Pour ma part, j'ai découvert la mécanique implacable du "Peak Oil" à travers le site de Jancovici. On pourra dire que ce type m'aura ouvert les yeux sur pas mal de choses ! Puis, récemment, j'ai assisté à un colloque sur l'avenir du transport aérien et, enfin, j'ai lu le bouquin de Jean-Luc Wingert, "La Vie après le Pétrole", ce qui a fini de m'ouvrir les yeux.
Il y a quelque temps, un collègue de boulot que j'apprécie beaucoup (bien qu'il soit convaincu que le technique nous tirera d'affaire, ou tout du moins nous aidera à nous adapter à tout changement sans trop de casse) m'a demandé si j'étais angoissé par l'avenir. Je lui ai rétorqué que non, mais là, à vous lire sur ce post, je dois avouer que vous commencez à me faire flipper ! En tous cas, mon inquiétude latente commence à se concrétiser. Moi qui pensais disposer de quelques années encore devant moi pour songer à une reconversion, j'ai l'impression que je suis un peu au pied du mur à vous écouter ! Surtout que, bien que venant de la campagne (de Haute-Loire pour être précis, moins de 220 000 habitants au dernier recensement) je n'y connais foutre rien en agriculture (en pratique en tous cas).
Mais finalement, je ne suis pas persuadé que la nécessaire réorganisation qui va se mettre en place (pas au début: phase de déni puis de colère, mais après) fera table rase de toutes les avancées qui se sont opérées pendant l'âge du pétrole: si l'aéronautique pourrait bien y laisser sa peau, les métiers d'ingénierie en énergétique pourraient fort bien se développer, car il y aura toujours des besoins de chauffage, d'alimentation et de transport (même s'il y en aura moins, et tant mieux). Sinon, je sais un petit peu cuisiner, donc je peux aussi réfléchir à cette voie de sortie là !
En ce qui concerne le ressenti du PO autour de moi, j'ai la chance que ma compagne y soit sensible (même si je la saoûle un peu au bout d'un moment avec mes "histoires d'environnement"). Même des amis et des collègues de boulot abordent le sujet avec sérieux. Evidemment, beaucoup, tout en restant polis, n'y croient guère et ont une grande confiance en l'avenir, surtout dans mon domaine d'activité (regardez le bilan du Bourget) ! Ca va vraiment pas être de la tarte de convaincre les gens que tout ça n'est que le chant du cygne et que la dégringolade n'en est que plus proche ... Dans cette démarche, je passe souvent pour un peine-à-jouir ou un prédicateur ignorant du progrès technologique, qui saura bien nous inventer "autre chose pour remplacer le pétrole". je pense vraiment que tout le monde sur ce site a connu ça. Mais je ne désespère pas de rallier de plus en plus de personnes à l'idée que la fête est finie et que la gueule de bois nous attend : pour cela, je crois surtout en l'efficacité de l'explication rationnelle, à la manière d'un Jancovici ou d'un Wingert, en refusant tout catastrophisme. Et surtout en évitant de tomber dans les travers de la moralisation, du donneur de leçons : ça ne marche pas du tout, au contraire !
Mais beaucoup parmi ceux qui sont convaincus de tout ça, dans mon entourage, sont victimes de l'inertie de leur existence, conditionnée par des choix antérieurs, remontant à des années. J'en fais partie, c'est incontestable. Nous sommes face à une telle inconnue que, même conscients de la réalité physique qui frappe à nos portes, et qui va sonner le glas du mode de développement que nous avons toujours connu, nous restons paralysés dans notre choix de vie, telle la biche traversant la route de nuit se retrouve interdite, et incapable de bouger, devant les feux du 4x4 BMW rutilant qui fonce sur elle ...
Je fais pourtant plein de choses au quotidien pour minimiser ma dépense énergétique (je me déplace à vélo ou en bus, je mange le plus possible bio, local et de saison, je refuse au maximum ce qui n'est pas réutilisable, je suis réfractaire à la consommation pour beaucoup de choses, je relève mon compteur électrique tous les mois, etc.), mais j'ai encore beaucoup de mal à me convaincre d'aller encore plus loin.