Pour la Science : le pétrole sera-t-il bradé ?

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Pour la Science : le pétrole sera-t-il bradé ?

Message par Tiennel » 25 mai 2007, 09:50

La revue Pour la Science consacre un article à une thèse d'un économiste toulousain sur les fondamentaux du prix du baril dans un contexte PO/RC :)

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Avant d'écraser ce fil à coup de clé à molette, puis-je vous suggérer de jeter un oeil à l'article ? Cet article amène des idées intéressantes (je ne dis pas qu'elles soient indiscutables) sur ce qui fera le prix du pétrole dans les prochaines années.
Dernière modification par Tiennel le 01 déc. 2007, 12:31, modifié 1 fois.
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Message par th » 26 mai 2007, 08:25

Intéressant, mais assez théorique : il n'y aura probablement aucune "technologie de substitution" permettant de produire l'équivalent de 80 mb/j.

"the greatest shortcoming of the human race is our inability to understand the exponential function"- Bartlett.

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Message par ABC » 26 mai 2007, 09:22

Ce modèle ne semble absolument pas prendre en compte la possibilité d'une limite géologique à la production de pétrole et l'utilisation du pétrole comme matière première. Les conclusions sont donc à prendre avec prudence.
C'est clair que les pays ayant dépassé leur pic ne peuvent guère augmenter leur production, et ceux qui ne l'ont pas atteint, en poussant leur production risquent de rendre la chute de production plus rapide(c'est plus ou moins ce qui se passe en mer du Nord, il me semble). Enfin, comme le pétrole est aussi une matière première, au delà du prix des énergies alternatives, il continuera d'être utilisé.

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Glycogène
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Message par Glycogène » 26 mai 2007, 11:13

Bon, on va expliquer à Michel Moreau comment ça marche pour le pétrole.

Les mécanismes qu'il décrits sont vrais en partie, mais il n'y a pas que cela.

Alors, déjà si une énergie de substitution est rentable à partir de 100$, et que les producteurs maintiennent le prix du pétrole en dessous pour être sûr de ne pas avoir de concurrence, cela implique que le coût d'extraction du pétrole restera toujours inférieurs au coût d'extraction de l'énergie alternative. Ce n'est pas forcément vrai à long terme, mais avant que le coût d'extraction du pétrole atteigne 100$, il y a du temps (ou alors une catastrophe économique est passée par là), donc supposons que l'on reste avec cette hypothèse.
Une autre hypothèse est que le marché est prêt à acheter de l'énergie à n'importe quel prix, que ce soit du pétrole ou autre, donc achter du solaire à 120$ ne le dérange pas.
Du coup, comme le pétrole reste toujours moins cher, les lois économiques élémentaires indiquent que le pétrole n'aura jamais de problème pour être vendu (sauf règlementation).
L'idée que dès que le baril dépasse 100$, il ne se vend plus donc les réserves perdent leur valeur est fausse ! Le baril perd de la valeur, mais dès qu'il repasse à 99$, il se vend très bien. Il y a donc un équilibre autour de 100$. Donc les producteurs n'ont aucune inquiétude à avoir : si les énergies de subsitutions restent plus chères que le pétrole, ils vendront toujours du pétrole tant qu'il y en a. Il s n'ont pas beasoin de baisser volontairement le prix, le marché le fait tout seul !
C'est élémentaire, mais pourquoi dire que les réserves perdent toutes leur valeur ?
C'est peut être en référence à l'huile de baleine, qui atteingit des sommet vers sa fin, mais avec des volumes ridicules. La différence est que l'énergie de substitution (le pétrole dans ce cas) était moins cher ! Ce n'est donc pas comparable (encore une fois, si on fait l'hypothèse que le coût du pétrole reste toujours plus faible que celui des énergies de substitution).
Mais de toute façon, l'hypothèse du pétrole toujours moins cher que les substitutions est fausse à long terme (> 30 ans ? 50 ans ?). Ce qui ne garantit pas que les substitutions pourront fournir le même débit. C'est juste qu'il arrivera un moment où le solaire avec tous ses inconvénients et son faible débit deviendra malgré tout moins cher que l'extraction à un débit de plus en plus faible de pétrole de mauvaise qualité au fond des océans dans de multiples petits champs.

Ensuite, sur le fait que malgré les taxes, les producteurs baisseront le prix pour maintenir la consommation, et donc la production.
- Cela suppose que c'est la consommation qui commande la production : c'était le cas avant 2000, mais plus maintenant. Donc cette hypothèse pour étudier l'évolution future du prix du pétole est déjà caduque.
- Une autre hypothèse est que les producteurs peuvent baisser indéfiniment le prix, donc que le coût d'extaction est très faible. C'est (était ?) le cas au moyen-orient, mais ce n'est déjà plus vrai en moyenne.


Donc je confirme que cet article est n'importe quoi (et pas besoins de clef à molette ;) ).
Par contre il décrit bien les mécanismes qui étaient en partie en oeuvre au temps du pétrole bon marché.

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mobar
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Message par mobar » 07 juil. 2007, 08:22

th a écrit :Intéressant, mais assez théorique : il n'y aura probablement aucune "technologie de substitution" permettant de produire l'équivalent de 80 mb/j.
Sauf qu'il n'est pas obligatoire de produire 80 mb/j tout de suite avec une seule technologie.

Le syndrome Jancovici aurait il encore frappé?

Les technologies de substitution ne rentreront en compétition entre elles (et avec le pétrole) que lorsque la demande sera sur le point d'être satisfaite. Si aucune politique de décroissance des consommations n'est mise en place ce sera rapidement .Mais si par exemple la taxe vient diminuer la demande, la compétition entre solutions énergétique démarrera beaucoup plus tard.

Dès lors que la compétition aura démarré, le pétrole en sera l'arbitre, son coût actuel d'extraction le niveau malgré élevé de débit instantané extractible, lui permettent en effet de jouer ce role pendant encore longtemps (10 ou 20 ans?).

Aucune économie ne prendra le risque de disparaitre sans lutter, elle adaptera donc son niveau de taxe (et de subventions aux EnR) et donc de prix pour satisfaire la demande quelle jugera nécessaire à sa survie.

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Message par Lo » 07 juil. 2007, 09:59

Je l'avais déjà lu. Ma réaction : un sourire.
A quoi joue le mathématicien Ivar Ekeland en relayant une étude bidon d'un économiste qui cherche à exister ?

La modélisation mathématique de Moreaux est irréaliste car :

1) Le prix de l'énergie dans le marché "ouvert" actuel n'est plus fonction de la production (extraction, R&D,...) mais de la demande (élasticité) car celle-ci dépasse ou est sur le point de dépasser l'offre.

2) Moreaux part du principe que le débit d'extraction peut varier de 0 à l'infini et en fait une variable d'ajustement pour que les cours soient proportionnels aux taux, encore une bêtise.

3) La prime de risque est négligée, or en période de pénurie (on n'y est pas encore), celle-ci peut jouer le premier rôle (souvent de façon irrationelle).

Pour répondre à mobar : th (et Jancovici d'ailleurs) ne prétend pas que parce que l'on ne pourra pas remplacer tout de suite 80 mega blair/jour par des EnR alors celles-ci ne sont pas une solution, il dit que le raisonnement de Moreaux est un biais car le prix du pétrole ne peut pas buter sur les $100 uniquement à cause des EnR qui ne produisent pas grand chose en ce moment. En clair, en période d'offre supérieure à la demande (ce qui n'est plus le cas), le cours de l'énergie est une moyenne pondérée par le flux disponible de chaque poste. Les EnR c'est peanut pour l'énergie disponible et donc peanut pour leur influence sur les cours de l'énergie et du pétrole, en tout cas pour les 2-3 décennies qui viennent.

Je préfère l'image de la philosophie à coups de marteau de Nietzche à celle de la clé à molette. ;-)

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Message par th » 07 juil. 2007, 10:46

mobar a écrit :Sauf qu'il n'est pas obligatoire de produire 80 mb/j tout de suite avec une seule technologie.
J'ajoute que quand les grands puits de petrole entreront en dépletion, la production mondiale pourrait baisser de quelques % par ans.... On n'aura pas beaucoup de temps pour trouver des 'énergies de substitution', et je n'en connait qui puisse soutenir une croissance continue de plusieurs mb/jours .

Notes que dans le scénario de Prouvost, celui ci pense également que le prix du petrole restera pas cher suite à un déploiement massif de nuke. Je suis assez dubitatif
http://www.oleocene.org/phpBB2/viewtopi ... t=pr%E9vot

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Message par mobar » 07 juil. 2007, 11:49

th a écrit :
mobar a écrit :Sauf qu'il n'est pas obligatoire de produire 80 mb/j tout de suite avec une seule technologie.
J'ajoute que quand les grands puits de petrole entreront en dépletion, la production mondiale pourrait baisser de quelques % par ans.... On n'aura pas beaucoup de temps pour trouver des 'énergies de substitution', et je n'en connait qui puisse soutenir une croissance continue de plusieurs mb/jours .

Notes que dans le scénario de Prouvost, celui ci pense également que le prix du petrole restera pas cher suite à un déploiement massif de nuke. Je suis assez dubitatif
http://www.oleocene.org/phpBB2/viewtopi ... t=pr%E9vot
La substitution du pétrole par d'autres énergies pour certaines applications comme le chauffage des bâtiments peut en libérer des quantités importantes.

A mon avis l'adaptation de nos sociétés et notre rationnement forcé nous condamneront à la sobriété.

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Message par Dagobert » 07 juil. 2007, 12:35

Nous sommes condamné à la sobriété et il est grand temps d'appliquer la peine...
Ce qui nous attend, et autant s'exercer tout de suite !
Voiture: fini, remplacé par le vélo et par les transports en commun! chouette on va avoir de belles pistes cyclables.
Chauffage domestique: 1 pièce de vie chauffée au bois, pour le reste un bon pull et une bonne couverture.
Nourriture:potager ou culture locale.
Vêtements: usons jusqu'a la corde ce que nous avons maintenant, on verra bien après!
Vacances: à pied, sac au dos à partir de la maison, génial.
Produits de la société de conso: pour les riches, qu'ils se le mettent où je pense.
Médicaments: avec les résolutions du dessus, réduit à presque néant.
Ordinateur: à utiliser avec modération jusqu'a extinction définitive, on se retrouvera en life" inch allah", de toute façon il fallait vraiment une société au peak pour créer un outil pareil!
Education: last but not least, enfin nous retrouvons le temps pour la faire!

La société idéale existe, nous avons maintenant les ingrédients et connaissons les limites de ce qu'on peut faire... et surtout ne plus faire! ](*,)
Mourir pour des idées, d'accord, mais de mort len....ente,d'accord mais de mort len.... en en te. Georges Brassens

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Message par GillesH38 » 07 juil. 2007, 13:57

mobar a écrit : La substitution du pétrole par d'autres énergies pour certaines applications comme le chauffage des bâtiments peut en libérer des quantités importantes.

A mon avis l'adaptation de nos sociétés et notre rationnement forcé nous condamneront à la sobriété.
On n'a pas trop le choix, si la production baisse... mais ça n'a aucune chance de se faire par une réduction de la consommation préalable à la baisse qui pourrait "libérer " des quantités importantes (comme le coyote dans bip bip qui court dans le vide avant de se mettre à tomber !).

D'abord parce qu'on ne renouvelle que 1% du parc d'habitations par an, et ensuite parce que les gens n'investiront dans des nouveaux modes de chauffage et d'isolation (et encore, ceux qui le peuvent!) que sous la contraintes des prix... qui ne seront élevés que si la demande pèse sur l'offre ! donc l'évolution ne pourra se faire que sous la contrainte et dans une certaine douleur, et jamais de façon "libre" !
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".

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