par tita » 04 oct. 2019, 15:40
Un article de mars dernier, sur le fait que l'Europe commence à réagir, et que si on pointe du doigt les chinois, ce ne sont pas les seuls à acheter l'Europe.
Quand la Chine achète l'Europe, que fait l'Europe ?
De 2.2 milliards d'euros en 2009, les investissements chinois dans l'UE sont passés à 37 Mds en 2016. Bruxelles pousse pour une stratégie commune et défensive vis à vis de la Chine, qui n'est que le 8ème investisseur dans l'UE. Devinez qui est troisième ? Les Bermudes.
(..)
En Italie, les Chinois vont notamment investir dans le port de Trieste. Et cela fait aujourd'hui grincer des dents en Europe. Pourtant, quand les Chinois sont devenus propriétaires du port du Pirée en Grèce, pas un mot, il fallait privatiser pour alléger la dette. Quand les Chinois sont devenus actionnaires à 49% du dernier terminal du Havre en 2013, pas un mot non plus, il fallait bien de l'argent pour accueillir de plus grands porte-containers. Idem à Anvers, Rotterdam, Valence... 14 ports d'Europe comptent déjà un actionnaire Chinois; dans 6 d'entre eux, il est l'actionnaire majoritaire.
(..)
En 2016, la commission européenne propose un mécanisme de surveillance des investissements étrangers (FDI Foreign Direct Investment), les États refusent. Ceux du Nord y voient une entorse au libre échange, ceux du Sud et de l'Est, ont besoin de l'argent chinois.... jusqu'à ce que les visées prédatrices chinoises s'attaquent, ô crime de lèse majesté, aux fleurons technologiques Allemands.
L'Allemagne s'inquiète... et tout change
Kuka est un fabricant de robot industriel. Ce n'est pas la première entreprise de pointe allemande à passer sous capitaux chinois en 2016, avant, il y a eu Krauss-Maffei, WindMW, EEW, Ista, mais c'est celle de trop. L'opinion bascule, et Berlin ne voit alors plus Pékin sous l'angle du partenaire commercial friand de ses voitures et ses machines-outils, elle comprend que c'est un rival, un rival systémique, s'inquiète le patronat allemand.
Quand la commission remet sur la table son mécanisme de surveillance en septembre 2017, tous les pays acceptent, le parlement valide, et 18 mois plus tard, ce mécanisme entrera en vigueur le 11 avril, ce qui est un record de rapidité pour l'Europe.
Il reste encore 18 mois aux États pour se mettre en conformité. Ils sont toujours souverains pour accepter ou bloquer des investissements sur leur sol, mais obligés de communiquer avec la commission et les pays qui en font la demande quand les secteurs concernés par des investissements hors UE sont stratégiques.
(..)
La Chine n'est pas la seule visée par ce mécanisme, et il ne faut d'ailleurs pas exagérer son emprise dans l'Union Européenne.
En stock, les capitaux Chinois ne représentent que 3.4% des capitaux non européens investis dans l'UE. Loin derrière, les Américains 34%, les Suisses 12%, et en troisième position : devinez qui... les bermudes. Ce paradis fiscal notoire de quelques 60 000 habitants est le troisième investisseur européen. Juste après on trouve Jersey, et en cinquième position, les Iles Caymans.
Et derrière ces investissements qui y a-t-il? Justement on ne sait pas.
Les investissements en provenance des pays Off Shore (OFC) sont assez hauts (aussi bien en termes d'avoirs que de nombre d'entreprises concernées) pour que cela soit remarquable. Dans ce cas, la nationalité du bénéficiaire final des fonds n'est pas connue. En toute vraisemblance, la nationalité du bénéficiaire ne sera pas celle du pays Off Shore d'où il a investi. La commission Européenne dans son rapport (page 12) sur l'origine des investissements dans l'Europe.
Il y aurait matière aussi à discuter de ces investisseurs là, à qui on ne déroule même pas le tapis rouge faute de savoir qui ils sont et d'où ils viennent. Le temps de la naïveté n'est pas encore tout à fait révolu.
Marie Viennot
https://www.franceculture.fr/emissions/ ... it-leurope
Un article de mars dernier, sur le fait que l'Europe commence à réagir, et que si on pointe du doigt les chinois, ce ne sont pas les seuls à acheter l'Europe.
[quote]Quand la Chine achète l'Europe, que fait l'Europe ?
De 2.2 milliards d'euros en 2009, les investissements chinois dans l'UE sont passés à 37 Mds en 2016. Bruxelles pousse pour une stratégie commune et défensive vis à vis de la Chine, qui n'est que le 8ème investisseur dans l'UE. Devinez qui est troisième ? Les Bermudes.
(..)
En Italie, les Chinois vont notamment investir dans le port de Trieste. Et cela fait aujourd'hui grincer des dents en Europe. Pourtant, quand les Chinois sont devenus propriétaires du port du Pirée en Grèce, pas un mot, il fallait privatiser pour alléger la dette. Quand les Chinois sont devenus actionnaires à 49% du dernier terminal du Havre en 2013, pas un mot non plus, il fallait bien de l'argent pour accueillir de plus grands porte-containers. Idem à Anvers, Rotterdam, Valence... 14 ports d'Europe comptent déjà un actionnaire Chinois; dans 6 d'entre eux, il est l'actionnaire majoritaire.
(..)
En 2016, la commission européenne propose un mécanisme de surveillance des investissements étrangers (FDI Foreign Direct Investment), les États refusent. Ceux du Nord y voient une entorse au libre échange, ceux du Sud et de l'Est, ont besoin de l'argent chinois.... jusqu'à ce que les visées prédatrices chinoises s'attaquent, ô crime de lèse majesté, aux fleurons technologiques Allemands.
L'Allemagne s'inquiète... et tout change
Kuka est un fabricant de robot industriel. Ce n'est pas la première entreprise de pointe allemande à passer sous capitaux chinois en 2016, avant, il y a eu Krauss-Maffei, WindMW, EEW, Ista, mais c'est celle de trop. L'opinion bascule, et Berlin ne voit alors plus Pékin sous l'angle du partenaire commercial friand de ses voitures et ses machines-outils, elle comprend que c'est un rival, un rival systémique, s'inquiète le patronat allemand.
Quand la commission remet sur la table son mécanisme de surveillance en septembre 2017, tous les pays acceptent, le parlement valide, et 18 mois plus tard, ce mécanisme entrera en vigueur le 11 avril, ce qui est un record de rapidité pour l'Europe.
Il reste encore 18 mois aux États pour se mettre en conformité. Ils sont toujours souverains pour accepter ou bloquer des investissements sur leur sol, mais obligés de communiquer avec la commission et les pays qui en font la demande quand les secteurs concernés par des investissements hors UE sont stratégiques.
(..)
La Chine n'est pas la seule visée par ce mécanisme, et il ne faut d'ailleurs pas exagérer son emprise dans l'Union Européenne.
En stock, les capitaux Chinois ne représentent que 3.4% des capitaux non européens investis dans l'UE. Loin derrière, les Américains 34%, les Suisses 12%, et en troisième position : devinez qui... les bermudes. Ce paradis fiscal notoire de quelques 60 000 habitants est le troisième investisseur européen. Juste après on trouve Jersey, et en cinquième position, les Iles Caymans.
Et derrière ces investissements qui y a-t-il? Justement on ne sait pas.
Les investissements en provenance des pays Off Shore (OFC) sont assez hauts (aussi bien en termes d'avoirs que de nombre d'entreprises concernées) pour que cela soit remarquable. Dans ce cas, la nationalité du bénéficiaire final des fonds n'est pas connue. En toute vraisemblance, la nationalité du bénéficiaire ne sera pas celle du pays Off Shore d'où il a investi. La commission Européenne dans son rapport (page 12) sur l'origine des investissements dans l'Europe.
Il y aurait matière aussi à discuter de ces investisseurs là, à qui on ne déroule même pas le tapis rouge faute de savoir qui ils sont et d'où ils viennent. Le temps de la naïveté n'est pas encore tout à fait révolu.
Marie Viennot[/quote]
https://www.franceculture.fr/emissions/la-bulle-economique/quand-la-chine-achete-leurope-que-fait-leurope