Korea Aerospace Industries développe un drone de combat embarqué pour la marine sud-coréenne
par Laurent Lagneau · 9 juillet 2025 opex360
Photo : KAI
En mai, la Corée du Sud fit savoir qu’elle renonçait à doter sa marine de son premier porte-avions, dans le cadre du programme CV-X, alors que celui-ci avait été maintenu dans le plan de défense 2024-28, présenté en décembre 2023. Et que, par conséquent, elle annulerait son projet d’acquérir vingt chasseurs-bombardiers F-35B de type STOVL [à décollage court et à atterrissage vertical] auprès du constructeur américain Lockheed Martin.
Pour autant, cette décision ne signifiait pas la fin des ambitions sud-coréennes dans le domaine aéronaval dans la mesure où l’annulation du programme CV-X allait permettre de lancer la construction d’un « navire de commandement polyvalent » devant être en mesure de mettre en œuvre des drones de combat, des munitions téléopérées [MTO] ainsi que des hélicoptères.
Ce nouveau type de navire doit ainsi permettre à la marine sud-coréenne d’effectuer des frappes contre des objectifs clés, assurer la protection des voies de navigation maritime, mener des opérations amphibies et répondre aux catastrophes naturelles. Et le tout en tenant compte de l’évolution de la guerre navale et de l’apport de l’intelligence artificielle, notamment pour ce qui concerne le développement des drones aériens.
Pour rappel, la doctrine militaire sud-coréenne, orientée vers la Corée du Nord, repose sur trois piliers : la mise en réseau des capacités de renseignement avec les moyens de frappe en vue de détruire préventivement les sites de lancement de missiles nord-coréens [« kill chain »], la défense antimissile [KAMD pour Korea Air and Missile Defense System] et l’éventualité de frappes massives de représailles.
Ayant déjà un concept de « porte-drones » dans ses tiroirs, avec le « Ghost Commander », Hanwha Ocean a depuis dévoilé le « Ghost Commander II » lors du salon MADEX25 qui, dédié à l’armement naval, s’est tenu à Busan en juin dernier.
Ce Ghost Commander II est un porte-drones affichant un déplacement de 42 000 tonnes, pour une longueur de 240 mètres et une largeur de 60 mètres, ce qui correspond, peu ou prou, aux dimensions du porte-avions Charles de Gaulle. Il est prévu de lui intégrer au moins une catapulte électromagnétique ainsi que trois brins d’arrêt. Équipé de systèmes de lancement vertical pour les missiles surface-air, il disposera d’un radier pour mettre en œuvre des péniches de débarquement.
Seulement, la question des drones que ce navire mettra en œuvre reste entière. Du moins était-ce le cas récemment. En effet, le 8 juillet, Korea Aerospace Industries [KAI] a levé le voile sur un concept de drone de combat [UCAV] embarqué, issu d’un programme mené pour la force aérienne sud-coréenne [RoKAF – Republic of Korea Air Force].
Dans le détail, d’une masse maximale au décollage inférieure à 6 tonnes, cet UCAV aura une autonomie d’environ 300 nautiques et pourra voler à la vitesse maximale de Mach 0,6 grâce à un moteur à réaction. Il pourra emporter une charge utile de 800 kg.
Selon KAI, de conception modulaire, ce drone de combat sera polyvalent, c’est-à-dire qu’il sera en mesure d’effectuer des missions de combat aérien, grâce à des missiles air-air de longue portée Meteor, associés à un radar AESA [à antenne active] et à un IRST [Infra-red search and track], des frappes air-sol ainsi que des vols ISR [renseignement, surveillance, reconnaissance]. Enfin, il pourra également servir de « vaisseau mère » en déployant des mini drones capables d’évoluer en essaim.
Doté d’une crosse d’appontage et d’un train renforcé, cet UCAV pourra être mis en œuvre par des « porte-avions équipés de catapultes électromagnétiques », assure KAI. À ce jour, seuls deux pays maîtrisent cette technologie : les États-Unis, avec la classe Ford, et la Chine, avec la classe Fujian.
Ce projet de drone embarqué vient s’ajouter à ceux déjà menés ou actuellement au cours aux États-Unis, avec, par exemple, le démonstrateur X-47 de Northrop Grumman [désormais arrêté], le MQ-25 Stingray de Boeing ou encore le Gambit de General Atomics et en Turquie, où Baykar développe le Kızılelma.