par Devenson » 05 mai 2005, 11:43
Le slogan de la lutte contre le réchauffement climatique est "Faisons vite, çà chauffe !".
Ce que je voulais montrer dans ce petit calcul absurbe, c'est qu'il n'est pas possible d'agir efficacement et vite. Soit, on lutte efficacement et maintenant contre le réchauffement climatique, soit on conserve certaine mobilité automobile individuelle, mais pas les deux.
Laissez croire que l'application de mesures indolores et peu coûteuses peut régler le problème est malhonnête.
Rejeter la faute sur les seuls Américains, alors que nous serions (Européens) vertueux, est hypocrite : nous émettons entre 4 et 7 fois plus de CO2 que nous ne devrions, les pauvres mesures que nous prenons permettent seulement d'augmenter ces émissions un peu moins vite, et parallèlement, nous nous bousculons pour encourager les chinois à polluer en leur vendant avions, voitures et centrales thermiques. De plus, et on relève rarement ce point, mais lorsque nous délocalisons notre production dans les pays émergents, nous délocalisons aussi la pollution, y compris les émissions de gaz à effet de serre. Et il faudrait parler aussi longuement du transport aérien (voir les files passionnantes sur l'aéronautique), un des plus gros émetteur.
Le seul intérêt du protocole de Kyoto est qu'il permet la sensibilisation du grand public au problème. Le diagnostic est impeccable, les conséquences envisagées sont possibles ou même probables, mais j'ai peur que le message sur les actions à prendre ne soit pas le bon.
De nombreuses mesures permettraient effectivement d'agir sur les émissions : isoler les habitations, utiliser des ampoules basse consommation, ne pas laisser les appareils en veille, conduire moins vite et plus en souplesse, pratiquer le covoiturage, plus utiliser les transports en communs, améliorer encore les performances des avions et des voitures, moins utiliser la climatisation, acheter plus de produits locaux, diminuer encore les émissions de l'industrie, etc...
J'entends souvent dire, "Ce ne sera peut-être pas suffisant, mais ce sera un pas dans la bonne direction". Je ne crois pas. Imaginons que nous prenions ces mesures relativement indolores. Dans 20 ou 30 ans, les gaz à effet de serre auront encore augmenté de façon très importante (démographie, croissance), d'autant plus qu'une partie du reste de l'humanité nous aura rattrapé. Le vrai problème surviendra alors : comment diviser encore par 2 ou par 3 nos émissions, ce qui signifiera persuader Chinois, Indiens et - on peut rêver - Africains d'abandonner ce qu'ils viennent juste d'acquérir ?
Mon opinion est donc que nous n'agiront jamais efficacement contre le réchauffement climatique, tout au moins volontairement. De plus, dès que le peakoil surviendra, le charbon redeviendra le roi et la cause sera entendue, sauf si la technologie peut miraculeusement venir à notre secours. J'aimerais bien avoir un avis scientifique sur la possibilité réelle de séquestration efficace de CO2 (2ème documentaire d'Arte). Je ne peux pas m'empêcher de penser que le problème serait simplement repoussé : lorsque l'on s'est aperçu que ce n'était pas très sain de garder le CO2 dans un espace confiné, on l'a rejeté dans l'atmosphère. Maintenant que cela semble poser problème, on veut le rejeter dans le sol ou dans les océans.
Ce pessimisme, c'est aussi le message en filigrane du premier documentaire d'Arte, qui s'intitulait "Climat, agir sans attendre". A ma surprise, l'action envisagée n'est absolument pas d'agir sur les causes, mais seulement de prévenir le plus efficacement possible les conséquences. J'essaierai de faire une petite critique de ces émissions, par ailleurs instructives.
Un petit mot sur les biocarburants. C'est un sujet de débat, mais je pense que dans le contexte de déplétion de pétrole et de gaz que envisageons ici, la priorité dans l'usage des terres devra être donnée à l'alimentation de la population mondiale. Les quelques analyses prospectives que j'ai pu lire font froid dans le dos : une agriculture "soutenable" ne pourrait plus nourrir les 6 milliards d'habitants. Les biocarburants (basés sur une agriculture "soutenable" ?) n'auront, à mon avis, qu'un intérêt transitoire ou de niche.
Le slogan de la lutte contre le réchauffement climatique est "Faisons vite, çà chauffe !".
Ce que je voulais montrer dans ce petit calcul absurbe, c'est qu'il n'est pas possible d'agir efficacement et vite. Soit, on lutte efficacement et maintenant contre le réchauffement climatique, soit on conserve certaine mobilité automobile individuelle, mais pas les deux.
Laissez croire que l'application de mesures indolores et peu coûteuses peut régler le problème est malhonnête.
Rejeter la faute sur les seuls Américains, alors que nous serions (Européens) vertueux, est hypocrite : nous émettons entre 4 et 7 fois plus de CO2 que nous ne devrions, les pauvres mesures que nous prenons permettent seulement d'augmenter ces émissions un peu moins vite, et parallèlement, nous nous bousculons pour encourager les chinois à polluer en leur vendant avions, voitures et centrales thermiques. De plus, et on relève rarement ce point, mais lorsque nous délocalisons notre production dans les pays émergents, nous délocalisons aussi la pollution, y compris les émissions de gaz à effet de serre. Et il faudrait parler aussi longuement du transport aérien (voir les files passionnantes sur l'aéronautique), un des plus gros émetteur.
Le seul intérêt du protocole de Kyoto est qu'il permet la sensibilisation du grand public au problème. Le diagnostic est impeccable, les conséquences envisagées sont possibles ou même probables, mais j'ai peur que le message sur les actions à prendre ne soit pas le bon.
De nombreuses mesures permettraient effectivement d'agir sur les émissions : isoler les habitations, utiliser des ampoules basse consommation, ne pas laisser les appareils en veille, conduire moins vite et plus en souplesse, pratiquer le covoiturage, plus utiliser les transports en communs, améliorer encore les performances des avions et des voitures, moins utiliser la climatisation, acheter plus de produits locaux, diminuer encore les émissions de l'industrie, etc...
J'entends souvent dire, "Ce ne sera peut-être pas suffisant, mais ce sera un pas dans la bonne direction". Je ne crois pas. Imaginons que nous prenions ces mesures relativement indolores. Dans 20 ou 30 ans, les gaz à effet de serre auront encore augmenté de façon très importante (démographie, croissance), d'autant plus qu'une partie du reste de l'humanité nous aura rattrapé. Le vrai problème surviendra alors : comment diviser encore par 2 ou par 3 nos émissions, ce qui signifiera persuader Chinois, Indiens et - on peut rêver - Africains d'abandonner ce qu'ils viennent juste d'acquérir ?
Mon opinion est donc que nous n'agiront jamais efficacement contre le réchauffement climatique, tout au moins volontairement. De plus, dès que le peakoil surviendra, le charbon redeviendra le roi et la cause sera entendue, sauf si la technologie peut miraculeusement venir à notre secours. J'aimerais bien avoir un avis scientifique sur la possibilité réelle de séquestration efficace de CO2 (2ème documentaire d'Arte). Je ne peux pas m'empêcher de penser que le problème serait simplement repoussé : lorsque l'on s'est aperçu que ce n'était pas très sain de garder le CO2 dans un espace confiné, on l'a rejeté dans l'atmosphère. Maintenant que cela semble poser problème, on veut le rejeter dans le sol ou dans les océans.
Ce pessimisme, c'est aussi le message en filigrane du premier documentaire d'Arte, qui s'intitulait "Climat, agir sans attendre". A ma surprise, l'action envisagée n'est absolument pas d'agir sur les causes, mais seulement de prévenir le plus efficacement possible les conséquences. J'essaierai de faire une petite critique de ces émissions, par ailleurs instructives.
Un petit mot sur les biocarburants. C'est un sujet de débat, mais je pense que dans le contexte de déplétion de pétrole et de gaz que envisageons ici, la priorité dans l'usage des terres devra être donnée à l'alimentation de la population mondiale. Les quelques analyses prospectives que j'ai pu lire font froid dans le dos : une agriculture "soutenable" ne pourrait plus nourrir les 6 milliards d'habitants. Les biocarburants (basés sur une agriculture "soutenable" ?) n'auront, à mon avis, qu'un intérêt transitoire ou de niche.