’abonnés chez les particuliers.
La chute est encore plus importante sur le segment des professionnels, sur lequel l’opérateur historique ne détient plus que 70 % des abonnés au gaz. En volume, sa part de marché est même tombée en cinq ans de 75 % à 42 %, représentant une perte annuelle de plus de 100 TWh. Si les industriels gros consommateurs de gaz ont fait jouer la concurrence depuis longtemps, c’est plus récent pour la grande masse des PME, petits professionnels (commerces, etc), ou acteurs publics (établissements publics ou collectivités locales), ou encore pour les particuliers.
Revenus en baisse
Les fournisseurs alternatifs comme Direct Energie ou ENI se sont montrés agressifs sur les prix, avec des offres souvent inférieures de plusieurs points aux tarifs réglementés. Des associations de consommateurs ont organisé des opérations d’achat groupé : le belge Lampiris a réalisé une percée chez les particuliers grâce à l’opération pionnière de l’UFC-Que Choisir. EDF, opérateur historique dans l’électricité, est passé à l’offensive dans le gaz. Enfin, la fin des tarifs réglementés pour les petits professionnels ou les grosses co-propriétés, entrée en vigueur début 2015, a accéléré le processus.
Face à des revenus fatalement inscrits à la baisse, Engie a dû réagir. « Nous avons réduit nos coûts d’environ 15 % », indique Michel Vanhaesbroucke, directeur entreprises et collectivités de la branche Energie Europe. Les effectifs ont été diminués et Internet privilégié pour la relation client. « Quasiment tous nos clients ont aujourd’hui un espace personnel sur le site, sur lequel ils peuvent suivre leur compte, leur facture, etc. Cette gestion numérique répond aussi à une demande des clients, et pas seulement à une recherche d’économies », poursuit-il.
Pour compenser le départ les clients des tarifs réglementés, Engie a proposé des offres de marché attractives. Le groupe a participé aux appels d’offre organisés par des opérateurs publics ou les associations de consommateurs : il a été par exemple l’un des lauréats de l’opération d’achat groupé lancée récemment par Familles de France et Selectra. Sur ses 9,2 millions de clients actuels (dont 8,8 millions de particuliers), 2,1 millions ont souscrit à des offres de marché (soit 23 % du total).
Engie tente aussi de développer ses ventes d’électricité pour compenser ses pertes dans le gaz. Il s’est fixé un objectif de 4,6 millions de clients à l’horizon 2018 (2,3 million aujourd’hui). Le groupe insiste enfin sur la qualité de sa relation client et sur les services. « Les clients sont attentifs à leur consommation : nous pouvons les aider à réduire leur facture », indique Michel Vanhaesbroucke. Pour ce faire, les activités de vente d’énergie « B to B » sont en train de fusionner avec les activités de services à l’énergie, aujourd’hui réalisées par la filiale Cofely, au sein de l’une des nouvelles BU (« business unit ») du groupe.
ENI , une croissance spectaculaire
Ayant repris en 2010 le distributeur de gaz Altergaz, l’italien ENI a commencé à utiliser sa propre marque en France en octobre 2012, à grand renfort de publicité. Avec pour objectif de tripler le nombre de ses abonnés dans l’Hexagone pour le porter à 500.000 en 2016. Il a franchi la barre avec une bonne année d’avance. « L’ouverture du marché s’est accélérée : en un an, nous avons gagné 120.000 clients », indique Daniel Fava, directeur général d’ENI Gas & Power France. Avec 460.000 compteurs résidentiels et 60.000 professionnels, ENI est le seul fournisseur alternatif de gaz réellement offensif sur tous les segments du marché. Prochaine étape : le marché de l’électricité.
EDF, le plus gros des fournisseurs alternatifs de gaz
Le plus gros des fournisseurs alternatifs est… un opérateur historique. EDF a franchi début 2015 le cap du million d’abonnés au gaz, soit 9,5 % du marché en nombre de sites. Il a encore engrangé 30.000 clients supplémentaires depuis le début de l’année, et espère un nouveau bond cet été. En misant sur sa réputation davantage que sur l’argument du prix : alors que la réglementation thermique RT 2012 favorise le gaz pour le chauffage des logements neufs, l’électricien profite des emménagements pour pousser ses offres dans le gaz, pourtant plus chères que le tarif réglementé d’Engie (selon le comparateur energie-info). Pour le moment, EDF n’a pas cherché à conquérir la clientèle des professionnels.
Gaz de Bordeaux, l’outsider qui monte
Comme Engie, Gaz de Bordeaux était confronté à l’érosion de ses parts de marchés liée à la fin des tarifs réglementés. La petite société fait partie des « ELD », ces opérateurs locaux qui, n’ayant pas été nationalisés en 1946, ont le droit de proposer les tarifs réglementés sur leur territoire. « Depuis trois ans nous avons décidé de répondre aux appels d’offres pour les professionnels, dans toute la France », explique son directeur général Philippe Denis. Avec succès. La société compte aujourd’hui 12.000 clients auxquels elle fournit 7 TWh de gaz, et réalise 60 % de son chiffre d’affaires hors du territoire bordelais – ce qui lui a permis de compenser ses pertes subies sur sa zone d’origine. Elle espère passer à 70 % en 2016.
Anne Feitz
http://www.lesechos.fr/industrie-servic ... 128499.php
[quote] [b]Gaz : Engie confronté à une érosion de ses parts de marché en France[/b]
Les Echos -Anne Feitz Le 15/06
[b]L’opérateur historique a perdu 1,5 million de clients en cinq ans sur un total de 11 millions d’abonnés au gaz.Le groupe réduit ses coûts et propose des offres de marché attractives pour compenser la fin des tarifs réglementés.[/b]
C’est désormais incontestable, le secteur du gaz est ouvert à la concurrence en France.
L’opérateur historique Engie (ex-GDF Suez) en sait quelque chose. Officiellement entamée il y a un peu plus de dix ans, l’ouverture du marché a été lente, mais régulière : selon le dernier observatoire de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) publié la semaine dernière, Engie ne comptait plus parmi ses clients, au 31 mars 2015, que 82 % des 11 millions de foyers utilisant le gaz dans l’Hexagone. En cinq ans, l’ex-Gaz de France a perdu près de 1,5 million d’abonnés chez les particuliers.
La chute est encore plus importante sur le segment des professionnels, sur lequel l’opérateur historique ne détient plus que 70 % des abonnés au gaz. En volume, sa part de marché est même tombée en cinq ans de 75 % à 42 %, représentant une perte annuelle de plus de 100 TWh. Si les industriels gros consommateurs de gaz ont fait jouer la concurrence depuis longtemps, c’est plus récent pour la grande masse des PME, petits professionnels (commerces, etc), ou acteurs publics (établissements publics ou collectivités locales), ou encore pour les particuliers.
[b]Revenus en baisse[/b]
Les fournisseurs alternatifs comme Direct Energie ou ENI se sont montrés agressifs sur les prix, avec des offres souvent inférieures de plusieurs points aux tarifs réglementés. Des associations de consommateurs ont organisé des opérations d’achat groupé : le belge Lampiris a réalisé une percée chez les particuliers grâce à l’opération pionnière de l’UFC-Que Choisir. EDF, opérateur historique dans l’électricité, est passé à l’offensive dans le gaz. Enfin, la fin des tarifs réglementés pour les petits professionnels ou les grosses co-propriétés, entrée en vigueur début 2015, a accéléré le processus.
Face à des revenus fatalement inscrits à la baisse, Engie a dû réagir. « Nous avons réduit nos coûts d’environ 15 % », indique Michel Vanhaesbroucke, directeur entreprises et collectivités de la branche Energie Europe. Les effectifs ont été diminués et Internet privilégié pour la relation client. « Quasiment tous nos clients ont aujourd’hui un espace personnel sur le site, sur lequel ils peuvent suivre leur compte, leur facture, etc. Cette gestion numérique répond aussi à une demande des clients, et pas seulement à une recherche d’économies », poursuit-il.
Pour compenser le départ les clients des tarifs réglementés, Engie a proposé des offres de marché attractives. Le groupe a participé aux appels d’offre organisés par des opérateurs publics ou les associations de consommateurs : il a été par exemple l’un des lauréats de l’opération d’achat groupé lancée récemment par Familles de France et Selectra. Sur ses 9,2 millions de clients actuels (dont 8,8 millions de particuliers), 2,1 millions ont souscrit à des offres de marché (soit 23 % du total).
Engie tente aussi de développer ses ventes d’électricité pour compenser ses pertes dans le gaz. Il s’est fixé un objectif de 4,6 millions de clients à l’horizon 2018 (2,3 million aujourd’hui). Le groupe insiste enfin sur la qualité de sa relation client et sur les services. « Les clients sont attentifs à leur consommation : nous pouvons les aider à réduire leur facture », indique Michel Vanhaesbroucke. Pour ce faire, les activités de vente d’énergie « B to B » sont en train de fusionner avec les activités de services à l’énergie, aujourd’hui réalisées par la filiale Cofely, au sein de l’une des nouvelles BU (« business unit ») du groupe.
[b]ENI , une croissance spectaculaire[/b]
Ayant repris en 2010 le distributeur de gaz Altergaz, l’italien ENI a commencé à utiliser sa propre marque en France en octobre 2012, à grand renfort de publicité. Avec pour objectif de tripler le nombre de ses abonnés dans l’Hexagone pour le porter à 500.000 en 2016. Il a franchi la barre avec une bonne année d’avance. « L’ouverture du marché s’est accélérée : en un an, nous avons gagné 120.000 clients », indique Daniel Fava, directeur général d’ENI Gas & Power France. Avec 460.000 compteurs résidentiels et 60.000 professionnels, ENI est le seul fournisseur alternatif de gaz réellement offensif sur tous les segments du marché. Prochaine étape : le marché de l’électricité.
[b]EDF, le plus gros des fournisseurs alternatifs de gaz[/b]
Le plus gros des fournisseurs alternatifs est… un opérateur historique. EDF a franchi début 2015 le cap du million d’abonnés au gaz, soit 9,5 % du marché en nombre de sites. Il a encore engrangé 30.000 clients supplémentaires depuis le début de l’année, et espère un nouveau bond cet été. En misant sur sa réputation davantage que sur l’argument du prix : alors que la réglementation thermique RT 2012 favorise le gaz pour le chauffage des logements neufs, l’électricien profite des emménagements pour pousser ses offres dans le gaz, pourtant plus chères que le tarif réglementé d’Engie (selon le comparateur energie-info). Pour le moment, EDF n’a pas cherché à conquérir la clientèle des professionnels.
[b]Gaz de Bordeaux, l’outsider qui monte[/b]
Comme Engie, Gaz de Bordeaux était confronté à l’érosion de ses parts de marchés liée à la fin des tarifs réglementés. La petite société fait partie des « ELD », ces opérateurs locaux qui, n’ayant pas été nationalisés en 1946, ont le droit de proposer les tarifs réglementés sur leur territoire. « Depuis trois ans nous avons décidé de répondre aux appels d’offres pour les professionnels, dans toute la France », explique son directeur général Philippe Denis. Avec succès. La société compte aujourd’hui 12.000 clients auxquels elle fournit 7 TWh de gaz, et réalise 60 % de son chiffre d’affaires hors du territoire bordelais – ce qui lui a permis de compenser ses pertes subies sur sa zone d’origine. Elle espère passer à 70 % en 2016.
Anne Feitz
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