Electricité. RTE prévoit une nouvelle ligne électrique franco-anglaise
19 décembre 2014 Ouest France
Le projet est présenté aux acteurs locaux par RTE (Réseau de transport d'électricité) ce vendredi à Saint-Lô. La ligne est voulue pour développer les échanges d'électricité entre les deux pays, au départ du Cotentin.
Projet européen
FAB (France - Aurigny - Grande-Bretagne) est un projet de liaison électrique sous-marine sur 220 km entre le poste électrique de Menuel (Cotentin) et celui d'Exeter (Devon). FAB a été reconnu projet d'intérêt commun par l'Union européenne en octobre 2013. Il existe une seule liaison électrique aujourd'hui vers l'Angleterre, au départ du Pas-de-Calais. Outre celle partant du Cotentin, deux autres lignes sont prévues, au départ du Calvados (au nord de Caen) et via le tunnel sous la Manche. La ligne partant du Cotentin est la plus importante : 1,4 gigawatt contre 1 pour les autres. Le coût global est estimé à 750 millions d'euros, dont 250 millions pour RTE en France. La partie anglaise est gérée par la société FAB Link. Les travaux commenceront au mieux en 2019 pour une mise en service trois ans plus tard.
Echange d'électricité
Pour RTE, il s'agit de mettre en place les tuyaux pour vendre ou acheter de l'électricité entre les deux pays, « choisir le moyen de production le moins cher et le mieux adapté au besoin de consommation de chaque pays, à tout moment de la journée. » Dans le jargon, on parle de « pointes », à savoir les pics de consommation d'électricité. « 19 h en France, plus tôt en Angleterre », résume Gro de Saint-Martin, manager du projet chez RTE. Au profit de qui en France ? « Des Bretons, des Parisiens... Même la Basse-Normandie importe de l'électricité en hiver. » RTE dit aussi « favoriser la transition énergétique » en anticipant sur les projets d'énergies marines dans la Manche, « notamment le parc hydrolien à Aurigny. »
Aujourd'hui, l'île anglo-normande est alimentée par des groupes électrogènes.
Concertation
La ligne partira du poste 400 000 volts de Menuel, sur la commune de l'Etang-Bertrand, elle sera enterrée pour rejoindre Siouville-Hague, 20 km à l'ouest. RTE propose deux fuseaux, un au sud « plus confortable d'un point de vue technique », l'autre au nord, « plus direct ». La réunion en préfecture de Saint-Lô, et la période de concertation qui débutera en janvier dans les communes, porteront sur le choix de ce tracé terrestre, le principe même de FAB étant « acté ». Pour RTE, « les coûts sont équivalents, nous n'avons pas de préférence. »
Critiques
Elles sont portées par le Crilan (Comité de réflexion d'information et de lutte anti-nucléaire). « Il existe déjà trois lignes de 90 000 volts entre le Cotentin et les îles anglo-normandes, souligne son porte-parole Didier Anger. L'argument de la transition énergétique est une tromperie. L'État nucléaire français a deux fers au feu : vendre des réacteurs à la Grande-Bretagne, ou, à défaut, transporter ses excédents de production par le Cotentin. Or, pour la Grande-Bretagne, c'est moins coûteux de se servir en France que de construire des EPR chez elle. »