Le Royaume-Uni risque la pénurie de gaz naturel avant la fin de l'hiver mercredi 21 décembre 2005
http://www.lefigaro.fr/perm/afp_depeche ... 24r83.html
Le Royaume-Uni court le risque d'une pénurie de gaz naturel avant la fin de l'hiver, estiment les analystes,
car en plus de stocks dégarnis et d'une production déclinante, les importations d'Europe continentale tournent au ralenti.
Ces prévisions sont d'autant plus alarmantes que le Met Office, l
e centre météorologique britannique, table sur des températures plus basses que la normale cet hiver 
dans la plupart des régions d'Europe, Royaume-Uni inclus.
Dans son rapport mensuel de décembre, la Société Générale met en garde contre une saturation du réseau d'approvisionnement d'ici à deux mois.
Si les températures restent dans les normales saisonnières et les importations au niveau actuel, prédit la banque, "
il n'y aura pas suffisamment de gaz pour permettre aux stocks de se renflouer, et le gaz actuellement stocké ne fera pas tout l'hiver, donc le Royaume-Uni court le risque d'une pénurie de gaz à partir de fin février".
Par conséquent, avertit la Société Générale, le prix du gaz restera élevé tout au long de l'hiver.
Les craintes de pénurie avaient fait chuter les stocks et
quadrupler le prix du gaz en l'espace de deux semaines en novembre au Royaume-Uni, avec un pic à 29 dollars par Btu (British thermal unit) le 22 novembre.
Depuis, le prix est revenu autour de 12 dollars par Btu,
la cherté du gaz ayant poussé certains consommateurs à se tourner vers d'autres sources d'énergie telles que le fioul domestique. Mais le prix reste plus de deux fois supérieur à celui de début novembre.
Premier consommateur européen du combustible, le Royaume-Uni a produit 250,6 millions de mètres cube de gaz naturel en octobre, en hausse par rapport aux deux mois précédents, mais en baisse de 8% par rapport à octobre 2004, selon la Royal Bank of Scotland, qui table sur
un déclin continu de l'offre britannique dans les années à venir.
"Les prix élevés du gaz ont encouragé les investissements dans la production, mais le fait est que
les champs de la mer du Nord vieillissent et vont fournir de moins en moins de gaz à l'avenir", explique Thorsten Fischer, économiste de la RBoS.
Le pays dépendra donc de plus en plus des importations pour satisfaire sa demande intérieure, estimée à 255 millions de m3.
Or il rencontre des difficultés sur ce plan, car malgré les prix élevés, ses infrastructures de transport sont loin de fonctionner à plein régime.
Ainsi, l'Interconnector --gazoduc reliant Zeebrugge en Belgique à Balcon au Royaume-Uni, principale voie d'importation du pays--, n'a jamais transporté plus de 370 gigawatts heure par jour de gaz depuis le 8 novembre alors qu'il est conçu pour en acheminer 486 GWh.
De même, les importations du terminal méthanier d’Isle of Grain, situé dans l’estuaire de la Tamise, tournent à moins de 90% de leurs capacités totales, qui sont de 135 GWh par jour.
Cet illogisme a poussé le régulateur britannique de l'énergie, l'Ofgem, à demander fin novembre à la Commission européenne une enquête sur d'éventuelles distorsions du marché du gaz.
Et le groupe pétrolier BP de s'étonner à son tour,
assurant produire du gaz au maximum et rejetant la responsibilité des prix élevés sur le manque de cargos disponibles pour importer du gaz.
Depuis 2004, le Royaume-Uni apparaît régulièrement comme un importateur net de gaz naturel. Ce combustible, plus propre que le pétrole et le charbon car à faibles émissions de CO2 ou autres dioxydes, est aujourd'hui la première source de génération d'électricité du pays.