par Inside » 23 mai 2005, 19:31
Total s'allie avec des Japonais pour un carburant "propre": le DME
Le géant pétrolier français Total s'est allié à un consortium japonais pour mettre au point un nouveau carburant "propre", le DME, à partir de gaz naturel. Objectif: le commercialiser à l'horizon 2010.
C'est à Kushiro, dans le grand nord du Japon, sur l'île de Hokkaïdo, qu'est installée l'usine pilote de DME (diméthyléther), au milieu d'une lande souvent enneigée.
Le DME ressemble à de l'eau pure mais sent l'éther. Sitôt répandu sur le sol, le liquide s'évapore en quelques secondes à la température extérieure. Lorsqu'on l'allume, la flamme est bleue. C'est un gaz.
"Quand on produit le DME, il y a beaucoup moins de CO², ou d'autres types de rejets. Et quand on l'utilise, il n'y a pas plus d'émissions de CO² qu'avec le GNL (gaz naturel liquéfié), et beaucoup moins qu'avec le charbon", assure Hubert de Mestier, représentant de Total pour l'Asie du Nord-Est.
"Cela peut remplacer à terme le diesel et le GPL (gaz de pétrole liquéfié). Il n'y a pas besoin de pot catalytique et c'est sans doute moins cher que les carburants conventionnels", plaide M. de Mestier.
Ce système de production de DME est un procédé japonais.
"Au Japon, depuis des années, les aciéries étaient confrontées à la question: que faire des gaz des hauts fourneaux ? Au lieu de rejeter ce gaz, on pourrait l'économiser. C'est comme ça qu'on a essayé de mettre au point une technologie pour utiliser ces gaz", raconte Osamu Inokoshi, directeur général du projet DME de JFE Holdings, deuxième producteur d'acier nippon.
Les recherches ont commencé en 1989 à Todaï, l'Université de Tokyo.
Au hasard des travaux, le sidérurgiste NKK Corp (dont la fusion avec Kawasaki Steel a donné naissance en septembre 2002 au groupe JFE Holdings) a découvert la réaction du DME par synthèse directe à partir de gaz naturel.
En 1997, un premier projet pilote de production de cinq tonnes de DME par jour a démarré à Kushiro, avec des subventions du ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (METI).
En octobre 2001, Total a noué une alliance avec un consortium de huit compagnies japonaises (JFE Holdings, Idemitsu Kosan, Nippon Sanso, Toyota Tsusho, LNG Japan, Hitachi, Marubeni, Inpex). Depuis, Japex a rejoint ce groupe.
La compagnie française, grand fournisseur de GNL au Japon, a apporté son expertise de pétrolier-gazier, sa connaissance de la pétrochimie et du raffinage.
Le projet est financé à 65% par le METI. Le reste est réparti entre les partenaires. L'ensemble représente environ 250 millions de dollars sur cinq ans, sans compter les subventions accordées séparément par le METI à l'industrie japonaise pour développer certains aspects particuliers (turbines, moteurs diesel, etc).
En décembre 2003, a été mise en service une nouvelle unité pilote de production de DME à Kushiro avec une capacité de production de 100 tonnes par jour.
Depuis et jusqu'à la mi-décembre 2004, trois séries de tests --les "runs 100, 200 et 300"-- ont été conduits à Kushiro, soit plus de 150 jours d'essais pour une production de près de 8.000 tonnes de DME très pur.
Un quatrième test de longue durée est prévu en 2005. Les essais prendront fin en 2006.
"Après, nous avons l'intention de passer à une réalisation industrielle. On n'a pas l'intention de la faire en France ou au Japon mais dans un pays où il y a du gaz, probablement au Moyen-Orient", expliquait récemment à l'AFP le pdg de Total, Thierry Desmarest, lors d'un forum sur le développement durable à Tokyo.
Dans un premier temps, l'objectif de Total est de construire une usine commerciale de 6.000 tonnes par jour, sans doute au Qatar, d'ici 2010.
Il faut une production minimum de 3.000 à 6.000 t/j pour que le DME soit rentable sur le marché actuel de l'énergie.
"La liquéfaction du gaz naturel est une activité industrielle très capitalistique qui ne se justifie que pour des gisements importants", soulignait M. Desmarest.
"Un des enjeux de la coopération nouée entre Total et ses partenaires japonais est précisément de s'affranchir de cette contrainte de taille pour obtenir des hydrocarbures liquides à partir de plus petits gisements de gaz", expliquait-il.
Total s'allie avec des Japonais pour un carburant "propre": le DME
Le géant pétrolier français Total s'est allié à un consortium japonais pour mettre au point un nouveau carburant "propre", le DME, à partir de gaz naturel. Objectif: le commercialiser à l'horizon 2010.
C'est à Kushiro, dans le grand nord du Japon, sur l'île de Hokkaïdo, qu'est installée l'usine pilote de DME (diméthyléther), au milieu d'une lande souvent enneigée.
Le DME ressemble à de l'eau pure mais sent l'éther. Sitôt répandu sur le sol, le liquide s'évapore en quelques secondes à la température extérieure. Lorsqu'on l'allume, la flamme est bleue. C'est un gaz.
"Quand on produit le DME, il y a beaucoup moins de CO², ou d'autres types de rejets. Et quand on l'utilise, il n'y a pas plus d'émissions de CO² qu'avec le GNL (gaz naturel liquéfié), et beaucoup moins qu'avec le charbon", assure Hubert de Mestier, représentant de Total pour l'Asie du Nord-Est.
"Cela peut remplacer à terme le diesel et le GPL (gaz de pétrole liquéfié). Il n'y a pas besoin de pot catalytique et c'est sans doute moins cher que les carburants conventionnels", plaide M. de Mestier.
Ce système de production de DME est un procédé japonais.
"Au Japon, depuis des années, les aciéries étaient confrontées à la question: que faire des gaz des hauts fourneaux ? Au lieu de rejeter ce gaz, on pourrait l'économiser. C'est comme ça qu'on a essayé de mettre au point une technologie pour utiliser ces gaz", raconte Osamu Inokoshi, directeur général du projet DME de JFE Holdings, deuxième producteur d'acier nippon.
Les recherches ont commencé en 1989 à Todaï, l'Université de Tokyo.
Au hasard des travaux, le sidérurgiste NKK Corp (dont la fusion avec Kawasaki Steel a donné naissance en septembre 2002 au groupe JFE Holdings) a découvert la réaction du DME par synthèse directe à partir de gaz naturel.
En 1997, un premier projet pilote de production de cinq tonnes de DME par jour a démarré à Kushiro, avec des subventions du ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (METI).
En octobre 2001, Total a noué une alliance avec un consortium de huit compagnies japonaises (JFE Holdings, Idemitsu Kosan, Nippon Sanso, Toyota Tsusho, LNG Japan, Hitachi, Marubeni, Inpex). Depuis, Japex a rejoint ce groupe.
La compagnie française, grand fournisseur de GNL au Japon, a apporté son expertise de pétrolier-gazier, sa connaissance de la pétrochimie et du raffinage.
Le projet est financé à 65% par le METI. Le reste est réparti entre les partenaires. L'ensemble représente environ 250 millions de dollars sur cinq ans, sans compter les subventions accordées séparément par le METI à l'industrie japonaise pour développer certains aspects particuliers (turbines, moteurs diesel, etc).
En décembre 2003, a été mise en service une nouvelle unité pilote de production de DME à Kushiro avec une capacité de production de 100 tonnes par jour.
Depuis et jusqu'à la mi-décembre 2004, trois séries de tests --les "runs 100, 200 et 300"-- ont été conduits à Kushiro, soit plus de 150 jours d'essais pour une production de près de 8.000 tonnes de DME très pur.
Un quatrième test de longue durée est prévu en 2005. Les essais prendront fin en 2006.
"Après, nous avons l'intention de passer à une réalisation industrielle. On n'a pas l'intention de la faire en France ou au Japon mais dans un pays où il y a du gaz, probablement au Moyen-Orient", expliquait récemment à l'AFP le pdg de Total, Thierry Desmarest, lors d'un forum sur le développement durable à Tokyo.
Dans un premier temps, l'objectif de Total est de construire une usine commerciale de 6.000 tonnes par jour, sans doute au Qatar, d'ici 2010.
Il faut une production minimum de 3.000 à 6.000 t/j pour que le DME soit rentable sur le marché actuel de l'énergie.
"La liquéfaction du gaz naturel est une activité industrielle très capitalistique qui ne se justifie que pour des gisements importants", soulignait M. Desmarest.
"Un des enjeux de la coopération nouée entre Total et ses partenaires japonais est précisément de s'affranchir de cette contrainte de taille pour obtenir des hydrocarbures liquides à partir de plus petits gisements de gaz", expliquait-il.