par energy_isere » 09 avr. 2015, 22:08
Sommet des Amériques: la question pétrolière au coeur des enjeux
09 Avril 2015 RFI
Le président américain Barack Obama est arrivé à Kinsgton, en Jamaïque, avant de rejoindre Panama pour le sommet des Amériques qui s'annonce historique, avec le retour de Cuba. Obama pourrait proposer de fournir du pétrole à ses voisins des Caraïbes et tenter de casser le système Petrocaribe développé par le Venezuela, en difficulté à cause de la baisse du prix du brut.
Demain vendredi s’ouvre au Panama le sommet des Amériques. C’est la première fois que Cuba sera présent, depuis 21 ans que ce rendez-vous existe. Le point d’orgue de cette réunion pourrait être une rencontre entre les présidents américains et cubains.
Mais avant, pour ne pas gâcher la fête, les Etats-Unis tentent d’apaiser les tensions avec un autre pays socialiste de la région, le Venezuela. Les deux pays n'ont plus d'ambassadeurs respectifs depuis 2010. Et le climat politique entre les deux pays s’est fortement dégradé depuis que les Etats-Unis ont décrété des sanctions contre sept hauts fonctionnaires vénézuéliens.
Un décret pas si opportun
Un émissaire américain, Thomas Shannon, a été dépêché mercredi dernier au Venezuela. Il a rencontré la ministre des Affaires étrangères. Delcy Rodriguez a exigé le retrait du décret signé par Barack Obama début mars qualifiant le Venezuela de « menace inhabituelle pour la sécurité nationale ». Le décret, qui prévoit des sanctions contre des hauts responsables vénézuéliens, avait provoqué la colère de Caracas.
Mais certains alliés de Washington s’interrogent également sur l’opportunité de telles mesures au moment où les Etats-Unis tentent de rétablir la confiance avec les pays de la région et de tourner définitivement la page de la Guerre froide. Du coup, la rhétorique entre les deux capitales est devenue moins belliqueuse. « Le Venezuela ne représente aucune menace pour nous », a fait savoir un conseiller de la Maison Blanche. Le président vénézuélien Nicolas Maduro adopte lui aussi un ton plus conciliant, se déclarant prêt à apaiser les tensions avec les Etats-Unis. C’est qu’il a dit en tout cas à la présidente brésilienne Dilma Rousseff qui n’a pas hésité à proposer sa médiation.
Le retour de la diplomatie du pétrole
Mais c'est davantage la question énergétique, notamment pétrolière, qui devrait rester centrale lors du sommet. Le président américain a rendez-vous ce jeudi à Kingston avec les quinze membres de la Communauté caribéenne (Caricom) avec la ferme intention de leur proposer une option alternative au pétrole vénézuélien bon marché.
« La Caraïbe, c'est la Méditerranée des Etats-Unis, c'est vraiment leur pré carré, c'est là où ils ont, à la fin du XIXe siècle, entamé leur politique impérialiste autour de Porto Rico, autour de Cuba. C'est vraiment extrêmement fort pour eux, c'est là que se joue le passé, le présent, mais aussi l'avenir effectivement », rappelle le chercheur Thomas Snegaroff, historien, spécialiste des questions géopolitiques et des États-Unis. « Nous cherchons en permanence à approfondir nos relations avec les Caraïbes et nous pouvons jouer un rôle important dans le renforcement de la sécurité énergétique de la région », a expliqué Ben Rhodes, conseiller de la Maison Blanche.
Pour Thomas Snegaroff, la diplomatie du pétrole revient sur le devant de la scène : « La diplomatie pétrolière joue à plein dans cette région. On sait que le Venezuela notamment avait contre carré l'influence américaine précisément en arrosant de pétrole ces petits pays en la ramenant dans une ère d'influence qui n'était pas étatsunienne. Effectivement, on est en train aujourd'hui de retisser des liens avec les Caraïbes autour de la question pétrolière puisque c'est autour de cette question que quelques-uns de ces pays avaient eu tendance à s'éloigner des Etats-Unis. »
L'or noir reste « la clé de voûte » de la diplomatie américaine
En effet, la présence américaine n'ayant pas toujours été marquée, le vide a été comblé par Petrocaribe, une alliance d'Etats des Caraïbes avec l'entité publique Petroleos de Venezuela (PDVSA) qui leur permet de repousser leurs paiements avec de faibles taux d'intérêt. Mais du fait de la chute des prix du pétrole, l'économie de Caracas est à la peine, les conditions de ravitaillement des Caraïbes en pâtissent, et les Etats-Unis s'engouffrent dans la brèche.
« C'est intéressant, analyse encore Thomas Snegaroff, car au moment où l'on ne parle que de l'après-pétrole, on se rend compte à quel point, dans cette région au moins, le pétrole reste la clé de voûte de la diplomatie américaine. Donc on va beaucoup parler pétrole, mais aussi des Chinois qui s'intéressent beaucoup aux Caraïbes, et puis peut-être aussi à un élargissement de l'Alena au Caricom pour essayer de relancer ce projet un peu ancien, qui a plus de vingt ans, de cet accord de libre-échange des Amériques. »
http://www.rfi.fr/ameriques/20150409-so ... 0749492058
[quote] [b] Sommet des Amériques: la question pétrolière au coeur des enjeux[/b]
09 Avril 2015 RFI
[b]Le président américain Barack Obama est arrivé à Kinsgton, en Jamaïque, avant de rejoindre Panama pour le sommet des Amériques qui s'annonce historique, avec le retour de Cuba. Obama pourrait proposer de fournir du pétrole à ses voisins des Caraïbes et tenter de casser le système Petrocaribe développé par le Venezuela, en difficulté à cause de la baisse du prix du brut.[/b]
Demain vendredi s’ouvre au Panama le sommet des Amériques. C’est la première fois que Cuba sera présent, depuis 21 ans que ce rendez-vous existe. Le point d’orgue de cette réunion pourrait être une rencontre entre les présidents américains et cubains.
Mais avant, pour ne pas gâcher la fête, les Etats-Unis tentent d’apaiser les tensions avec un autre pays socialiste de la région, le Venezuela. Les deux pays n'ont plus d'ambassadeurs respectifs depuis 2010. Et le climat politique entre les deux pays s’est fortement dégradé depuis que les Etats-Unis ont décrété des sanctions contre sept hauts fonctionnaires vénézuéliens.
[b]Un décret pas si opportun[/b]
Un émissaire américain, Thomas Shannon, a été dépêché mercredi dernier au Venezuela. Il a rencontré la ministre des Affaires étrangères. Delcy Rodriguez a exigé le retrait du décret signé par Barack Obama début mars qualifiant le Venezuela de « menace inhabituelle pour la sécurité nationale ». Le décret, qui prévoit des sanctions contre des hauts responsables vénézuéliens, avait provoqué la colère de Caracas.
Mais certains alliés de Washington s’interrogent également sur l’opportunité de telles mesures au moment où les Etats-Unis tentent de rétablir la confiance avec les pays de la région et de tourner définitivement la page de la Guerre froide. Du coup, la rhétorique entre les deux capitales est devenue moins belliqueuse. « Le Venezuela ne représente aucune menace pour nous », a fait savoir un conseiller de la Maison Blanche. Le président vénézuélien Nicolas Maduro adopte lui aussi un ton plus conciliant, se déclarant prêt à apaiser les tensions avec les Etats-Unis. C’est qu’il a dit en tout cas à la présidente brésilienne Dilma Rousseff qui n’a pas hésité à proposer sa médiation.
[b]Le retour de la diplomatie du pétrole[/b]
Mais c'est davantage la question énergétique, notamment pétrolière, qui devrait rester centrale lors du sommet. Le président américain a rendez-vous ce jeudi à Kingston avec les quinze membres de la Communauté caribéenne (Caricom) avec la ferme intention de leur proposer une option alternative au pétrole vénézuélien bon marché.
« La Caraïbe, c'est la Méditerranée des Etats-Unis, c'est vraiment leur pré carré, c'est là où ils ont, à la fin du XIXe siècle, entamé leur politique impérialiste autour de Porto Rico, autour de Cuba. C'est vraiment extrêmement fort pour eux, c'est là que se joue le passé, le présent, mais aussi l'avenir effectivement », rappelle le chercheur Thomas Snegaroff, historien, spécialiste des questions géopolitiques et des États-Unis. « Nous cherchons en permanence à approfondir nos relations avec les Caraïbes et nous pouvons jouer un rôle important dans le renforcement de la sécurité énergétique de la région », a expliqué Ben Rhodes, conseiller de la Maison Blanche.
Pour Thomas Snegaroff, la diplomatie du pétrole revient sur le devant de la scène : « La diplomatie pétrolière joue à plein dans cette région. On sait que le Venezuela notamment avait contre carré l'influence américaine précisément en arrosant de pétrole ces petits pays en la ramenant dans une ère d'influence qui n'était pas étatsunienne. Effectivement, on est en train aujourd'hui de retisser des liens avec les Caraïbes autour de la question pétrolière puisque c'est autour de cette question que quelques-uns de ces pays avaient eu tendance à s'éloigner des Etats-Unis. »
[b]L'or noir reste « la clé de voûte » de la diplomatie américaine[/b]
En effet, la présence américaine n'ayant pas toujours été marquée, le vide a été comblé par Petrocaribe, une alliance d'Etats des Caraïbes avec l'entité publique Petroleos de Venezuela (PDVSA) qui leur permet de repousser leurs paiements avec de faibles taux d'intérêt. Mais du fait de la chute des prix du pétrole, l'économie de Caracas est à la peine, les conditions de ravitaillement des Caraïbes en pâtissent, et les Etats-Unis s'engouffrent dans la brèche.
« C'est intéressant, analyse encore Thomas Snegaroff, car au moment où l'on ne parle que de l'après-pétrole, on se rend compte à quel point, dans cette région au moins, le pétrole reste la clé de voûte de la diplomatie américaine. Donc on va beaucoup parler pétrole, mais aussi des Chinois qui s'intéressent beaucoup aux Caraïbes, et puis peut-être aussi à un élargissement de l'Alena au Caricom pour essayer de relancer ce projet un peu ancien, qui a plus de vingt ans, de cet accord de libre-échange des Amériques. »
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http://www.rfi.fr/ameriques/20150409-sommet-ameriques-question-petrole-caraibes-venezuela-etats-unis-cuba-obama/#./?&_suid=142860973713706037900749492058