Nigeria : un pas vers la souveraineté pétrolière avec une unité flottante nationale
Agence Ecofin 10 oct 2025
L’une des ambitions énergétiques du Nigeria, c’est d’optimiser l’exploitation de ses ressources pétrolières. Le pays multiplie les initiatives pour concrétiser cet objectif, essentiel pour soutenir son économie dépendante du pétrole.
Le Nigeria a mis en service une unité flottante de stockage et de chargement (FSO), entièrement détenue par des entités nationales. Selon les informations relayées mercredi 8 octobre, cette évolution constitue une première pour le premier producteur africain de pétrole brut.
Jusqu’ici, l’État ne disposait pas de sa propre unité flottante pour gérer directement ses exportations de brut. Il s’appuyait sur des infrastructures appartenant à ses partenaires internationaux comme Shell, TotalEnergies, Chevron ou Eni, ainsi que sur des plateformes affrétées ponctuellement auprès d’opérateurs privés.
Ainsi, cette installation, baptisée FSO Cawthorne, ancrée au large du terminal de Bonny, représente une étape importante dans la stratégie de la Nigerian National Petroleum Company Limited (NNPC Ltd) pour reprendre le contrôle de la chaîne d’exportation du brut.
Capable de contenir jusqu’à 2,2 millions de barils de pétrole, cette infrastructure permettra au Nigeria de charger directement les pétroliers à destination des marchés internationaux, sans dépendre des installations gérées par des compagnies étrangères.
Le projet du Nigeria de se doter de cette première unité a été conduit par la NNPC Ltd, en partenariat avec Sahara Group, Eroton Exploration & Production et Bilton Energy, dans le cadre de l’exploitation de l’OML 18, qui vise près de 50 000 barils par jour d’ici la fin de l’année.
Selon les observateurs du secteur, cette installation représente également un moyen pour le Nigeria de réduire sa dépendance aux systèmes d’acheminement terrestres et maritimes existants, souvent affectés par des fuites, des retards logistiques et des cas de vol de brut dans le delta du Niger.
La Nigerian Upstream Petroleum Regulatory Commission (NUPRC) estimait en 2022, les pertes liées au vol et au vandalisme des pipelines à environ 200 000 b/j de brut avant une réduction progressive observée en 2023. Une situation que le gouvernement a indiqué vouloir résoudre durablement grâce à un meilleur contrôle des infrastructures.
Cette initiative intervient à un moment où le Nigeria cherche à capter une part plus importante de la valeur de son pétrole. Elle traduit également la réorientation stratégique de la NNPC Ltd, devenue société commerciale en 2022, qui veut désormais agir comme un opérateur intégré plutôt qu’un simple collecteur de rentes.
L’infrastructure s’ajoute à d’autres projets menés dans la même logique, comme la réhabilitation des raffineries de Port Harcourt et Warri et Kaduna.