par Jeudi » 08 juin 2024, 14:39
AnalyseQuelques bonnes nouvelles sur le front du climat
Etienne Leblanc, radio-canada a écrit :Le déclin des émissions en Chine et la croissance vigoureuse des énergies renouvelables, entre autres, sont des phénomènes qui permettent de penser que l’atteinte d’un pic est peut-être moins loin qu’on pense.
Il n’est pas facile de trouver des nouvelles le moindrement encourageantes sur le climat de la planète.
Pas plus tard que mercredi, l’Organisation météorologique mondiale nous apprenait que, selon les modèles de prévision climatique, la probabilité que la température moyenne annuelle du globe franchisse temporairement le seuil de 1,5 °C de réchauffement pendant au moins l’une des cinq prochaines années est de 80 %.
Pour la plupart des experts, il fait peu de doute que nous franchirons pour de bon un jour ce seuil critique, au-delà duquel le risque de franchir des points de bascule augmente. Mais comme le soulignent les auteurs du plus récent rapport du GIEC, il n’est pas trop tard pour renverser la vapeur. Une réduction rapide des émissions ne va pas effacer le problème, mais va minimiser les effets des changements climatiques dans l’avenir.
Peut-on espérer qu’un tel revirement survienne? Il n’est plus interdit de le penser.
Depuis deux siècles, en excluant les périodes des deux guerres mondiales, des grandes crises financières ou de la pandémie, les émissions de GES n’ont pratiquement jamais cessé d’augmenter. Mais depuis quelques années, le rythme de croissance de ces émissions a diminué, et un grand nombre de pays industrialisés réduisent leurs émissions ou sont en voie de les plafonner.
Ça ne se passe certainement pas aussi rapidement qu’il le faudrait. Mais au-delà de toutes les nouvelles inquiétantes qui nous sont parvenues cette semaine sur le climat, voici quelques éléments qui permettent à certains experts de dire que les émissions de GES pourraient peut-être cesser de croître dans un avenir assez proche, et amorcer un déclin à long terme.
La Chine a-t-elle atteint son pic d’émissions?
La nouvelle a fait grand bruit dans le cercle des observateurs des enjeux climatiques : après 14 mois de hausse ininterrompue, les émissions de la Chine ont diminué de 3 % en mars dernier par rapport à mars 2023, une première depuis la fin des restrictions liées à la pandémie. Est-ce anecdotique? Il se pourrait que non.
Ma principale conclusion est que les émissions de la Chine sont actuellement en baisse structurelle et que si les principaux facteurs de cette baisse se maintiennent, les émissions devraient continuer à diminuer, avance le chercheur finlandais Lauri Myllyvirta dans une analyse (Nouvelle fenêtre) publiée sur le site Carbon Brief à la fin mai. Il est cofondateur du Centre de recherche sur l’énergie et l’air propre à Helsinki et chercheur associé à l’Institut de recherche sur la Chine et le climat de l’Asia Society Policy Institute.
Son analyse se fonde sur des données industrielles et des données officielles. Peut-on se fier à ces dernières? Avec les nouvelles technologies pour mesurer les émissions, il est de plus en plus difficile pour un pays de tronquer complètement ses données. Et la Chine, pour une question d’image, a tout de même amélioré sa transparence.
À partir de ces données, M. Myllyvirta conclut que les émissions chinoises seraient donc en train de plafonner. Ce n’est pas banal : ce pays est de loin le plus grand émetteur de GES de la planète, il compte pour près du tiers des émissions mondiales.
Plusieurs facteurs expliqueraient ce phénomène, selon M. Myllyvirta. D’abord, la poussée phénoménale des énergies solaire et éolienne en Chine, qui s’accélère : depuis le début de l’année, les Chinois investissent 3,7 fois plus dans les énergies renouvelables que dans les énergies fossiles
En 2023, la Chine a mis en service autant d'énergie solaire photovoltaïque que tous les pays du monde entier combinés. Elle a doublé le nombre de nouvelles installations solaires sur son territoire, a quadruplé les capacités de stockage d’énergie, tandis que ses ajouts d'énergie éolienne ont augmenté de 66 % par rapport à l’année précédente.
Les énergies provenant du vent et du soleil en Chine ont couvert 90 % de l'augmentation de la demande d'électricité en mars, alors que celle-ci était en croissance. Les résultats sont encourageants : la part des énergies renouvelables dans l’assiette énergétique chinoise a grimpé à 36 % depuis le début de l’année, contre 32 % l'an dernier.
Cette envolée colossale permet ainsi de réduire la part d’énergies fossiles dans la production d’électricité, une baisse de 4 % depuis un an, à un moment où la demande augmente pourtant. Les énergies renouvelables sont devenues un moteur incontournable de la croissance chinoise, poussant le pays à accélérer encore davantage le rythme.
Autre avancée, les véhicules électriques, qui composent désormais 11 % du parc automobile chinois et dont la place ne cesse de croître, contribuant aussi à la baisse de la demande de pétrole. S’ajoute à cela le ralentissement continu du secteur de la construction, qui provoque une baisse de la production d’acier et de ciment, deux grands secteurs émetteurs de GES.
C'est un signal très encourageant, étant donné le poids écrasant de la Chine en termes d'émissions mondiales, a dit récemment en entrevue au journal Libération Lola Vallejo, conseillère spéciale climat à l'Institut du développement durable et des relations internationales. Ceci dit, ajoute-t-elle, [l’effet du déploiement des énergies renouvelables] est évidemment à prendre avec des pincettes, car on ne pourra véritablement confirmer ce pic des émissions qu'en regardant dans le rétroviseur dans quelques années. (…’
AnalyseQuelques bonnes nouvelles sur le front du climat
[quote=Etienne Leblanc, radio-canada]Le déclin des émissions en Chine et la croissance vigoureuse des énergies renouvelables, entre autres, sont des phénomènes qui permettent de penser que l’atteinte d’un pic est peut-être moins loin qu’on pense.
Il n’est pas facile de trouver des nouvelles le moindrement encourageantes sur le climat de la planète.
Pas plus tard que mercredi, l’Organisation météorologique mondiale nous apprenait que, selon les modèles de prévision climatique, la probabilité que la température moyenne annuelle du globe franchisse temporairement le seuil de 1,5 °C de réchauffement pendant au moins l’une des cinq prochaines années est de 80 %.
Pour la plupart des experts, il fait peu de doute que nous franchirons pour de bon un jour ce seuil critique, au-delà duquel le risque de franchir des points de bascule augmente. Mais comme le soulignent les auteurs du plus récent rapport du GIEC, il n’est pas trop tard pour renverser la vapeur. Une réduction rapide des émissions ne va pas effacer le problème, mais va minimiser les effets des changements climatiques dans l’avenir.
Peut-on espérer qu’un tel revirement survienne? Il n’est plus interdit de le penser.
Depuis deux siècles, en excluant les périodes des deux guerres mondiales, des grandes crises financières ou de la pandémie, les émissions de GES n’ont pratiquement jamais cessé d’augmenter. Mais depuis quelques années, le rythme de croissance de ces émissions a diminué, et un grand nombre de pays industrialisés réduisent leurs émissions ou sont en voie de les plafonner.
Ça ne se passe certainement pas aussi rapidement qu’il le faudrait. Mais au-delà de toutes les nouvelles inquiétantes qui nous sont parvenues cette semaine sur le climat, voici quelques éléments qui permettent à certains experts de dire que les émissions de GES pourraient peut-être cesser de croître dans un avenir assez proche, et amorcer un déclin à long terme.
La Chine a-t-elle atteint son pic d’émissions?
La nouvelle a fait grand bruit dans le cercle des observateurs des enjeux climatiques : après 14 mois de hausse ininterrompue, les émissions de la Chine ont diminué de 3 % en mars dernier par rapport à mars 2023, une première depuis la fin des restrictions liées à la pandémie. Est-ce anecdotique? Il se pourrait que non.
Ma principale conclusion est que les émissions de la Chine sont actuellement en baisse structurelle et que si les principaux facteurs de cette baisse se maintiennent, les émissions devraient continuer à diminuer, avance le chercheur finlandais Lauri Myllyvirta dans une analyse (Nouvelle fenêtre) publiée sur le site Carbon Brief à la fin mai. Il est cofondateur du Centre de recherche sur l’énergie et l’air propre à Helsinki et chercheur associé à l’Institut de recherche sur la Chine et le climat de l’Asia Society Policy Institute.
Son analyse se fonde sur des données industrielles et des données officielles. Peut-on se fier à ces dernières? Avec les nouvelles technologies pour mesurer les émissions, il est de plus en plus difficile pour un pays de tronquer complètement ses données. Et la Chine, pour une question d’image, a tout de même amélioré sa transparence.
À partir de ces données, M. Myllyvirta conclut que les émissions chinoises seraient donc en train de plafonner. Ce n’est pas banal : ce pays est de loin le plus grand émetteur de GES de la planète, il compte pour près du tiers des émissions mondiales.
Plusieurs facteurs expliqueraient ce phénomène, selon M. Myllyvirta. D’abord, la poussée phénoménale des énergies solaire et éolienne en Chine, qui s’accélère : depuis le début de l’année, les Chinois investissent 3,7 fois plus dans les énergies renouvelables que dans les énergies fossiles
En 2023, la Chine a mis en service autant d'énergie solaire photovoltaïque que tous les pays du monde entier combinés. Elle a doublé le nombre de nouvelles installations solaires sur son territoire, a quadruplé les capacités de stockage d’énergie, tandis que ses ajouts d'énergie éolienne ont augmenté de 66 % par rapport à l’année précédente.
Les énergies provenant du vent et du soleil en Chine ont couvert 90 % de l'augmentation de la demande d'électricité en mars, alors que celle-ci était en croissance. Les résultats sont encourageants : la part des énergies renouvelables dans l’assiette énergétique chinoise a grimpé à 36 % depuis le début de l’année, contre 32 % l'an dernier.
Cette envolée colossale permet ainsi de réduire la part d’énergies fossiles dans la production d’électricité, une baisse de 4 % depuis un an, à un moment où la demande augmente pourtant. Les énergies renouvelables sont devenues un moteur incontournable de la croissance chinoise, poussant le pays à accélérer encore davantage le rythme.
Autre avancée, les véhicules électriques, qui composent désormais 11 % du parc automobile chinois et dont la place ne cesse de croître, contribuant aussi à la baisse de la demande de pétrole. S’ajoute à cela le ralentissement continu du secteur de la construction, qui provoque une baisse de la production d’acier et de ciment, deux grands secteurs émetteurs de GES.
C'est un signal très encourageant, étant donné le poids écrasant de la Chine en termes d'émissions mondiales, a dit récemment en entrevue au journal Libération Lola Vallejo, conseillère spéciale climat à l'Institut du développement durable et des relations internationales. Ceci dit, ajoute-t-elle, [l’effet du déploiement des énergies renouvelables] est évidemment à prendre avec des pincettes, car on ne pourra véritablement confirmer ce pic des émissions qu'en regardant dans le rétroviseur dans quelques années. (…’
[/quote]