par Philippe » 20 oct. 2016, 11:12
mobar,
je mets une demi-heure, et souvent davantage, à écrire un message. Après avoir vérifié chaque information et refait chaque calcul. Alors je me dois d’exprimer ma frustration d’y voir une réponse écrite en quelques minutes, avec des chiffres à la louche, et des conclusions approximatives. Il est certain que des projets ont échoué dans le passé, et que d’autres échoueront à l’avenir. Tu cites Lacq supérieur, je peux citer Emeraude vapeur, au Congo, ou Saint-Jean-de-Maruéjols dans le Gard, au début des années 1980. Ces projets étaient des balbutiements. Il n’est pas choquant qu’ils aient échoué, avec des rendements énergétiques exécrables. Mais depuis ce temps, il a été fait des progrès, et il continue de s’en faire, pour améliorer les rendements. C’est ainsi que l’on sait que la vapeur marche mieux quand la viscosité de l’huile lourde est très forte (100 000 centipoises) que quand elle est modérément forte (100 centipoises à Emeraude).
Les Steam to Oil Ratios cumulés (on parle du quotient de la quantité de vapeur injectée depuis le début par la quantité d’huile extraite depuis le début) sont connus pour de nombreux projets. Quand ils sont repris par IHS (plus connu sous son ancien nom de PETROCONSULTANTS), ils sont crédibles, parce que cette société d’intelligence industrielle ne foutrait pas sa réputation en l’air en bidonnant des chiffres.
J’ai trouvé un site (une présentation faite par un acteur important des sables bitumineux de l’Athabasca, la société CENOVUS, à un colloque du 12 mars 2014) qui donne des chiffres de Steam to Oil Ratios cumulés à novembre 2013 (SOR) récupérés auprès de IHS (sauf pour les siens propres, qui sont une estimation interne) :
https://www.cenovus.com/invest/docs/201 ... gy-BCF.pdf. La diapo inférieure de la page 3 donne une fourchette représentative des SOR cumulés à novembre 2013, où seuls 2 projets dépassent le SOR de 5. Aucun n’atteint 10 (l'exploitant jette l'éponge très vite). La diapo inférieure de la page 5 indique un SOR de 2,1 pour un projet futur (ça vaut ce que ça vaut comme prévision, mais avec l’expérience, la société doit pouvoir de mieux en mieux prévoir ses résultats). La diapo supérieure de la page 6 donne un SOR de 3 à 3,5 (moins bon, donc) pour un autre projet.
La diapo supérieure de la page 18 cite un gain de 30% du SOR par l’injection de solvants avec la vapeur (Solvent Aided Process), ce qui aboutit, pour le site où cette technique toute nouvelle est mise en œuvre, à un SOR de 1,6 à Narrows Lake (diapo supérieure de la page 17). Les solvants doivent dégrader un peu le bilan, mais ils finissent par se retrouver dans le produit final livré à la raffinerie, puisque ce sont des produits pétroliers. On les retrouve donc au dénominateur.
Il est possible, et même probable, que la fin de vie des projets dégrade le SOR cumulé. Mais quand on regarde les profils de production attendus de Foster Creek et de Christina Lake jusqu’en 2023 (diapo supérieure de la page 13), le dénominateur de la fraction (qui donne le SOR cumulé) va devenir tellement élevé que je ne vois pas comment le résultat va pouvoir atteindre les 10 sans mettre des chiffres fantaisistes au numérateur. On ne va quand même pas multiplier les chaudières à l’envi.
Je n’ai pas beaucoup de sympathie pour ces projets, qui ont un EROEI médiocre, de l’ordre de 5 voire moins - ce qui reste toujours meilleur que les carburants d’origine végétale - loin de l’EROIE minimal de 10 nécessaire à notre société thermo-industrielle. Mais je trouve que la discussion doit se faire avec des vrais chiffres, et non avec de vagues idées.
Encore un message d’une demi-heure.
mobar,
je mets une demi-heure, et souvent davantage, à écrire un message. Après avoir vérifié chaque information et refait chaque calcul. Alors je me dois d’exprimer ma frustration d’y voir une réponse écrite en quelques minutes, avec des chiffres à la louche, et des conclusions approximatives. Il est certain que des projets ont échoué dans le passé, et que d’autres échoueront à l’avenir. Tu cites Lacq supérieur, je peux citer Emeraude vapeur, au Congo, ou Saint-Jean-de-Maruéjols dans le Gard, au début des années 1980. Ces projets étaient des balbutiements. Il n’est pas choquant qu’ils aient échoué, avec des rendements énergétiques exécrables. Mais depuis ce temps, il a été fait des progrès, et il continue de s’en faire, pour améliorer les rendements. C’est ainsi que l’on sait que la vapeur marche mieux quand la viscosité de l’huile lourde est très forte (100 000 centipoises) que quand elle est modérément forte (100 centipoises à Emeraude).
Les Steam to Oil Ratios cumulés (on parle du quotient de la quantité de vapeur injectée depuis le début par la quantité d’huile extraite depuis le début) sont connus pour de nombreux projets. Quand ils sont repris par IHS (plus connu sous son ancien nom de PETROCONSULTANTS), ils sont crédibles, parce que cette société d’intelligence industrielle ne foutrait pas sa réputation en l’air en bidonnant des chiffres.
J’ai trouvé un site (une présentation faite par un acteur important des sables bitumineux de l’Athabasca, la société CENOVUS, à un colloque du 12 mars 2014) qui donne des chiffres de Steam to Oil Ratios cumulés à novembre 2013 (SOR) récupérés auprès de IHS (sauf pour les siens propres, qui sont une estimation interne) : https://www.cenovus.com/invest/docs/2014/20140310-FirstEnergy-BCF.pdf. La diapo inférieure de la page 3 donne une fourchette représentative des SOR cumulés à novembre 2013, où seuls 2 projets dépassent le SOR de 5. Aucun n’atteint 10 (l'exploitant jette l'éponge très vite). La diapo inférieure de la page 5 indique un SOR de 2,1 pour un projet futur (ça vaut ce que ça vaut comme prévision, mais avec l’expérience, la société doit pouvoir de mieux en mieux prévoir ses résultats). La diapo supérieure de la page 6 donne un SOR de 3 à 3,5 (moins bon, donc) pour un autre projet.
La diapo supérieure de la page 18 cite un gain de 30% du SOR par l’injection de solvants avec la vapeur (Solvent Aided Process), ce qui aboutit, pour le site où cette technique toute nouvelle est mise en œuvre, à un SOR de 1,6 à Narrows Lake (diapo supérieure de la page 17). Les solvants doivent dégrader un peu le bilan, mais ils finissent par se retrouver dans le produit final livré à la raffinerie, puisque ce sont des produits pétroliers. On les retrouve donc au dénominateur.
Il est possible, et même probable, que la fin de vie des projets dégrade le SOR cumulé. Mais quand on regarde les profils de production attendus de Foster Creek et de Christina Lake jusqu’en 2023 (diapo supérieure de la page 13), le dénominateur de la fraction (qui donne le SOR cumulé) va devenir tellement élevé que je ne vois pas comment le résultat va pouvoir atteindre les 10 sans mettre des chiffres fantaisistes au numérateur. On ne va quand même pas multiplier les chaudières à l’envi.
Je n’ai pas beaucoup de sympathie pour ces projets, qui ont un EROEI médiocre, de l’ordre de 5 voire moins - ce qui reste toujours meilleur que les carburants d’origine végétale - loin de l’EROIE minimal de 10 nécessaire à notre société thermo-industrielle. Mais je trouve que la discussion doit se faire avec des vrais chiffres, et non avec de vagues idées.
Encore un message d’une demi-heure.