L'Ademe

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Re: L'Ademe

par GillesH38 » 23 sept. 2022, 07:56

JMJ a répondu , c'est agréable d'avoir en face des gens honnêtes qui discutent et pas des trolls qui se mettent à dire n'importe quoi en t'accusant de tous les maux dès que tu n'es pas d'accord avec eux !!

Mon message
Cher Jean Marc

Je ne sais pas si tu te souviens de moi, on avait eu quelques échanges il y a assez longtemps et j’avais même participé à une réunion du Shift Project invité par XXXX (vers 2010, c’était encore embryonnaire !) . Je suis astrophysicien à Grenoble (collègue d’Aurélien Barrau !) , et intéressé par les problèmes d’énergie depuis le milieu des années 2000 (la lecture de ton excellent site m’avait d’ailleurs appris plein de choses sur le sujet).

Le fait est cependant que plus les choses avancent, et moins je suis à l’aise avec le discours climatique. Il y a manifestement un antagonisme entre le fait de renoncer aux fossiles et à la richesse qu’ils produisent, et le coût du RCA : si je comprends bien tes positions, tu es tout à fait convaincu qu’une grande partie de la richesse actuelle vient de la disponibilité en fossiles bon marché. Il est fâcheux bien sur que les fossiles produisent à la fois de la richesse, et de la pollution et du réchauffement, mais en même temps ce n’est pas si extraordinaire que ça qu’une action ait à fois des avantages et des inconvénients. C’est même plutot la situation la plus courante, on a la même chose avec les voitures (accidents, pollution), beaucoup de politiques de santé (vaccinations, dépistage), ou le nucléaire, pour ne citer que quelques sujets populaires.

La démarche habituelle dans ce genre de problème est d’adopter une analyse coût-bénéfice en pesant le pour et le contre (pas forcément seulement financier bien sur) et en essayant d’adopter l’attitude optimale maximisant la différence bénéfice - coût. Les opinions peuvent diverger sur l’ampleur de ces coûts et bénéfices, et donc sur l’action à entreprendre (cas typique pour le nucléaire), mais personne ne conteste je pense que le principe de la méthode est correct.

Logiquement, donc, on devrait traiter le problème du climat en cherchant un genre d’optimum de la consommation totale de fossiles (ou du rythme de décroissance de leur consommation, qui est mathématiquement lié), compte tenu de la richesse qu’ils produisent et ce qu’ils coutent.

Mais là où j’ai un vrai problème, c’est qu’il semble que la question de l’estimation des coûts relatifs ne soit quasiment jamais discutée et que çà ne semble gêner personne. Je n’arrive pas à trouver’d’estimation consensuelle ni du coût du RCA, ni de celui de se passer de fossiles. On pourrait logiquement penser que c’est une estimation préalable indispensable à toute stratégie, mais elle est complètement absente des débats.

Un épisode symptomatique est celui d’une altercation sur RTL entre l’écrivain Abnousse Shalmani et le ministre de l’écologie d’alors , Nicolas Hulot. Elle le reprend sur les chiffres des victimes des catastrophes naturelles en lui rappelant qu’elles ont fait « 11 000 victimes en 2008 et 3,7 millions en 1931 (année d’inondations catastrophiques en Chine). Nicolas Hulot s’emporte alors en la traitant de négationniste et menace de quitter le plateau.

https://twitter.com/lcp/status/12182514 ... 76?lang=fr

Le problème est que c’est plutot Abnousse qui a raison. Je dis « plutot » parce qu’elle fait une erreur de date , le chiffre de 11 000 victimes est celui de 2018 et pas de 2008. 2008 est une très mauvaise année en terme de victimes à cause d’un typhon très puissant arrivé en Birmanie, dont la junte au pouvoir n’a pas averti la population, en maintenant des élections, et qui a fait 200 000 victimes. Mais c’est une année très particulière, la moyenne des autres années 2000 est bien autour de 10 000. Bon 1931 était aussi une année très spéciale mais il est indéniable que les catastrophes climatiques faisaient bien plus de victimes avant. Ces chiffres sont bien documentés et visibles par exemple sur le site Our World in Data qui n’a rien de complotiste : https://ourworldindata.org/natural-disasters Il est par ailleurs perturbant qu’une personnalité aussi médiatique, ministre de surcroit, comme Nicolas Hulot, profère des absurdités aussi grosses sur des chiffres de base.

En fait il n’y a rien sur ce site qui soutienne l’idée que les catastrophes naturelles aient un cout humain ou financier (en terme de % du PIB , le cout ayant une composante évidemment proportionnelle à la richesse) bien plus important qu’avant , au contraire.

Parmi les rares travaux ayant tenté d’estimer un optimum de consommation de fossiles figurent les travaux du prix Nobel Nordhaus , travaux que tu connais bien puisque tu les as vertement critiqués : https://jancovici.com/publications-et-c ... le-climat/ , parce qu’il trouve un optimum de réchauffement autour de 3,5 °C ,bien au dessus des objectifs de 2°C de l’accord de Paris

Bon moi je n’ai qu’une confiance très limitée sur les estimations des économistes et je ne mettrai pas ma main au feu que Nordhaus ait raison, mais quand même c’est très perturbant qu’on donne le prix Nobel à quelqu’un qui dirait n’importe quoi, et si ces chiffres sont faux, lesquels sont justes alors ? Et si on ne les connait pas, comment arriver à déclarer qu’il faut se limiter à tant de °C ou à tant de Gt de fossiles, si on n’a pas d’éléments pour les calculer?.

Je sais ta passion de la rigueur dans les raisonnements, mais j’ai du mal à voir dans tes différents discours les estimations que tu aurais personnellement sur la comparaison des coûts associés au RCA et à la suppression de fossile. Si les catastrophes naturelles ne coutent que moins de 1% du PIB, le RCA qui porte sur la variation de ce chiffre doit avoir une influence encore bien inférieure, mais comment imaginer que baisser la consommation de fossiles de 5 % par an ne couterait que moins de 1% du PIB total à la fin ? Dans ce cas c’est que les fossiles ne seraient pour rien dans la richesse économique actuelle, mais ce n’est pas du tout ton discours, donc comment résous tu cette contradiction ?

Bien cordialement

Gilles

PS : j’ai bien conscience que tu dois etre extrêmement sollicité et que tu as très peu de temps à consacrer à tes mails, donc je ne me formaliserais absolument pas que tu forwardes simplement ce message à quelqu’un de moins médiatique et plus disponible, mais en qui tu aurais toute confiance pour me répondre (qui ne doivent pas manquer au Shift Project) , je cherche vraiment juste des réponses un peu quantitatives à ces questions et pas du tout à importuner qui que ce soit.
sa réponse
Bonjour Gilles

In a nutshell comme disent les anglais, l'abondance énergétique a effectivement fait baisser le bilan humain de plein de "calamités" que nous avions avant. Mais elle a engendré d'autres : la pollution, la sédentarité et l'excès alimentaire, les accidents de la route,etc. Il n'empêche que l'âge moyen du décès (que l'on appelle improprement espérance de vie) a fortement augmenté.

Mais... l'expérience n'est pas terminée. En fait tant que nous aurons plein d'énergie fossile les pollutions et perturbations humaines - dont le réchauffement climatique - engendreront des dommages ayant surtout une valeur sentimentale (on peut vivre sans forêts mais ca fait mal au coeur de les voir mourir et on peut vivre sans coraux probablement). Avec plein d'énergie on peut vivre climatisés et sortir en scaphandres dans un monde où il pousse encore de quoi se nourrir. C'est une fois que l'approvisionnement énergétique commencera à baisser alors que les conditions commenceront à être franchement hostiles que la machine va s'emballer.

Plus la transition vers des énergies décarbonées est anticipée et précoce et mieux on se portera. Mais cela n'empêche pas que Hulot a eu tort de nier que les catastrophes naturelles faisaient plus de dégâts humains il y a un siècle si c'est bien cela qu'il a fait.

Bien à toi

Jean-Marc
réponse honnête, mais encore une fois peu satisfaisante quantitativement. Je lui ai répondu ça
Bonjour Jean Marc

Merci pour ta réponse, bien sûr je suis d’accord avec ça, néanmoins ma perplexité vient de l’affichage d’un but quantitatif de budget carbone à atteindre, je ne comprends pas comment cet « optimum » est évalué . Quand tu dis "Plus la transition vers des énergies décarbonées est anticipée et précoce et mieux on se portera. », si c’était le seul critère à optimiser, l’optimum serait simplement de tout arrêter demain !

Ce n’est pas une conclusion absurde, c’est effectivement ce que cherchent à faire ceux qui veulent se passer d’alcool ou de tabac, qui n’apportent aucun avantage particulier, et donc l’optimum est bien d’arrêter le plus vite possible, et immédiatement et complètement si possible.

Or je ne pense pas que personne ne pense sérieusement que ce serait un optimum d’arrêter immédiatement toute consommation fossile, les conséquences en seraient assez probablement la mort par famine de milliards de gens. Donc si ce n’est pas l’optimum, il doit se trouver quelque part un optimum de la valeur du taux de décroissance - qui est lié mathématiquement au budget carbone restant (pour une décroissance exponentielle, la quantité restante à extraire est simplement la production actuelle divisée par le taux de décroissance).

L’évaluation de cet optimum devrait balancer les avantages de ne pas décroitre trop brutalement et les inconvénients du RC associés. Mais évidemment pour évaluer cette balance il faut avoir une idée de ces coûts. Or mon problème c’est que je ne vois aucune estimation fiable disponible de ces coûts.

Et pire je ne vois aucune démonstration que cet optimum serait au-dessous de la quantité naturelle à extraire de façon économiquement rentable - et si il est au dessus, ça veut dire que l’optimum serait naturellement contraint par les réserves disponibles (on est à une frontière du simplexe déterminé par une contrainte), et il n’y a rien à faire pour minimiser cette quantité. Ce qui ne veut pas dire bien sur que les efforts qu’on fait pour économiser l’énergie sont inutiles, évidemment je ne suis pas contre : mais leur utilité résiderait dans le fait de minimiser la décroissance, mais pas de minimiser le montant total extrait, donc de continuer quand même à chercher et à extraire toutes les sources disponibles (comme si il n’y avait pas d’effet de serre en fait). .

Et de fait le comportement réel de l’économie et de l’extraction de ressources me semble se dérouler exactement comme si c’était le cas, non ?

Bien cordialement

Gilles

Re: Petite discussion avec un spécialiste de l'anthropocène

par GillesH38 » 22 sept. 2022, 10:49

Je reviens sur le message de l'ADEME
GillesH38 a écrit :
21 sept. 2022, 07:16
L'ADEME sort quatre scénarios pour arriver à la neutralité carbone , transitions 2050

Quelques extraits de la présentation :

Si sa définition est à peu près partagée, le chemin pour l’atteindre reste encore flou, voire totalement inconnu, pour la plupart des décideurs et des citoyens. Face à l’urgence climatique, les changements à opérer sont d’une telle ampleur qu’il est pourtant indispensable d’accélérer les débats sur les choix de société à conduire mais le chemin pour l’atteindre reste encore flou, voire inconnu, pour les décideurs et les citoyens.

Les quatre voies présentées, chacune dotée de sa propre cohérence, permettent à la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Mais toutes sont difficiles et nécessitent une planification orchestrée des transformations, associant État, territoires, acteurs économiques et citoyens.

Atteindre la neutralité repose sur des paris forts, aussi bien sur le plan humain (changements de comportements) que technologique (puits de carbone en particulier). Tous les scénarios comportent donc une part de risque. Mais tous n’entraînent pas les mêmes conséquences environnementales, sociales et économiques.

La réduction de la demande en énergie, elle-même liée à la demande de biens et de services, est le facteur clé pour atteindre la neutralité carbone. Cette réduction peut aller de 23% à 55 % par rapport à 2015 suivant les scénarios, chacun reposant sur un équilibre différent entre sobriété et efficacité énergétique.

Le potentiel de l’efficacité énergétique se heurtant à des limites physiques et surtout à celle des technologies disponibles, on n’échappe donc pas à une interrogation sur la sobriété.
je serais intéressé à savoir qui, ici, ne partage pas les avis donnés par l'ADEME (et en particulier ce qui est souligné en gras), avec un intérêt spécial pour l'avis de Jeudi ?
personne n'a réagi donc je pense que la plupart d'entre vous partagent assez l'avis de l'ADEME ?

qui implique un certain nombre de choses comme

a) le chiffrage des coûts réels de la transition économique est très difficile à faire, et largement inconnu. Il n'y a pas de consensus sur le sujet
conséquence logique : aucun but quantitatif de réduction de CO2 ne peut etre défini avec certitude comme étant un "optimum" dans une démarche coût bénéfice, donc aucune raison spéciale d'adhérer à une valeur plutot qu'à une autre.

b) la "sobriété" est indispensable, mais la sobriété n'est qu'une manière politiquement correcte de nommer une baisse du PIB. Evidemment si les gens consomment moins, ça fera baisser le PIB. Si le coût réel est inconnu, on sait néanmoins qu'il sera une fraction significative du PIB, alors que les coûts chiffrés du RC sont de l'ordre de moins de 1% du PIB - selon toute vraisemblance, les efforts de réduction des fossiles couteront plus chers que le RC

c) ça invalide bien sur l'idée que les renouvelables seraient capables de remplacer quantitativement les fossiles et encore plus de poursuivre une croissance économique, et donc ça valide en creux l'hypothèse que, RCA ou pas RCA, la déplétion des fossiles sera un problème pour la société .

d) le fait qu'il y ait des limites physiques à l'efficacité énergétique, plus généralement, interdit une croissance économique infinie avec des ressources énergétiques finies. La fin de la croissance est une nécessité mathématique.

Bref, exactement les arguments que j'ai présentés jusqu'ici, merci à l'ADEME de les confirmer , et à vous d'y avoir apporté un accord tacite en ne les critiquant pas :-D

Re: L'Ademe

par GillesH38 » 21 sept. 2022, 18:30

bon en attendant les réponses sur l'ADEME, j'ai essayé une climatologue, Valérie Masson-Delmotte, et là miracle elle m'a répondu dans la journée, nickel !!!
Chère madame Masson-Delmotte

J’ai sollicité certaines personnalités dont M.R-Z sur le chiffrage du coût du RCA- sans avoir de réponse pour le moment.

Ma question principale est de savoir quelles sont les bases scientifiques pour dire que le RCA causerait plus de dommage à la société que la suppression de la consommation de fossiles - ce qui suppose déjà qu’on ait des chiffres à peu près fiables pour les comparer. Or je ne trouve pas d’estimation du coût du RCA qui montre quelque chose d’important à l’échelle de l’économie mondiale - en réalité je ne sais même pas si il y a un chiffrage tout court. Je sais que vous êtes hyper sollicitée, mais en tant qu’autorité en la matière, auriez vous des références à m’indiquer qui permette de faire cette estimation ?

En PJ, Copie du message adressé à Mme R-Z

Bien cordialement
et la miracle elle me répond dans la journée !
Bonjour,

Je pense que vous trouverez ces éléments dans les rapports des groupes 2 et 3 du GIEC (www.ipcc.ch) mais avec des difficultés pour chiffrer le coût des dommages (notamment des pays les plus fragiles), les coûts associés à la perte de fonctions et services d'écosystèmes dégradés, et chiffrer le coût de l'adaptation.

Regardez donc le "cross working group box" ECONOMIC (qui figure dans les rapports des groupes 2 et 3) et s'appuie sur la littérature et les méthodes utilisées pour les impacts économiques aggrégées et l'évaluation du coût social du carbone et une discussion des questions ouvertes.

L'évaluation du groupe 2 du GIEC prend en compte d'autres sources d'informations concernant les risques (au delà des estimations monétaires) qui doivent être pris en considération (key risks, reasons for concern).
Elle a peu d'estimations chiffrées dans le SPM, en voici un exemple : By 2100 the value of global assets within the future 1-in-100 year coastal floodplains is projected to be between US$7.9 and US$12.7 trillion (2011 value) under RCP4.5.

Le groupe 3 souligne les coûts associées à la décarbonation (réduction de 0.05 à 0.1% du PIB annuel), souligne que "Macroeconomic implications of mitigation co-benefits and trade-offs are not quantified comprehensively across the above scenarios and depend strongly on mitigation strategies"

et a un paragraphe entier dédié à votre question, que je recopie :

C.12.3 Estimates of aggregate economic benefits from avoiding damages from climate change, and from reduced adaptation costs, increase with the stringency of mitigation (high confidence). Models that incorporate the economic damages from climate change find that the global cost of limiting warming to 2°C over the 21st century is lower than the global economic benefits of reducing warming, unless: i) climate damages are towards the low end of the range; or, ii) future damages are discounted at high rates (medium confidence) [FOOTNOTE 69]. Modelled pathways with a peak in global emissions between now and 2025 at the latest, compared to modelled pathways with a later peak in global emissions, entail more rapid near-term transitions and higher up-front investments, but bring long-term gains for the economy, as well as earlier benefits of avoided climate change impacts (high confidence). The precise magnitude of these gains and benefits is difficult to quantify. {1.7, 3.6, Cross-Working Group Box 1 in Chapter 3 Box TS.7, WGII SPM B.4}

Le rapport du groupe 3 souligne aussi : "The economic benefits on human health from air quality improvement arising from mitigation 19 action can be of the same order of magnitude as mitigation costs, and potentially even larger (medium confidence). {3.6.3}"

La question n'est pas uniquement celle des dommages à ce jour, mais de l'escalade des dommages à venir, par rapport aux investissements pour décarboner l'économie, et ses co-bénéfices, compte-tenu des solutions qui maintenant existent.

Pour les dommages à ce jour, je vous suggère d'examiner notamment les rapports des assureurs, https://www.franceassureurs.fr/espace-p ... assureurs/ qui vont certainement être révisés à l'aune des conséquences de cet été, notamment celles de la sécheresse (y compris les effets à venir des mouvements de sols argileux, auxquels 10 millions de maisons sont exposées en France). Une autre question est celle des dommages des inondations en Guadeloupe (pluies records - à analyser pour évaluer en quoi le changement climatique dû à l'influence humaine affecte l'intensité des précipitations de ce type d'évènement) (dommages considérables et très lourds notamment sur les réseaux pour l'eau).

Voyez par ex les estimations récentes pour l'Allemagne, https://www.latribune.fr/economie/inter ... 26024.html

Valérie.
bon, merci pour la célérité, mais il y a plein de choses qui me paraissent bizarres dans tout ça, donc je lui réponds
Rebonjour Valérie

Merci pour votre réponse très rapide et très détaillée, vous êtes la première à me répondre aussi vite et précisément !!

Je préfère rester sur l’estimation des coûts actuels, parce que je trouve très compliqué d’avoir une évaluation de la fiabilité des estimations de coûts pour des scénarios futurs, pour plein de raisons (incertitudes des modèles climatiques, en particulier sur les précipitations et les ouragans, qui représentent probablement le plus grand danger potentiel, et incertitudes sur les adaptations possibles de la population, principalement ).

Je ne sais pas comment évaluer la fiabilité d’une prédiction à 2100, si vous avez un moyen de le faire, je serai ravi de le connaître : mais il y a déjà des exemples de prédictions à 20 ans ou moins, des années 2000, sur le nombre de réfugiés, qui devaient doubler en 2010 , la fonte de la banquise qui devait disparaitre en été en 2015 , ou la quantité de neige en hiver, qui devait également disparaitre en Europe peu après 2000 qui se sont révélées complètement fausses. Comme disait Niels Bohr, la prédiction est un art difficile, surtout en ce qui concerne l’avenir..

Sur les coûts actuels, la discussion me paraît quand même avoir un interêt car on dit très souvent dans les médias qu’on est déjà en pleine crise climatique, mais sans avoir vraiment de chiffres derrière. Pour ce que je peux en juger, les médias se contentent de lister chaque année les catastrophes climatiques dans le monde entier, ce qui est selon moi un très mauvais moyen d’avoir un chiffrage statistique sérieux (après tout, c’est aussi ce que font les astrologues pour confirmer leurs « prédictions », puisqu’il y a des catastrophes toutes les années, ça marche toujours...).

Les chiffres des assurances sont à prendre avec des pincettes puisqu’il faut bien évidemment les normaliser par la richesse assurée. Par exemple la prédiction qu’il pourraient « doubler au cours des 30 prochaines années » ne me parait pas être très significative, parce que les hypothèses de croissance des scénarios sont souvent autour de +2% par an, mais ça fait aussi un doublement en 35 ans.

L’exemple de l’Allemagne donne 80 milliards , pour moi sur 4 ans et pas sur 3 ans (2018,19,20,21) soit 20 milliards par an, avec dans l’article une moyenne indiquée de 6,6 milliards par an depuis 2000. Mais je ne sais pas très bien comment interpréter ces chiffres, parce qu’il y a pu avoir une série de quelques années exceptionnelles en Allemagne, et on va tendance à sélectionner évidemment les endroits et les années où il y a des catastrophes, sans parler des endroits et des années où il n’y en a pas. Par exemple cette année on parle de la sécheresse, mais pas du fait qu’il y a peu d’ouragans dans l’hémisphère Nord cette année (la tempête Fiona est la première à avoir des conséquence un peu sérieuses, mais mi-septembre), ou que la banquise a assez peu fondu par rapport aux années précédentes. D’autres années, ça pourra être le contraire.

De même tout le monde met la sécheresse en Europe occidentale sur le dos du RCA, mais quand on regarde depuis 10 ans les mois de juillet étaient plutot dans l’ensemble frais et pluvieux jusqu’en 2015. Il y a eu effectivement plusieurs années sèches depuis, mais dues à des situations de blocage anticyclonique qui ne me paraissent pas corrélés de façon évidente au RCA. En tout cas je ne vois pas de corrélation évidente avec le RCA sur la période « climatique » de 30 ans


Bref une analyse statistique sérieuse doit se faire « à l’aveugle », c’est à dire en se mettant d’accord à l’avance sur les indicateurs retenus, sans connaitre le résultat, et les suivre dans la durée, et pas par une sélection a posteriori des seuls cas qui vont dans le sens où on veut aller, ce qui est la cause de biais de sélection et de confirmation bien connus.

Sur le site OWID, par exemple, le coût des catastrophes climatiques rapportés au PIB mondial ne semble pas avoir de croissance nette : https://ourworldindata.org/grapher/glob ... -gdp-share

Meme les chiffres que vous donnez restent de l’ordre du % du PIB : par exemple pour l’Allemagne, le cout de 20 milliards d’€ par an ne représente que 0,6 % du PIB qui est de l’ordre de 3500 milliards € par an.

Après si la décarbonation ne coutait que 0,05 à 0,1 % du PIB, évidemment ça ne couterait vraiment pas cher de le faire, et il n’y aurait absolument pas à hésiter. Se débarrasser d’un coup de tous les problèmes climatiques et de réserves finies pour moins de 0,1 % de son revenu, mais qui pourrait être contre ?

Mais bon, ça voudrait dire que toute l’affaire climatique n’est qu’un arbitrage entre des coûts et bénéfices de moins de 1% du PIB?

Tout ça juste pour ça ? On est quand même très loin d’une catastrophe mondiale menaçant l’humanité !!

Mais vous y croyez vraiment, sérieusement, qu’on pourrait produire la même richesse sans aucun fossile ?

Personnellement, excusez moi, mais un coup de 0,1%, ça me parait délirant, contradictoire avec tous les messages « d’efforts » , de « sobriété » , et ça rendrait incompréhensible la difficulté évidente (surtout avec ce qui se passe actuellement en Ukraine) de se passer de fossiles : https://www.rtbf.be/article/crise-energ ... k-11069733 ,

C’est quand même gênant d’assurer que le discours climatique est rigoureux et appuyé sur des données scientifiques sérieuses , pour aboutir à des chiffres manifestement absurdes, vous ne trouvez pas ?

Bien cordialement

Gilles
à suivre donc.....

Petite discussion avec un spécialiste de l'anthropocène

par GillesH38 » 21 sept. 2022, 07:16

L'ADEME sort quatre scénarios pour arriver à la neutralité carbone , transitions 2050

Quelques extraits de la présentation :

Si sa définition est à peu près partagée, le chemin pour l’atteindre reste encore flou, voire totalement inconnu, pour la plupart des décideurs et des citoyens. Face à l’urgence climatique, les changements à opérer sont d’une telle ampleur qu’il est pourtant indispensable d’accélérer les débats sur les choix de société à conduire mais le chemin pour l’atteindre reste encore flou, voire inconnu, pour les décideurs et les citoyens.

Les quatre voies présentées, chacune dotée de sa propre cohérence, permettent à la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Mais toutes sont difficiles et nécessitent une planification orchestrée des transformations, associant État, territoires, acteurs économiques et citoyens.

Atteindre la neutralité repose sur des paris forts, aussi bien sur le plan humain (changements de comportements) que technologique (puits de carbone en particulier). Tous les scénarios comportent donc une part de risque. Mais tous n’entraînent pas les mêmes conséquences environnementales, sociales et économiques.

La réduction de la demande en énergie, elle-même liée à la demande de biens et de services, est le facteur clé pour atteindre la neutralité carbone. Cette réduction peut aller de 23% à 55 % par rapport à 2015 suivant les scénarios, chacun reposant sur un équilibre différent entre sobriété et efficacité énergétique.

Le potentiel de l’efficacité énergétique se heurtant à des limites physiques et surtout à celle des technologies disponibles, on n’échappe donc pas à une interrogation sur la sobriété.
je serais intéressé à savoir qui, ici, ne partage pas les avis donnés par l'ADEME (et en particulier ce qui est souligné en gras), avec un intérêt spécial pour l'avis de Jeudi ?

Re: L'Ademe

par mobar » 21 févr. 2022, 23:36

Il y en a deux en construction depuis 2005, qui ne sont pas encore démarré, accumulent 22 ans de retard et 30 milliards de dépassement de budget!

Sont pas seulement paresseux, les imbéciles qui ont montés ces projets, ils ont montré des ambitions disproportionnées par rapport à leurs capacités! ;)

Re: L'Ademe

par energy_isere » 21 févr. 2022, 23:24

mobar a écrit :
21 févr. 2022, 22:51
Pousser à fond sur le nuke avec 14 réacteurs à construire d'ci 2050 ne parait pas beaucoup plus réaliste! :-"
Mais peut être est ce l'effet campagne électorale, après l'échec de la désescalade ça va faire beaucoup à porter au passif
?
On a réussi à faire 50 réacteurs par le passé, il y a une génération de ça.
Ah mais peut être que les Français sont tous devenus des imbéciles et paresseux inapte au travail un peu compliqué.

Re: L'Ademe

par mobar » 21 févr. 2022, 22:51

Pousser à fond sur le nuke avec 14 réacteurs à construire d'ci 2050 ne parait pas beaucoup plus réaliste! :-"
Mais peut être est ce l'effet campagne électorale, après l'échec de la désescalade ça va faire beaucoup à porter au passif

Re: L'Ademe

par energy_isere » 21 févr. 2022, 21:50

Tout le monde est pas forcément d'accord avec l'Ademe.

L'Ademe pousse à fond sur les renouvelable sans que ça soit forcément réaliste ......

Re: L'Ademe

par mobar » 21 févr. 2022, 11:03

Le dernier rapport sur les scenarii énergétiques du futur de l'ADEME ... non publié officiellement à ce jour!
https://reporterre.net/IMG/pdf/ademe-mi ... vail_b.pdf
https://reporterre.net/M-Macron-manipul ... -nucleaire
Le texte, dont les pages sont notées « document de travail », apparaît finalisé, sans corrections, telle une version prête à être publiée. Étudiant différents scénarios énergétiques, l’étude conclut que les options comportant à l’horizon 2050 la construction de nouveaux réacteurs nucléaires sont plus coûteuses que les options basées sur la sobriété énergétique et les énergies renouvelables. Le travail des « experts » évoqué par le chef actuel de l’État contredit donc clairement la rationalité de construire quatorze réacteurs EPR2 d’ici 2050.

« Si la partie trajectoires électriques de l’étude “Transition(s) 2050” de l’Ademe remet à ce point en cause les propos [de M. Macron], il n’est démocratiquement pas acceptable que de tels engagements soient pris sans qu’elle soit rendue publique », a jugé Yves Marignac, porte-parole de l’association Negawatt. Arnaud Leroy, président de l’Ademe, a affirmé dans un tweet le 12 février, que l’article de Mediapart est une « fuite malveillante d’un document de travail, non finalisé et non validé ». M. Leroy est un ancien député PS. Il était en 2017 porte-parole du candidat Emmanuel Macron, puis a été membre du bureau exécutif du parti de celui-ci, En Marche. Il va prochainement quitter l’Ademe pour rejoindre, selon nos informations, une société active dans les énergies renouvelables. M. Leroy n’a pas répondu aux questions de Reporterre relatives au report de publication du rapport de l’organisme qu’il préside.
À l’époque, tous les médias avaient repris l’idée que le nucléaire était inévitable, préparant le terrain aux annonces de M. Macron. Mais celui-ci va encore plus loin, s’appuyant, toujours dans l’opacité, sur une étude non publiée. Des choix majeurs auront donc été faits sans une discussion publique disposant de tous les arguments clairement posés.
Reporterre serait t'il devenu complotiste! :-k
Mais non, les médias ne se sont pas concertés pour préparer l'opinion aux annonces présidentielles , qu'est ce que vous allez chercher là! :wtf: :lol:

Re: L'Ademe

par energy_isere » 26 sept. 2020, 16:07

Le budget de l’Ademe dopé par le plan de relance

Par Jean-Philippe Pié -25 septembre 2020

Industrie bas carbone, hydrogène, recyclage… : le déploiement d’une partie du volet vert du plan de relance gouvernemental va reposer sur l’Ademe, même si Bpifrance, la Caisse des dépôts et l’Agence nationale de la recherche vont prendre leur part.
L’agence présidée par Arnaud Leroy hérite notamment de la totalité du plan de décarbonation de l’industrie (1,2 Md€ sur trois ans, dès fin 2020), d’une (petite) partie du soutien à l’hydrogène (275 M€ sur deux ans, électrolyseurs et usages industriels) et de celui à la transition dans les petites entreprises (80 M€). En tout, 1,655 Md€ sont prévus, surtout pour l’énergie et un peu pour les villes (réhabilitation des friches) l’agro-écologie et même le tourisme « durable », selon les documents publiés ci-dessous par GreenUnivers. Le fonds Chaleur de 350 M€ en 2020 va être renforcé et bénéficier ... (abonnés)
https://www.greenunivers.com/2020/09/le ... ce-243624/

Re: L'Ademe

par energy_isere » 18 juin 2020, 18:34

Transition écologique : l'Ademe lance un nouveau portail internet, avec une nouvelle signature

AFP parue le 18 juin 2020

Pour verdir leurs pratiques, particuliers, entreprises et collectivités peuvent depuis jeudi se référer au nouveau site internet de l'Ademe, qui devient à cette occasion l'"Agence de la transition écologique".

Cette plateforme numérique baptisée "Agir" (agirpourlatransition.ademe.fr), qui propose conseil et services, offre un accès personnalisé aux contenus de l'Ademe, établissement public chargé depuis 1991 de soutenir le développement durable en France (retours d'expériences, centralisation d'appels à projets, dépôt dématérialisé de demandes de subventions et de candidatures...).

L'Ademe veut notamment "aller chercher les collectivités", explique son PDG Arnaud Leroy.

"On a de bons élèves, et aussi beaucoup d'autres en interrogation et en manque de moyens", relève-t-il, constatant "un vrai besoin, une envie des collectivités", démontrée par les 30 000 téléchargements du guide "Demain mon territoire" sorti en prévision de la campagne des municipales. "Et on pense qu'on aura encore plus de sollicitations après les élections", de la part des nouveaux élus, ajoute-t-il.

À destination des entreprises, l'Ademe gère notamment depuis dix ans le "Programme des investissements d'avenir" (PIA), ou encore le nouveau plan de soutien à la transition verte des PME-TPE, mis en place avec Bpifrance.

Via ce site, tout citoyen peut notamment mesurer l'impact CO2 de ses modes de déplacement ("Ecolab"). L'Ademe, qui a récemment produit une étude sur l'intérêt financier qu'il y a à réparer ses objets, met aussi à disposition un annuaire de réparateurs référencés.

D'"Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie", l'Ademe change désormais sa signature, pour devenir l'"Agence de la transition écologique", afin de souligner la multitude de ses champs et missions : transports, énergie, qualité de l'air mais aussi alimentation, tourisme ou numérique.
https://www.connaissancedesenergies.org ... net-200618

Re: L'Ademe

par kercoz » 15 déc. 2018, 20:56

batista a écrit :
15 déc. 2018, 20:38
3 m3 pour 100 m2 en foyer ouvert, ça fait vraiment pas beaucoup ! Moi c'est au moins 5 m3 dans un poêle + du gaz de ville quand les températures sont négatives.
C'est un grand salon avec 2 mezza alternées , donc 3 niveau ( résultat d' un gros délire apres une bonne beu .... poutre en pichepin de 6, 50 m ( 40 x 40) .... cheminée sous la 1ere mezza , préchauffage par rad central /gaz pour une base de 13/15 degré.... la cheminée sert à bosster la température à 20 pour manger ou pour une soirée lecture-musique ... c'est à peu près la moitié de la maison ...juste du luxe quoi.
C'est aussi un plan"B" : en mettant des couverture sur la poutre , je peux isoler 6,5 m x 4 m chauffé par la cheminée.

Re: L'Ademe

par batista » 15 déc. 2018, 20:38

3 m3 pour 100 m2 en foyer ouvert, ça fait vraiment pas beaucoup ! Moi c'est au moins 5 m3 dans un poêle + du gaz de ville quand les températures sont négatives.

Re: L'Ademe

par mobar » 15 déc. 2018, 20:30

GillesH38 a écrit :
15 déc. 2018, 20:03
y a pas de problème parce qu'on se chauffe aux fossiles oui justement ...
aux fossiles et au fissile
https://www.quelleenergie.fr/pro/actual ... tude-1.pdf
Le bois : 11% du total

Re: L'Ademe

par kercoz » 15 déc. 2018, 20:12

GillesH38 a écrit :
15 déc. 2018, 20:03
y a pas de problème parce qu'on se chauffe aux fossiles oui justement ...
Pas si sur.... Si tu cumules le fait que le bois ( buches) soit uniquement réservé au chauffage individuel ( pour l' industrie on utilise autre chose), que cet usage soit partiel ( rural, complèté par le solaire th. , l' éolien th ((non élec)), l' isolation re,forcée etc ..), il me semble que la rotation du bois est possible ..... Pour 100m2 , j' ai besoin de 3 m3 pour l' hiver...le seul polluant étant les particules fines puisque j' ai une cheminée et non un foyer fermé. Je ne prévois de mettre un poele devant la cheminée que pour une période de grand froid .

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