Observons les autres pays !
Publié : 02 sept. 2005, 00:58
Je vous propose un petit exercice : afin de savoir à quoi ressemblera la France dans dix ans, regardons de plus près les pays qui vivent dans une situation de pétrole cher, si vous avez voyagé et que vous connaissez ces pays-là.
Je vais commencer avec la Roumanie.

Mon expérience de ce pays date d'il y a deux ans, et les infos sont peut-être déjà obsolètes car le libéralisme consumériste s'y développe à vitesse grand V, ces temps-ci... Mais essentiellement dans la région de Bucarest. Pour ma part, je suis allé dans la vallée de Buzau, en Moldavie roumaine, au pied des Carpathes Orientales. Une région verdoyante parsemée par des friches industrielles désertes, héritées du communisme, et que les Roumains feignent de ne pas voir.
Le litre d'essence y est très cher. Seuls les membres élevés de la classe moyenne peuvent se permettre de faire un long trajet en voiture par an (pour aller en vacances au bord de la Mer Noire, par exemple). Quant aux paysans, ils n'ont tout simplement pas les moyens d'acheter du carburant. Ils roulent sur des charettes tirées par des roncins, et montées sur des pneus d'automobiles, ce qui ne manque pas de faire s'extasier les touristes occidentaux niais. Ces charettes sont nombreuses ; quand vous roulez en Roumanie, vous devez en doubler une tous les 500 mètres.
Bref, j'y suis allé en train (jamais pris l'avion... Ouf, j'ai pas à me sentir coupable !
). Trois jours de voyage en passant par la Slovénie, la Hongrie... C'était très beau.
Et parlons du train, justement. En Roumanie, il y en a deux : celui des pauvres, et celui des riches. Celui des riches ressemble à notre train-corail. Il est rare, peu peuplé, et des hauts-parleurs y passent à tue-tête d'affreux titres de variétoche locale. Celui des pauvres est une humble casserole bringuebalante, bondé de paysans chargés de leurs cages à poules, mais l'ambiance y est sympa, il est coutumier que de parfaits inconnus engagent la conversation.
Le train est, ici, ce qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être en France : un moyen de transport accessible au petit peuple, où le moindre bled est correctement desservi.
Dans les villes de Bacau et de Pieatra Namt où j'ai séjourné, il n'y avait pas de supermarché aux dernières nouvelles (ça a peut-être changé). Les citadins devaient se contenter du marché hebdomadaire pour acheter leur bouffe. En ville, la plupart de ceux qui ont un toit ont un refrigérateur, et un téléphone (attention aux Tziganes qui piratent les lignes !), on trouve aussi pas mal d'ordinateurs (tous de vieux modèles, issus des surplus de l'Occident) mais l'eau courante, en revanche, ne fonctionne pas tous les jours dans certains immeubles. On voit alors les locataires descendre dans la cour, équipés de leurs bidons, pour faire la queue à la pompe.

La campagne roumaine en été reste ma plus belle expérience. Ici, pas d'agriculture intensive comme chez nous et, par conséquent, une profusion d'insectes, de papillons, d'oiseaux, comme on en voit plus que dans les rares département français épargnés par les pesticides. Des meules de foins énormes pour s'y vautrer (gaffe à la vermine).
Les fermiers ont des niveaux de vie variables. Certains rares villages n'ont pas l'électricité. Ceux qui m'hébergeaient avaient l'électricité, mais pas le téléphone. Et pas d'eau courante non plus. Tu veux te laver ? Au puits, mon gars ! Tu veux faire caca ? Une planche trouée au-dessus d'une fosse à grésil, comme au temps de grand-mère. La cuisinière ? Au charbon. Eux possédaient un frigo, mais l'absence de cet objet chez certains voisins causait, paraît-il, de sérieux problèmes d'hygiène alimentaire...
Pour le reste, le gars aux cheveux blancs qui m'a accueilli n'était pas un paysan, mais un ouvrier "retraité". Je mets les guillements parce qu'en Roumanie, il n'y a pas de retraite pour les ouvriers. Celui-ci a fait le choix de s'installer sur un arpent de terre pour cultiver sa propre bouffe, vendre le reste au marché, et survivre tant bien que mal. Quant il deviendra vraiment trop vieux pour continuer à bécher la glèbe, il se résignera à devenir une charge pour ses enfants...
La plupart d'entre eux n'ont jamais quitté leur canton. J'étais même le premier étranger que certains voyaient, dans cette région très peu touristique...
Il n'est pas le plus à plaindre. Ici, beaucoup de "paysans authentiques" partent vers les villes, soit parce qu'ils sont attirés par le mirage urbain, soit parce qu'ils sont en danger de crever de faim (le libre-échange fait des dégâts ici aussi). Trouveront-ils du boulot dans ces villes gangrénées par le chômage ? Même si mes hôtes roumains ont essayé de me le cacher, j'ai bien vu qu'il y avait des bidonvilles...
Bon, j'ai vu d'autres choses assez chouettes, la Bucovine, le monastère orthodoxe de Voronetz, le musée de Iasi (prononcer "Yash"), mais on sort du sujet...

Tout ça pour vous dire que, bientôt, on devra peut-être vivre plus ou moins comme eux. Dites-vous qu'ils sont pauvres, qu'ils en chient, mais qu'ils ne sont pas forcément beaucoup plus malheureux que nous.
Voilà. Si quelqu'un a des expériences de "vie avec de l'énergie chère" dans d'autres pays, comme en Afrique ou en Amérique Latine, qu'il profite gracieusement de ce thread.
Je vais commencer avec la Roumanie.

Mon expérience de ce pays date d'il y a deux ans, et les infos sont peut-être déjà obsolètes car le libéralisme consumériste s'y développe à vitesse grand V, ces temps-ci... Mais essentiellement dans la région de Bucarest. Pour ma part, je suis allé dans la vallée de Buzau, en Moldavie roumaine, au pied des Carpathes Orientales. Une région verdoyante parsemée par des friches industrielles désertes, héritées du communisme, et que les Roumains feignent de ne pas voir.
Le litre d'essence y est très cher. Seuls les membres élevés de la classe moyenne peuvent se permettre de faire un long trajet en voiture par an (pour aller en vacances au bord de la Mer Noire, par exemple). Quant aux paysans, ils n'ont tout simplement pas les moyens d'acheter du carburant. Ils roulent sur des charettes tirées par des roncins, et montées sur des pneus d'automobiles, ce qui ne manque pas de faire s'extasier les touristes occidentaux niais. Ces charettes sont nombreuses ; quand vous roulez en Roumanie, vous devez en doubler une tous les 500 mètres.
Bref, j'y suis allé en train (jamais pris l'avion... Ouf, j'ai pas à me sentir coupable !

Et parlons du train, justement. En Roumanie, il y en a deux : celui des pauvres, et celui des riches. Celui des riches ressemble à notre train-corail. Il est rare, peu peuplé, et des hauts-parleurs y passent à tue-tête d'affreux titres de variétoche locale. Celui des pauvres est une humble casserole bringuebalante, bondé de paysans chargés de leurs cages à poules, mais l'ambiance y est sympa, il est coutumier que de parfaits inconnus engagent la conversation.
Le train est, ici, ce qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être en France : un moyen de transport accessible au petit peuple, où le moindre bled est correctement desservi.
Dans les villes de Bacau et de Pieatra Namt où j'ai séjourné, il n'y avait pas de supermarché aux dernières nouvelles (ça a peut-être changé). Les citadins devaient se contenter du marché hebdomadaire pour acheter leur bouffe. En ville, la plupart de ceux qui ont un toit ont un refrigérateur, et un téléphone (attention aux Tziganes qui piratent les lignes !), on trouve aussi pas mal d'ordinateurs (tous de vieux modèles, issus des surplus de l'Occident) mais l'eau courante, en revanche, ne fonctionne pas tous les jours dans certains immeubles. On voit alors les locataires descendre dans la cour, équipés de leurs bidons, pour faire la queue à la pompe.

La campagne roumaine en été reste ma plus belle expérience. Ici, pas d'agriculture intensive comme chez nous et, par conséquent, une profusion d'insectes, de papillons, d'oiseaux, comme on en voit plus que dans les rares département français épargnés par les pesticides. Des meules de foins énormes pour s'y vautrer (gaffe à la vermine).
Les fermiers ont des niveaux de vie variables. Certains rares villages n'ont pas l'électricité. Ceux qui m'hébergeaient avaient l'électricité, mais pas le téléphone. Et pas d'eau courante non plus. Tu veux te laver ? Au puits, mon gars ! Tu veux faire caca ? Une planche trouée au-dessus d'une fosse à grésil, comme au temps de grand-mère. La cuisinière ? Au charbon. Eux possédaient un frigo, mais l'absence de cet objet chez certains voisins causait, paraît-il, de sérieux problèmes d'hygiène alimentaire...
Pour le reste, le gars aux cheveux blancs qui m'a accueilli n'était pas un paysan, mais un ouvrier "retraité". Je mets les guillements parce qu'en Roumanie, il n'y a pas de retraite pour les ouvriers. Celui-ci a fait le choix de s'installer sur un arpent de terre pour cultiver sa propre bouffe, vendre le reste au marché, et survivre tant bien que mal. Quant il deviendra vraiment trop vieux pour continuer à bécher la glèbe, il se résignera à devenir une charge pour ses enfants...
La plupart d'entre eux n'ont jamais quitté leur canton. J'étais même le premier étranger que certains voyaient, dans cette région très peu touristique...
Il n'est pas le plus à plaindre. Ici, beaucoup de "paysans authentiques" partent vers les villes, soit parce qu'ils sont attirés par le mirage urbain, soit parce qu'ils sont en danger de crever de faim (le libre-échange fait des dégâts ici aussi). Trouveront-ils du boulot dans ces villes gangrénées par le chômage ? Même si mes hôtes roumains ont essayé de me le cacher, j'ai bien vu qu'il y avait des bidonvilles...
Bon, j'ai vu d'autres choses assez chouettes, la Bucovine, le monastère orthodoxe de Voronetz, le musée de Iasi (prononcer "Yash"), mais on sort du sujet...

Tout ça pour vous dire que, bientôt, on devra peut-être vivre plus ou moins comme eux. Dites-vous qu'ils sont pauvres, qu'ils en chient, mais qu'ils ne sont pas forcément beaucoup plus malheureux que nous.
Voilà. Si quelqu'un a des expériences de "vie avec de l'énergie chère" dans d'autres pays, comme en Afrique ou en Amérique Latine, qu'il profite gracieusement de ce thread.
