par energy_isere » 07 déc. 2024, 11:52
Solaire : l’Afrique, un mirage pour l’industrie chinoise en surproduction
Agence Ecofin 05 dec 2024
L’industrie photovoltaïque chinoise fait face à une crise profonde. Les principales entreprises du secteur se retrouvent obligées de vendre leurs panneaux solaires en dessous du coût de production, aggravant une situation déjà fragilisée par des sanctions commerciales imposées par l’Occident.
En Chine, les grands fournisseurs d’équipements solaires comme JinkoSolar, Longi Green Technology et Trina Solar, enregistrent des pertes importantes depuis plusieurs mois, en raison d’une guerre des prix qui ne semble pas près de s’arrêter.
JinkoSolar a enregistré une baisse de 68,77 % de ses revenus au premier semestre 2024 par rapport à l'année précédente, tandis que Trina Solar a également subi une diminution de 12,99 % de ses revenus sur la même période. Longi quant à lui, a vu ses revenus chuter de 40,4 % par rapport aux six premiers mois de 2023.
La racine du problème réside dans une surcapacité de production. En effet, portés par un optimisme alimenté par les annonces de décarbonisation et les goulots d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement post-pandémie, les fabricants chinois ont massivement investi pour augmenter leur capacité. Cela a abouti à une offre mondiale de 1 100 GW pour une demande de seulement 425 GW, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Dans ce contexte, les usines fonctionnent à peine à 50 % de leurs capacités.
Pour tenter de stabiliser le secteur, l’Association chinoise de l’industrie photovoltaïque (CPIA) a récemment proposé un prix plancher. Mais la mesure reste insuffisante face à des sanctions qui restreignent l’accès des fabricants chinois aux marchés lucratifs d’Amérique et d’Europe. En réponse, ces entreprises délocalisent leur production vers des pays d’Asie du Sud-Est pour contourner les barrières tarifaires. Bien que cette stratégie permette un sursis temporaire, elle ne résout pas les défis structurels liés à la surabondance de l’offre et à la stagnation de la demande mondiale.
L’Afrique, un débouché limité à court terme
Bien qu’identifiée comme un débouché potentiel, l’Afrique ne représente pas une solution immédiate. En effet, des obstacles tels que des infrastructures énergétiques dépendantes du charbon, des contraintes financières et des politiques commerciales protectionnistes limitent la capacité du continent à absorber ces produits bon marché.
Le Nigeria, par exemple, impose une taxe de 10 % sur les panneaux solaires importés de Chine, pour encourager la production locale. Cette stratégie, combinée à sa capacité à produire localement 4 des 7 composants nécessaires à l'assemblage de modules solaires, fait de ce pays un candidat sérieux pour développer une industrie solaire compétitive, indique le rapport « Harnessing the sun: A roadmap for solar manufacturing in the Sahel », de la Banque Africaine de Développement (BAD). Actuellement, les panneaux produits localement y sont 4 % moins chers que ceux importés de Chine.
De plus, le rapport souligne que la stratégie nigériane s’inscrit dans une dynamique plus large visant à promouvoir des chaînes d’approvisionnement locales et à réduire la dépendance aux importations, limitant ainsi les perspectives des fabricants chinois en Afrique.
L’Afrique du Sud, principale importatrice de panneaux solaires chinois, a également introduit une taxe de 10 % pour protéger ses fabricants locaux et renforcer sa chaîne de valeur industrielle. Une mesure, qui vise à « répondre à la concurrence déloyale des importations à bas prix, qui ont entraîné la fermeture de plusieurs usines locales et une baisse de la production nationale », a justifié la South African Photovoltaic Industry Association (SAPVIA).
Par ailleurs, le pays maintient sa dépendance au charbon pour alimenter son réseau électrique et le rythme des investissements dans les énergies renouvelables ne présage pas un abandon immédiat du charbon. Cette dernière ressource a compté pour 83% de la production électrique du pays en 2023, tandis que l'éolien et le solaire n’en ont généré que 12 % (contre 2 % en 2015).
Bien que cette taxe puisse favoriser la création d'emplois et aider les fabricants locaux à atteindre une échelle économique viable, elle suscite des critiques, notamment de la SAPVIA, qui déplore un manque de consultation et des risques de hausse des coûts pour les consommateurs. En effet, la Nation arc-en-ciel ne dispose que d'une capacité d'assemblage locale de 620 MW par an. Or, en 2023, le pays a importé pour l’équivalent de 4 GW de panneaux solaires en provenance de Chine, de quoi produire environ 3 % de sa demande annuelle.
La Chine devra aller au-delà des simples exportations et proposer des solutions intégrées, incluant la délocalisation en Afrique, le stockage, le financement et le renforcement des réseaux, pour stimuler la demande dans ces régions.
Face à cette situation, certains experts chinois suggèrent également la création d’une alliance de type OPEP pour stabiliser les prix et encourager l’innovation.
https://www.agenceecofin.com/actualites ... production
[quote] [b][size=110]Solaire : l’Afrique, un mirage pour l’industrie chinoise en surproduction[/size][/b]
Agence Ecofin 05 dec 2024
L’industrie photovoltaïque chinoise fait face à une crise profonde. Les principales entreprises du secteur se retrouvent obligées de vendre leurs panneaux solaires en dessous du coût de production, aggravant une situation déjà fragilisée par des sanctions commerciales imposées par l’Occident.
En Chine, les grands fournisseurs d’équipements solaires comme JinkoSolar, Longi Green Technology et Trina Solar, enregistrent des pertes importantes depuis plusieurs mois, en raison d’une guerre des prix qui ne semble pas près de s’arrêter.
JinkoSolar a enregistré une baisse de 68,77 % de ses revenus au premier semestre 2024 par rapport à l'année précédente, tandis que Trina Solar a également subi une diminution de 12,99 % de ses revenus sur la même période. Longi quant à lui, a vu ses revenus chuter de 40,4 % par rapport aux six premiers mois de 2023.
La racine du problème réside dans une [color=#FF0000]surcapacité de production[/color]. En effet, portés par un optimisme alimenté par les annonces de décarbonisation et les goulots d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement post-pandémie, les fabricants chinois ont massivement investi pour augmenter leur capacité. Cela a abouti à une offre mondiale de 1 100 GW pour une demande de seulement 425 GW, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Dans ce contexte, les usines fonctionnent à peine à 50 % de leurs capacités.
Pour tenter de stabiliser le secteur, l’Association chinoise de l’industrie photovoltaïque (CPIA) a récemment proposé un prix plancher. Mais la mesure reste insuffisante face à des sanctions qui restreignent l’accès des fabricants chinois aux marchés lucratifs d’Amérique et d’Europe. En réponse, ces entreprises délocalisent leur production vers des pays d’Asie du Sud-Est pour contourner les barrières tarifaires. Bien que cette stratégie permette un sursis temporaire, elle ne résout pas les défis structurels liés à la surabondance de l’offre et à la stagnation de la demande mondiale.
[b]L’Afrique, un débouché limité à court terme[/b]
Bien qu’identifiée comme un débouché potentiel, l’Afrique ne représente pas une solution immédiate. En effet, des obstacles tels que des infrastructures énergétiques dépendantes du charbon, des contraintes financières et des politiques commerciales protectionnistes limitent la capacité du continent à absorber ces produits bon marché.
Le Nigeria, par exemple, impose une taxe de 10 % sur les panneaux solaires importés de Chine, pour encourager la production locale. Cette stratégie, combinée à sa capacité à produire localement 4 des 7 composants nécessaires à l'assemblage de modules solaires, fait de ce pays un candidat sérieux pour développer une industrie solaire compétitive, indique le rapport « Harnessing the sun: A roadmap for solar manufacturing in the Sahel », de la Banque Africaine de Développement (BAD). Actuellement, les panneaux produits localement y sont 4 % moins chers que ceux importés de Chine.
De plus, le rapport souligne que la stratégie nigériane s’inscrit dans une dynamique plus large visant à promouvoir des chaînes d’approvisionnement locales et à réduire la dépendance aux importations, limitant ainsi les perspectives des fabricants chinois en Afrique.
L’Afrique du Sud, principale importatrice de panneaux solaires chinois, a également introduit une taxe de 10 % pour protéger ses fabricants locaux et renforcer sa chaîne de valeur industrielle. Une mesure, qui vise à « répondre à la concurrence déloyale des importations à bas prix, qui ont entraîné la fermeture de plusieurs usines locales et une baisse de la production nationale », a justifié la South African Photovoltaic Industry Association (SAPVIA).
Par ailleurs, le pays maintient sa dépendance au charbon pour alimenter son réseau électrique et le rythme des investissements dans les énergies renouvelables ne présage pas un abandon immédiat du charbon. Cette dernière ressource a compté pour 83% de la production électrique du pays en 2023, tandis que l'éolien et le solaire n’en ont généré que 12 % (contre 2 % en 2015).
Bien que cette taxe puisse favoriser la création d'emplois et aider les fabricants locaux à atteindre une échelle économique viable, elle suscite des critiques, notamment de la SAPVIA, qui déplore un manque de consultation et des risques de hausse des coûts pour les consommateurs. En effet, la Nation arc-en-ciel ne dispose que d'une capacité d'assemblage locale de 620 MW par an. Or, en 2023, le pays a importé pour l’équivalent de 4 GW de panneaux solaires en provenance de Chine, de quoi produire environ 3 % de sa demande annuelle.
La Chine devra aller au-delà des simples exportations et proposer des solutions intégrées, incluant la délocalisation en Afrique, le stockage, le financement et le renforcement des réseaux, pour stimuler la demande dans ces régions.
Face à cette situation, certains experts chinois suggèrent également la création d’une alliance de type OPEP pour stabiliser les prix et encourager l’innovation.
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