par toto » 06 mai 2006, 07:15
L’enseignement, pourtant prodigué à tous les enfants, était organisé suivant des modalités qui donnent à réfléchir. Les instituteurs proposaient leurs services sur le marché ! « C’est même une chose curieuse, disait un préfet en l’an X avec émerveillement, de voir, dans les foires d’automnes, ces instituteurs couverts d’habits grossiers, se promener dans la foule, au milieu des bestiaux, ayant sur leur chapeau une plume d’oie, qui indique, leur état, et leur volonté de se louer pour l’hiver moyennant un prix à convenir ». Une plume d’oie indique l’aptitude à enseigner la lecture et l’écriture, deux plumes l’arithmétique et les sciences naturelles, trois plumes le latin en plus.
Chaque municipalité nommait ses instituteurs après examen ou concours fin septembre ou début octobre. Ainsi l’article 17 d’un règlement de Briançon de 1624 disait : « Nul ne sera reçu en cette ville pour maître d’école, qu’il n’ait été examiné par deux avocats et un bourgeois commis par le conseil ; comme aussi seront ses gages résolus en conseil ». Souvent, la notoriété dispensait de comparaître, mais il suffisait quun seul parent conteste pour que l’examen soit exigé. La compétence se payait. Les rémunérations pouvaient aller du simple au quintuple.
Chaque famille était tenue de payer « l’écolage ». Toutes mettaient un point d’honneur à l’acquitter, si modestes fussent-elles. Celles qui ne pouvaient vraiment pas en étaient discrètement dispensées. Au chef-lieu, la classe avait lieu dans la salle servant aux réunions du conseil. Dans les villages, elle se faisait….dans une étable, à l’abri de la froidure.
L’instruction du peuple atteignait dans ces vallées libres un niveau sans pareil pour l’époque. 35% des femmes et 90% des hommes savaient lire. D’autres facteurs contribuaient à une éducation de grande qualité.
1. La lecture s’achevait sur le décryptage des archives de notaires ou d’avocats, ce qui inculquait aux élèves des notions de droit.
2. Beaucoup d’hommes valides émigraient pendant la mauvaise saison pour aller faire toutes sortes de métiers dans les « bons pays », et ils y créaient des réseaux commerciaux. Il leur fallait donc savoir lire, écrire et compter.
3. Pendant les pérégrinations hivernales des pères, les mères et les grands parents restés aux foyer employaient les soirées à faire faire leurs devoirs aux enfants et à compléter l’enseignement du maître.
4. A la belle saison, les instituteurs complétaient volontiers leurs revenus en travaillant dans les fermes, ce qui leur donnait une ouverture incomparable sur le monde réel.
Leur réputation était grande, et ils se louaient très loin, jusqu’en Alsace ou à l’étranger, pendant ce qu’on appelait une « campagne d’école ». On les appelait « les marchands de participes ».
En 1713, sous Louis XIV, des envoyés de la cour, qui pensaient avoir à faire à des paysans illétrés signant d’une croix, furent ébahis de recueillir de belles signatures accompagnées de commentaires.
Ca se passe dans
la république des Escartons, des villages de montagnes aux conditions difficiles.
Je vois trés bien, dans un avenir proche, les gamins aller à l'école en galoche, disserter sur la mécanique quantique quand les parents, qui maitriseront ces notions depuis longtemps, préféreront jouer à la marelle.
Si c'est ça le développement, j'adhère.
[quote]L’enseignement, pourtant prodigué à tous les enfants, était organisé suivant des modalités qui donnent à réfléchir. Les instituteurs proposaient leurs services sur le marché ! « C’est même une chose curieuse, disait un préfet en l’an X avec émerveillement, de voir, dans les foires d’automnes, ces instituteurs couverts d’habits grossiers, se promener dans la foule, au milieu des bestiaux, ayant sur leur chapeau une plume d’oie, qui indique, leur état, et leur volonté de se louer pour l’hiver moyennant un prix à convenir ». Une plume d’oie indique l’aptitude à enseigner la lecture et l’écriture, deux plumes l’arithmétique et les sciences naturelles, trois plumes le latin en plus.
Chaque municipalité nommait ses instituteurs après examen ou concours fin septembre ou début octobre. Ainsi l’article 17 d’un règlement de Briançon de 1624 disait : « Nul ne sera reçu en cette ville pour maître d’école, qu’il n’ait été examiné par deux avocats et un bourgeois commis par le conseil ; comme aussi seront ses gages résolus en conseil ». Souvent, la notoriété dispensait de comparaître, mais il suffisait quun seul parent conteste pour que l’examen soit exigé. La compétence se payait. Les rémunérations pouvaient aller du simple au quintuple.
Chaque famille était tenue de payer « l’écolage ». Toutes mettaient un point d’honneur à l’acquitter, si modestes fussent-elles. Celles qui ne pouvaient vraiment pas en étaient discrètement dispensées. Au chef-lieu, la classe avait lieu dans la salle servant aux réunions du conseil. Dans les villages, elle se faisait….dans une étable, à l’abri de la froidure.
L’instruction du peuple atteignait dans ces vallées libres un niveau sans pareil pour l’époque. 35% des femmes et 90% des hommes savaient lire. D’autres facteurs contribuaient à une éducation de grande qualité.
1. La lecture s’achevait sur le décryptage des archives de notaires ou d’avocats, ce qui inculquait aux élèves des notions de droit.
2. Beaucoup d’hommes valides émigraient pendant la mauvaise saison pour aller faire toutes sortes de métiers dans les « bons pays », et ils y créaient des réseaux commerciaux. Il leur fallait donc savoir lire, écrire et compter.
3. Pendant les pérégrinations hivernales des pères, les mères et les grands parents restés aux foyer employaient les soirées à faire faire leurs devoirs aux enfants et à compléter l’enseignement du maître.
4. A la belle saison, les instituteurs complétaient volontiers leurs revenus en travaillant dans les fermes, ce qui leur donnait une ouverture incomparable sur le monde réel.
Leur réputation était grande, et ils se louaient très loin, jusqu’en Alsace ou à l’étranger, pendant ce qu’on appelait une « campagne d’école ». On les appelait « les marchands de participes ».
En 1713, sous Louis XIV, des envoyés de la cour, qui pensaient avoir à faire à des paysans illétrés signant d’une croix, furent ébahis de recueillir de belles signatures accompagnées de commentaires.[/quote]
Ca se passe dans [url=http://bastiat.net/fr/cercle/rencontres/2002-1.html]la république des Escartons[/url], des villages de montagnes aux conditions difficiles.
Je vois trés bien, dans un avenir proche, les gamins aller à l'école en galoche, disserter sur la mécanique quantique quand les parents, qui maitriseront ces notions depuis longtemps, préféreront jouer à la marelle.
Si c'est ça le développement, j'adhère.