par mobar » 21 mars 2024, 09:47
https://www.les-crises.fr/la-guerre-n-a ... ie-reelle/
Le keynésianisme militaire et les dogmes de la guerre froide
L’histoire officielle des dépenses militaires et de l’économie commence ainsi : la préparation massive de la Seconde Guerre mondiale a permis à l’Amérique de sortir de la Grande Dépression, a déclenché le développement de technologies civiles essentielles (des ordinateurs à l’internet) et a créé un flux constant d’emplois manufacturiers bien rémunérés qui ont fait partie de l’épine dorsale de l’économie industrielle américaine.
Il y a effectivement une part de vérité dans chacune de ces affirmations, mais elles ignorent toutes un fait essentiel : les coûts d’opportunité liés à l’affectation de milliers de milliards de dollars à l’armée signifient que l’on investit beaucoup moins dans d’autres besoins cruciaux des Américains, allant du logement et de l’éducation à la santé publique et à la protection de l’environnement. Oui, les dépenses militaires ont effectivement aidé l’Amérique à se remettre de la Grande Dépression, mais pas parce qu’il s’agissait de dépenses militaires. Elles ont aidé parce qu’il s’agissait de dépenses, un point c’est tout. Des dépenses du même ordre que celles consacrées à la Seconde Guerre mondiale auraient relancé l’économie. Si, à l’époque, ces dépenses militaires étaient certainement une nécessité, aujourd’hui, elles relèvent davantage de la politique et des priorités (des entreprises) que de l’économie.
Au cours de ces années, les dépenses du Pentagone ont grimpé en flèche et le budget de la défense continue de se rapprocher de la barre des mille milliards de dollars par an, tandis que les perspectives de dizaines de millions d’Américains se sont effondrées. Plus de 140 millions d’entre nous [Population états-Unis en 2020 : 331 millions d’habitants, NdT] appartiennent aujourd’hui à la catégorie des pauvres ou des personnes à faible revenu, dont un enfant sur six. Plus de 44 millions d’entre nous souffrent de la faim en permanence. On estime que 183 000 Américains sont morts de causes liées à la pauvreté en 2019, soit plus que les homicides, la violence armée, le diabète ou l’obésité. Pendant ce temps, de plus en plus d’Américains vivent dans la rue ou dans des refuges, le nombre de sans-abri atteignant le chiffre record de 650 000 en 2022.
Le plus choquant est peut-être que les États-Unis ont aujourd’hui l’espérance de vie la plus faible de tous les pays industrialisés, alors même que l’Institut international d’études stratégiques rapporte qu’ils représentent aujourd’hui 40 % des dépenses militaires du monde (oui, du monde entier !). C’est quatre fois plus que son plus proche rival, la Chine [l’espérance de vie en chine vient de ratrapper celle des Etats-unis
https://fr.statista.com/infographie/285 ... -pays-g20/, NdT]. En fait, c’est plus que les 15 pays suivants combinés, dont beaucoup sont des alliés des États-Unis. Il est grand temps de s’interroger sur les types d’investissements qui assurent véritablement la sécurité des Américains et leur sécurité économique : un budget militaire pléthorique ou des investissements destinés à répondre aux besoins fondamentaux de la population.
Que faudra-t-il pour que Washington investisse dans la satisfaction des besoins non militaires au même niveau que le Pentagone ? Pour cela, nous aurions besoin d’un leadership présidentiel et d’un nouveau Congrès plus tourné vers l’avenir. C’est un objectif difficile à atteindre à long terme, mais qui vaut la peine d’être poursuivi. Si une réorientation des priorités budgétaires était mise en œuvre à Washington, les dépenses qui en résulteraient pourraient, par exemple, créer entre 9 % d’emplois supplémentaires pour la production d’énergie éolienne et solaire et trois fois plus d’emplois dans le domaine de l’éducation.
https://www.les-crises.fr/la-guerre-n-apporte-aucun-bienfait-aux-citoyens-ou-a-l-economie-reelle/
[quote]Le keynésianisme militaire et les dogmes de la guerre froide
L’histoire officielle des dépenses militaires et de l’économie commence ainsi : la préparation massive de la Seconde Guerre mondiale a permis à l’Amérique de sortir de la Grande Dépression, a déclenché le développement de technologies civiles essentielles (des ordinateurs à l’internet) et a créé un flux constant d’emplois manufacturiers bien rémunérés qui ont fait partie de l’épine dorsale de l’économie industrielle américaine.
Il y a effectivement une part de vérité dans chacune de ces affirmations, mais elles ignorent toutes un fait essentiel : les coûts d’opportunité liés à l’affectation de milliers de milliards de dollars à l’armée signifient que l’on investit beaucoup moins dans d’autres besoins cruciaux des Américains, allant du logement et de l’éducation à la santé publique et à la protection de l’environnement. Oui, les dépenses militaires ont effectivement aidé l’Amérique à se remettre de la Grande Dépression, mais pas parce qu’il s’agissait de dépenses militaires. Elles ont aidé parce qu’il s’agissait de dépenses, un point c’est tout. Des dépenses du même ordre que celles consacrées à la Seconde Guerre mondiale auraient relancé l’économie. Si, à l’époque, ces dépenses militaires étaient certainement une nécessité, aujourd’hui, elles relèvent davantage de la politique et des priorités (des entreprises) que de l’économie.
Au cours de ces années, les dépenses du Pentagone ont grimpé en flèche et le budget de la défense continue de se rapprocher de la barre des mille milliards de dollars par an, tandis que les perspectives de dizaines de millions d’Américains se sont effondrées. Plus de 140 millions d’entre nous [Population états-Unis en 2020 : 331 millions d’habitants, NdT] appartiennent aujourd’hui à la catégorie des pauvres ou des personnes à faible revenu, dont un enfant sur six. Plus de 44 millions d’entre nous souffrent de la faim en permanence. On estime que 183 000 Américains sont morts de causes liées à la pauvreté en 2019, soit plus que les homicides, la violence armée, le diabète ou l’obésité. Pendant ce temps, de plus en plus d’Américains vivent dans la rue ou dans des refuges, le nombre de sans-abri atteignant le chiffre record de 650 000 en 2022.
Le plus choquant est peut-être que les États-Unis ont aujourd’hui l’espérance de vie la plus faible de tous les pays industrialisés, alors même que l’Institut international d’études stratégiques rapporte qu’ils représentent aujourd’hui 40 % des dépenses militaires du monde (oui, du monde entier !). C’est quatre fois plus que son plus proche rival, la Chine [l’espérance de vie en chine vient de ratrapper celle des Etats-unis https://fr.statista.com/infographie/28536/evolution-esperance-de-vie-dans-le-monde-et-dans-une-selection-de-pays-g20/, NdT]. En fait, c’est plus que les 15 pays suivants combinés, dont beaucoup sont des alliés des États-Unis. Il est grand temps de s’interroger sur les types d’investissements qui assurent véritablement la sécurité des Américains et leur sécurité économique : un budget militaire pléthorique ou des investissements destinés à répondre aux besoins fondamentaux de la population.
Que faudra-t-il pour que Washington investisse dans la satisfaction des besoins non militaires au même niveau que le Pentagone ? Pour cela, nous aurions besoin d’un leadership présidentiel et d’un nouveau Congrès plus tourné vers l’avenir. C’est un objectif difficile à atteindre à long terme, mais qui vaut la peine d’être poursuivi. Si une réorientation des priorités budgétaires était mise en œuvre à Washington, les dépenses qui en résulteraient pourraient, par exemple, créer entre 9 % d’emplois supplémentaires pour la production d’énergie éolienne et solaire et trois fois plus d’emplois dans le domaine de l’éducation.[/quote]