par energy_isere » Hier, 15:23
Libye : nouvelle ruée pétrolière, sur fond de fragilité institutionnelle
Agence Ecofin 08 juillet 2025
BP, Shell, Eni, OMV et Repsol renforcent leur présence aux côtés de la Compagnie publique libyenne du pétrole. Ce regain d’activité suggère un climat moins incertain, mais les tensions politiques, économiques et militaires freinent toute projection durable.
La Compagnie publique libyenne du pétrole (NOC) a annoncé ce mardi 8 juillet de nouveaux accords avec BP et Shell pour explorer et développer plusieurs champs pétroliers et gaziers. Une dynamique qui tranche avec les années d’isolement post-2011, signe que le contexte sécuritaire devient moins dissuasif pour les investisseurs étrangers.
BP prévoit de rouvrir ses bureaux à Tripoli fin 2025. Le producteur britannique prévoit de conduire des études sismiques sur les champs de Messla et Sarir, ainsi que sur des zones d’exploration voisines, avec en ligne de mire les ressources non conventionnelles. De son côté, Shell évaluera la faisabilité technique et économique du développement du champ d’Atshan, détenu à 100 % par la NOC.
En parallèle, Eni, OMV et Repsol ont déjà repris leurs activités en 2024, après une décennie de suspension. De plus, la NOC prépare l’ouverture de 22 nouveaux blocs d’exploration dans les bassins de Syrte, Murzuq, Ghadamès, ainsi qu’en mer. Un processus attendu d’ici la fin de l’année. La dernière opération de ce type remonte à 17 ans.
Un climat sécuritaire moins dissuasif, mais pas encore stable
Ce regain d’intérêt ne dissipe pas les incertitudes structurelles qui pèsent toujours sur le pays. La reprise d’activité des compagnies internationales traduit une certaine amélioration sécuritaire depuis l’accord de cessez-le-feu de 2020. Des mécanismes comme le Comité de trêve soutenu par l’ONU ont, dans ce sens, contribué à limiter les violences armées. Toutefois, des tensions subsistent, notamment autour de Tripoli, où des affrontements entre groupes armés continuent de déstabiliser les zones urbaines.
Sur le plan institutionnel, le pays reste divisé entre deux gouvernements concurrents. La promesse du budget national unifié n’a toujours pas vu le jour. La Banque centrale peine à fonctionner efficacement et les groupes armés, omniprésents, influencent aussi bien les circuits économiques que les structures de sécurité. L’intérêt des investisseurs, bien qu’en hausse, reste conditionné à la capacité de maintenir ce fragile équilibre.
Avec une production actuelle de 1,4 million de barils par jour, la Libye ambitionne de revenir à son niveau d’avant-guerre qui est de 1,6 million b/j, puis d’atteindre 2 millions b/j à moyen terme. Mais le ministère du Pétrole estime que cela nécessiterait entre 3 et 4 milliards de dollars d’investissements. Le nouveau président de la NOC, Masoud Suleman, assure vouloir accroître la transparence, simplifier la structure administrative, voire fermer certaines branches, comme les bureaux ouverts à l’étranger ces dernières années. Autant de mesures susceptibles de renforcer la confiance des investisseurs.
En parallèle, Masoud Suleman souhaite mettre fin au programme d’échanges de brut contre carburants, jugé opaque, et travailler à une meilleure coordination budgétaire avec la Banque centrale et le gouvernement d’unité nationale basé à Tripoli.
Des ressources sans État restent un pari risqué
L’activité pétrolière pourrait jouer un rôle stabilisateur dans un pays miné par les violences et les luttes de pouvoirs, depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, et fournir des ressources financières vitales. Mais sans avancées politiques concrètes, les risques de retour à l’instabilité demeurent élevés. L’ONU tente de relancer le dialogue national, via un comité consultatif chargé de lever les obstacles à la tenue d’élections, mais pour le moment, le statu quo persiste.
En l’état, la Libye reste dans un entre-deux. Elle attire à nouveau les capitaux étrangers dans le secteur énergétique, mais sans institutions solides ni cadre budgétaire unifié, la rentabilité économique comme la paix durable restent suspendues à une transition politique encore incertaine.
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[quote] [b]Libye : nouvelle ruée pétrolière, sur fond de fragilité institutionnelle[/b]
Agence Ecofin 08 juillet 2025
BP, Shell, Eni, OMV et Repsol renforcent leur présence aux côtés de la Compagnie publique libyenne du pétrole. Ce regain d’activité suggère un climat moins incertain, mais les tensions politiques, économiques et militaires freinent toute projection durable.
La Compagnie publique libyenne du pétrole (NOC) a annoncé ce mardi 8 juillet de nouveaux accords avec BP et Shell pour explorer et développer plusieurs champs pétroliers et gaziers. Une dynamique qui tranche avec les années d’isolement post-2011, signe que le contexte sécuritaire devient moins dissuasif pour les investisseurs étrangers.
BP prévoit de rouvrir ses bureaux à Tripoli fin 2025. Le producteur britannique prévoit de conduire des études sismiques sur les champs de Messla et Sarir, ainsi que sur des zones d’exploration voisines, avec en ligne de mire les ressources non conventionnelles. De son côté, Shell évaluera la faisabilité technique et économique du développement du champ d’Atshan, détenu à 100 % par la NOC.
En parallèle, Eni, OMV et Repsol ont déjà repris leurs activités en 2024, après une décennie de suspension. De plus, la NOC prépare l’ouverture de 22 nouveaux blocs d’exploration dans les bassins de Syrte, Murzuq, Ghadamès, ainsi qu’en mer. Un processus attendu d’ici la fin de l’année. La dernière opération de ce type remonte à 17 ans.
[b]Un climat sécuritaire moins dissuasif, mais pas encore stable[/b]
Ce regain d’intérêt ne dissipe pas les incertitudes structurelles qui pèsent toujours sur le pays. La reprise d’activité des compagnies internationales traduit une certaine amélioration sécuritaire depuis l’accord de cessez-le-feu de 2020. Des mécanismes comme le Comité de trêve soutenu par l’ONU ont, dans ce sens, contribué à limiter les violences armées. Toutefois, des tensions subsistent, notamment autour de Tripoli, où des affrontements entre groupes armés continuent de déstabiliser les zones urbaines.
Sur le plan institutionnel, le pays reste divisé entre deux gouvernements concurrents. La promesse du budget national unifié n’a toujours pas vu le jour. La Banque centrale peine à fonctionner efficacement et les groupes armés, omniprésents, influencent aussi bien les circuits économiques que les structures de sécurité. L’intérêt des investisseurs, bien qu’en hausse, reste conditionné à la capacité de maintenir ce fragile équilibre.
Avec une production actuelle de 1,4 million de barils par jour, la Libye ambitionne de revenir à son niveau d’avant-guerre qui est de 1,6 million b/j, puis d’atteindre 2 millions b/j à moyen terme. Mais le ministère du Pétrole estime que cela nécessiterait entre 3 et 4 milliards de dollars d’investissements. Le nouveau président de la NOC, Masoud Suleman, assure vouloir accroître la transparence, simplifier la structure administrative, voire fermer certaines branches, comme les bureaux ouverts à l’étranger ces dernières années. Autant de mesures susceptibles de renforcer la confiance des investisseurs.
En parallèle, Masoud Suleman souhaite mettre fin au programme d’échanges de brut contre carburants, jugé opaque, et travailler à une meilleure coordination budgétaire avec la Banque centrale et le gouvernement d’unité nationale basé à Tripoli.
[b]Des ressources sans État restent un pari risqué[/b]
L’activité pétrolière pourrait jouer un rôle stabilisateur dans un pays miné par les violences et les luttes de pouvoirs, depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, et fournir des ressources financières vitales. Mais sans avancées politiques concrètes, les risques de retour à l’instabilité demeurent élevés. L’ONU tente de relancer le dialogue national, via un comité consultatif chargé de lever les obstacles à la tenue d’élections, mais pour le moment, le statu quo persiste.
En l’état, la Libye reste dans un entre-deux. Elle attire à nouveau les capitaux étrangers dans le secteur énergétique, mais sans institutions solides ni cadre budgétaire unifié, la rentabilité économique comme la paix durable restent suspendues à une transition politique encore incertaine.
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