par energy_isere » 22 févr. 2025, 11:16
Le nucléaire sud-africain, entre opportunités russes et contraintes américaines
Agence Ecofin 19 février 2025
L'Afrique du Sud réaffirme son intention d'étendre sa capacité nucléaire civile et envisage toutes les options disponibles, y compris des offres de la Russie et de l'Iran.
En Afrique du Sud, le ministre de l’Energie, Gwede Mantashe (photo), a déclaré que Pretoria ne peut exclure aucun pays de l'appel d'offres pour la construction de nouveaux réacteurs nucléaires de 2 500 MW, destinés à pallier les déficits énergétiques et à réduire les émissions de carbone du pays. Cette position, bien que pragmatique d'un point de vue économique, risque d'accroître les tensions diplomatiques avec les États-Unis, notamment en raison des réticences de Washington à l'égard de la coopération nucléaire avec l'Iran.
« Nous ne pouvons pas avoir une condition qui dit que l'Iran ou la Russie ne doivent pas soumissionner [...] S'ils sont les meilleurs en termes d'offre sur la table, nous prendrons n'importe quel pays », a déclaré le responsable.
L'Afrique du Sud, seul pays du continent à détenir une centrale nucléaire en activité, peine à concrétiser son projet d'expansion dans le secteur. L'accord de coopération nucléaire avec les États-Unis, nécessaire pour l'importation de combustible américain pour la centrale de Koeberg, a expiré en 2022 et n'a pas encore été renouvelé. Si Pretoria et Washington ont finalisé les aspects techniques de ce nouvel accord, il reste bloqué par des obstacles juridiques et des tensions géopolitiques croissantes, notamment depuis l’arrivée de la nouvelle administration américaine.
L'absence d'un nouvel accord pourrait compliquer l'approvisionnement en combustible nucléaire de l'unité 1 de Koeberg, qui repose sur la société américaine Westinghouse, alors que l'unité 2 est alimentée par le français Framatome.
Si l'Afrique du Sud vise à porter sa capacité nucléaire à 21 000 MW d'ici 2050, plusieurs obstacles subsistent. La prolongation de la durée de vie de la centrale de Koeberg jusqu'en 2044 a nécessité d'importants investissements en maintenance et en sécurité, validés par le régulateur du secteur du nucléaire et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Mais la question du financement des nouveaux réacteurs demeure.
Un accord potentiel avec le concurrent russe pourrait exacerber la crise
En l’état actuel des développements, un partenariat avec Rosatom, à l'image de celui du projet El-Dabaa en Egypte, pourrait offrir une solution financière via des prêts russes. La centrale nucléaire égyptienne de 4800 MW sera en effet financée à hauteur de 85 % par un prêt russe de 25 milliards de dollars et devrait fournir près de 7 % de l'électricité égyptienne, d'ici 2028.
Une coopération avec Pretoria s’inscrirait parfaitement dans la stratégie de la Russie qui ambitionne de renforcer sa présence dans le secteur nucléaire africain, à travers Rosatom, sa société publique d'énergie nucléaire. L'Ouganda, par exemple, vise une capacité nucléaire de 2 000 MW d'ici 2032 et a signé des accords avec la Russie et la Chine. De manière similaire, le Burkina Faso et le Mali ont récemment conclu des partenariats avec Rosatom pour la construction de centrales.
Cependant, un tel choix exposerait Pretoria à des sanctions potentielles et à une dégradation de ses relations commerciales avec l'Occident. L'équilibre entre sécurité énergétique, pragmatisme économique et alignements géopolitiques sera crucial pour déterminer la trajectoire du nucléaire sud-africain dans les années à venir.
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Agence Ecofin 19 février 2025
L'Afrique du Sud réaffirme son intention d'étendre sa capacité nucléaire civile et envisage toutes les options disponibles, y compris des offres de la Russie et de l'Iran.
En Afrique du Sud, le ministre de l’Energie, Gwede Mantashe (photo), a déclaré que Pretoria ne peut exclure aucun pays de l'appel d'offres pour la construction de nouveaux réacteurs nucléaires de 2 500 MW, destinés à pallier les déficits énergétiques et à réduire les émissions de carbone du pays. Cette position, bien que pragmatique d'un point de vue économique, risque d'accroître les tensions diplomatiques avec les États-Unis, notamment en raison des réticences de Washington à l'égard de la coopération nucléaire avec l'Iran.
« Nous ne pouvons pas avoir une condition qui dit que l'Iran ou la Russie ne doivent pas soumissionner [...] S'ils sont les meilleurs en termes d'offre sur la table, nous prendrons n'importe quel pays », a déclaré le responsable.
L'Afrique du Sud, seul pays du continent à détenir une centrale nucléaire en activité, peine à concrétiser son projet d'expansion dans le secteur. L'accord de coopération nucléaire avec les États-Unis, nécessaire pour l'importation de combustible américain pour la centrale de Koeberg, a expiré en 2022 et n'a pas encore été renouvelé. Si Pretoria et Washington ont finalisé les aspects techniques de ce nouvel accord, il reste bloqué par des obstacles juridiques et des tensions géopolitiques croissantes, notamment depuis l’arrivée de la nouvelle administration américaine.
L'absence d'un nouvel accord pourrait compliquer l'approvisionnement en combustible nucléaire de l'unité 1 de Koeberg, qui repose sur la société américaine Westinghouse, alors que l'unité 2 est alimentée par le français Framatome.
Si l'Afrique du Sud vise à porter sa capacité nucléaire à 21 000 MW d'ici 2050, plusieurs obstacles subsistent. La prolongation de la durée de vie de la centrale de Koeberg jusqu'en 2044 a nécessité d'importants investissements en maintenance et en sécurité, validés par le régulateur du secteur du nucléaire et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Mais la question du financement des nouveaux réacteurs demeure.
Un accord potentiel avec le concurrent russe pourrait exacerber la crise
En l’état actuel des développements, un partenariat avec Rosatom, à l'image de celui du projet El-Dabaa en Egypte, pourrait offrir une solution financière via des prêts russes. La centrale nucléaire égyptienne de 4800 MW sera en effet financée à hauteur de 85 % par un prêt russe de 25 milliards de dollars et devrait fournir près de 7 % de l'électricité égyptienne, d'ici 2028.
Une coopération avec Pretoria s’inscrirait parfaitement dans la stratégie de la Russie qui ambitionne de renforcer sa présence dans le secteur nucléaire africain, à travers Rosatom, sa société publique d'énergie nucléaire. L'Ouganda, par exemple, vise une capacité nucléaire de 2 000 MW d'ici 2032 et a signé des accords avec la Russie et la Chine. De manière similaire, le Burkina Faso et le Mali ont récemment conclu des partenariats avec Rosatom pour la construction de centrales.
Cependant, un tel choix exposerait Pretoria à des sanctions potentielles et à une dégradation de ses relations commerciales avec l'Occident. L'équilibre entre sécurité énergétique, pragmatisme économique et alignements géopolitiques sera crucial pour déterminer la trajectoire du nucléaire sud-africain dans les années à venir.
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