L'offre et les stocks de charbon précipitent les prix à la baisse
RFI le : 28/05/2025 Par : Marie-Pierre Olphand
Cela fait quatre ans que les prix du charbon n'ont pas été si bas, on parle du charbon thermique, celui qui est utilisé dans les centrales pour produire de l'électricité. Depuis leur sommet de 2022, les prix ont perdu un quart de leur valeur.
Installation de stockage de charbon d'une entreprise de logistique à Binzhou, dans la province du Shandong, dans l'est de la Chine, le 9 mai 2025. (Image d'illustration) AFP - STR
Au moment du déclenchement de la guerre en Ukraine, les prix du charbon se sont envolés, comme ceux de nombreuses matières premières. La perspective d'une crise gazière avec la Russie a provoqué un regain d'intérêt pour le charbon. Les prix sont restés à leur sommet jusqu'au début 2023 avant de dégringoler. Depuis, ils évoluent dans une fourchette basse et le charbon a même retrouvé un niveau plus bas que celui d'avant-guerre.
Cette chute est due essentiellement à une mécanique bien connue : quand les prix étaient à la hausse, les investisseurs ont misé sur le charbon et ont fait grimper artificiellement la demande, et donc les prix. Le contexte a poussé en parallèle les grands producteurs, la Chine, l'Inde, et l'Indonésie, à produire plus et cela a été d'autant plus facile qu'ils ont mis en service de nouvelles mines ces dernières années, rappelle le Financial Times.
Des stocks au plus haut
Les volumes de charbon disponibles n'ont fait qu'augmenter. Cette surabondance a fait baisser les importations des gros acheteurs, ce qui a aussi alimenté la baisse des prix : au cours des quatre premiers mois de 2025, la Chine a importé 13% de moins par rapport à la même période un an plus tôt, selon les données de suivi maritime du cabinet franco-belge Kpler, cité par l'agence Reuters. En parallèle, la production chinoise a atteint un niveau record au premier trimestre, selon l'agence Bloomberg. Ce qui n'est pas consommé, ni exporté, s'accumule. Les stocks sont si élevés que même si les prix étaient plus bas, « personne n'achèterait du charbon », assure un analyste de Kpler.
Ce n'est pas la demande actuelle qui peut bousculer les choses : on est dans une période creuse pour l'hémisphère Nord : l'hiver est terminé et la saison où la Chine et l'Inde allument leurs climatiseurs n'est pas encore arrivée.
Un redressement des prix à partir de cet été ?
Les stocks et la production sont tels qu'ils ne sont pas de nature à relever les prix dans l'immédiat. Il y a même eu des moments ces dernières semaines où les prix du charbon chinois ont atteint un niveau inférieur aux coûts de production. Face à la chute de leurs bénéfices, ceux qui le peuvent ralentissent la cadence : c'est le cas de deux sociétés en Colombie : Cerrejón filiale de Glencore et Drummond ont annoncé des coupes de production.
Les cours pourraient repartir à la hausse cet été, avec la demande estivale, selon plusieurs experts, à moins que la part d'électricité produite par énergie renouvelable connaisse une nette augmentation. C'est une éventualité en Chine où la libéralisation du marché de l'électricité sera actée à partir du mois de juin et devrait rendre les énergies renouvelables moins chères, rappelle l'agence Bloomberg. « Comme c’est le cas depuis 25 ans, la Chine, qui consomme 30% de charbon de plus que le reste du monde réuni, continuera à définir les tendances mondiales » résumait fin décembre l'Agence internationale de l'énergie dans son rapport sur les perspectives du marché du charbon.