@Philippe. Merci pour ton post, très intéressant.
Une autre méthode intuitive, pour évaluer la "vraie" réserve d'un gisement :
Je prends des hypothèses de travail donc sur un gisement imaginaire.
50 Gb déja extraits
100 Gb de réserves prouvées à 90% -> 150 Gb (coef 1.5)
150 Gb de réserves probables à 50% -> 150 Gb (coef 1)
200 Gb de réserves possibles à 10%-> 40 Gb (coef 0.2)
On peut donc prendre 150 + 150 + 40 comme valeur raisonnable de ce que l'on pourra extraire à la fin. Et 50 + 150 + 150 + 40 comme URR.
Le problème est que la notion de prouvées, probables, possibles est bien déterminée par Laherrere par exemple. Si il pouvait examiner librement les données de toute la planète on aurait quelque chose de correct. Seulement, lui et ses pairs n'ont accès qu'à une petite partie des données mondiales (en gros celles de l'OCDE et encore).
Pa exemple un pays annonce qu'il a 300 Gb de "réserves (sans préciser). Après une étude attentive des experts décomposent ainsi :
120 Gb prouvées -> 180
100 Gb probables -> 100
80 Gb possibles -> 16
total réaliste : 296 Gb
Un autre pays annonce aussi 300 Gb de "réserves". Mais en fait, après examen on s'aperçoit qu'il y a 150 Gb de possibles et 150 Gb complètement bidonnées. Ce qui donne en fait 30 Gb "réaliste".
Le principal problème est que l'on ne sait pas dans quel cas on est ... Par exemple, l'Irak vient de réévaluer ses "réserves" de 100 à 350 Gb. Mais il s'agit de quoi en réalité ?
De plus, il y a le problème du taux d'extraction. Souvent on extrait 1/3 du pétrole d'un gisement et on en laisse 2/3 au fond (on ne sait pas comment faire). Si un nouveau procédé (miraculeux ?) permettait de passer à 2/3 d'extractible on double d'un coup les "réserves".
Ensuite, il y a des réserves gigantesques comme (entre autres) les sables bitumeux du Canada. Les estimations varient de quelques centaines de Gb à plusieurs milliers. Mais cela importe peu car pour les extraire cela consomme tellement d'eau, de gaz, de fuel que de fait la production est limitée à 1 Mb/j actuellement et avec des investissements énormes devrait plafonner à 2 voire 4 Mb/j dans 10-20 ans. Une simple division montre par contre qu'elles devraient durer plusieurs siècles.
Personnellement, je ferais plutôt confiance à des professionnels comme Laherrere. En réévaluant un peu car comme tout individu il veut à tout prix prouver que son hypothèse initiale était bonne.
Sinon, une autre approche plus réaliste consiste à regarder les débits de production. Partons du postulat que tout acteur économique cherche le profit maximum et plutôt à court terme avec des actionnaires impatients. Que constate-t-on ? Que les producteurs sont globalement au taquet. D'où la montée des prix.
A cette aune (débit de production) on voit bien qu'additionner les "réserves" revient à mélanger torchons et serviettes. En Afrique de l'Ouest il y a des champs offshore sortant un pétrole de qualité à fort débit. Ordre de grandeur d'un tel champ pour fixer les idées (cela ne correspond donc à rien de réel):
5 Gb de réserves "raisonnables", débit 1 Mb/j à peu près constant pendant 10 ans (3.6 Gb) puis déclin progressif.
500 Gb de "réserves" avec les sables bitumeux du Canada. Débit attendu 2 Mb/j pendant des siècles.
Peut-on légitimement dire que l'on a 500 + 5 = 505 Gb de "réserves" ?
En conclusion je dirais que la plupart des "réserves" que les optimistes alignent actuellement sont du genre 500 Gb de "réserves" pour 2 Mb/j de débit après 10-20 ans d'investissements gigantesques.
Ces fameuses réserves "gigantesques" n'auront donc qu'un impact très faible sur le PeakOil. Par contre, si elles ne sont pas bidonnées, elles assureront l'essentiel de la production dans 50-100 ans (10-20-30 Mb/j ?).
pour finir une citation de MiniTax sur Liberaux.org :
-Le mois dernier, l'Iraq a déclaré 350 Mb de réserve de pétrole (11 ans de conso mondiale actuelle)
-Quelques jours plus tard, le Vénézuela a ajouté 30 Mb de réserve soit un an de conso mondiale et c'est un ajout à un pool existant de 100 Mb
- La semaine dernière, les réserves de la Mer du Nord bondissent de 30 à 37 Mb.
- Le même jour, la Croatie a annoncé que ses réserves sont équivalentes à celles du Koweit.
- Deux jours plus tard, la Thaïlande a réévalué à la hausse son champ de Bualand de 50% (11 Mb)
(sources de ces news dans ce lien :
http://motls.blogspot.com/2008/06/bp-pe ... ached.html )
Punaise, pour croire qu'on est au peak oil, il faut avoir le cerveau drôlement lavé crying.gif
Petit jeu : dans quelle catégorie classer ces nouvelles réserves ?
On pourrait aussi ajouter la "découverte" (en fait connu depuis longtemps) d'un "océan de pétrole" au Nord des USA de 500 Gb (les fameux Bakken centrés au Nord Dakota). En pratique on pense pouvoir en extraire (peut-être) 5.
A mon avis, aucune de ces nouvelles "réserves" ne retardera le PeakOil (trop tard, trop faible débit). Par contre, à terme, elles atténueront le déclin en empêchant peut être la grosse catastrophe (très attendue sur Oleocene

).
@Philippe. Merci pour ton post, très intéressant.
Une autre méthode intuitive, pour évaluer la "vraie" réserve d'un gisement :
Je prends des hypothèses de travail donc sur un gisement imaginaire.
50 Gb déja extraits
100 Gb de réserves prouvées à 90% -> 150 Gb (coef 1.5)
150 Gb de réserves probables à 50% -> 150 Gb (coef 1)
200 Gb de réserves possibles à 10%-> 40 Gb (coef 0.2)
On peut donc prendre 150 + 150 + 40 comme valeur raisonnable de ce que l'on pourra extraire à la fin. Et 50 + 150 + 150 + 40 comme URR.
Le problème est que la notion de prouvées, probables, possibles est bien déterminée par Laherrere par exemple. Si il pouvait examiner librement les données de toute la planète on aurait quelque chose de correct. Seulement, lui et ses pairs n'ont accès qu'à une petite partie des données mondiales (en gros celles de l'OCDE et encore).
Pa exemple un pays annonce qu'il a 300 Gb de "réserves (sans préciser). Après une étude attentive des experts décomposent ainsi :
120 Gb prouvées -> 180
100 Gb probables -> 100
80 Gb possibles -> 16
total réaliste : 296 Gb
Un autre pays annonce aussi 300 Gb de "réserves". Mais en fait, après examen on s'aperçoit qu'il y a 150 Gb de possibles et 150 Gb complètement bidonnées. Ce qui donne en fait 30 Gb "réaliste".
Le principal problème est que l'on ne sait pas dans quel cas on est ... Par exemple, l'Irak vient de réévaluer ses "réserves" de 100 à 350 Gb. Mais il s'agit de quoi en réalité ?
De plus, il y a le problème du taux d'extraction. Souvent on extrait 1/3 du pétrole d'un gisement et on en laisse 2/3 au fond (on ne sait pas comment faire). Si un nouveau procédé (miraculeux ?) permettait de passer à 2/3 d'extractible on double d'un coup les "réserves".
Ensuite, il y a des réserves gigantesques comme (entre autres) les sables bitumeux du Canada. Les estimations varient de quelques centaines de Gb à plusieurs milliers. Mais cela importe peu car pour les extraire cela consomme tellement d'eau, de gaz, de fuel que de fait la production est limitée à 1 Mb/j actuellement et avec des investissements énormes devrait plafonner à 2 voire 4 Mb/j dans 10-20 ans. Une simple division montre par contre qu'elles devraient durer plusieurs siècles.
Personnellement, je ferais plutôt confiance à des professionnels comme Laherrere. En réévaluant un peu car comme tout individu il veut à tout prix prouver que son hypothèse initiale était bonne.
Sinon, une autre approche plus réaliste consiste à regarder les débits de production. Partons du postulat que tout acteur économique cherche le profit maximum et plutôt à court terme avec des actionnaires impatients. Que constate-t-on ? Que les producteurs sont globalement au taquet. D'où la montée des prix.
A cette aune (débit de production) on voit bien qu'additionner les "réserves" revient à mélanger torchons et serviettes. En Afrique de l'Ouest il y a des champs offshore sortant un pétrole de qualité à fort débit. Ordre de grandeur d'un tel champ pour fixer les idées (cela ne correspond donc à rien de réel):
5 Gb de réserves "raisonnables", débit 1 Mb/j à peu près constant pendant 10 ans (3.6 Gb) puis déclin progressif.
500 Gb de "réserves" avec les sables bitumeux du Canada. Débit attendu 2 Mb/j pendant des siècles.
Peut-on légitimement dire que l'on a 500 + 5 = 505 Gb de "réserves" ?
En conclusion je dirais que la plupart des "réserves" que les optimistes alignent actuellement sont du genre 500 Gb de "réserves" pour 2 Mb/j de débit après 10-20 ans d'investissements gigantesques.
Ces fameuses réserves "gigantesques" n'auront donc qu'un impact très faible sur le PeakOil. Par contre, si elles ne sont pas bidonnées, elles assureront l'essentiel de la production dans 50-100 ans (10-20-30 Mb/j ?).
pour finir une citation de MiniTax sur Liberaux.org :
[quote] -Le mois dernier, l'Iraq a déclaré 350 Mb de réserve de pétrole (11 ans de conso mondiale actuelle)
-Quelques jours plus tard, le Vénézuela a ajouté 30 Mb de réserve soit un an de conso mondiale et c'est un ajout à un pool existant de 100 Mb
- La semaine dernière, les réserves de la Mer du Nord bondissent de 30 à 37 Mb.
- Le même jour, la Croatie a annoncé que ses réserves sont équivalentes à celles du Koweit.
- Deux jours plus tard, la Thaïlande a réévalué à la hausse son champ de Bualand de 50% (11 Mb)
(sources de ces news dans ce lien : http://motls.blogspot.com/2008/06/bp-peak-oil-reached.html )
Punaise, pour croire qu'on est au peak oil, il faut avoir le cerveau drôlement lavé crying.gif
[/quote]
Petit jeu : dans quelle catégorie classer ces nouvelles réserves ?
On pourrait aussi ajouter la "découverte" (en fait connu depuis longtemps) d'un "océan de pétrole" au Nord des USA de 500 Gb (les fameux Bakken centrés au Nord Dakota). En pratique on pense pouvoir en extraire (peut-être) 5.
A mon avis, aucune de ces nouvelles "réserves" ne retardera le PeakOil (trop tard, trop faible débit). Par contre, à terme, elles atténueront le déclin en empêchant peut être la grosse catastrophe (très attendue sur Oleocene :-( ).