par energy_isere » 16 oct. 2025, 00:36
Russie : fin de mission pour l’« Admiral Kouznetsov », porte-avions raillé par l’Occident et symbole déchu de la marine du Kremlin
Par Sudouest.fr Publié le 15/10/2025
Les rénovations interminables du seul porte-avions russe ont pris fin. La décision de Moscou de se séparer de l’« Admiral Kouznetsov », symbole d’une puissance navale désormais déclinante, marque la fin d’une époque pour la marine du pays
La nouvelle était tombée à la veille de la Journée de la Marine, fin juillet dernier, assombrissant les célébrations. L’ « Admiral Kouznetsov », unique porte-aéronefs de la flotte russe, ne reprendra plus jamais la mer. Après des années de réparations sans fin et d’accidents à répétition, le Kremlin semble avoir tranché : le navire sera vendu ou envoyé à la casse.
« Nous pensons qu’il n’y a plus d’intérêt à le réparer. Il a plus de quarante ans et coûte énormément », a confirmé Andreï Kostine, patron de la VTB Bank, impliquée dans le financement de l’industrie navale militaire. Une phrase qui sonne comme une épitaphe pour ce géant d’acier de plus de 300 mètres de long, vestige d’un autre âge.
L’ombre d’un rêve soviétique
Construit dans les années 1980 à Mykolaïv, alors port soviétique aujourd’hui ukrainien, l’ « Admiral Kouznetsov » fut le dernier né d’une génération de croiseurs porte-aéronefs lourds. Une catégorie inventée par Moscou pour contourner la Convention de Montreux, qui interdit aux véritables porte-avions de franchir le détroit du Bosphore.
Conçu pour protéger les sous-marins stratégiques et soutenir les opérations côtières, il n’a jamais eu vocation à rivaliser avec les monstres américains capables de projeter leur puissance aux quatre coins du globe. Après la chute de l’URSS, ses navires frères furent démantelés ou vendus. L’Inde et la Chine en ont fait les fondations de leurs flottes modernes, tandis que la Russie gardait pour elle un colosse vieillissant, jamais modernisé, souvent moqué.
Son panache de fumée noire, visible à des kilomètres, est devenu un symbole d’obsolescence. Lors de sa campagne en Syrie, en 2016, deux avions s’étaient écrasés en mer, victimes de pannes techniques. L’opération, estimée à 130 millions d’euros, s’était conclue sur une démonstration de faiblesse plus que de force.
Un chantier maudit
En 2017, Moscou lance enfin la modernisation du navire. Objectif : lui offrir une seconde vie. Mais la réalité industrielle s’impose vite. La chute du dock flottant PD-50, deux incendies majeurs, des retards à n’en plus finir… Tout concourt à transformer la réhabilitation en gouffre financier.
Plus de 100 milliards de roubles – l’équivalent du tiers du coût d’un porte-avions neuf – se sont évaporés sans résultat tangible. « Le porte-avions est une chose du passé », tranche aujourd’hui l’amiral Sergueï Avakiants, ancien chef de la flotte du Pacifique. Privée d’accès à certains composants occidentaux depuis l’invasion de l’Ukraine, la Russie ne peut plus espérer achever les travaux. Dans les chantiers de Mourmansk, le « Kouznetsov » demeure à quai, rongé par la rouille, symbole d’une grandeur perdue.
Ce retrait forcé laisse la marine russe orpheline de toute capacité aéronavale. Une amputation lourde de sens alors que l’Inde et la Chine, issues des mêmes bases technologiques soviétiques, possèdent désormais des flottes modernes et pleinement opérationnelles.
Pour Moscou, la guerre en Ukraine, les sanctions économiques et la priorité donnée à la dissuasion nucléaire ont scellé le sort du dernier porte-avions. Les ambitions de projection en haute mer ont cédé la place à une stratégie défensive, recentrée sur les côtes et les missiles de croisière.
L’ « Admiral Kouznetsov », jadis fierté de la flotte russe, s’apprête à disparaître dans le silence des chantiers. Sa carcasse d’acier, échouée au nord du cercle polaire, raconte à elle seule la lente érosion de la puissance maritime du Kremlin. « Ce navire représentait l’illusion d’une marine mondiale », résume un ancien officier cité par « The Insider ». « Sa fin consacre le retour de la Russie à ce qu’elle est vraiment : une puissance terrestre. »
https://www.sudouest.fr/international/r ... A9brations.
[quote] [b]Russie : fin de mission pour l’« Admiral Kouznetsov », porte-avions raillé par l’Occident et symbole déchu de la marine du Kremlin[/b]
Par Sudouest.fr Publié le 15/10/2025
Les rénovations interminables du seul porte-avions russe ont pris fin. La décision de Moscou de se séparer de l’« Admiral Kouznetsov », symbole d’une puissance navale désormais déclinante, marque la fin d’une époque pour la marine du pays
La nouvelle était tombée à la veille de la Journée de la Marine, fin juillet dernier, assombrissant les célébrations. L’ « Admiral Kouznetsov », unique porte-aéronefs de la flotte russe, ne reprendra plus jamais la mer. Après des années de réparations sans fin et d’accidents à répétition, le Kremlin semble avoir tranché : le navire sera vendu ou envoyé à la casse.
« Nous pensons qu’il n’y a plus d’intérêt à le réparer. Il a plus de quarante ans et coûte énormément », a confirmé Andreï Kostine, patron de la VTB Bank, impliquée dans le financement de l’industrie navale militaire. Une phrase qui sonne comme une épitaphe pour ce géant d’acier de plus de 300 mètres de long, vestige d’un autre âge.
L’ombre d’un rêve soviétique
Construit dans les années 1980 à Mykolaïv, alors port soviétique aujourd’hui ukrainien, l’ « Admiral Kouznetsov » fut le dernier né d’une génération de croiseurs porte-aéronefs lourds. Une catégorie inventée par Moscou pour contourner la Convention de Montreux, qui interdit aux véritables porte-avions de franchir le détroit du Bosphore.
Conçu pour protéger les sous-marins stratégiques et soutenir les opérations côtières, il n’a jamais eu vocation à rivaliser avec les monstres américains capables de projeter leur puissance aux quatre coins du globe. Après la chute de l’URSS, ses navires frères furent démantelés ou vendus. L’Inde et la Chine en ont fait les fondations de leurs flottes modernes, tandis que la Russie gardait pour elle un colosse vieillissant, jamais modernisé, souvent moqué.
Son panache de fumée noire, visible à des kilomètres, est devenu un symbole d’obsolescence. Lors de sa campagne en Syrie, en 2016, deux avions s’étaient écrasés en mer, victimes de pannes techniques. L’opération, estimée à 130 millions d’euros, s’était conclue sur une démonstration de faiblesse plus que de force.
Un chantier maudit
En 2017, Moscou lance enfin la modernisation du navire. Objectif : lui offrir une seconde vie. Mais la réalité industrielle s’impose vite. La chute du dock flottant PD-50, deux incendies majeurs, des retards à n’en plus finir… Tout concourt à transformer la réhabilitation en gouffre financier.
Plus de 100 milliards de roubles – l’équivalent du tiers du coût d’un porte-avions neuf – se sont évaporés sans résultat tangible. « Le porte-avions est une chose du passé », tranche aujourd’hui l’amiral Sergueï Avakiants, ancien chef de la flotte du Pacifique. Privée d’accès à certains composants occidentaux depuis l’invasion de l’Ukraine, la Russie ne peut plus espérer achever les travaux. Dans les chantiers de Mourmansk, le « Kouznetsov » demeure à quai, rongé par la rouille, symbole d’une grandeur perdue.
Ce retrait forcé laisse la marine russe orpheline de toute capacité aéronavale. Une amputation lourde de sens alors que l’Inde et la Chine, issues des mêmes bases technologiques soviétiques, possèdent désormais des flottes modernes et pleinement opérationnelles.
Pour Moscou, la guerre en Ukraine, les sanctions économiques et la priorité donnée à la dissuasion nucléaire ont scellé le sort du dernier porte-avions. Les ambitions de projection en haute mer ont cédé la place à une stratégie défensive, recentrée sur les côtes et les missiles de croisière.
L’ « Admiral Kouznetsov », jadis fierté de la flotte russe, s’apprête à disparaître dans le silence des chantiers. Sa carcasse d’acier, échouée au nord du cercle polaire, raconte à elle seule la lente érosion de la puissance maritime du Kremlin. « Ce navire représentait l’illusion d’une marine mondiale », résume un ancien officier cité par « The Insider ». « Sa fin consacre le retour de la Russie à ce qu’elle est vraiment : une puissance terrestre. »
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