par Transparence » 21 janv. 2007, 20:03
Tout a fait d'accord, mais d'ailleurs, y'en a t-il des vrais?
A mon avis oui : tous ceux qui s'efforcent de pré-voir plutôt que de subir.
En ce sens Oléocène est un site par nature prophétique (au sens donné par Dupuy...

).
Du catastrophisme au projet écologiste
http://perso.orange.fr/marxiens/grit/dupuy.htm
( Critique de
Pour un catastrophisme éclairé, Quand l'impossible est certain, Jean-Pierre Dupuy, Seuil; 2002 )
DE LA POSSIBILITE D'UNE FUTUROLOGIE SCIENTIFIQUE
Par Jean-Pierre Dupuy
http://www.prospective.org/gps_front/in ... 00&lettre=
Extrait : (...) Trois cas doivent être distingués dans la prévision de l’avenir en ce qui concerne les affaires humaines.
- Un premier cas est celui où il s’agit de prévoir l’état d’un système indifférent aux représentations que nous avons de lui, une récolte de blé dans un pays lointain ou l’état du trafic automobile dans une ville étrangère. La prévision s’apparente alors à celle d’un système physique, et la modélisation en est l’outil indiqué.
- Le deuxième cas n’est en vérité pas une prédiction du tout, mais un acte de parole, qui prend parfois la forme de la promesse ou de la menace et s’exprime par des propositions conditionnelles du type : voici ce qui se passerait si vous décidiez telle chose ou bien si je faisais telle autre.
-
Le troisième cas est celui d’un prédicteur qui, sachant que sa prédiction va produire des effets dans le monde, se doit d’en tenir compte s’il veut que l’avenir confirme ce qu’il a prévu.
Dans le premier cas, la prédiction se moule sur l’enchaînement causal des phénomènes. Dans le dernier, la prédiction, consciente de son effet sur l’avenir, prédit l’avenir comme s’il était fixe et en même temps causé, au moins en partie, par les effets de la prédiction. C’est ce cas, et lui seul, qui concerne le présent projet.
Ma thèse est que, loin de compliquer encore plus la tâche du prédicteur, la prise en compte de ces effets de la prévision permet de dépasser le diagnostic d’impossibilité de la prédiction. J’ai nommé «prophétie» la démarche en question.
La futurologie est née, sous le nom de prospective, en se concentrant sur le deuxième cas. Ne s’intéressant qu’aux futurs possibles, nommés «futuribles», les prospectivistes renonçaient par principe à tout savoir au sujet de l’avenir. «L’avenir ne se prévoit pas, il se construit» (Gabor, 1964), ou bien: «Il ne peut pas y avoir de science de l’avenir, l’avenir n’est pas le domaine du ‘vrai’ ou du ‘faux’, mais celui des possibles», de telles propositions (Berger, 1964, de Jouvenel, 1967, Cazes, 1986) constituaient le credo de la prospective.
Du libre-arbitre de l’homme, l’on concluait à l’indétermination et à l’irréalité de l’avenir, et de cette irréalité à l’impossibilité d’un savoir au sujet de l’avenir.
Sous le vocable de prophétie, je propose une tout autre démarche. Il s’agit au contraire de construire la réalité de l’avenir par l’activité même de la prévision et par son institutionnalisation. On va comprendre que ce faisant, on en vient à tenir l’avenir non seulement pour réel, mais aussi pour fixe – ce qui assure définitivement son statut ontologique. (...)
Un oléacénien se doit donc de prendre en compte que ses prévisions (peak oil) vont produire leurs effets : le monde va anticiper la crise pétrolière; Ceci s’il veut que l’avenir confirme ce qu’il a prévu.
Pas facile : il faut imaginer et prophétiser que le pire va arriver (peak oil, crise climatique) et en même temps, prendre en compte qu'en réponse à ces prophéties, l'on va tout faire pour échapper à ces sombres prévisions... Le prophète doit donc tenir compte des effets de ses prévisions initiales s'il veut que l'avenir confirme ce qu'il a prévu...
Mais s'il prophétise que l'on va trouver des solutions, que l'on va échapper aux crises annoncées par certains, alors les pires scenarii peuvent se réaliser car personne ne s'inquiète...
Bilan : la peur mobilisatrice est utile. Il nous faut imaginer que le pire va arriver, précisément pour y échapper.
(...) Le paradoxe du «catastrophisme éclairé» se présente comme suit. Rendre crédible la perspective de la catastrophe nécessite que l’on accroisse la force ontologique de son inscription dans l’avenir.
Mais si l’on réussit trop bien dans cette tâche, on aura perdu de vue sa finalité, qui est précisément de motiver la prise de conscience et l’action afin que la catastrophe ne se produise pas.
Ce paradoxe est au cœur d’une figure classique de la littérature et de la philosophie, celle du juge meurtrier. Le juge meurtrier «neutralise» (assassine) les criminels dont il est écrit qu’ils vont commettre un crime, mais la neutralisation en question fait précisément que le crime ne sera pas commis[4]! (...)
Si l'on ne fait rien pour anticiper la sortie des énergies fossiles, nous allons à la catastrophe climatique et énergétique. L'énergie de la peur qui résulte de cette prise de conscience doit être canalisée pour rechercher des alternatives (mode de vie, énergies propres etc.). Car il y a des solutions. Mais à trop croire qu'il y a des solutions on en vient à ne plus avoir peur et l'on se dirige alors tout droit vers la catastrophe.
[quote]Tout a fait d'accord, mais d'ailleurs, y'en a t-il des vrais? ;)
[/quote]
A mon avis oui : tous ceux qui s'efforcent de pré-voir plutôt que de subir.
En ce sens Oléocène est un site par nature prophétique (au sens donné par Dupuy... ;) ).
[b]Du catastrophisme au projet écologiste[/b]
http://perso.orange.fr/marxiens/grit/dupuy.htm
( Critique de [i]Pour un catastrophisme éclairé, Quand l'impossible est certain, Jean-Pierre Dupuy, Seuil; 2002[/i] )
[quote][b]DE LA POSSIBILITE D'UNE FUTUROLOGIE SCIENTIFIQUE [/b]
Par Jean-Pierre Dupuy
http://www.prospective.org/gps_front/index.php?rubrique_id=12&tpl_id=2&contenu_id=612&id=900&lettre=
Extrait : (...) Trois cas doivent être distingués dans la prévision de l’avenir en ce qui concerne les affaires humaines.
- Un premier cas est celui où il s’agit de prévoir l’état d’un système indifférent aux représentations que nous avons de lui, une récolte de blé dans un pays lointain ou l’état du trafic automobile dans une ville étrangère. La prévision s’apparente alors à celle d’un système physique, et la modélisation en est l’outil indiqué.
- Le deuxième cas n’est en vérité pas une prédiction du tout, mais un acte de parole, qui prend parfois la forme de la promesse ou de la menace et s’exprime par des propositions conditionnelles du type : voici ce qui se passerait si vous décidiez telle chose ou bien si je faisais telle autre.
- [b]Le troisième cas est celui d’un prédicteur qui, sachant que sa prédiction va produire des effets dans le monde, se doit d’en tenir compte s’il veut que l’avenir confirme ce qu’il a prévu.[/b]
Dans le premier cas, la prédiction se moule sur l’enchaînement causal des phénomènes. Dans le dernier, la prédiction, consciente de son effet sur l’avenir, prédit l’avenir comme s’il était fixe et en même temps causé, au moins en partie, par les effets de la prédiction. C’est ce cas, et lui seul, qui concerne le présent projet.
Ma thèse est que, loin de compliquer encore plus la tâche du prédicteur, la prise en compte de ces effets de la prévision permet de dépasser le diagnostic d’impossibilité de la prédiction. J’ai nommé «prophétie» la démarche en question.
La futurologie est née, sous le nom de prospective, en se concentrant sur le deuxième cas. Ne s’intéressant qu’aux futurs possibles, nommés «futuribles», les prospectivistes renonçaient par principe à tout savoir au sujet de l’avenir. «L’avenir ne se prévoit pas, il se construit» (Gabor, 1964), ou bien: «Il ne peut pas y avoir de science de l’avenir, l’avenir n’est pas le domaine du ‘vrai’ ou du ‘faux’, mais celui des possibles», de telles propositions (Berger, 1964, de Jouvenel, 1967, Cazes, 1986) constituaient le credo de la prospective.
Du libre-arbitre de l’homme, l’on concluait à l’indétermination et à l’irréalité de l’avenir, et de cette irréalité à l’impossibilité d’un savoir au sujet de l’avenir.
Sous le vocable de prophétie, je propose une tout autre démarche. Il s’agit au contraire de construire la réalité de l’avenir par l’activité même de la prévision et par son institutionnalisation. On va comprendre que ce faisant, on en vient à tenir l’avenir non seulement pour réel, mais aussi pour fixe – ce qui assure définitivement son statut ontologique. (...)[/quote]
Un oléacénien se doit donc de prendre en compte que ses prévisions (peak oil) vont produire leurs effets : le monde va anticiper la crise pétrolière; Ceci s’il veut que l’avenir confirme ce qu’il a prévu.
Pas facile : il faut imaginer et prophétiser que le pire va arriver (peak oil, crise climatique) et en même temps, prendre en compte qu'en réponse à ces prophéties, l'on va tout faire pour échapper à ces sombres prévisions... Le prophète doit donc tenir compte des effets de ses prévisions initiales s'il veut que l'avenir confirme ce qu'il a prévu...
Mais s'il prophétise que l'on va trouver des solutions, que l'on va échapper aux crises annoncées par certains, alors les pires scenarii peuvent se réaliser car personne ne s'inquiète...
:lol:
Bilan : la peur mobilisatrice est utile. Il nous faut imaginer que le pire va arriver, précisément pour y échapper.
[quote] (...) Le paradoxe du «catastrophisme éclairé» se présente comme suit. [b]Rendre crédible la perspective de la catastrophe nécessite que l’on accroisse la force ontologique de son inscription dans l’avenir.
Mais si l’on réussit trop bien dans cette tâche, on aura perdu de vue sa finalité, qui est précisément de motiver la prise de conscience et l’action afin que la catastrophe ne se produise pas.[/b]
Ce paradoxe est au cœur d’une figure classique de la littérature et de la philosophie, celle du juge meurtrier. Le juge meurtrier «neutralise» (assassine) les criminels dont il est écrit qu’ils vont commettre un crime, mais la neutralisation en question fait précisément que le crime ne sera pas commis[4]! (...) [/quote]
Si l'on ne fait rien pour anticiper la sortie des énergies fossiles, nous allons à la catastrophe climatique et énergétique. L'énergie de la peur qui résulte de cette prise de conscience doit être canalisée pour rechercher des alternatives (mode de vie, énergies propres etc.). Car il y a des solutions. Mais à trop croire qu'il y a des solutions on en vient à ne plus avoir peur et l'on se dirige alors tout droit vers la catastrophe.