par alan » 12 avr. 2006, 08:29
Le pétrole crée plus de problèmes qu'il n'en résout
http://www.tchad-info.net/articles/voir ... idart=2671
Corruption, querelles avec la Banque mondiale, nouvelle rébellion dans l'est... au Tchad, les revenus de l'or noir non seulement ne profitent pas à la population, une des plus pauvres du monde, mais aggravent également les difficultés du pays. Une "malédiction" récurrente en Afrique.
Le programme d'exploitation pétrolière du Tchad était considéré comme un modèle du genre lorsque N'Djamena a commencé à exporter son or noir en octobre 2003. Deux tiers des revenus ont ainsi été investis dans des programmes visant à améliorer le niveau de vie.
Une loi sur la manne pétrolière, votée par le Parlement en 1999, prévoyait en outre que 10% des recettes soient versées sur un compte supposé n'être utilisé que lorsque les réserves pétrolières seraient épuisées. Elle créait également une commission chargée de vérifier de manière indépendante la destination des fonds.
Ces garanties devaient aider le Tchad à améliorer le niveau de vie de ses 8,8 millions d'habitants. Mais, loin du décollage économique attendu, le pays a en fait reculé l'an dernier de huit places, de la 173e à la 177e position au classement mondial de l'indice de développement humain établi par l'ONU.
Pourtant, un consortium dirigé par la compagnie Exxon Mobil a exporté 133,2 millions de barils entre octobre 2003 et décembre 2005, selon la Banque mondiale (BM). Et le Tchad, qui perçoit un droit de 12,5% sur chaque baril exporté, a empoché un revenu net total de 307 millions de dollars (250 millions d'euros).
Invoquant les besoins financiers du pays, le Parlement a amendé en décembre la loi tellement vantée sur la manne pétrolière, accordant au gouvernement davantage de droits quant à l'utilisation des revenus de l'or noir.
Les amendements ont de ce fait doublé l'enveloppe destinée au budget de l'Etat, et débloqué les fonds mis en réserve. L'argent a notamment servi à acheter des armes et du matériel militaire pour lutter contre la rébellion dans l'est du pays.
La Banque mondiale a riposté en gelant 124 millions de dollars d'aide. Cette loi était en effet une condition majeure pour obtenir le feu vert de la BM à la construction d'un oléoduc de 1.070 kilomètres jusqu'au port camerounais de Kribi. L'accord de la banque avait encouragé les compagnies pétrolières Exxon Mobil, Chevron et Petronas à financer l'ouvrage controversé de 4,2 milliards de dollars (3,4 mds d'euros).
La BM, qui a elle-même financé 4% du chantier, estime que "les modifications apportées à la loi n'apporteront pas une solution durable aux problèmes financiers récurrents du Tchad", selon Anne Gille, porte-parole de l'institution financière.
Selon Michel Barka, président de l'Union des syndicats du Tchad, la corruption au sein de l'Etat tchadien est devenue un problème majeur. Il estime que c'est une des raisons expliquant que les fonctionnaires perçoivent leur salaire de manière irrégulière depuis 2003, avec parfois un retard de trois mois.
Avant que le Tchad ne commence à toucher les revenus du pétrole, "les recettes de l'Etat allaient au Trésor sans problème, alors qu'aujourd'hui l'argent n'arrive plus, il est détourné", affirme-t-il. "On ne met personne en prison. Lorsque des gens empochent de l'argent public, il s'agit de ministres, de hauts fonctionnaires et de dirigeants d'entreprises publiques", poursuit M. Barka.
Ali Haggar, économiste proche du président Idriss Déby, explique de son côté que la nouvelle rébellion apparue dans l'est du pays, à laquelle participent d'anciens proches du président, membres de sa tribu, est liée au mécontentement sur l'utilisation des revenus du pétrole. Pour lui, "la guerre qui a commencé est une guerre du pétrole".
[color=darkblue][b]Le pétrole crée plus de problèmes qu'il n'en résout[/b][/color]
http://www.tchad-info.net/articles/voir_art.php?idart=2671
Corruption, querelles avec la Banque mondiale, nouvelle rébellion dans l'est... au Tchad, les revenus de l'or noir non seulement ne profitent pas à la population, une des plus pauvres du monde, mais aggravent également les difficultés du pays. Une "malédiction" récurrente en Afrique.
Le programme d'exploitation pétrolière du Tchad était considéré comme un modèle du genre lorsque N'Djamena a commencé à exporter son or noir en octobre 2003. Deux tiers des revenus ont ainsi été investis dans des programmes visant à améliorer le niveau de vie.
Une loi sur la manne pétrolière, votée par le Parlement en 1999, prévoyait en outre que 10% des recettes soient versées sur un compte supposé n'être utilisé que lorsque les réserves pétrolières seraient épuisées. Elle créait également une commission chargée de vérifier de manière indépendante la destination des fonds.
Ces garanties devaient aider le Tchad à améliorer le niveau de vie de ses 8,8 millions d'habitants. Mais, loin du décollage économique attendu, le pays a en fait reculé l'an dernier de huit places, de la 173e à la 177e position au classement mondial de l'indice de développement humain établi par l'ONU.
Pourtant, un consortium dirigé par la compagnie Exxon Mobil a exporté 133,2 millions de barils entre octobre 2003 et décembre 2005, selon la Banque mondiale (BM). Et le Tchad, qui perçoit un droit de 12,5% sur chaque baril exporté, a empoché un revenu net total de 307 millions de dollars (250 millions d'euros).
Invoquant les besoins financiers du pays, le Parlement a amendé en décembre la loi tellement vantée sur la manne pétrolière, accordant au gouvernement davantage de droits quant à l'utilisation des revenus de l'or noir.
Les amendements ont de ce fait doublé l'enveloppe destinée au budget de l'Etat, et débloqué les fonds mis en réserve. L'argent a notamment servi à acheter des armes et du matériel militaire pour lutter contre la rébellion dans l'est du pays.
La Banque mondiale a riposté en gelant 124 millions de dollars d'aide. Cette loi était en effet une condition majeure pour obtenir le feu vert de la BM à la construction d'un oléoduc de 1.070 kilomètres jusqu'au port camerounais de Kribi. L'accord de la banque avait encouragé les compagnies pétrolières Exxon Mobil, Chevron et Petronas à financer l'ouvrage controversé de 4,2 milliards de dollars (3,4 mds d'euros).
La BM, qui a elle-même financé 4% du chantier, estime que "les modifications apportées à la loi n'apporteront pas une solution durable aux problèmes financiers récurrents du Tchad", selon Anne Gille, porte-parole de l'institution financière.
Selon Michel Barka, président de l'Union des syndicats du Tchad, la corruption au sein de l'Etat tchadien est devenue un problème majeur. Il estime que c'est une des raisons expliquant que les fonctionnaires perçoivent leur salaire de manière irrégulière depuis 2003, avec parfois un retard de trois mois.
Avant que le Tchad ne commence à toucher les revenus du pétrole, "les recettes de l'Etat allaient au Trésor sans problème, alors qu'aujourd'hui l'argent n'arrive plus, il est détourné", affirme-t-il. "On ne met personne en prison. Lorsque des gens empochent de l'argent public, il s'agit de ministres, de hauts fonctionnaires et de dirigeants d'entreprises publiques", poursuit M. Barka.
Ali Haggar, économiste proche du président Idriss Déby, explique de son côté que la nouvelle rébellion apparue dans l'est du pays, à laquelle participent d'anciens proches du président, membres de sa tribu, est liée au mécontentement sur l'utilisation des revenus du pétrole. Pour lui, "la guerre qui a commencé est une guerre du pétrole".