par Did » 24 oct. 2007, 16:28
Maintenant que j'ai déménagé en Espagne (Valencia), je comprend déjà mieux le peu d'économies réalisées en matière de ressources ici. Après 2 mois ici, j'ai eu le temps de faire un premier bilan de la situation ici. Notamment la raison des piètres performances énergétiques espagnoles :
Déjà, ce qui me semble le plus important :
- La répartition de la population.
On a peut-être pas l'habitude en France, mais ici, sorti de la côte, c'est vide ! Un exemple bête, je me suis rendu en Andalousie. Pour ce faire, j'ai décidé de couper au-travers, histoire de prendre mon temps et d'admirer le pays. C'est assez hallucinant, mais on peut faire 30km sans croiser un bourg plus important que 500 à 1000 habitants. De même, reliant Granada à Albacete, je n'ai pas du croiser une agglomération de plus de 3-5000 habitants. Conséquence logique de la faible densité, tous les moyens de transport massifiés ont disparu (j'ai longé ce qui reste de l'ancienne voie ferrée entre Albacete et Jaen qui visiblement n'a plus fonctionné depuis des décennies). Les liaisons ferrées sont soit inexistantes, soit d'une lenteur et d'une organisation désespérante. La voiture est l'unique moyen de déplacement dans ces grandes étendues
- La fiscalité
1E le litre de diesel, 1,10E le SP95. Dans ces conditions, difficile de se raisonner. Les espagnols sont des grands fans de l'accélérateur et de la voiture en général. Les limitations de vitesse sont rarement respectées (la vitesse moyenne sur autoroute est de 150 -peu voir pas de controles-), la bagnole est reine.
- L'urbanisme et la démographie
Ici les regles d'urbanisme sont différentes, plus apparentes à celles en vigeur aux USA (zonage large). Avec les importantes migrations d'abord intérieures, puis extérieures (l'Espagne est le 2eme pays d'immigration au monde, soit 500.000-700.000 par an), la population s'est très rapidement concentrée dans les villes, mais avec peu de planification. La spéculation a conduit à la création de quartiers entiers sans aucune cohérence entre eux.
Ce n'est que bien plus tard (tout au plus dans les 15 dernières années) que des efforts ont été menés pour assembler tous ces bouts de ville). Dans bien des cas, les infrastructures n'ont pas suivi à la même vitesse. On s'est donc retrouvé avec un patchwork urbain dont la colle a été .. de grandes avenues et voies rapides. Généralement, ces grandes axes structurant sont d'énormes avenues à sens unique qui peuvent aller jusqu'a 6 voies.
Avec cet accent mis sur la fluidification de la circulation automobile, l'espagnol préfère souvent sa voiture aux transports en communs, même lorsque ceux-ci sont performants. Ici, à Valencia, on dispose de 5 lignes de tram/metro, de plus de 30 lignes de bus (plus 5 de nuit) .. Rarement bondés, malgré une agglomération de près de 1.5 millions d'habitants.
- Le lobby du BTP
Du miracle économique (et de la spéculation immobilière) espagnol sont nés de grands groupes de BTP tels Sacyr ou encore Abertis. D'énormes projet d'infrastructures ont été et sont toujours en route. Alors qu'en France on parle de moratoire sur la construction d'autoroute, ici on lance de nouveau projets routiers (par exemple un ruban d'autoroute côtière de plus de 150km du côté de Carthagène, en pleine zone faiblement urbanisée). A côté de çà, on parle ici de détourner une partie de l'Ebre sur Valencia et Almeria pour satisfaire les besoins de l'industrie agro-alimentaire. Il existe même un projet pour détourner une partie du Rhône sur Barcelone ...
Un exemple que je trouve éclatant est la manière dont la municipalité Valencienne a géré l'aménagement du Rio Turia (la Seine locale). A la suite d'une grande inondation de Valence au début des années 50, il a été décidé de ... détourner le Rio 10km plus au sud. Bien entendu, l'ancien lit a été aménagé en parc tandis que le nouveau Rio n'est rien de plus qu'un fleuve à sec les trois-quart du temps. Fleuve cerné et guidé par un quai de béton de plusieurs mètres de haut, lui même encerclé par les 10 voies d'une autoroute (5 voies dans chaque sens, un sens par côté du fleuve), le tout longé de centres commerciaux et de zones d'activité diverses.
Bien entendu, il y a des raisons d'espérer. L'arrière-pays Valencien, par exemple, est hérissé de champs d'éoliennes sur des dizaines de kilomètres. J'ai croisé des fermes solaires pas très loin de Murcia. Les bus roulent très souvent au Diester et l'état investit fortement dans le transport ferroviaire (réseau AVE). De même, ma société (un agent maritime) fait désormais plus de la moitié de ses transports de containers entre Valencia, Madrid, Bilbao, par voir ferrée (ici, l'autoroute ferroviaire est une réalité).
J'ai néanmoins l'impression d'une grande schizophrénie ambiante. De nombreux exemples positifs, mais contrebalancés par un absence manifeste de bonne volonté (il suffit de voir le nombre de détritus balancés à droite et à gauche ou encore le tris sélectif qui n'en a que le nom). Surement la mentalité du sud, souvent dans l'excès, que ce soit pour le meilleur ou le pire

Maintenant que j'ai déménagé en Espagne (Valencia), je comprend déjà mieux le peu d'économies réalisées en matière de ressources ici. Après 2 mois ici, j'ai eu le temps de faire un premier bilan de la situation ici. Notamment la raison des piètres performances énergétiques espagnoles :
Déjà, ce qui me semble le plus important :
- La répartition de la population.
On a peut-être pas l'habitude en France, mais ici, sorti de la côte, c'est vide ! Un exemple bête, je me suis rendu en Andalousie. Pour ce faire, j'ai décidé de couper au-travers, histoire de prendre mon temps et d'admirer le pays. C'est assez hallucinant, mais on peut faire 30km sans croiser un bourg plus important que 500 à 1000 habitants. De même, reliant Granada à Albacete, je n'ai pas du croiser une agglomération de plus de 3-5000 habitants. Conséquence logique de la faible densité, tous les moyens de transport massifiés ont disparu (j'ai longé ce qui reste de l'ancienne voie ferrée entre Albacete et Jaen qui visiblement n'a plus fonctionné depuis des décennies). Les liaisons ferrées sont soit inexistantes, soit d'une lenteur et d'une organisation désespérante. La voiture est l'unique moyen de déplacement dans ces grandes étendues
- La fiscalité
1E le litre de diesel, 1,10E le SP95. Dans ces conditions, difficile de se raisonner. Les espagnols sont des grands fans de l'accélérateur et de la voiture en général. Les limitations de vitesse sont rarement respectées (la vitesse moyenne sur autoroute est de 150 -peu voir pas de controles-), la bagnole est reine.
- L'urbanisme et la démographie
Ici les regles d'urbanisme sont différentes, plus apparentes à celles en vigeur aux USA (zonage large). Avec les importantes migrations d'abord intérieures, puis extérieures (l'Espagne est le 2eme pays d'immigration au monde, soit 500.000-700.000 par an), la population s'est très rapidement concentrée dans les villes, mais avec peu de planification. La spéculation a conduit à la création de quartiers entiers sans aucune cohérence entre eux.
Ce n'est que bien plus tard (tout au plus dans les 15 dernières années) que des efforts ont été menés pour assembler tous ces bouts de ville). Dans bien des cas, les infrastructures n'ont pas suivi à la même vitesse. On s'est donc retrouvé avec un patchwork urbain dont la colle a été .. de grandes avenues et voies rapides. Généralement, ces grandes axes structurant sont d'énormes avenues à sens unique qui peuvent aller jusqu'a 6 voies.
Avec cet accent mis sur la fluidification de la circulation automobile, l'espagnol préfère souvent sa voiture aux transports en communs, même lorsque ceux-ci sont performants. Ici, à Valencia, on dispose de 5 lignes de tram/metro, de plus de 30 lignes de bus (plus 5 de nuit) .. Rarement bondés, malgré une agglomération de près de 1.5 millions d'habitants.
- Le lobby du BTP
Du miracle économique (et de la spéculation immobilière) espagnol sont nés de grands groupes de BTP tels Sacyr ou encore Abertis. D'énormes projet d'infrastructures ont été et sont toujours en route. Alors qu'en France on parle de moratoire sur la construction d'autoroute, ici on lance de nouveau projets routiers (par exemple un ruban d'autoroute côtière de plus de 150km du côté de Carthagène, en pleine zone faiblement urbanisée). A côté de çà, on parle ici de détourner une partie de l'Ebre sur Valencia et Almeria pour satisfaire les besoins de l'industrie agro-alimentaire. Il existe même un projet pour détourner une partie du Rhône sur Barcelone ...
Un exemple que je trouve éclatant est la manière dont la municipalité Valencienne a géré l'aménagement du Rio Turia (la Seine locale). A la suite d'une grande inondation de Valence au début des années 50, il a été décidé de ... détourner le Rio 10km plus au sud. Bien entendu, l'ancien lit a été aménagé en parc tandis que le nouveau Rio n'est rien de plus qu'un fleuve à sec les trois-quart du temps. Fleuve cerné et guidé par un quai de béton de plusieurs mètres de haut, lui même encerclé par les 10 voies d'une autoroute (5 voies dans chaque sens, un sens par côté du fleuve), le tout longé de centres commerciaux et de zones d'activité diverses.
Bien entendu, il y a des raisons d'espérer. L'arrière-pays Valencien, par exemple, est hérissé de champs d'éoliennes sur des dizaines de kilomètres. J'ai croisé des fermes solaires pas très loin de Murcia. Les bus roulent très souvent au Diester et l'état investit fortement dans le transport ferroviaire (réseau AVE). De même, ma société (un agent maritime) fait désormais plus de la moitié de ses transports de containers entre Valencia, Madrid, Bilbao, par voir ferrée (ici, l'autoroute ferroviaire est une réalité).
J'ai néanmoins l'impression d'une grande schizophrénie ambiante. De nombreux exemples positifs, mais contrebalancés par un absence manifeste de bonne volonté (il suffit de voir le nombre de détritus balancés à droite et à gauche ou encore le tris sélectif qui n'en a que le nom). Surement la mentalité du sud, souvent dans l'excès, que ce soit pour le meilleur ou le pire :)