par Jeudi » 21 févr. 2024, 12:43
Lettre à un jeune Palestinien
Je ne sais pas quoi te dire. Respire. Ferme tes yeux. Bois le peu d’eau qu’il te reste même si elle est sale, même si elle te rendra malade. Ferme tes oreilles, mon amour, pour ne plus entendre les cris et les gémissements.
Oublie ton père et ta mère, ils sont morts ce matin dans ce camp où vous vous étiez réfugiés. Oublie leurs cadavres déchiquetés par cette bombe américaine de 2000 livres qu’on leur a balancée en pleine gueule. Oublie ton frère et ta sœur, dont on ne retrouvera peut-être jamais les corps ensevelis sous les décombres. T’es un WCWSF (wounded child without surviving family). Sigle obscène utilisé sur une base régulière à Gaza. Respire, mon amour. L’Occident aime les enfants innocents. L’Occident fera tout et n’importe quoi pour les protéger. Les méchants, c’est pas nous. Respire. Oui, je sais qu’on t’ampute d’une jambe. Je sais qu’il n’y a pas d’anesthésie, mais respire. Respire, mon pauvre amour.
Évidemment que cette lettre est fictive. Évidemment qu’aucun enfant palestinien ne la lira jamais.
Pardonnez cet exercice puéril, mais j’ai le cœur qui se brise. On est face à une horreur sans nom à Gaza. Un massacre hors proportion perpétré par une des armées les plus puissantes au monde.
Massacre d’un peuple assiégé qui vivait déjà dans une extrême pauvreté. Massacre dont l’horreur nous accompagne tous. Elle accompagne le café que je vais prendre, le match que je vais écouter, l’ami que je vais rencontrer, la scène que je vais préparer. Elle est là, juste à côté, pendant que je me livre à des activités plus ou moins mondaines. Et je suis, par mon silence, dépossédé de mon humanité.
https://www.lapresse.ca/dialogue/opinio ... tinien.php
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Lettre à un jeune Palestinien
Je ne sais pas quoi te dire. Respire. Ferme tes yeux. Bois le peu d’eau qu’il te reste même si elle est sale, même si elle te rendra malade. Ferme tes oreilles, mon amour, pour ne plus entendre les cris et les gémissements.
Oublie ton père et ta mère, ils sont morts ce matin dans ce camp où vous vous étiez réfugiés. Oublie leurs cadavres déchiquetés par cette bombe américaine de 2000 livres qu’on leur a balancée en pleine gueule. Oublie ton frère et ta sœur, dont on ne retrouvera peut-être jamais les corps ensevelis sous les décombres. T’es un WCWSF (wounded child without surviving family). Sigle obscène utilisé sur une base régulière à Gaza. Respire, mon amour. L’Occident aime les enfants innocents. L’Occident fera tout et n’importe quoi pour les protéger. Les méchants, c’est pas nous. Respire. Oui, je sais qu’on t’ampute d’une jambe. Je sais qu’il n’y a pas d’anesthésie, mais respire. Respire, mon pauvre amour.
Évidemment que cette lettre est fictive. Évidemment qu’aucun enfant palestinien ne la lira jamais.
Pardonnez cet exercice puéril, mais j’ai le cœur qui se brise. On est face à une horreur sans nom à Gaza. Un massacre hors proportion perpétré par une des armées les plus puissantes au monde.
Massacre d’un peuple assiégé qui vivait déjà dans une extrême pauvreté. Massacre dont l’horreur nous accompagne tous. Elle accompagne le café que je vais prendre, le match que je vais écouter, l’ami que je vais rencontrer, la scène que je vais préparer. Elle est là, juste à côté, pendant que je me livre à des activités plus ou moins mondaines. Et je suis, par mon silence, dépossédé de mon humanité.[/quote]
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