Intellectuels à vendre

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Re: Intellectuels à vendre

par Turanil » 20 avr. 2008, 18:07

C'est vraiment à pleurer. Quoi d'autre qu'un PO brutal pourra nous sortir de ça ?

Intellectuels à vendre

par Lansing » 20 avr. 2008, 10:43

Contre-Info a écrit : par Susan George, Le Monde Diplomatique, août 1996


Intellectuels à vendre

Des fondations reposant sur de grandes et anciennes fortunes industrielles américaines, comme Coors (brasserie), Scaife ou Mellon (acier), et surtout Olin (produits chimiques), financent aussi des chaires dans les universités les plus prestigieuses des Etats-Unis. Il s’agit de « renforcer les institutions économiques, politiques et culturelles sur lesquelles est basée l’entreprise privée », selon la brochure de la Fondation Olin qui consacrait déjà, en 1988, 55 millions de dollars à cet objectif. Il va de soi qu’avec des sommes pareilles le généreux donateur a le droit de nommer les professeurs qui vont occuper les chaires et diriger les centres d’études (14). Des chaires Olin de droit et d’économie existent désormais dans les universités Harvard, Yale, Stanford et, bien sûr, de Chicago, parmi beaucoup d’autres (15). L’historien français François Furet, qui a reçu 470 000 dollars en tant que directeur du programme John M. Olin d’histoire de la culture politique à l’université de Chicago, est l’un des illustres bénéficiaires de ces libéralités. L’argent permet ainsi d’organiser la notoriété et le « champ » dans lequel se dérouleront des « débats » créés de toutes pièces. En 1988, M. Allan Bloom, directeur du Centre Olin pour l’étude de la théorie et la pratique de la démocratie à l’université de Chicago (qui reçoit chaque année 36 millions de dollars de la Fondation Olin), invite un obscur fonctionnaire du département d’Etat à prononcer une conférence. Celui-ci s’exécute, en proclamant la victoire totale de l’Occident et des valeurs néolibérales dans la guerre froide. Sa conférence est aussitôt reprise sous forme d’article dans The National Interest (revue qui reçoit 1 million de dollars de subventions Olin), dont le directeur est un néolibéral très connu, M. Irving Kristol, alors financé à hauteur de 326 000 dollars par la Fondation Olin en tant que professeur à la Business School de la New York University. M. Kristol invite Bloom, plus un autre intellectuel de droite renommé, M. Samuel Huntington (directeur de l’Institut Olin d’études stratégiques à Harvard, créé grâce à un financement Olin de 14 millions de dollars) à « commenter » cet article dans le même numéro de la revue. M. Kristol y va aussi de son « commentaire ».

Le « débat » ainsi lancé par quatre bénéficiaires de fonds Olin autour d’une conférence Olin dans une revue Olin se retrouve bientôt dans les pages du New York Times, du Washington Post et de Time. Aujourd’hui, tout le monde a entendu parler de M. Francis Fukuyama et de La Fin de l’Histoire, devenu un best-seller en plusieurs langues ! La boucle idéologique est bouclée lorsqu’on arrive à occuper les pages de débats des grands quotidiens, les ondes et les écrans. Ce triomphe a été obtenu pratiquement sans coup férir. Faute de croire que les idées ont des conséquences, on finit par les subir.
Je vous invite à lire ou relire l'intégralité de cet excellent article de Susan George de 1996 ICI. Il est toujours d'actualité, il est même la préfiguration des évènements actuels et très probablement de ceux à venir.


Patrick

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