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DÉCRYPTAGE. Autour de Taïwan, la Chine pourrait couler les porte-avions américains en 20 minutes
Le salon américain Sea air space, qui se tient chaque année près de Washington, a été l’occasion pour des spécialistes de l’armée américaine de discuter missiles hypersoniques et duel américano-chinois dans le Pacifique. Résultat des débats : la Chine sortirait gagnante d’un affrontement, au moins à court terme.


Le porte-avions américain USS « Carl Vinson », au large de Busan, en Corée du Sud, en novembre 2023. Avec ses avancées sur les missiles hypersoniques, la Chine pourrait décimer les plus gros navires de l’US Navy dans la Pacifique. | LINH PHAM/AFP


Alexandre SHELDON-DUPLAIX. Publié le 23/04/2025 Le marin

Le 12 avril, le nouveau secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, lâche que les missiles hypersoniques chinois pourraient détruire les porte-avions américains en seulement 20 minutes. Si les wargames (des simulations de conflits) sur une invasion chinoise de Taïwan ne prédisent pas nécessairement une victoire de Pékin sur terre, tous donnent la marine américaine perdante dans une confrontation directe avec la marine de l’Armée populaire de libération (APL) dans le Pacifique occidental.

Cette révélation intervient cinq mois après que des wargames organisés par une commission du Congrès américain avec le Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) ont déterminé que Taïwan devrait résister un mois avant que les forces américaines puissent apporter tout leur soutien. Mark Cancian, l’un des experts, explique que la Chine pourrait soit envahir par le nord, au plus près des défenses de Taïpei, soit par le sud, où il est beaucoup plus facile de débarquer, mais ou ses forces devraient ensuite traverser les reliefs et rivières de l’île.

Importance des missiles antinavires
Le premier scenario aboutirait... abonnés

La Chine se dote de barges pour une éventuelle invasion de Taïwan

AFP •04/04/2025

Des barges immenses, qui pourraient un jour servir à débarquer des équipements lourds et des milliers de soldats chinois dans le cadre d'une éventuelle invasion de Taïwan, ont été aperçues dans le sud de la Chine.


Image satellite prise le 25 mars 2025 et diffusée le 3 avril 2025 par Planet Labs PBC montrant trois barges reliées par des rampes extensibles au large de la ville de Zhanjiang, dans la province du Guangdong, dans le sud de la Chine ( Planet Labs PBC / Handout )

Pékin a lancé cette semaine des manœuvres militaires de grande ampleur dans le détroit de Taïwan, visant notamment à éprouver sa capacité à frapper des cibles stratégiques, comme les ports et les infrastructures de l'île revendiquée par la Chine.

Dans une note, le US Naval War College a révélé que l'armée chinoise possède un nouveau dispositif: des barges pouvant se raccorder, via des rampes extensibles, pour former une jetée de 820 mètres de long permettant d'aller des eaux profondes jusqu'à la terre.

Avec des pieds rétractables pouvant s'enfoncer jusqu'au fond de l'eau, elles pourraient se transformer en une plateforme pour permettre à des troupes et "des centaines de véhicules" de débarquer toutes les heures sur l'île autonome, selon le Naval College.

"Elles sont clairement destinées à faciliter une invasion amphibie contre Taïwan", estime Wen-Ti Sung, chercheur à l'Atlantic Council's Global China Hub.

L'hypothèse d'un assaut contre Taïwan a longtemps laissé supposer que l'Armée populaire de libération (APL, armée chinoise) s'appuierait sur de petits vaisseaux de débarquement amphibies pour atteindre l'île.

Des débarquements amphibies à grande échelle ne peuvent se faire que sur une poignée de plages à Taïwan, ce qui offre un avantage crucial à Taipei en terme de défense.

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La Chine conclut ses exercices militaires de deux jours autour de Taïwan

Reuters •02/04/2025

La Chine a conclu mercredi deux jours d'exercices militaires autour de Taïwan, territoire que Pékin considère comme chinois, au cours desquels elle affirme avoir procédé à des tirs réels à longue portée en mer de Chine orientale.

Les exercices, qui ont permis de tester les "capacités d'opérations conjointes intégrées" des troupes, ont été achevés mercredi en fin de journée, a déclaré l'armée chinoise.

"Les troupes du commandement du théâtre restent en état d'alerte à tout moment et continueront à renforcer leur préparation au combat grâce à un entraînement intensif, en contrecarrant résolument toute activité séparatiste visant à obtenir l'indépendance de Taïwan", a également indiqué l'armée sur ses réseaux sociaux.

La Chine avait lancé mardi des exercices militaires au large de l'île gouvernée démocratiquement en guise de "ferme avertissement" contre le séparatisme à Taïwan, après avoir qualifié le président taïwanais Lai Ching-te de "parasite".

Pékin a dit entraîner ses troupes à mener des frappes de précision sur des ports et des sites énergétiques, sans fournir de détails sur la localisation précise des exercices qui ont "atteint leurs objectifs", selon l'armée chinoise.

"Les exercices comprennent des frappes de précision sur des cibles simulées de ports clés et d'installations énergétiques, et ont atteint les effets souhaités", a déclaré le gouvernement chinois, sans donner plus de détails.

Le ministère taïwanais de la Défense a déclaré n'avoir détecté aucun exercice de tir réel autour de l'île.

Il a également précisé avoir repéré 36 avions militaires chinois mercredi, contre 76 la veille.

L'armée chinoise a indiqué de son côté que le porte-avions Shandong et son groupe aéronaval participaient aux exercices dans le but d'améliorer la coordination entre les forces navales et aériennes et de s'entraîner à la mise en place d'un "blocus multidimensionnel".

Ces manoeuvres militaires sont aussi perçues comme une réponse à la récente tournée asiatique du secrétaire à la Défense américain Pete Hegseth et aux critiques formulées par ce dernier contre Pékin.

Les États-Unis, principal soutien international et fournisseur d'armes à Taïwan, ont condamné les derniers exercices militaires chinois. Le Japon et l'Union européenne ont également exprimé leur inquiétude quant à ces manoeuvres.

La Chine lance de nouveaux exercices de blocus de Taïwan

AFP •01/04/2025

L'armée chinoise mobilise mardi des forces terrestres, navales et aériennes autour de Taïwan, pour des manoeuvres militaires de grande ampleur simulant un blocus de l'île dont Pékin revendique la souveraineté.

Les forces armées chinoises "se rapprochent de l'île de Taïwan à partir de multiples directions", a déclaré mardi matin Shi Yi, porte-parole du commandement du théâtre oriental de l'armée chinoise, décrivant les manoeuvres comme "légitimes et nécessaires pour sauvegarder la souveraineté et l'unité nationale de la Chine".

"Ces exercices sont principalement axés sur les patrouilles de préparation au combat mer-air, l'acquisition conjointe d'une supériorité globale, l'assaut de cibles maritimes et terrestres et le blocus de zones clefs et de voies maritimes", a détaillé le porte-parole.

En réponse, Taipei a dit avoir dépêché ses propres avions et navires, et déployé des systèmes de missiles.

A Washington, la porte-parole de la Maison Blanche a assuré que le président Donald Trump "insiste sur l'importance de maintenir la paix dans le détroit de Taïwan" et réitéré "l'opposition des Etats-Unis à toute tentative unilatérale de modifier le statu-quo par la force ou la coercition".

Pour l'Union européenne, les manoeuvres chinoises "aggravent les tensions".

"Nous appelons toutes les parties à faire preuve de retenue et à éviter toute action susceptible d'aggraver les tensions", a affirmé une porte-parole de la diplomatie européenne, Anitta Hipper.

- "Frappes de précision multidirectionnelles" -
De son côté, le chef de l'armée philippine a affirmé mardi que son pays serait "inévitablement" impliqué en cas d'invasion de Taïwan.

"Commencez à planifier des actions au cas où il y aurait une invasion de Taïwan", a déclaré le général Romeo Brawner à des soldats sur l'île septentrionale de Luçon. "Parce que si quelque chose survient à Taïwan, inévitablement, nous serons impliqués", a-t-il ajouté, sans désigner un éventuel envahisseur.

En même temps, les garde-côtes taïwanais ont annoncé avoir arrêté un ressortissant chinois qui tentait d'entrer "illégalement" sur l'une des îles de Taïwan à bord d'un bateau pneumatique.

L'homme a été repéré peu avant 07H00 (23H00 GMT lundi) au large de l'île principale de l'archipel occidental de Kinmen, selon un communiqué des garde-côtes.

Ces îles sont administrées par Taipei, bien que se situant à seulement quelques kilomètres de la Chine continentale.

Le Parti communiste chinois n'a jamais gouverné Taïwan mais revendique l'archipel comme partie intégrante de son territoire et n'exclut pas l'usage de la force pour en prendre le contrôle.

Pékin a intensifié ces dernières années le déploiement d'avions de chasse et de navires de guerre autour de Taïwan afin d'appuyer sa revendication, que Taipei rejette.

La Chine a déployé 71 aéronefs, quatre navires de garde-côtes et 21 navires de guerre chinois autour de Taïwan, dont un porte-avions, le Shandong, selon le ministère taïwanais de la Défense.

Pour ce qui est des navires de guerre, il s'agit d'un nombre record depuis mai 2024, selon un comptage de l'AFP à partir de données officielles.

- Point de tension majeur -

Ces nouvelles manoeuvres sont destinées à faire passer un message d'"avertissement ferme et de dissuasion énergique" aux présumés séparatistes de l'île, ont affirmé les forces armées chinoises.

Mais aussi à s'entraîner à des "frappes de précision multidirectionnelles" autour de l'île, selon un communiqué du commandement chinois qui supervise les opérations dans le détroit de Taïwan.

Les experts estiment que la Chine est plus susceptible de tenter un blocus de Taïwan que de lancer une invasion totale, qui serait plus risquée et nécessiterait un déploiement militaire massif.

L'expert militaire Su Tzu-yun, rallié à l'INSDR, un think tank rattaché au gouvernement, note que ces exercices semblent être de taille similaire aux manoeuvres "Joint-Sword" menées en mai et octobre 2024.

Selon Lin Ying-yu de l'université de Tamkang, dans le nord de Taïwan, l'organisation d'exercices juste après la visite du ministre américain de la Défense Pete Hegseth dans la région montre que la Chine met l'administration Trump à l'épreuve.

"La Chine veut tester les résultats des Etats-Unis avant un sommet Trump-Xi par le biais d'exercices militaires", a déclaré M. Lin à l'AFP.

Le président taïwanais démocratiquement élu Lai Ching-te a qualifié le mois dernier la Chine de "force étrangère hostile" et proposé de nouvelles mesures pour lutter contre l'infiltration et l'espionnage chinois.

Mardi, au moment même des manœuvres, la diplomatie chinoise a affirmé que les initiatives en faveur de l'indépendance de Taïwan étaient "vouées à l'échec".

Un porte-parole du Bureau des affaires taïwanaises de Pékin a aussi averti que "l'indépendance de Taïwan (signifiait) la guerre", et que la promouvoir revenait à pousser les Taïwanais "vers une situation périlleuse de conflit armé".

Ces manœuvres sont les plus importantes depuis février, lorsque Taipei avait affirmé que la Chine avait organisé des exercices de "tirs à balles réelles" avec des avions et des navires de guerre.

L'Etat-parti chinois avait dénoncé une "exagération" de la part de Taïwan face à ce qu'il décrivait comme un "entraînement de routine".

Taïwan est l'un des points de tension majeurs entre la Chine et les Etats-Unis, le principal soutien politique de Taipei et son premier fournisseur d'armes.

Ces exercices militaires interviennent deux jours après que M. Hegseth, en déplacement à Tokyo, a déclaré que "les Etats-Unis étaient déterminés à maintenir une dissuasion crédible" dans le détroit de Taïwan.

Les Etats-Unis promettent de maintenir une "dissuasion crédible" dans le détroit de Taïwan

AFP •30/03/2025

Les Etats-Unis maintiendront "une dissuasion crédible et robuste" dans la région Asie-Pacifique, y compris dans le détroit de Taïwan, a affirmé dimanche à Tokyo le ministre américain de la Défense, attaché à rassurer ses alliés asiatiques et fustigeant l'intensification de manoeuvres chinoises "agressives et coercitives".

"Les Etats-Unis sont déterminés à maintenir une dissuasion crédible, robuste, prête à l'emploi dans l'Indo-Pacifique, y compris à travers le détroit de Taïwan", a insisté Pete Hegseth après des entretiens à Tokyo avec son homologue japonais Gen Nakatani.
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Taïwan se prépare à l'invasion chinoise et dévoile un nouveau drone naval ultra moderne inspiré par l'Ukraine

28 mars 2025

La guerre en Ukraine semble inspirer d'autres nations. Non pas pour déclencher un conflit à grande échelle en envahissant l'un de leurs voisins –encore que– mais plutôt pour moderniser leur arsenal militaire. Menacé par Pékin qui dissimule à peine sa volonté d'intégrer l'île à la République populaire de Chine, Taïwan se prépare à cette éventualité, comme le prouve ce nouveau drone militaire de pointe.

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Nommé Endeavor Manta, ce drone naval de surface de 8 mètres de long est conçu pour lancer des torpilles légères, mais aussi pour se livrer à des attaques-kamikazes. Il est capable d'aller se faire exploser sur ses cibles grâce à des charges fixées à sa proue, a annoncé mardi 25 mars la CSBC Corporation, l'entreprise taïwanaise à l'origine de la fabrication de l'engin, comme le rapporte le média en ligne Business Insider.

CSBC Corporation a présenté son petit bateau sans pilote comme une plateforme polyvalente, capable de remplir une variété de missions: inspection de ports, patrouilles, brouillage de drones, chasse aux mines, reconnaissance, leurre, défense aérienne à courte portée et même de servir de vaisseau-mère pour des drones plus petits.
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Comme l'ont expliqué les représentants de l'armateur taïwanais, ce sont les succès ukrainiens en mer Noire qui ont inspiré le développement de cet appareil militaire. Toutefois, les eaux autour du détroit de Taïwan sont souvent plus agitées que celles de la mer Noire. Pour optimiser les performances de ce drone naval de surface, CSBC Corporation a donc conçu l'engin avec une coque trimaran, c'est-à-dire composée de trois coques distinctes, offrant ainsi une stabilité remarquable, même dans des conditions météorologiques difficiles.

Le président de CSBC Corporation, Huang Zhenghong, a expliqué à la télévision locale que drone maritime a été conçu avec une chaîne d'approvisionnement «sans rouge». Autrement dit, aucun de ses composants n'est d'origine chinoise, ce qui est crucial d'un point de vue stratégique en cas de confrontation éventuelle entre les deux parties.


Capture d'écran d'une vidéo de présentation de l'Endeavor Manta. | CSBC Corporation via YouTube

C'est un secret de Polichinelle: les États-Unis et Taïwan suivent de très près la situation en mer Noire. Ils y voient un théâtre similaire à celui que pourrait être le détroit de Taïwan en cas d'offensive chinoise de grande ampleur. C'est dans ce contexte que l'amiral Samuel Paparo, qui dirige le Commandement indo-pacifique des États-Unis, a déclaré en juin 2024 au Washington Post qu'il souhaitait transformer le détroit de Taïwan en un «paysage infernal», afin de donner à Taïwan la possibilité de résister pendant un mois, le temps que les États-Unis puissent répondre à toute agression chinoise.

Taïwan dit avoir détecté 59 avions chinois autour de l'île en 24 heures

AFP •18/03/2025

Taïwan a dit mardi avoir détecté 59 avions militaires chinois en 24 heures autour de l'île, un record depuis octobre 2024, quelques jours après que le président Lai Ching-te a qualifié la Chine de "force étrangère hostile".

En plus des 59 avions, neufs navires et deux ballons ont également été détectés dans ce laps de temps, a indiqué le ministère de la Défense mardi.

Ces incursions constituent un nombre record depuis les 153 avions repérés le 15 octobre 2024, quand la Chine avait lancé des exercices militaires de grande ampleur en réponse au discours du président taïwanais prononcé à l'occasion de la fête nationale quelques jours plus tôt.

Parmi les avions détectés ces dernières 24 heures, 54 ont pris part à des patrouilles de "combat conjoint" de l'Armée chinoise lundi, a précisé le ministère dans des déclarations distinctes.

Le ministère des Affaires étrangères chinois avait affirmé lundi à la presse que ces actions constituaient "une réponse résolue à la connivence et au soutien délibéré des forces extérieures à l'égard de l'indépendance de Taïwan et un avertissement sévère aux forces séparatistes indépendantistes de Taïwan".
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« Si la guerre est ce que veulent les États-Unis, qu'il s'agisse d'une guerre tarifaire, d'une guerre commerciale ou de tout autre type de guerre, nous sommes prêts à nous battre jusqu'au bout », a déclaré un message publié sur X depuis l'ambassade de Chine à Washington.

Sur les côtes taïwanaises il n'y a pas tellement de plages où un débarquement est possible. Ce genre de navire permet finalement d'augmenter la zone littorale propice à un débarquement parce que ça permettrait de s'accrocher soit sur des fonds qui ne sont pas suffisamment profonds soit sur des zones plus rocheuses et puis de poser un pont", complète l'expert.

La Chine construit des nouveaux bateaux équipés de "pieds" utilisables pour débarquer à Taïwan

Article de Quang Pham 17 janvier 2025

Des images satellites publiées par le Financial Times entre le 8 janvier ont révélé que la République Populaire de Chine est en train de construire un nouveau type de navire : des barges à "pieds" potentiellement utilisables pour une invasion de Taïwan. Ces bâtiments pourraient servir de quais temporaires en cas d'un débarquement de l'Armée Populaire de Libération (APL) de la Chine sur l'île, estiment les experts.

Serait-ce un pas de plus vers une invasion de Taïwan par la Chine populaire ? Un nouveau type de navire, susceptible d'être utilisé pour un débarquement sur l'île est en train d'être fabriqué par la Chine populaire, ainsi que l'a révélé la publication d'une image satellite par le Financial Times le 8 janvier. Il s'agit de barges qui pourraient jouer un rôle clé dans la logistique d'une opération amphibie contre Taïwan. Avec de nouvelles images, soumises à des experts, notre rédaction revient sur ces navires auparavant jamais vus.

Des quais temporaires

Dans le cadre d'un scénario d'une invasion de Taïwan, après l'acquisition de la supériorité aérienne et maritime dans le détroit de Taïwan puis l'envoi d'unités amphibies qui devront s'emparer d'une tête de pont, c'est-à-dire d'une zone de débarquement, l’armée chinoise sera confronté à un défi logistique : celui d'envoyer ce qu'on appelle le deuxième échelon, c'est-à-dire "les divisions mécanisées, les chars et l'artillerie qui vont conquérir l'île" explique à notre rédaction Stéphane Audrand, consultant en risques internationaux et officier de réserve dans la Marine nationale. "Comme il sera compliqué de s'emparer d'un port taïwanais qui sera protégé et miné, cela devra être le rôle de navires spécialisés".

Maxar, prises en date du 10 janvier 2025, montrent que les navires en construction dans le chantier naval de Guangzhou au sud-est de la République Populaire de Chine pourraient assumer ce rôle d'acheminement des unités lourdes de l'armée chinoise : ils viseront à servir de port artificiel.

Une première image de Maxar montre ainsi trois bâtiments longilignes équipés de rampes rétractables.

"Il s'agit de barges qui serviront de quais temporaires. Comme ces quais sont sur un bateau, c'est une solution plus mobile que les ports artificiels qui ont pu être construits lors de la Seconde Guerre mondiale pour le débarquement en Normandie. Les rampes sont quant à elles de ponts préfabriqués pour le déchargement de véhicule", analyse Stéphane Audrand.

"Sur les côtes taïwanaises il n'y a pas tellement de plages où un débarquement est possible. Ce genre de navire permet finalement d'augmenter la zone littorale propice à un débarquement parce que ça permettrait de s'accrocher soit sur des fonds qui ne sont pas suffisamment profonds soit sur des zones plus rocheuses et puis de poser un pont", complète l'expert.

"Les barges ont probablement un très faible tirant d'eau, c'est-à-dire qu'elles ne s'enfonceront que d'un ou deux mètres dans l'eau. Cela leur permettra de positionner près du rivage, où elles pourront déployer leurs ponts jusqu'à une plage ou à une route côtière. Des navires amphibies de la marine de l'APL, mais aussi des cargos ou des ferries civils, pourront alors s'amarrer à l'arrière de la barge et décharger des véhicules 'non amphibies'", ajoute auprès de notre rédaction J. Michael Dahm, chercheur confirmé à l'Institut Mitchell d'études aérospatiales et ancien officier de renseignement de la marine américaine.

Comme l'ont montré des photos antérieures d'exercices de manœuvre amphibies de l’armée chinoise, des navires civils comme des ferries seront en effet susceptibles d'être amarrés à ces barges. "Cela correspond à la culture stratégique chinoise de mobiliser toutes les composantes de l'armée mais aussi de faire coexister des navires civils et militaires en vue de prendre par la force Taïwan", souligne Emmanuel Veron, docteur en géographie et spécialiste de la Chine contemporaine et des relations internationales à l'Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales). Les barges sont d'ailleurs un type de navire issu à l'origine du monde civil mais qui paraît avoir été réutilisé par les militaires chinois, constate le chercheur.

Des barges avec des "pieds"

Une image plus détaillée des barges fournies par Maxar, montre en effet que les navires utilisent un équipement habituellement utilisé par les bâtiments civils : des "pieds" mobiles de stabilisation qui sont sur les images, ces colonnes blanches au sommet rouge.

"Les grands cylindres situés de part et d'autre des barges que l'on voit, sont des 'jacks' [ des "pieds" ou des piliers rétractables de stabilisation, NDLR ] qui s'enfoncent dans le fond de l'océan, afin de stabiliser la barge au large des côtes", explique J. Michael Dahm. "Un tel équipement permet à un navire de mieux résister à la houle", fait remarquer également Stéphane Audrand.

Mais jusqu'alors seuls des bateaux civils, comme des navires de transport d'éoliennes, étaient équipés de jacks (ou de pieds). "Pour une flotte amphibie militaire c'est assez nouveau", souligne Stéphane Audrand. "Ces barges apparaissent être un nouveau type de navire [militaire], acquiesce, J. Michael Dahm. Je n'ai jamais rien vu de tel auparavant, à l'exception d'un prototype"

Un débarquement non imminent

La construction de cette nouvelle classe de navire par la Chine signifie-t-elle qu'une invasion de Taïwan serait imminente ? Jusqu'à maintenant les images satellites n'ont confirmé que la construction que de cinq barges.

"Il est extrêmement difficile de savoir combien il y a de barges et combien sont opérationnels. En revanche, nous savons que le gouvernement chinois met un effort là-dessus et accélère la construction de ce type de navire", estime Emmanuel Veron.

"Mais cela ne signifie pas que la Chine va envahir Taïwan demain. Pour cela il faudrait que cela soit corrélé à la production non pas de simplement cinq barges mais des dizaines voire des centaines de navires", juge le chercheur. "Ce que nous voyons là est [juste] un signal supplémentaire qui permet de confirmer que la Chine travaille sur un scénario d'invasion par débarquement".

USA-Biden approuve une aide à la défense de $571 mlns pour Taïwan

Reuters •21/12/2024

Le président américain Joe Biden a approuvé vendredi une aide à la défense d'un montant de 571,3 millions de dollars (547,8 millions d'euros) pour Taïwan, a annoncé la Maison blanche.

Joe Biden a délégué au secrétaire d'Etat le pouvoir "d'ordonner le retrait d'un maximum de 571,3 millions de dollars d'articles et de services de défense du département de la Défense, ainsi que d'éducation et de formation militaires, afin de fournir une assistance à Taïwan", a indiqué la Maison blanche sans fournir davantage de détails.

Le département d'Etat a par ailleurs approuvé une vente potentielle d'équipements de commandement, de contrôle, de communication et modernisation informatique à Taïwan pour un montant de 265 millions de dollars, a annoncé vendredi le Pentagone.

Taïwan reçoit un premier lot de chars américains Abrams

AFP •16/12/2024

Taïwan a reçu des Etats-Unis 38 chars de combat Abrams, a annoncé lundi le ministère de la Défense de l'île qui tente de renforcer ses capacités militaire face à une éventuelle attaque de la Chine.

Les M1A2 Abrams sont arrivés à Taïwan dimanche en fin de journée et ont été transférés dans une base d'entraînement de l'armée à Hsinchu au sud de la capitale Taipei, a indiqué le ministère.

Ces modèles sont les premiers chars neufs à avoir été livrés à Taïwan depuis 30 ans, selon l'agence de presse Central News Agency.

Le gouvernement a passé la commande de 108 unités en 2019, pour un montant de plus de 1,2 milliard de dollars. Le reste devrait être livré en 2025 et 2026, a précisé à l'AFP un responsable militaire.

Washington est depuis longtemps l'allié le plus important de Taipei et son plus grand fournisseur d'armes, ce qui suscite la colère de Pékin, qui revendique Taïwan comme faisant partie de son territoire.

Le ministère chinois des affaires étrangères a d'ailleurs exhorté lundi les États-Unis à "cesser d'armer Taïwan (...) et de soutenir les forces indépendantistes taïwanaises".

L'armée taïwanaise détient actuellement 1.000 chars, produits localement comme le CM Brave Tiger, ou de conception américaine comme le M60A3, dont la technologie tend à devenir obsolète.

Début novembre, Taïwan a reçu son premier lot de lance-roquettes multiples américains HIMARS, déjà utilisés par l'Ukraine dans le cadre de son conflit contre la Russie.

Au cours des cinq dernières décennies, les Etats-Unis ont vendu à Taïwan des équipements militaires et des munitions à hauteur de plusieurs milliards de dollars, notamment des avions de chasse F-16 et des navires de guerre.

Les Etats-Unis maintiennent historiquement une politique d'"ambiguïté stratégique" à propos d'une éventuelle intervention militaire américaine si Taïwan était attaqué par la Chine.

La Chine et Taïwan coexistent depuis 1949 avec des gouvernements distincts, mais Pékin revendique l'île comme partie intégrante de son territoire et n'exclut pas de recourir à la force pour en prendre le contrôle.

Taipei a alloué à sa défense un budget record de 19 milliards de dollars en 2024, et celui de l'année prochaine devrait atteindre un nouveau pic.

"La tentative des autorités taïwanaises de chercher à obtenir l'indépendance par la force et l'aide étrangère est vouée à l'échec" et "la Chine défendra fermement sa souveraineté nationale, sa sécurité et son intégrité territoriale", a déclaré un porte-parole du ministère, Lin Jian.

La Chine ne faiblira pas dans sa lutte contre l'indépendance de Taïwan

Reuters •13/12/2024

Le ministère chinois de la Défense s'est exprimé vendredi sur les activités militaires de Pékin autour de Taïwan, déclarant qu'il appartenait à la Chine de décider d'organiser ou pas des exercices militaires autour de l'île et que l'armée "ne faiblirait pas" de sa lutte contre les forces séparatistes.

Taïwan a annoncé lundi avoir mis en place un centre d'intervention d'urgence et relevé le niveau d'alerte sur l'île après que la Chine a établi sept zones d'espace aérien réservé et envoyé notamment des flottes navales dans les eaux à proximité de l'île.

L'armée chinoise n'a pas confirmé mener des exercices militaires autour de l'île. Pékin considère Taïwan comme un territoire chinois.

Le ministère chinois de la Défense n'a ni confirmé ni démenti que des exercices militaires s'étaient tenus autour de Taïwan, déclarant seulement que "les tactiques et les courants changent constamment".

"Il nous appartient de décider d'organiser ou pas des exercices et d'en choisir la date selon nos besoins et la situation", a indiqué le ministère.

"Que des exercices soient organisés ou pas, l'Armée de libération du peuple (ALP) ne se défaussera pas et ne faiblira pas dans sa lutte contre l'indépendance et pour la réunification."

Tout recours à des "forces étrangères pour obtenir l'indépendance" sera sévèrement puni et "voué à l'échec", a prévenu le ministère.