par Lansing » 26 mai 2009, 23:33
Un endroit intéressant pour voir ce qui se passe dans l'historique d'un site nucléaire est le fort de Chatillon à Fontenay aux Roses. Saclay, Arpajon, Cadarache et Marcoule aussi mais dans une moindre mesure.
Lorsque j'étais gosse, mon père y supervisait la construction et le démantèlement des cellules au plomb, y compris les bras télémanipulateurs qu'il concevait, et des boites à gants.
Historiquement, le premier réacteur nucléaire démantelé, on l'appelait pile à l'époque, est ZOE (0,25 MW thermique, pas de travail). Même techno, a peu de choses près que Brennilis, modérateur à eau lourde EL1, Brennilis c'est EL4, suis pas sûr.
Le réacteur conçu par Joliot-Curie a fonctionné de 1948 à 1975. La phase 2 du désossage s'est terminé en 77, et suivant les critères de l'époque, le reste a été coulé dans le béton, le musée est construit dessus...
En réalité historiquement, ça j'en suis témoin, la première installation nucléaire démantelée c'est l'usine pilote d'extraction d'uranium du même Fort de Chatillon. Je me souviens des réflexions de mon père le soir sur le nombre effrayant d'accidents qu'il y avait sur le chantier. Tout cela était secret défense, tous les gens irradiés, dont beaucoup sont morts prématurément, étaient systématiquement mis au secret. Tout cela en pleine ville.
Le hic c'est que le démantèlement de ces installations a été exécuté avec les normes de l'époque. Il est fortement question de revoir tout cela, et ça fait quelque hectares et des dizaines de milliers de tonnes de matériaux à revoir.
Pour bien comprendre ce qu'un site comme Fontenay aux Roses représente, il faut additionner les activités de ce centre depuis près d'un demi-siécle. A ce que j'ai décrit plus haut il faut ajouter le retraitement (prémisses de La Hague), labos d'étude, le Tokamak et last but not least, l'incinérateur. On y cramait tout et n'importe quoi, y compris les animaux de la laboratoire irradiés.
Et tout ceci "sous le contrôle du CEA", organisme irréprochable, comme chacun sait, une maison de verre. Ou plutôt de béton vitrifié.
J'ai retrouvé les chiffres du rapport de la Cour des Comptes pour Brennilis. En 2003, cette vénérable institution a chiffré à 482 millions d'euros le coût du démantèlement de la centrale. C'est 60 fois ce qui avait été prévu par l'EDF dans les années 60.
Comme cette même Cour des compte a estimé en 2004 que le démantèlement des installations de EDF, CEA et AREVA couterais 65 milliards d'euros, je vous laisse à vos calculatrices.
Patrick
PS: Je ne cite pas mes sources, mais tout est vérifiable. Tout cela est l'addition de mes souvenirs, de mes lectures et de quelques vérifications sur la toile.
Un endroit intéressant pour voir ce qui se passe dans l'historique d'un site nucléaire est le fort de Chatillon à Fontenay aux Roses. Saclay, Arpajon, Cadarache et Marcoule aussi mais dans une moindre mesure.
Lorsque j'étais gosse, mon père y supervisait la construction et le démantèlement des cellules au plomb, y compris les bras télémanipulateurs qu'il concevait, et des boites à gants.
Historiquement, le premier réacteur nucléaire démantelé, on l'appelait pile à l'époque, est ZOE (0,25 MW thermique, pas de travail). Même techno, a peu de choses près que Brennilis, modérateur à eau lourde EL1, Brennilis c'est EL4, suis pas sûr.
Le réacteur conçu par Joliot-Curie a fonctionné de 1948 à 1975. La phase 2 du désossage s'est terminé en 77, et suivant les critères de l'époque, le reste a été coulé dans le béton, le musée est construit dessus...
En réalité historiquement, ça j'en suis témoin, la première installation nucléaire démantelée c'est l'usine pilote d'extraction d'uranium du même Fort de Chatillon. Je me souviens des réflexions de mon père le soir sur le nombre effrayant d'accidents qu'il y avait sur le chantier. Tout cela était secret défense, tous les gens irradiés, dont beaucoup sont morts prématurément, étaient systématiquement mis au secret. Tout cela en pleine ville.
Le hic c'est que le démantèlement de ces installations a été exécuté avec les normes de l'époque. Il est fortement question de revoir tout cela, et ça fait quelque hectares et des dizaines de milliers de tonnes de matériaux à revoir.
Pour bien comprendre ce qu'un site comme Fontenay aux Roses représente, il faut additionner les activités de ce centre depuis près d'un demi-siécle. A ce que j'ai décrit plus haut il faut ajouter le retraitement (prémisses de La Hague), labos d'étude, le Tokamak et last but not least, l'incinérateur. On y cramait tout et n'importe quoi, y compris les animaux de la laboratoire irradiés.
Et tout ceci "sous le contrôle du CEA", organisme irréprochable, comme chacun sait, une maison de verre. Ou plutôt de béton vitrifié.
J'ai retrouvé les chiffres du rapport de la Cour des Comptes pour Brennilis. En 2003, cette vénérable institution a chiffré à 482 millions d'euros le coût du démantèlement de la centrale. C'est 60 fois ce qui avait été prévu par l'EDF dans les années 60.
Comme cette même Cour des compte a estimé en 2004 que le démantèlement des installations de EDF, CEA et AREVA couterais 65 milliards d'euros, je vous laisse à vos calculatrices.
Patrick
PS: Je ne cite pas mes sources, mais tout est vérifiable. Tout cela est l'addition de mes souvenirs, de mes lectures et de quelques vérifications sur la toile.