Ce message était initialement une réponse à Alter Egaux sur le fil "José Bové président" (
http://www.oleocene.org/phpBB2/viewtopic.php?t=749 ). Juste avant de le poster, je prends connaissance de sa présentation disons ... hagiographique de la carrière de N. Sarkozi (
http://www.oleocene.org/phpBB2/viewtopic.php?t=3676 ). Il n'est donc évidemment plus question que je lui réponde directement sans cautionner sa démarche, qui, c'est peut-être à discuter, aurait sans doute plus sa place sur un site ouvertement militant.
Si c'est le virage que doit prendre Oléocène, je me contenterai dorénavant d'essayer de me cacher dans les discussions purement techniques.
Néanmoins, comme j'ai passé pas mal de temps à concocter ce texte et n'ai pas envie de le jeter à la poubelle, je me permets de le placer ici.
---
Bien que j'essaie en général de peser mes propos, j'ai du mal m'exprimer pour m'attirer un message aussi violent. Il fallait bien que cela m'arrive un jour ici. Cela me rappelle le bon vieux temps des joutes sur Liberaux.org. Clarifions.
Comme je l'ai dit, je n'ai rien de personnel contre José Bové, que je connais mal. Son action m'est plutôt sympathique ; j'écouterai ses propositions s'il est candidat et voterai pour lui si elles me conviennent moins mal que celles des autres.
Je suis par ailleurs parfaitement conscient qu'il faut être visible - médiatiquement et physiquement - pour exister politiquement. Comment nier une chose aussi évidente ?
Je pense qu'il est nécessaire de réduire de façon importante et rapide notre consommation d'énergie fossile et de façon plus générale notre pression sur les ressources de la planète si nous voulons éviter de graves ennuis plus tard. Je ne dis pas que cela me fait plaisir, mais je ne vois pas comment l'éviter. J'estime que c'est un effort gigantesque et, contrairement à beaucoup, qu'il sera malheureusement très douloureux. Si l'on veut avoir une chance que cet effort se fasse au niveau individuel et collectif, il est urgent et vital que l'information circule. Les personnages publics sensibilisés à ces questions sont en position de faire passer l'information. Je leur demande seulement de faire passer le bon message, avec les bons ordres de grandeur et sans hypocrisie. Si vous êtes sérieux dans votre désir de sauver la planète, il ne suffira pas de trier vos déchets plastiques ou de mettre une pierre dans votre WC, il faudra aussi repenser profondément votre manière de consommer, de travailler, de vous déplacer. Vous pouvez partir en vacances à l'autre bout du monde en avion ou sauver la planète, mais pas les deux ensemble.
J.M. Jancovici explique qu'il ne pouvait pas décemment parler comme il le fait du réchauffement climatique sans montrer lui même l'exemple. Ses pages (
http://www.manicore.com/documentation/s ... ovici.html ) qui décrivent les émissions de gaz à effet de serre de son foyer sont parmi les plus intéressantes. Elle sont très pédagogiques car elles permettent de montrer les ordres de grandeur en jeu, l'importance relative de chaque poste et la difficulté que nous auront à atteindre les objectifs. En relisant ces textes, je suis tombé sur le dernier paragraphe concernant l'aviation (
http://www.manicore.com/documentation/aeroport.html ), qui reflète assez l'esprit dans lequel j'ai écrit mon post coupable.
Je suis bien certain que la plupart des Oléocéniens ont eu la même démarche lors de leur éveil aux problèmes écologiques. Pour différentes raisons, mais aussi pour celle-là ; si je dois jouer au donneur de leçons, je me dois de donner un minimum d'exemple.
Ma proposition de bilan écologique des candidats des présidentielles n'était pas faite dans le but d'établir quelque classement malsain, mais dans un but d'information, de pédagogie. Chaque candidat nous présentera ses propositions pour un "développement durable". Les plus mal informés ou les plus hypocrites vanteront leur propre action personnelle, les petits gestes faciles pour sauver la planète : "J'éteins la lumière quand je sors d'une pièce" ou "Je réutilise mes sacs en plastique".
Mon irritation devant ce type de comportement très commun explique aussi l'esprit de mon premier post. Un interlocuteur qui n'a jamais eu accès à l'information est parfaitement excusable. Il faut au contraire user d'un maximum de tact pour lui montrer qu'il se trompe sans doute. Un personnage public qui prétend nous donner des leçons alors que son message est trompeur ou mensonger est insupportable.
Dans les listes de questions que l'on pose rituellement à chaque candidat, il ne me semblerait pas indécent, bien au contraire, qu'il y en ait une sur ce sujet. Je ne comprends pas bien pourquoi ce sujet, qui est pour moi le plus important, serait tabou. Peut-être faudrait-il effectivement défalquer la part directement liée à leur nécessaire surexposition par rapport au citoyen lambda ? Si cela fait trop "chasse aux sorcières", parler alors d'"empreinte écologique moyenne des candidats" ou de fourchette.
J'aurais le plus grand respect pour l'homme politique qui à sa lecture de son bilan répondrait : "voila, j'utilise par mon mode de vie les ressources de x planètes, beaucoup plus que chaque français qui en utilise quand même 3, ce qui n'est pas soutenable. Pour moi, avoir un comportement responsable compatible avec un équilibre écologique soutenable signifierait telles et telles actions, souvent contraignantes. Tout comme vous, je ne puis évidemment pas les faire toutes sans m'exclure de la société. Mais voila le but à atteindre".
Je reviens à J. Bové. Je ne lui fais pas de procès d'intention. Qu''il construise une maison bioclimatique est une superbe initiative. Mais s'il en parle publiquement le présentant comme un exemple de comportement personnel responsable, il est alors indispensable qu'il précise aussi que son mode de vie - aussi justifié soit-il à ses yeux - est par ailleurs totalement incompatible avec la notion de partage équitable des ressources de la planète. S'il ne le fait pas, alors oui, c'est un défaut.
Pardonnez-moi la longueur de ce post, mais je suis un peu énervé.
Ce message était initialement une réponse à Alter Egaux sur le fil "José Bové président" ( http://www.oleocene.org/phpBB2/viewtopic.php?t=749 ). Juste avant de le poster, je prends connaissance de sa présentation disons ... hagiographique de la carrière de N. Sarkozi ( http://www.oleocene.org/phpBB2/viewtopic.php?t=3676 ). Il n'est donc évidemment plus question que je lui réponde directement sans cautionner sa démarche, qui, c'est peut-être à discuter, aurait sans doute plus sa place sur un site ouvertement militant.
Si c'est le virage que doit prendre Oléocène, je me contenterai dorénavant d'essayer de me cacher dans les discussions purement techniques.
Néanmoins, comme j'ai passé pas mal de temps à concocter ce texte et n'ai pas envie de le jeter à la poubelle, je me permets de le placer ici.
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Bien que j'essaie en général de peser mes propos, j'ai du mal m'exprimer pour m'attirer un message aussi violent. Il fallait bien que cela m'arrive un jour ici. Cela me rappelle le bon vieux temps des joutes sur Liberaux.org. Clarifions.
Comme je l'ai dit, je n'ai rien de personnel contre José Bové, que je connais mal. Son action m'est plutôt sympathique ; j'écouterai ses propositions s'il est candidat et voterai pour lui si elles me conviennent moins mal que celles des autres.
Je suis par ailleurs parfaitement conscient qu'il faut être visible - médiatiquement et physiquement - pour exister politiquement. Comment nier une chose aussi évidente ?
Je pense qu'il est nécessaire de réduire de façon importante et rapide notre consommation d'énergie fossile et de façon plus générale notre pression sur les ressources de la planète si nous voulons éviter de graves ennuis plus tard. Je ne dis pas que cela me fait plaisir, mais je ne vois pas comment l'éviter. J'estime que c'est un effort gigantesque et, contrairement à beaucoup, qu'il sera malheureusement très douloureux. Si l'on veut avoir une chance que cet effort se fasse au niveau individuel et collectif, il est urgent et vital que l'information circule. Les personnages publics sensibilisés à ces questions sont en position de faire passer l'information. Je leur demande seulement de faire passer le bon message, avec les bons ordres de grandeur et sans hypocrisie. Si vous êtes sérieux dans votre désir de sauver la planète, il ne suffira pas de trier vos déchets plastiques ou de mettre une pierre dans votre WC, il faudra aussi repenser profondément votre manière de consommer, de travailler, de vous déplacer. Vous pouvez partir en vacances à l'autre bout du monde en avion ou sauver la planète, mais pas les deux ensemble.
J.M. Jancovici explique qu'il ne pouvait pas décemment parler comme il le fait du réchauffement climatique sans montrer lui même l'exemple. Ses pages ( http://www.manicore.com/documentation/serre/jancovici.html ) qui décrivent les émissions de gaz à effet de serre de son foyer sont parmi les plus intéressantes. Elle sont très pédagogiques car elles permettent de montrer les ordres de grandeur en jeu, l'importance relative de chaque poste et la difficulté que nous auront à atteindre les objectifs. En relisant ces textes, je suis tombé sur le dernier paragraphe concernant l'aviation ( http://www.manicore.com/documentation/aeroport.html ), qui reflète assez l'esprit dans lequel j'ai écrit mon post coupable.
Je suis bien certain que la plupart des Oléocéniens ont eu la même démarche lors de leur éveil aux problèmes écologiques. Pour différentes raisons, mais aussi pour celle-là ; si je dois jouer au donneur de leçons, je me dois de donner un minimum d'exemple.
Ma proposition de bilan écologique des candidats des présidentielles n'était pas faite dans le but d'établir quelque classement malsain, mais dans un but d'information, de pédagogie. Chaque candidat nous présentera ses propositions pour un "développement durable". Les plus mal informés ou les plus hypocrites vanteront leur propre action personnelle, les petits gestes faciles pour sauver la planète : "J'éteins la lumière quand je sors d'une pièce" ou "Je réutilise mes sacs en plastique".
Mon irritation devant ce type de comportement très commun explique aussi l'esprit de mon premier post. Un interlocuteur qui n'a jamais eu accès à l'information est parfaitement excusable. Il faut au contraire user d'un maximum de tact pour lui montrer qu'il se trompe sans doute. Un personnage public qui prétend nous donner des leçons alors que son message est trompeur ou mensonger est insupportable.
Dans les listes de questions que l'on pose rituellement à chaque candidat, il ne me semblerait pas indécent, bien au contraire, qu'il y en ait une sur ce sujet. Je ne comprends pas bien pourquoi ce sujet, qui est pour moi le plus important, serait tabou. Peut-être faudrait-il effectivement défalquer la part directement liée à leur nécessaire surexposition par rapport au citoyen lambda ? Si cela fait trop "chasse aux sorcières", parler alors d'"empreinte écologique moyenne des candidats" ou de fourchette.
J'aurais le plus grand respect pour l'homme politique qui à sa lecture de son bilan répondrait : "voila, j'utilise par mon mode de vie les ressources de x planètes, beaucoup plus que chaque français qui en utilise quand même 3, ce qui n'est pas soutenable. Pour moi, avoir un comportement responsable compatible avec un équilibre écologique soutenable signifierait telles et telles actions, souvent contraignantes. Tout comme vous, je ne puis évidemment pas les faire toutes sans m'exclure de la société. Mais voila le but à atteindre".
Je reviens à J. Bové. Je ne lui fais pas de procès d'intention. Qu''il construise une maison bioclimatique est une superbe initiative. Mais s'il en parle publiquement le présentant comme un exemple de comportement personnel responsable, il est alors indispensable qu'il précise aussi que son mode de vie - aussi justifié soit-il à ses yeux - est par ailleurs totalement incompatible avec la notion de partage équitable des ressources de la planète. S'il ne le fait pas, alors oui, c'est un défaut.
Pardonnez-moi la longueur de ce post, mais je suis un peu énervé.