par energy_isere » 25 oct. 2025, 15:34
Dans le nucléaire, robots et drones à la rescousse pour démanteler les vieilles centrales
Connaissance des Énergies avec AFP le 25 octobre 2025
Derrière son écran, l'opérateur donne le top départ: une tête laser montée sur un bras robotique s'attaque à la découpe d'une tuyauterie, une opération-test en réalité virtuelle menée au Commissariat à l'énergie atomique pour répondre aux enjeux du démantèlement des vieilles centrales nucléaires.
Des outils de découpe robotisés aux drones d'investigation, ces assistants permettent aux intervenants d'"être moins exposés radiologiquement", explique Hubert-Alexandre Turc, ingénieur-chercheur au CEA, à plusieurs journalistes, lors d'une visite du site de Marcoule (Gard), berceau de l'industrie nucléaire française.
A l'heure où la filière nucléaire mondiale ambitionne de construire de nouveaux réacteurs, elle doit aussi démontrer qu'elle sait gérer la fin de vie des anciens. Un défi vertigineux avec 450 installations nucléaires à déconstruire et à assainir dans le monde, selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
"Le plus grand chantier de démantèlement d'Europe" en nombre de sites se trouve justement à Marcoule. C'est ici, dans les années 1950, que sont nés les trois premiers réacteurs "Graphite-gaz", conçus pour produire du plutonium militaire, les premiers aussi à avoir produit de l'électricité nucléaire en France.
Entamé, mais actuellement en pause, leur démantèlement prendra des décennies, avec cette contrainte qu'au CEA "chaque installation de recherche est unique" donc nécessite un scenario spécifique, souligne Magali Saluden, cheffe du programme R&D pour l'assainissement.
En tout, 33 installations de recherche sont concernées par ces chantiers au CEA, qui présentera au salon mondial du nucléaire civil World Nuclear Exhibition (4-6 novembre), près de Paris, ses actions de recherche pour l'assainissement et le démantèlement.
Parmi les innovations, cet outil laser qui peut cisailler net des aciers très épais, sans vibration, avec sa puissance équivalente à "14 radiateurs électriques concentrés sur 1 mm³", selon M. Turc.
- Du CEA à Fukushima -
Le spécialiste français du démantèlement Onet Technologies, qui dispose d'une licence pour cette technologie laser, l'a testée en première mondiale en 2014-2015 à Marcoule. Elle sera utilisée pour le démantèlement des anciennes centrales d'EDF et est à l'étude pour la découpe des débris fondus radioactifs (corium) dans la centrale accidentée de Fukushima au Japon, dans plusieurs années.
La robotique et la télé-opération sont déjà largement utilisées dans le nucléaire. "Il y a beaucoup de chantiers en France et dans le monde, on cherche donc à industrialiser le démantèlement", pour "avoir de fortes cadences" et donc "réduire les coûts" de ces chantiers volumineux, explique à l'AFP Damien Roulet, responsable export à la direction démantèlement chez Onet Technologies.
Orano, spécialiste du combustible d'uranium, déploie lui le bras Anemone pour attraper objets et déchets, grâce à sa tête munie de tentacules, "ce qui va alléger la charge de travail de l'opérateur" dans des environnements irradiés, indique aussi Claire-Emilie Vaudey, directrice études et innovations à la direction démantèlement et services.
Désormais, le numérique et la réalité virtuelle ouvrent de nouvelles perspectives.
Au CEA, l'outil laser est ainsi testé avec une réplique virtuelle du robot et de son environnement, qui permet de simuler des scénarios de démantèlement en 3D. A terme, le but est de développer un bras auto-apprenant capable de prendre des décisions seul et un poste de pilotage laser assisté par la réalité virtuelle.
Graphitech, co-entreprise du Groupe Cyclife (EDF) et de Veolia Nuclear Services mène aussi depuis 2022 des essais de simulation numériques pour élaborer les futurs outils téléopérés qui interviendront dans la déconstruction d'un des six réacteurs "Graphite-gaz" d'EDF prévue vers 2030-2035 à Chinon.
Mais, avant de "nettoyer" les vestiges du nucléaire, il faut repérer les traces de corrosion et cartographier les "points chauds" (îlots de radioactivité), dans des zones parfois inaccessibles pour les opérateurs. Pour cette mission, le CEA mise sur les drones embarquant caméras et capteurs.
"L'objectif est d'avoir une flotte autonome pour ne plus avoir à envoyer des personnes sur les chantiers", explique Maugan Michel, ingénieur-chercheur au CEA qui mène le projet européen XS-Ability.
Sous la cathédrale de métal qui abrite le réacteur G2 de Marcoule, un drone de fabrication suisse a déjà pu inspecter pendant huit heures l'état des structures, là où d'ordinaire, des cordistes auraient mis 10 jours.
https://www.connaissancedesenergies.org ... s-251025-0
[quote][b][size=110] Dans le nucléaire, robots et drones à la rescousse pour démanteler les vieilles centrales[/size][/b]
Connaissance des Énergies avec AFP le 25 octobre 2025
Derrière son écran, l'opérateur donne le top départ: une tête laser montée sur un bras robotique s'attaque à la découpe d'une tuyauterie, une opération-test en réalité virtuelle menée au Commissariat à l'énergie atomique pour répondre aux enjeux du démantèlement des vieilles centrales nucléaires.
Des outils de découpe robotisés aux drones d'investigation, ces assistants permettent aux intervenants d'"être moins exposés radiologiquement", explique Hubert-Alexandre Turc, ingénieur-chercheur au CEA, à plusieurs journalistes, lors d'une visite du site de Marcoule (Gard), berceau de l'industrie nucléaire française.
A l'heure où la filière nucléaire mondiale ambitionne de construire de nouveaux réacteurs, elle doit aussi démontrer qu'elle sait gérer la fin de vie des anciens. Un défi vertigineux avec 450 installations nucléaires à déconstruire et à assainir dans le monde, selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
"Le plus grand chantier de démantèlement d'Europe" en nombre de sites se trouve justement à Marcoule. C'est ici, dans les années 1950, que sont nés les trois premiers réacteurs "Graphite-gaz", conçus pour produire du plutonium militaire, les premiers aussi à avoir produit de l'électricité nucléaire en France.
Entamé, mais actuellement en pause, leur démantèlement prendra des décennies, avec cette contrainte qu'au CEA "chaque installation de recherche est unique" donc nécessite un scenario spécifique, souligne Magali Saluden, cheffe du programme R&D pour l'assainissement.
En tout, 33 installations de recherche sont concernées par ces chantiers au CEA, qui présentera au salon mondial du nucléaire civil World Nuclear Exhibition (4-6 novembre), près de Paris, ses actions de recherche pour l'assainissement et le démantèlement.
Parmi les innovations, cet outil laser qui peut cisailler net des aciers très épais, sans vibration, avec sa puissance équivalente à "14 radiateurs électriques concentrés sur 1 mm³", selon M. Turc.
- Du CEA à Fukushima -
Le spécialiste français du démantèlement Onet Technologies, qui dispose d'une licence pour cette technologie laser, l'a testée en première mondiale en 2014-2015 à Marcoule. Elle sera utilisée pour le démantèlement des anciennes centrales d'EDF et est à l'étude pour la découpe des débris fondus radioactifs (corium) dans la centrale accidentée de Fukushima au Japon, dans plusieurs années.
La robotique et la télé-opération sont déjà largement utilisées dans le nucléaire. "Il y a beaucoup de chantiers en France et dans le monde, on cherche donc à industrialiser le démantèlement", pour "avoir de fortes cadences" et donc "réduire les coûts" de ces chantiers volumineux, explique à l'AFP Damien Roulet, responsable export à la direction démantèlement chez Onet Technologies.
Orano, spécialiste du combustible d'uranium, déploie lui le bras Anemone pour attraper objets et déchets, grâce à sa tête munie de tentacules, "ce qui va alléger la charge de travail de l'opérateur" dans des environnements irradiés, indique aussi Claire-Emilie Vaudey, directrice études et innovations à la direction démantèlement et services.
Désormais, le numérique et la réalité virtuelle ouvrent de nouvelles perspectives.
Au CEA, l'outil laser est ainsi testé avec une réplique virtuelle du robot et de son environnement, qui permet de simuler des scénarios de démantèlement en 3D. A terme, le but est de développer un bras auto-apprenant capable de prendre des décisions seul et un poste de pilotage laser assisté par la réalité virtuelle.
Graphitech, co-entreprise du Groupe Cyclife (EDF) et de Veolia Nuclear Services mène aussi depuis 2022 des essais de simulation numériques pour élaborer les futurs outils téléopérés qui interviendront dans la déconstruction d'un des six réacteurs "Graphite-gaz" d'EDF prévue vers 2030-2035 à Chinon.
Mais, avant de "nettoyer" les vestiges du nucléaire, il faut repérer les traces de corrosion et cartographier les "points chauds" (îlots de radioactivité), dans des zones parfois inaccessibles pour les opérateurs. Pour cette mission, le CEA mise sur les drones embarquant caméras et capteurs.
"L'objectif est d'avoir une flotte autonome pour ne plus avoir à envoyer des personnes sur les chantiers", explique Maugan Michel, ingénieur-chercheur au CEA qui mène le projet européen XS-Ability.
Sous la cathédrale de métal qui abrite le réacteur G2 de Marcoule, un drone de fabrication suisse a déjà pu inspecter pendant huit heures l'état des structures, là où d'ordinaire, des cordistes auraient mis 10 jours.
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