par energy_isere » 14 janv. 2010, 18:45
Tarifs du photovoltaïque : « les fabricants vont devoir baisser leurs prix »
Le 14 janvier 2010 L' Usine Nouvelle
Comme promis par le gouvernement, les nouveaux tarifs d’achat de l’électricité issue du photovoltaïque solaire pour la période 2010-2012 ont été publiés ce matin au Journal officiel.
Interview Interview d’Erik Van Paren, patron de Fotosol’R, bureau de conseil et d’études d’ingénierie sur le photovoltaïque.
Que pensez-vous des nouveaux tarifs de rachat 2010-2012 annoncés le 13 janvier ?
Le tarif intégré à 58 centimes le KWh pour tous était très avantageux. La loi aura le mérite de préciser ce qu’est une intégration. L’un des points sensibles était celui du critère d’un bâtiment clos sur trois côtés : la précédente version indiquait quatre côtés et condamnait donc les hangars agricoles.
Jusqu’à présent, on était dans le flou artistique. C’est une bonne chose de restreindre les éligibles au tarif bonifié. Qu’il faille cibler le panneau intégré, qui remplace un toit, ou plutôt surimposé, qui tire parti de bâtiments déjà existants, c’est un autre débat. En tout état de cause, mieux vaut éviter un développement anarchique comme en Espagne où les centrales au sol ont poussé comme des champignons. La définition gouvernementale permet une intégration harmonieuse avec l’architecture des bâtiments, puisque le panneau doit épouser la forme de la toiture, et permet de contrôler la croissance du marché.
Dans quelle mesure les nouveaux tarifs condamnent-ils le secteur à une croissance modérée ?
L’adoption de deux tarifs bonifiés à 0,58€ et 0,50€ signifie que l’on va pénaliser les secteurs industriels, tertiaires ainsi que les agriculteurs en leur appliquant le tarif de rachat de 0,50€ contre 0,60€ précédemment. Or les plus forts potentiels de développement, en termes de surfaces exploitables en toiture, sont dans ces secteurs !
Compte tenu de ce nouveau tarif, le taux de rentabilité Interne de l’investissement sur 20 ans, sur la base d’un prix moyen actuel d’une installation solaire de 5€/Wc, ressort à 7,8% contre 10,4% avec l’ancien tarif. A titre indicatif, il faudrait réduire le prix moyen actuel de 17%, soit à 4,15€/Wc, afin de retrouver le taux de rentabilité Interne de 2009.
Le gouvernement souhaite privilégier, outre les logements privés, les domaines de l’éducation et de la santé en offrant un tarif de rachat à 0,58€. La question est de savoir comment les collectivités et l’Etat vont pouvoir financer de tels projets, compte tenu de leur situation financière (suppression de la taxe Professionnelle pour les communes, niveau d’endettement de l’Etat…). On peut avoir des doutes sur le potentiel de développement dans ce secteur !
Quels parties du texte restent-elles obscures ?
Une ambiguité existe sur le tarif de 42 c€/kWh. La définition d’intégré au bâti implique désormais que l’industriel assure l’étanchéité du panneau : soit dès la sortie d’usine du module pour le poly et le monocristallin, soit sur site pour les couches minces, le matériau étanche et la couche mince étant collés au dernier moment sur la toiture. Objectif : éviter que le propriétaire fassee appel à un étancheur, ou un couvreur ne connaissant rien au photovoltaïque. Reste que pour le tarif de 42 c€/kWh, il n’est pas clair que l’ajout d’une deuxième couche d’étanchéité ne soit pas autorisée. Mon sentiment est qu’il s’agit d’un flou calculé pour permettre aux fabricants qui n’étaient pas prêts d’avoir le temps de travailler sur des nouveaux systèmes. Une fois le laps de temps écoulé, les fabricants ne s’étant pas adapté reviendront au tarif de base de 31,4 c€/kWh variable selon le département d’implantation, s’ils n’ont pas trouvé de solution d’intégration au bâti.
C’est une façon d’adoucir l’impact de la nouvelle définition de l’intégration au bâti sur les fabricants, distributeurs et installateurs de solaire photovoltaïque, qui consisterait à « remiser au placard » les systèmes non conformes pour se retrouver avec un nombre de produits disponibles sur le marché très limité.
Toutefois, le taux de rentabilité Interne de l’investissement sur 20 ans, sur la base d’un prix moyen actuel d’une installation solaire de 5€/Wc, ressort à 5,5% contre 10,4% avec l’ancien tarif. A titre indicatif, il faudrait le réduire de près de 31%, soit à 3,47€/Wc, afin de retrouver le taux de rentabilité interne de 2009.
Les fabricants de panneaux vont-ils donc devoir revoir leurs tarifs à la baisse ?
Oui, il va bien le falloir. Prenons le cas d’un particulier souhaitant mettre sur son toit le kit standard de 3 KWc. A 6 euros le Wc, installer un panneau sur son toit représente donc un investissement de 18.000 à 20.000 euros, selon le type de panneau posé. Or à 42c le KWh racheté par EDF, l’opération ne représente pour lui qu’un taux de rentabilité interne de 4% sur 20 ans. Il risque de préférer d’autres placements ! En deçà de 10% de rendement, difficile de le convaincre. Personnellement, je ne ferais pas l’investissement. Néanmoins, avec les subventions et les crédits d’impôts, le particulier peut réussir à réduire la somme à investir de moitié. Pour un particulier avec le crédit d'impôt de 50% sur le matériel, soit 40% environ sur le prix global de l'installation, et un tarif de rachat à 0,42€, le taux de rendement interne passe de 4% à près de 11% contre 17% avec l'ancien tarif. Mais ceci ne s'applique qu'aux puissances inférieures à 3KWc.
Les fabricants de panneaux vont devoir revoir à la baisse leurs tarifs, c’est la seule solution. Il faudra un très gros effort de la part de l’ensemble des acteurs du domaine pour arriver à ce résultat. Si ce n’est pas le cas, il faut craindre une baisse du marché photovoltaïque en France.
http://www.usinenouvelle.com/article/ta ... ix.N124326
[quote] [b]Tarifs du photovoltaïque : « les fabricants vont devoir baisser leurs prix »[/b]
Le 14 janvier 2010 L' Usine Nouvelle
Comme promis par le gouvernement, les nouveaux tarifs d’achat de l’électricité issue du photovoltaïque solaire pour la période 2010-2012 ont été publiés ce matin au Journal officiel.
Interview Interview d’Erik Van Paren, patron de Fotosol’R, bureau de conseil et d’études d’ingénierie sur le photovoltaïque.
[b] Que pensez-vous des nouveaux tarifs de rachat 2010-2012 annoncés le 13 janvier ?[/b]
Le tarif intégré à 58 centimes le KWh pour tous était très avantageux. La loi aura le mérite de préciser ce qu’est une intégration. L’un des points sensibles était celui du critère d’un bâtiment clos sur trois côtés : la précédente version indiquait quatre côtés et condamnait donc les hangars agricoles.
Jusqu’à présent, on était dans le flou artistique. C’est une bonne chose de restreindre les éligibles au tarif bonifié. Qu’il faille cibler le panneau intégré, qui remplace un toit, ou plutôt surimposé, qui tire parti de bâtiments déjà existants, c’est un autre débat. En tout état de cause, mieux vaut éviter un développement anarchique comme en Espagne où les centrales au sol ont poussé comme des champignons. La définition gouvernementale permet une intégration harmonieuse avec l’architecture des bâtiments, puisque le panneau doit épouser la forme de la toiture, et permet de contrôler la croissance du marché.
[b]Dans quelle mesure les nouveaux tarifs condamnent-ils le secteur à une croissance modérée ?
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L’adoption de deux tarifs bonifiés à 0,58€ et 0,50€ signifie que l’on va pénaliser les secteurs industriels, tertiaires ainsi que les agriculteurs en leur appliquant le tarif de rachat de 0,50€ contre 0,60€ précédemment. Or les plus forts potentiels de développement, en termes de surfaces exploitables en toiture, sont dans ces secteurs !
Compte tenu de ce nouveau tarif, le taux de rentabilité Interne de l’investissement sur 20 ans, sur la base d’un prix moyen actuel d’une installation solaire de 5€/Wc, ressort à 7,8% contre 10,4% avec l’ancien tarif. A titre indicatif, il faudrait réduire le prix moyen actuel de 17%, soit à 4,15€/Wc, afin de retrouver le taux de rentabilité Interne de 2009.
Le gouvernement souhaite privilégier, outre les logements privés, les domaines de l’éducation et de la santé en offrant un tarif de rachat à 0,58€. La question est de savoir comment les collectivités et l’Etat vont pouvoir financer de tels projets, compte tenu de leur situation financière (suppression de la taxe Professionnelle pour les communes, niveau d’endettement de l’Etat…). On peut avoir des doutes sur le potentiel de développement dans ce secteur !
[b]Quels parties du texte restent-elles obscures ?[/b]
Une ambiguité existe sur le tarif de 42 c€/kWh. La définition d’intégré au bâti implique désormais que l’industriel assure l’étanchéité du panneau : soit dès la sortie d’usine du module pour le poly et le monocristallin, soit sur site pour les couches minces, le matériau étanche et la couche mince étant collés au dernier moment sur la toiture. Objectif : éviter que le propriétaire fassee appel à un étancheur, ou un couvreur ne connaissant rien au photovoltaïque. Reste que pour le tarif de 42 c€/kWh, il n’est pas clair que l’ajout d’une deuxième couche d’étanchéité ne soit pas autorisée. Mon sentiment est qu’il s’agit d’un flou calculé pour permettre aux fabricants qui n’étaient pas prêts d’avoir le temps de travailler sur des nouveaux systèmes. Une fois le laps de temps écoulé, les fabricants ne s’étant pas adapté reviendront au tarif de base de 31,4 c€/kWh variable selon le département d’implantation, s’ils n’ont pas trouvé de solution d’intégration au bâti.
C’est une façon d’adoucir l’impact de la nouvelle définition de l’intégration au bâti sur les fabricants, distributeurs et installateurs de solaire photovoltaïque, qui consisterait à « remiser au placard » les systèmes non conformes pour se retrouver avec un nombre de produits disponibles sur le marché très limité.
Toutefois, le taux de rentabilité Interne de l’investissement sur 20 ans, sur la base d’un prix moyen actuel d’une installation solaire de 5€/Wc, ressort à 5,5% contre 10,4% avec l’ancien tarif. A titre indicatif, il faudrait le réduire de près de 31%, soit à 3,47€/Wc, afin de retrouver le taux de rentabilité interne de 2009.
[b]Les fabricants de panneaux vont-ils donc devoir revoir leurs tarifs à la baisse ?[/b]
Oui, il va bien le falloir. Prenons le cas d’un particulier souhaitant mettre sur son toit le kit standard de 3 KWc. A 6 euros le Wc, installer un panneau sur son toit représente donc un investissement de 18.000 à 20.000 euros, selon le type de panneau posé. Or à 42c le KWh racheté par EDF, l’opération ne représente pour lui qu’un taux de rentabilité interne de 4% sur 20 ans. Il risque de préférer d’autres placements ! En deçà de 10% de rendement, difficile de le convaincre. Personnellement, je ne ferais pas l’investissement. Néanmoins, avec les subventions et les crédits d’impôts, le particulier peut réussir à réduire la somme à investir de moitié. Pour un particulier avec le crédit d'impôt de 50% sur le matériel, soit 40% environ sur le prix global de l'installation, et un tarif de rachat à 0,42€, le taux de rendement interne passe de 4% à près de 11% contre 17% avec l'ancien tarif. Mais ceci ne s'applique qu'aux puissances inférieures à 3KWc.
[color=#FF0000]Les fabricants de panneaux vont devoir revoir à la baisse leurs tarifs, c’est la seule solution. Il faudra un très gros effort de la part de l’ensemble des acteurs du domaine pour arriver à ce résultat. Si ce n’est pas le cas, il faut craindre une baisse du marché photovoltaïque en France.[/color]
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http://www.usinenouvelle.com/article/tarifs-du-photovoltaique-les-fabricants-vont-devoir-baisser-leurs-prix.N124326