par jml34 » 09 déc. 2015, 02:08
Celui-là m'avait échappé. Cela complète ce qui a été dit ci-dessus.
Source (Tous les articles RC de NS peuvent être trouvés dans la
rubrique «Terre».)
Le 2.12.15, New Scientist a écrit :Sommet climat de Paris : la Terre pourrait chauffer de 6 °C — même avec un accord
Le point de vue optimiste
Le Protocole de Paris va au moins limiter le réchauffement à 4 °C.
Le sommet des Nations Unies à Paris n'a pas sur la table des contributions suffisantes pour limiter le réchauffement à 2 °C, un niveau considéré comme relativement sûr.
Mais une série d'analyses récentes suggèrent qu'un accord pourrait nous mettre sur les rails d'un réchauffement inférieur à 3,7 °C — peut-être aussi bas que 2,7 °C.
Ces analyses se basent sur les actions que les états sont prêts à entreprendre, les INDCs. Elles ne couvrent pas l'après-2030, et beaucoup sont très vagues ; aussi faut-il poser de nombreuses hypothèses pour estimer leur impact probable sur le réchauffement.
Les analyses qui arrivent à un réchauffement limité à 2,7 °C supposent que les réductions rapides des émissions seront maintenues bien après 2030. C'est peut-être plus que 2 °C mais cela serait quand même une réussite significative — bien meilleure que l'alternative. Sans faire d'efforts de réduction, nous nous dirigerions vers un réchauffement nettement supérieur à 4 °C en 2100, avec potentiellement des conséquences catastrophiques.
Un facteur important joue en notre faveur : plus on émet de CO2 et moins cela fait de différence. Supposons par exemple qu'augmenter de taux de CO2 de 280 ppm à 560 ppm mène à un réchauffement global de 3 °C. Pour que la planète chauffe encore de 3 °C de plus, nous devrions être assez idiots pour faire monter le taux de CO2 jusqu'à 1160 ppm.
Si le Protocole de Paris inclut un mécanisme pour mettre la barre plus haut en 2020 et 2025, nous pourrions parvenir à un réchauffement inférieur à 2,7 °C. [... et 2 °C si stockage de CO2 à grande échelle]
Le point de vue réaliste
Les températures globales pourraient monter de 4 °C même si le Protocole de Paris est une immense réussite.
Notre échec à trancher dans les émissions est un pari très risqué. Selon les calculs nous devons émettre moins de 1000 GtCO2 dans l'après-2011 pour avoir seulement 66% de chances d'un réchauffement inférieur à 2 °C.
Méditez le mot « chances ». On a tendance à parler comme si les 2 °C étaient garantis si on respecte notre budget carbone, alors qu'il s'agit juste de l'issue la plus probable parmi un éventail de possibilités.
Selon les modèles informatiques, même en respectant le budget carbone, le réchauffement en 2100 serait de 1,3 à 3,9 °C — et pourrait monter à 6 °C en 2200 dans le pire des cas. Et les modèles pourraient sous-estimer l'éventail des possibilités parce qu'ils ne prennent pas en compte toutes les rétroactions qui pourraient amplifier le réchauffement.
Il paraît maintenant certain que nous allons exploser le budget carbone, et beaucoup de scientifiques pensent que le plan B — retirer plein de CO2 de l'atmosphère — sera impossible à réaliser à l'échelle requise.
Peut-être aurons-nous de la chance et le réchauffement se maintiendra-t-il dans la fourchette faible, mais dans un monde déjà en train de passer la barre des 1 °C, cela paraît peu probable. Des scénarios très inquiétants avec un réchauffement de plus de 4 °C ne peuvent pas être éliminés même si l'on va bien au-delà des réductions déjà proposées.
Comme quoi ils n'hésitent pas à titrer sur 6 °C contrairement à ce que je disais !
Un des liens de l'article ci-dessus mène à un
vieil article qui répond clairement à certaines questions que je me posais.
Le 25.10.2007, New Scientist a écrit :Le climat, trop complexe, ne peut être prédit précisément
Selon une nouvelle étude, les modèles de changement climatique, peu importe leur puissance, ne peuvent pas prédire précisément de combien les gaz à effet de serre vont chauffer la Terre.
Ce résultat va alimenter ceux qui expliquent qu'on n'en sait pas assez pour prendre des mesures au sujet du réchauffement global.
Cette analyse se concentre sur le réchauffement qui se produira si le taux de CO2 dans l'atmosphère double par rapport au niveau d'avant la Révolution Industrielle. Actuellement la meilleure estimation pour ce chiffre — qui est une manière utile de chiffrer la sensibilité du climat à l'élévation des taux de carbone — se situe entre 2,0 °C et 4,5 °C. Et il y a une petite chance que la température monte de 8 °C ou plus.
À la frustration des décideurs, c'est une estimation qui ne s'est pas beaucoup améliorée au cours des 20 dernières années. Pendant cette période, les scientifiques ont établi que le monde chauffe et que les activités humaines en sont très probablement responsables, mais ne sont pas parvenus à une meilleure estimation du réchauffement.
Rétroaction positive
Il apparaît maintenant que les estimations ne seront jamais bien meilleures. À cause des rétroactions positives dans le système climatique. Par exemple, avec l'élévation de température, il y aura moins de neige aux pôles. Donc moins de lumière solaire sera réfléchie vers l'espace, donc plus de réchauffement.
Ces rétroactions accélèrent le réchauffement, et amènent également des incertitudes dans les estimations de sensibilité climatique, nous disent Gerard Roe et Marcia Baker de l'University de Washington à Seattle.
Qui plus est, ils ont trouvé qu'améliorer des modèles informatiques ou les données d'observation ne réduira pas beaucoup cette incertitude. Une meilleure estimation de la sensibilité est le saint graal de la recherche climatique, mais il est temps « d'abandonner la quête », selon un commentaire publié avec l'article de recherche.
Des incertitudes profondes
Cela va alimenter les attaques critiques de l'industrie pétrolière et d'ailleurs qui s'opposent aux investissements type énergie propre tant qu'on n'en sait pas plus sur le changement climatique. D'autres disent qu'il faut agir même si la sensibilité climatique est dans la fourchette basse, par exemple parce que les régions côtières sont menacées de toutes façons par la montée des mers.
Au final, ces recherches illustrent également les limites qu'ont les modèles, même avec l'aide de supercalculateurs, dans l'aide à la décision politique.
Selon Roger Pielke, un expert en politique du climat de l'Université du Colorado à Boulder, « ces résultats étayent non seulement la nécessité de faire des choix de politique climatique malgré les incertitudes irréductibles, mais également cette réalité inconfortable pour les modélisateurs du climat : les investissements dans des modèles toujours plus sophistiqués n'offriront que peu de bénéfice marginal aux décideurs. »
Journal reference: Science (vol 318, p 582)
Si j'interprète correctement, on a deux sources d'incertitudes :
1. On ne connaît pas le système complet ; ajouter une rétroaction supplémentaire peut potentiellement changer beaucoup le résultat
2. Le système est chaotique, une petite modification d'une constante de rétroaction ou d'une condition initiale peut être beaucoup amplifiée
Le 1 doit dominer sinon on entendrait parler d'un temps caractéristique du système et d'un horizon de prédictibilité.
Et évidemment la fonction [courbe de réchauffement] → [impact sur notre civilisation] est
encore nettement plus incertaine. Ce qui explique le flou artistique sur la question.
Tout de même, l'article a 8 ans, et les fourchettes évoquées maintenant sont un peu moins larges.
En résumé, mieux on comprend le système, mieux on comprend qu'on ne peut pas le comprendre, et ainsi tout s'éclaire.

Celui-là m'avait échappé. Cela complète ce qui a été dit ci-dessus. [url=https://www.newscientist.com/article/dn28612-paris-climate-summit-earth-may-warm-by-6c-even-with-a-deal/]Source[/url] (Tous les articles RC de NS peuvent être trouvés dans la [url=https://www.newscientist.com/subject/earth/]rubrique «Terre»[/url].)[quote="Le 2.12.15, New Scientist"][size=150]Sommet climat de Paris : la Terre pourrait chauffer de 6 °C — même avec un accord[/size]
[b]Le point de vue optimiste[/b]
Le Protocole de Paris va au moins limiter le réchauffement à 4 °C.
Le sommet des Nations Unies à Paris n'a pas sur la table des contributions suffisantes pour limiter le réchauffement à 2 °C, un niveau considéré comme relativement sûr.
Mais une série d'analyses récentes suggèrent qu'un accord pourrait nous mettre sur les rails d'un réchauffement inférieur à 3,7 °C — peut-être aussi bas que 2,7 °C.
Ces analyses se basent sur les actions que les états sont prêts à entreprendre, les INDCs. Elles ne couvrent pas l'après-2030, et beaucoup sont très vagues ; aussi faut-il poser de nombreuses hypothèses pour estimer leur impact probable sur le réchauffement.
Les analyses qui arrivent à un réchauffement limité à 2,7 °C supposent que les réductions rapides des émissions seront maintenues bien après 2030. C'est peut-être plus que 2 °C mais cela serait quand même une réussite significative — bien meilleure que l'alternative. Sans faire d'efforts de réduction, nous nous dirigerions vers un réchauffement nettement supérieur à 4 °C en 2100, avec potentiellement des conséquences catastrophiques.
Un facteur important joue en notre faveur : plus on émet de CO2 et moins cela fait de différence. Supposons par exemple qu'augmenter de taux de CO2 de 280 ppm à 560 ppm mène à un réchauffement global de 3 °C. Pour que la planète chauffe encore de 3 °C de plus, nous devrions être assez idiots pour faire monter le taux de CO2 jusqu'à 1160 ppm.
Si le Protocole de Paris inclut un mécanisme pour mettre la barre plus haut en 2020 et 2025, nous pourrions parvenir à un réchauffement inférieur à 2,7 °C. [... et 2 °C si stockage de CO2 à grande échelle]
[b]Le point de vue réaliste[/b]
Les températures globales pourraient monter de 4 °C même si le Protocole de Paris est une immense réussite.
Notre échec à trancher dans les émissions est un pari très risqué. Selon les calculs nous devons émettre moins de 1000 GtCO2 dans l'après-2011 pour avoir seulement 66% de chances d'un réchauffement inférieur à 2 °C.
Méditez le mot « chances ». On a tendance à parler comme si les 2 °C étaient garantis si on respecte notre budget carbone, alors qu'il s'agit juste de l'issue la plus probable parmi un éventail de possibilités.
Selon les modèles informatiques, même en respectant le budget carbone, le réchauffement en 2100 serait de 1,3 à 3,9 °C — et pourrait monter à 6 °C en 2200 dans le pire des cas. Et les modèles pourraient sous-estimer l'éventail des possibilités parce qu'ils ne prennent pas en compte toutes les rétroactions qui pourraient amplifier le réchauffement.
Il paraît maintenant certain que nous allons exploser le budget carbone, et beaucoup de scientifiques pensent que le plan B — retirer plein de CO2 de l'atmosphère — sera impossible à réaliser à l'échelle requise.
Peut-être aurons-nous de la chance et le réchauffement se maintiendra-t-il dans la fourchette faible, mais dans un monde déjà en train de passer la barre des 1 °C, cela paraît peu probable. Des scénarios très inquiétants avec un réchauffement de plus de 4 °C ne peuvent pas être éliminés même si l'on va bien au-delà des réductions déjà proposées.[/quote]Comme quoi ils n'hésitent pas à titrer sur 6 °C contrairement à ce que je disais !
Un des liens de l'article ci-dessus mène à un [url=https://www.newscientist.com/article/dn12833-climate-is-too-complex-for-accurate-predictions/]vieil article[/url] qui répond clairement à certaines questions que je me posais.[quote="Le 25.10.2007, New Scientist"][size=150]Le climat, trop complexe, ne peut être prédit précisément[/size]
Selon une nouvelle étude, les modèles de changement climatique, peu importe leur puissance, ne peuvent pas prédire précisément de combien les gaz à effet de serre vont chauffer la Terre.
Ce résultat va alimenter ceux qui expliquent qu'on n'en sait pas assez pour prendre des mesures au sujet du réchauffement global.
Cette analyse se concentre sur le réchauffement qui se produira si le taux de CO2 dans l'atmosphère double par rapport au niveau d'avant la Révolution Industrielle. Actuellement la meilleure estimation pour ce chiffre — qui est une manière utile de chiffrer la sensibilité du climat à l'élévation des taux de carbone — se situe entre 2,0 °C et 4,5 °C. Et il y a une petite chance que la température monte de 8 °C ou plus.
À la frustration des décideurs, c'est une estimation qui ne s'est pas beaucoup améliorée au cours des 20 dernières années. Pendant cette période, les scientifiques ont établi que le monde chauffe et que les activités humaines en sont très probablement responsables, mais ne sont pas parvenus à une meilleure estimation du réchauffement.
[b]Rétroaction positive[/b]
Il apparaît maintenant que les estimations ne seront jamais bien meilleures. À cause des rétroactions positives dans le système climatique. Par exemple, avec l'élévation de température, il y aura moins de neige aux pôles. Donc moins de lumière solaire sera réfléchie vers l'espace, donc plus de réchauffement.
Ces rétroactions accélèrent le réchauffement, et amènent également des incertitudes dans les estimations de sensibilité climatique, nous disent Gerard Roe et Marcia Baker de l'University de Washington à Seattle.
Qui plus est, ils ont trouvé qu'améliorer des modèles informatiques ou les données d'observation ne réduira pas beaucoup cette incertitude. Une meilleure estimation de la sensibilité est le saint graal de la recherche climatique, mais il est temps « d'abandonner la quête », selon un commentaire publié avec l'article de recherche.
[b] Des incertitudes profondes[/b]
Cela va alimenter les attaques critiques de l'industrie pétrolière et d'ailleurs qui s'opposent aux investissements type énergie propre tant qu'on n'en sait pas plus sur le changement climatique. D'autres disent qu'il faut agir même si la sensibilité climatique est dans la fourchette basse, par exemple parce que les régions côtières sont menacées de toutes façons par la montée des mers.
Au final, ces recherches illustrent également les limites qu'ont les modèles, même avec l'aide de supercalculateurs, dans l'aide à la décision politique.
Selon Roger Pielke, un expert en politique du climat de l'Université du Colorado à Boulder, « ces résultats étayent non seulement la nécessité de faire des choix de politique climatique malgré les incertitudes irréductibles, mais également cette réalité inconfortable pour les modélisateurs du climat : les investissements dans des modèles toujours plus sophistiqués n'offriront que peu de bénéfice marginal aux décideurs. »
Journal reference: Science (vol 318, p 582)[/quote]Si j'interprète correctement, on a deux sources d'incertitudes :
1. On ne connaît pas le système complet ; ajouter une rétroaction supplémentaire peut potentiellement changer beaucoup le résultat
2. Le système est chaotique, une petite modification d'une constante de rétroaction ou d'une condition initiale peut être beaucoup amplifiée
Le 1 doit dominer sinon on entendrait parler d'un temps caractéristique du système et d'un horizon de prédictibilité.
Et évidemment la fonction [courbe de réchauffement] → [impact sur notre civilisation] est [i]encore nettement[/i] plus incertaine. Ce qui explique le flou artistique sur la question.
Tout de même, l'article a 8 ans, et les fourchettes évoquées maintenant sont un peu moins larges.
En résumé, mieux on comprend le système, mieux on comprend qu'on ne peut pas le comprendre, et ainsi tout s'éclaire. :-"