Le plus grand parc solaire d'Ile-de-France prêt à pousser sur une ancienne base aérienne
Au coeur de l'Essonne, le projet porté par le spécialiste des renouvelables Neoen devrait être opérationnel fin 2026, début 2027. Un calendrier décalé notamment en raison de la dépollution, complexe, des terrains militaires où s'implante la ferme photovoltaïque.

Les quelque 70.000 panneaux photovoltaïques vont pousser sur l'ancienne base militaire 217, en Essonne. (A.MAGNAN-AIRBORNE_FILMS-105)
Par Muryel Jacque
Publié le 5 sept. 2025 lesechos.fr
« Nous sommes quasiment prêts à construire ! » D'ici à « fin 2026, début 2027 », le plus grand parc solaire d'Ile-de-France devrait être opérationnel, projette Marion Giraud, directrice Grand nord de Neoen, le spécialiste de l'éolien, du solaire et du stockage qui porte ce projet au sud de Paris, à cheval sur deux communes de l'Essonne, le Plessis-Pâté et Brétigny-sur-Orge. Les quelque 70.000 panneaux photovoltaïques vont pousser sur un espace hors norme : des terrains militaires en friche que l'armée française met à disposition de l'entreprise sur ce qui fût un centre d'essais en vol d'une ancienne base aérienne.
Une reconversion dont la finalisation prend plus de temps que prévu. Démarré en 2021, le projet, sélectionné par l'Etat, devait en effet voir le jour fin 2024. C'était sans compter sur « les complexités géotechniques » du site, explique Marion Giraud.
Pollution pyrotechnique
« Nous sommes sur des terrains militaires qui ont été utilisés pendant des années à différentes fins : cela a été une piste d'atterrissage, une zone d'entraînement. Et il y a eu des bombardements lors de la Seconde Guerre mondiale. La pollution pyrotechnique est importante », détaille la responsable. Les travaux doivent être menés « avec beaucoup de précaution ». L'endroit cache aussi des vieux réseaux enterrés, d'eau, de gaz ou électriques, dont il a fallu retrouver l'emplacement exact grâce à des documents historiques sur lesquels il a fallu mettre la main. « Nous savions qu'il y avait ce type de problématiques, donc nous avions prévu l'enveloppe budgétaire pour les travaux », précise Marion Giraud.
L'investissement pour la construction de ce
parc d'une puissance comprise sera entre 35 et 40 MWc - de quoi produire l'équivalent de la consommation annuelle de 15.000 habitants -, est de l'ordre de 30 millions d'euros. Le projet a été lauréat des appels d'offres de la Commission de régulation de l'énergie fin 2023, ce qui a permis à Neoen de sécuriser un contrat de vente d'électricité avec l'Etat sur vingt ans. « Tous les voyants sont au vert pour la réalisation du projet, et il est attendu aussi localement par les élus qui le suivent depuis le début », assure Marion Giraud.
Ecopâturage et panneaux asiatiques
En 2023, les deux mairies essonniennes s'étaient félicitées « de la réalisation de ce projet vertueux sur le plan écologique », selon les mots de Sylvain Tanguy, maire du Plessis-Pâté, président de la Société publique locale Air 217, chargé de l'aménagement de la base aérienne, et vice-président de l'agglomération Coeur d'Essonne. Outre le fait que la future ferme s'installe sur des parcelles propices au photovoltaïque, sans artificialisation des terres, Neoen est également en train de finaliser les discussions avec la Ferme de l'Envol, dont les terres jouxtent le futur parc solaire, pour un entretien « écologique » des terrains grâce à un pâturage de moutons. 1.200 mètres de haies seront par ailleurs plantés tout autour du site afin de faciliter la biodiversité.
Autant de points importants pour un projet qui « participe à l'indépendance énergétique de la France », confirme aujourd'hui Sylvain Tanguy aux « Echos ». Tout autant que l'est à ses yeux « l'amortissement d'énergie grise », c'est-à-dire la quantité d'énergie utilisée lors de la fabrication des panneaux, « qui doit être court ». « Cela va être respecté », dit l'élu.
Toutefois, contrairement à ce qu'il espérait initialement, les panneaux solaires viennent de loin. « Nous serions ravis de pouvoir installer des panneaux français, raconte Marion Giraud. Malheureusement, s'il y a de grands projets d'usines pour réindustrialiser la production en France, il n'y a pas aujourd'hui de production significative dans le pays, et comme la plupart de nos confrères on s'approvisionne en panneaux asiatiques ». Mais elle insiste : cela reste une minorité des équipements qui vont être installés (les panneaux représentent environ 20 % de la valeur des installations) : câblage électrique, onduleurs, transformateurs, structures, etc. proviendront, eux, de France ou d'Europe.