Pierre M. Boriliens a écrit :1 la natalité (et donc à terme la population) baisse dans certaines conditions de niveau de vie et d'éducation. C'est un constat que l'on fait à peu près partout. On voit bien que la natalité est très élevée dans les pays les plus pauvres et où le taux d'alphabétisation est le plus faible. Et elle baisse partout ailleurs, et pas seulement dans les pays les plus industrialisés. Alors au lieu de forcer ces pays à travailler pour l'exportation, on ferait beaucoup mieux de les aider à retrouver l'auto-suffisance alimentaire (ce qui suppose aussi une éducation à des techniques agricoles plus efficaces que les techniques "traditionnelles", ce qui ne veut pas dire de l'agriculture industrielle avec des rendements dont on ne sait que faire)...
Lorsque les pays qui étaient autrefois des pays d'émigration, avec une population pauvre et une natalité élevée,deviennent prospères, la natalité chute, mais ces pays deviennent des pays d'immigration, et la population continue d'augmenter. Exemples : l'Espagne, le Portugal, l'Italie, la Grèce, l'Irlande...
L'idée que les Africains vont cesser d'émigrer si leurs pays retrouvent l'autosuffisance alimentaire me semble être un voeu pieux. Ce que les immigrés recherchent, c'est un certain mode de vie (avec salle de bain et voiture individuelles, soins médicaux de qualité, éducation, etc). Je connais beaucoup d'immigrés, et d'ailleurs j'en ai épousé une
Ils mangeaient tous à leur faim avant d'émigrer. En effet, ce ne sont pas les miséreux qui émigrent, mais ceux qui arrivent à financer leur voyage, qui pensent réussir parce qu'ils parlent une langue européenne, etc.
Travailler pour l'exportation permet aux pays du Tiers-Monde de gagner des devises (dollars, euros...) qui leur permettent d'importer ce qu'ils ne fabriquent pas chez eux : voitures, ordinateurs, postes de radio, téléphones portables, médicaments modernes... Ils n'ont aucun envie de continuer à vivre comme leurs ancêtres, coupés du reste du monde.
La première chose que les Africains demandent, avant même l'électricité, ce sont des téléphones portables. Comme les pays où ces téléphones portables sont fabriqués demandent à être payés en dollars ou en euros, les Africains doivent exporter (café, cacao, cuivre, uranium, etc) pour avoir des dollars et des euros. Ou échanger directement leur cacao contre des téléphones portables.
Pierre M. Boriliens a écrit :2 ça encore, c'est viser des rendements colossaux, et, quand ils y sont, on ne sait même pas quoi faire des surplus, au point d'envisager sans problème, semble-t-il, d'en convertir une bonne partie en carburants. Sans parler du gaspillage colossal (au moins 20%, paraît-il !)...
Le problème des surplus agricoles est réglé, il n'y en a plus, au point que des émeutes de la faim ont éclaté un peu partout dans le monde en 2008, que plusieurs pays (comme l'Ukraine) ont décidé d'interdire les exportations de céréales et de riz, etc. D'où inquiétude des Japonais, Philippins, Saoudiens, etc, qui achètent de grandes quantités de terres agricoles en Afrique et en Amérique du Sud.
Un milliard d'êtres humains souffrent de la faim, un chiffre qui n'avait jamais été atteint auparavant dans l'histoire. Normal: il y avait environ un milliard d'êtres humains sur toute la planète en 1800.
Si nous voulons nourrir à peu près convenablement les sept milliards d'habitants de la planète, nous avons besoin de viser des "rendements colossaux". Avec les rendements de l'ère pré-industrielle (ou pré-pétrole), nous ne pourrions en nourrir que le septième...
Incidemment, les stocks mondiaux de céréales sont plus bas qu'ils n'ont jamais été. La situation alimentaire de la planète est préoccupante, ce n'est pas le moment de réduire les rendements à l'hectare. Le manque d'eau et d'engrais (les engrais sont faits à partir du gaz naturel) risque de s'en charger, à notre détriment...
Pierre M. Boriliens a écrit :3 les investissements massifs ne servent à rien pour produire plus d'énergie : les fossiles diminuent, il n'y a rien à faire contre ça, et on ne remplacera pas les fossiles (uranium compris) par autre chose...
Les investissements massifs permettent d'aller chercher le pétrole jusqu'à 2000m sous la surface de l'océan. Ils permettent de construire des centrales solaires (voila une ressource qui ne s'épuisera pas avant quelques milliards d'années !) et ils permettent aussi de remplacer les centrales nucléaires actuelles, qui ne consomment que 1% de l'uranium naturel, par des centrales de 4e génération, à neutrons rapides, qui utilisent 97% du minerai d'uranium (source : Claude Allègre, dans "Le Point" du 15/10/2009). Comme le dit Allègre, "Si on y a recours en lieu et place des centrales classiques, les réserves d'uranium deviennent du coup multimillénaires !"
Comme quoi, les investissements massifs, ça peut avoir du bon...