par Jeuf » 06 mars 2025, 12:09
Ah, il est de nouveau possible de faire l'expérience de voyage de l'extrême exotisme politique.
https://www.ouest-france.fr/leditiondus ... wtab-fr-fr
La Corée du Nord a rouvert ses frontières après cinq ans, voici ce que ses premiers touristes ont vu
Par Maïté CHARLES.
Après avoir interdit l’accès à son territoire pendant presque cinq ans en raison du Covid-19, la Corée du Nord a rouvert ses frontières aux touristes étrangers. Une poignée de voyageurs a donc pu entrer dans le pays pour quelques jours. Bâtiments délabrés, peur du Covid, chaperonnage par des guides locaux… Voici ce qu’ils en ont retenu.
Qui veut visiter la Corée du Nord ? Depuis cinq ans, le pays, régenté par l’une des pires dictatures au monde, était quasiment cloisonné, en réaction à la pandémie de Covid-19. Début 2020, le pouvoir nord-coréen avait décidé de couper l’accès au pays pour y empêcher la propagation du coronavirus, puis avait renforcé ses moyens de défense dans le Nord, le long de sa frontière avec la Chine, pour dissuader ses propres ressortissants de rentrer illégalement dans leur pays, nous rappelle l’Agence France-Presse (AFP). Avant la pandémie, le tourisme dans ce pays très fermé restait limité : les agences touristiques faisant état d’environ 5 000 touristes occidentaux par an, selon le journal La Tribune.
Mais depuis quelques semaines, les échanges commerciaux avec la Chine ont repris au compte-goutte et la Corée du Nord a autorisé en 2024 l’entrée de touristes russes, pour la première fois depuis la pandémie. En février, des agences de voyages étrangères ont été autorisées à envoyer des touristes en Corée du Nord. Jeudi 27 février, un groupe de touristes venus du Royaume-Uni, de France, d’Allemagne et d’Australie, ont traversé la frontière depuis la Chine et se sont rendus dans la région reculée de Rason, une ville du nord-est du pays, pour un séjour de quatre jours, rapporte la BBC.
Des guides locaux aux allures de chaperons du régime
Comme pour tout voyage dans le pays de Kim Jong-un, les touristes étaient accompagnés de guides locaux, qui font en réalité office de chaperons du régime. Ces derniers suivaient le programme pré-approuvé des visites à la lettre. « N’insultez pas les dirigeants. N’insultez pas l’idéologie. Et ne jugez pas. » Telles sont les règles édictées par le régime de Kim Jong-un et qui sont lues aux touristes occidentaux par les guides avant même de traverser la frontière.
Pour Ben Weston, l’un des responsables du voyage originaire du Royaume-Uni, la visite de la Corée du Nord avait tous les critères d’un « voyage scolaire ». « On ne peut pas quitter l’hôtel sans les guides », raconte-t-il à la BBC. Un autre touriste, Mike O’Kennedy, un youtubeur britannique de 28 ans, a également détaillé à la chaîne britannique la quasi-infantilisation des guides locaux à son égard : « J’ai même dû leur faire savoir à plusieurs reprises que je voulais aller aux toilettes ».
Une peur latente du Covid
Au menu du circuit touristique : visites d’une usine à bière, d’une école et d’une pharmacie. Selon les guides des agences de voyages étrangères, les déplacements étaient encore plus encadrés qu’avant le Covid-19. Pas d’occasion de déambuler dans les rues, de se rendre dans un supermarché ou de parler aux habitants.
La principale raison avancée est le Covid. « En apparence, ils sont toujours inquiets. Nos bagages ont été désinfectés à la frontière, nos températures ont été prises et environ 50 % des gens portent toujours des masques », note Greg, de l’agence de voyages Koryo Tours. Si aucun chiffre lié à la mortalité du Covid-19 n’a été révélé par les autorités nord-coréennes, on sait que le pays, à l’instar de sa voisine chinoise, a été durement éprouvé par le virus.
Des bâtiments et routes délabrées
Autre réalité observée par les voyageurs : le mauvais état général du pays. Des bâtiments délabrés, des trottoirs bancals, des routes endommagées… « Tous les lieux étaient faiblement éclairés, et il n’y avait pas de chauffage, sauf dans nos chambres d’hôtels », lesquelles étaient par ailleurs « démodées et sales », raconte Joe, l’un des participants du voyage, à la BBC. « Ils ont eu cinq ans pour régler le problème. Les Nord-Coréens sont très sensibles à ce qu’ils montrent aux touristes. Si c’est le meilleur qu’ils puissent montrer, je n’ose pas imaginer ce qu’il y a d’autre. »
Le tourisme en Corée du Nord est un sujet éminemment controversé. En réalité, ces voyages savamment orchestrés profitent uniquement au régime. « Ce n’est pas comme dans d’autres pays pauvres où les populations locales bénéficient de revenus supplémentaires. La grande majorité de la population ne sait pas que ces touristes existent. Leur argent va à l’État et, en fin de compte, à son armée », argumente Joanna Hosaniak, de l’Alliance des citoyens pour les droits de l’homme en Corée du Nord. De son côté, la France déconseille toujours formellement tout déplacement en Corée du Nord, comme est-il indiqué sur le site du ministère des Affaires étrangères.
Ah, il est de nouveau possible de faire l'expérience de voyage de l'extrême exotisme politique.
https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2025-03-04/la-coree-du-nord-a-rouvert-ses-frontieres-apres-cinq-ans-voici-ce-que-ses-premiers-touristes-ont-vu-ba508562-a4eb-4e2f-a8e1-44c554d9125c?utm_source=firefox-newtab-fr-fr
[quote]La Corée du Nord a rouvert ses frontières après cinq ans, voici ce que ses premiers touristes ont vu
Par Maïté CHARLES.
Après avoir interdit l’accès à son territoire pendant presque cinq ans en raison du Covid-19, la Corée du Nord a rouvert ses frontières aux touristes étrangers. Une poignée de voyageurs a donc pu entrer dans le pays pour quelques jours. Bâtiments délabrés, peur du Covid, chaperonnage par des guides locaux… Voici ce qu’ils en ont retenu.
Qui veut visiter la Corée du Nord ? Depuis cinq ans, le pays, régenté par l’une des pires dictatures au monde, était quasiment cloisonné, en réaction à la pandémie de Covid-19. Début 2020, le pouvoir nord-coréen avait décidé de couper l’accès au pays pour y empêcher la propagation du coronavirus, puis avait renforcé ses moyens de défense dans le Nord, le long de sa frontière avec la Chine, pour dissuader ses propres ressortissants de rentrer illégalement dans leur pays, nous rappelle l’Agence France-Presse (AFP). Avant la pandémie, le tourisme dans ce pays très fermé restait limité : les agences touristiques faisant état d’environ 5 000 touristes occidentaux par an, selon le journal La Tribune.
Mais depuis quelques semaines, les échanges commerciaux avec la Chine ont repris au compte-goutte et la Corée du Nord a autorisé en 2024 l’entrée de touristes russes, pour la première fois depuis la pandémie. En février, des agences de voyages étrangères ont été autorisées à envoyer des touristes en Corée du Nord. Jeudi 27 février, un groupe de touristes venus du Royaume-Uni, de France, d’Allemagne et d’Australie, ont traversé la frontière depuis la Chine et se sont rendus dans la région reculée de Rason, une ville du nord-est du pays, pour un séjour de quatre jours, rapporte la BBC.
Des guides locaux aux allures de chaperons du régime
Comme pour tout voyage dans le pays de Kim Jong-un, les touristes étaient accompagnés de guides locaux, qui font en réalité office de chaperons du régime. Ces derniers suivaient le programme pré-approuvé des visites à la lettre. « N’insultez pas les dirigeants. N’insultez pas l’idéologie. Et ne jugez pas. » Telles sont les règles édictées par le régime de Kim Jong-un et qui sont lues aux touristes occidentaux par les guides avant même de traverser la frontière.
Pour Ben Weston, l’un des responsables du voyage originaire du Royaume-Uni, la visite de la Corée du Nord avait tous les critères d’un « voyage scolaire ». « On ne peut pas quitter l’hôtel sans les guides », raconte-t-il à la BBC. Un autre touriste, Mike O’Kennedy, un youtubeur britannique de 28 ans, a également détaillé à la chaîne britannique la quasi-infantilisation des guides locaux à son égard : « J’ai même dû leur faire savoir à plusieurs reprises que je voulais aller aux toilettes ».
Une peur latente du Covid
Au menu du circuit touristique : visites d’une usine à bière, d’une école et d’une pharmacie. Selon les guides des agences de voyages étrangères, les déplacements étaient encore plus encadrés qu’avant le Covid-19. Pas d’occasion de déambuler dans les rues, de se rendre dans un supermarché ou de parler aux habitants.
La principale raison avancée est le Covid. « En apparence, ils sont toujours inquiets. Nos bagages ont été désinfectés à la frontière, nos températures ont été prises et environ 50 % des gens portent toujours des masques », note Greg, de l’agence de voyages Koryo Tours. Si aucun chiffre lié à la mortalité du Covid-19 n’a été révélé par les autorités nord-coréennes, on sait que le pays, à l’instar de sa voisine chinoise, a été durement éprouvé par le virus.
Des bâtiments et routes délabrées
Autre réalité observée par les voyageurs : le mauvais état général du pays. Des bâtiments délabrés, des trottoirs bancals, des routes endommagées… « Tous les lieux étaient faiblement éclairés, et il n’y avait pas de chauffage, sauf dans nos chambres d’hôtels », lesquelles étaient par ailleurs « démodées et sales », raconte Joe, l’un des participants du voyage, à la BBC. « Ils ont eu cinq ans pour régler le problème. Les Nord-Coréens sont très sensibles à ce qu’ils montrent aux touristes. Si c’est le meilleur qu’ils puissent montrer, je n’ose pas imaginer ce qu’il y a d’autre. »
Le tourisme en Corée du Nord est un sujet éminemment controversé. En réalité, ces voyages savamment orchestrés profitent uniquement au régime. « Ce n’est pas comme dans d’autres pays pauvres où les populations locales bénéficient de revenus supplémentaires. La grande majorité de la population ne sait pas que ces touristes existent. Leur argent va à l’État et, en fin de compte, à son armée », argumente Joanna Hosaniak, de l’Alliance des citoyens pour les droits de l’homme en Corée du Nord. De son côté, la France déconseille toujours formellement tout déplacement en Corée du Nord, comme est-il indiqué sur le site du ministère des Affaires étrangères.
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