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Energie: N'ayons pas peur.

Publié : 20 août 2005, 18:50
par phylippe
C'est le W-E et vous avez envie de vous amuser. Grand bien vous fasse, vous avez bien raison. Mais il pleut :-(
Pas de panique Oleocene.org est là. :D
Je vous propose donc un superbe article où vous apprendrez en vous amusant que l'on découvre un baril pour chaque baril consommé. Amusant , non? On y parle aussi de "processus de démocratisation du Moyen-Orient voulue par Bush". La on se marre franchement. :lol:
Ou encore "la filière du gaz naturel liquéfié apportera toujours plus au marché mondial la fluidité nécessaire". Là on demande grace, parce que trop rire ça fait mal. Je vous copie l'article, quelquefois qu'il disparaisse. Ce serait dommage pour les jours de pluie où on a pas le moral. Ne me remerciez pas, c'est tout naturel.


Energie: n'ayons pas peur
Mis en ligne le 06/08/2005
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SAMUEL FURFARI

Enseigne la géopolitique de l'énergie à l'Université Libre de Bruxelles.
Ingénieur civil, docteur en sciences appliquées.
Fonctionnaire à la Commission européenne.
sfurfari@ulb.ac.be



Contexte


L'énergie inquiète notamment à cause de la montée du prix du brut mais aussi à cause du changement climatique anthropologique qu'elle occasionne. Certains craignent qu'on ne puisse maîtriser ces phénomènes.


Thèse


Le monde regorge d'énergies fossiles. Pendant encore longtemps, elles constitueront 80 pc de nos consommations mais on doit faire tous les efforts pour les utiliser efficacement et proprement.


Conclusion


Les pouvoirs publics doivent intervenir pour garantir que la géopolitique assure notre approvisionnement énergétique; ils doivent aussi adopter des mesures, en particulier la recherche technologique, pour apporter les solutions aux défis du monde de l'énergie.

Si en ces temps où le prix du pétrole est parvenu à des nouveaux sommets, l'idée de la rupture d'approvisionnement ne donne plus lieu à la panique des années 1970, il n'en demeure pas moins vrai que nous sommes confrontés aujourd'hui à des craintes qui doivent trouver une réponse concertée des pouvoirs politiques, de l'économie, des universités mais aussi des citoyens.


Disons-le sans ambages : il n'y a aucun risque de pénurie d'énergie avant bien longtemps, ni même de pétrole. Pour chaque baril de pétrole consommé en 2004, il y a eu un autre de découvert. Il y a trente ans, j'apprenais qu'il ne restait plus que pour trente années de réserves de brut dans le monde. Aujourd'hui, elles dépassent 40 années. Il y a certes un risque géopolitique du fait que ces réserves sont concentrées dans certaines régions du monde peu connues pour leur transparence ou leur stabilité. Il suffirait que ces pays, qui entravent encore aujourd'hui les démarches d'investissement dans la prospection et la production des compagnies pétrolières, ouvrent leurs portes pour faire disparaître le flux tendu des approvisionnements que nous connaissons, ainsi que les spéculations sur les prix, en dépit de la demande chinoise.


La première solution passe donc par le dialogue renforcé avec les pays producteurs qui finiront bien par comprendre que jouer gagnant-gagnant est la meilleure stratégie pour chacun. L'Union européenne en a fait une pierre angulaire de sa stratégie de sécurité d'approvisionnement énergétique. Le processus de démocratisation du Moyen-Orient voulue par Bush s'appuie également sur cette indispensable ouverture.


Par ailleurs, nous disposons de réserves de gaz naturel pour 67 années de consommation. Et la prospection est loin d'être terminée dans le monde ! Là où le bât blesse, c'est son acheminement vers les consommateurs et le peu de fluidité du marché qui lie par gazoduc interposé le producteur et le consommateur. Les solutions existent déjà : la filière du gaz naturel liquéfié apportera toujours plus au marché mondial la fluidité nécessaire et l'UE est à l'oeuvre en multipliant les routes d'importation à partir de diverses régions afin d'éviter des situations de monopole.


Quant au charbon, ses réserves de 164 années et l'absence de contraintes géopolitiques y relatives nous permettent d'envisager avec sérénité la sécurité d'approvisionnement pour l'ensemble du monde. Bref, dans 30 ans et plus, on dépendra encore pour 80 pc des énergies fossiles. Sans parler de l'énergie nucléaire de fission ou de fusion qui - même si elle devait être utilisée en ultime recours - sera toujours à même de nous fournir l'électricité nécessaire.


Mais alors, où est le problème ? Ils sont deux, celui déjà évoqué de la géopolitique liée à la concentration géographique des réserves d'hydrocarbures et celui de la durabilité du changement climatique d'origine anthropologique et de la gestion des déchets nucléaires. Pour les deux problèmes et pour autant qu'on s'en donne les moyens, la recherche peut et doit apporter des solutions. Ici aussi l'UE est très active.


N'oublions pas les énergies renouvelables dont l'UE cherche à faire 12 pc de sa consommation d'énergie d'ici 2010. Le renouveau auquel nous assistons dans le domaine de la biomasse est prometteur, notamment dans la production de biocarburants. De plus, si on se concentrait plus sur la production de chaleur, à partir du bois et du solaire, et moins sur la génération d'électricité difficilement économique, on ferait des pas de géant. Mais la meilleure énergie restera toujours celle que l'on n'utilise pas. L'efficacité énergétique doit être la priorité absolue. La Commission européenne a lancé un large débat sur cette question par la publication de son Livre vert « Comment consommer mieux avec moins» qui affirme qu'il existe un potentiel de 20 pc d'économie d'énergie économiquement réalisable sans changer notre mode de vie.


Si nous n'avons aucune raison de paniquer, il nous faut néanmoins agir sur plusieurs plans : la politique internationale, le marché, la recherche et notre comportement quotidien. La Commission européenne ne cesse d'oeuvrer dans ce sens.


© La Libre Belgique 2005

Publié : 20 août 2005, 19:21
par Dagobert
On pourrait peut-être lui payer un abonnement à un site bien connu
http://www.oleocene.org/

Publié : 20 août 2005, 19:26
par fabinoo
666

Publié : 20 août 2005, 22:34
par matthieu25
Et apres fin de l'histoire
Le libéralisme tant pronée par ces commissaires européens va alors s'écrouler comme un chateau de carte.. :-o on était pas prévenu :?

Publié : 21 août 2005, 15:24
par Hoagie
S'il pleut toujours, voici encore mieux. Quand les ultralibéraux discutent du PPP, ça donne ce topic. Poilade garantie ! :lol:

Publié : 21 août 2005, 16:42
par phylippe
Hoagie a écrit :S'il pleut toujours, voici encore mieux. Quand les ultralibéraux discutent du PPP, ça donne ce topic. Poilade garantie ! :lol:
Merci pour ce bon moment. :lol:
J'y ai trouvé ça. C'est à encadrer. :lol:
Je te rappelle la célèbre formule de Lavoisier: "rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme".
Et étant au coeur du sujet en gérant des entreprises de récupération et recyclage de déchets, je considère tout déchet comme une matière première même si aujourd'hui, la technique ne permet pas de tout revaloriser.
Donc oui, la croissance est infinie même dans notre monde "fini" puisque chaque parcelle de matière peut être théoriquement utilisée une infinité de fois et que chaque échange crée de la richesse. En outre, l'échange de matière n'est qu'un aspect de la croissance, tu sembles oublier les services.
Il est probable que nous connaissions des crises dues à l'évolution non linéaire du progrès technique mais il n'en reste pas moins que la croissance est infinie.

Publié : 21 août 2005, 16:57
par Dagobert
C'est pas possible ce gars a du brosser tous les cours après 14 ans.

Publié : 21 août 2005, 17:12
par nicolasParis03
Effectivement, çà égaye cette fin d'après-midi ! ;-)

Bon , le débat est au départ relativement constructif, du fait d'un intervenant en particulier. Après tout, leur orientation idéologique n'est pas forcément significative, quant à la question du PP. (En tous cas, y sont super polis :shock: )

Et puis paf, litige :

A : Au fait, connaissez-vous cette citation de Kenneth Boulding ?
Toute personne croyant qu'une croissance exponentielle peut durer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste.


B : Il n'est visiblement ni économiste ni fou, il est simplement con.

C : ... ou malthusien, ce qui revient à peu près au même !

D : Disons que dans l'absolu il existe une limite au développement économique et industriel, en raison notamment du fait que les ressources naturelles sont limitées. Mais cette limite n'est pas fixe car elle est fonction de la technologie et du progrès technique. Si demain on invente un moteur qui permet à une voiture de faire 1000 bornes avec un litre d'essence, alors le pétrole sera relativement moins rare qu'il ne l'est aujourd'hui. De même, il existe certainement sur terre des ressources que l'on ne peut pas exploiter parce que l'on ne dispose pas de la technologie adéquate. Mais ça peut changer. La vraie question selon moi n'est pas celle du caractère limité du milieu naturel, mais plutôt celle de la possibilité d'un progrès technologique permettant une exploitation toujours plus efficiente de ses ressources.

Puis le débat se recentre... et enfin (Là, j'ai eu un début de... bon :oops: ) :

E :Nous avons tous raison et nous nous disputons sur des broutilles. Nous ferions mieux de suivre le conseil de Charles Featherstone et de spéculer en bourse sur le pétrole. Avec des esprits aussi éclairés que nous, nul doute que le monde verrait enfin la lumière.
Le pétrole, en tant que ressource naturelle dans le sol, se raréfie. C'est indéniable.
Des alternatives existent: les bio-carburants, le gaz, l'énergie solaire, l'hydrogène, etc...
La question n'est pas de savoir si ces alternatives deviendront intéressantes, mais quand. Si on mise trop tôt sur les énergies alternatives, on se plante. Si c'est trop tard, on se plante aussi. Le marché libre permettra d'éliminer ceux qui étaient trop pessimistes ou trop optimistes pour le pétrole.
Ce qu'il faut éviter, c'est que les états se saisissent de cette question difficile en tant que nouvel instrument de leur domination.


C'est du bonheur en branche ! J'imagine que chacun y trouverait le sien.
Encore merci.

Publié : 21 août 2005, 17:56
par phylippe
Allez encore une pour la route :D
Bref, je vois pas où est la logique dans ta citation. Rien n'est limité du moment où on l'a décidé.

Publié : 21 août 2005, 21:41
par MadMax
=D> =D> =D> : ceux-là (les libéraux), ils vont se prendre une grosse claque avec la Bourse!

Publié : 21 août 2005, 23:04
par fabinoo
666

Publié : 22 août 2005, 09:54
par greenchris
Les libéraux meriteraient leur propre topic sur notre forum, tellement, c'est bon, enfin, en même temps, ça fait un peu peur.

Publié : 22 août 2005, 10:27
par epe
MadMax a écrit :ceux-là (les libéraux), ils vont se prendre une grosse claque avec la Bourse!
Attention, sur le plan économique libéralisme s'oppose à collectivisme. Un libéral n'est pas nécessairement un capitaliste. Un travailleur indépendant peut très bien se considérer comme libéral parce qu'il ne souhaite pas effectuer le même travail dans les mêmes conditions au sein d'une coopérative. Et ne posséder d'autre capital que ses propres outils (et encore, si ils ont été achetés à crédit, dans les faits il n'est même pas propriétaire de ses outils)

Publié : 22 août 2005, 10:42
par MadMax
Euh... je parlais du gars qui s'interrogeait sur le meilleur support action pour profiter de la hausse du baril.

Publié : 22 août 2005, 11:00
par Devenson
C'est un peu trop facile de ne citer que les propos ridicules. Je vois au contraire une communauté de personnes découvrant le problème et réagissant en fonction de leur contexte socio-culturel. Certaines des réactions de refus correspondent tout à fait à celle que je rencontre lorsque je parle du pic. Ce n'est pas pour cela que je considère mes interlocuteurs comme des imbéciles finis. Je suis peut-être aveugle, mais je considère qu'il y a la même proportion de gens intelligents chez les libéraux que chez les écolos. La seule différence est qu'il est pour eux encore
beaucoup plus difficile d'admettre que nos ressources et notre développement peuvent être finis. Même si les forumeurs d'oleocene sont dans une espèce de bulle, nous vivons dans une société où la notion de croissance est positive, bénéfique et indispensable pour 99% de la population.

Extrait (à propos du rapport BP):
A- J'ai bien parlé des découvertes de gisement et non pas du total des réserves prouvées.
B- Au temps pour moi. Mais bon l'essentiel était de montrer que la consommation actuelle de pétrole pourrait être soutenue jusqu'après 2040. On est donc très loin de la fourchette alarmiste comprise entre 2010 (au pire) et 2025 (au mieux).
Il suffirait de lui montrer que les "40 ans de réserves" ne sont pas pertinents pour que l'intervenant B revoie son opinion.

Les quelques citations suivantes (venant de 3 intervenants différents) ne déshonoreraient pas oleocene.org. Par ailleurs, je suis sur que l'on pourrait faire un florilège de déclarations faites sur notre forum et qui apparaîtraient comme parfaitement ridicules.
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Apparemment, les énergies renouvelables ne sont pas prêtes pour faire face à la crise, surtout si elle est réellement imminente (le prix de l'essence à la pompe n'est pas fait pour nous rendre optimistes).

Après les analystes y vont de leurs simulations. Les plus optimistes se contentent de prédire la fin de l'aviation (ça c'est évident), la fin, peut-être passagère, de l'automobile individuelle. Les plus pessimistes affirment que la moitié de l'humanité (dont les pays riches) risque de mourir de famine, tant la pétrochimie et l'agriculture sont liées, du point de vue des machines, de l'irrigation, des engrais... Ca fait froid dans le dos.
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Il n'en reste pas moins que les nouvelles découvertes sont très inférieures à la consommation depuis environ le milieu des années 80. Aujourd'hui, on ne découvre de nouvelles réserves qu'à raison de 25% de la consommation.

En outre, les estimations de l'état américain et des états du golfe (qui ont augmenté leurs réserves prouvées pour obtenir plus de quotas à l'OPEP, sans pour autant que de nouveaux gisements aient été découverts) sont fortement sujettes à caution.
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J'ai bien parlé des découvertes de gisement et non pas du total des réserves prouvées. Le total des réserves prouvées et la consommation annuelle varient lentement, donc il est parfaitement normal que le ratio réserves / consommation diminue tout aussi lentement.

Par contre, le rythme des nouvelles découvertes s'est effondré depuis les années 60:

http://www.peakoil.net/DiscoverGap.html

Donc ma phrase est parfaitement vraie: on ne découvre aujourd'hui de nouveaux gisements de pétrole qu'à raison d'environ 25% de la consommation.

A mon avis, les "experts" qui prédisent le développement de nouvelles technologies nous permettant d'extraire une quantité virtuellement infinie de pétrole prêchent surtout pour leur paroisse, c'est à dire l'attribution de généreuses subventions étatiques (comme l'IFP, financé à 65% par l'état). En pratique, les compagnies pétrolières investissement massivement dans la prospection et les nouvelles technologies mais cela ne permettra pas de régler le problème principal impliqué par le "peak oil", c'est à dire l'augmentation constante du prix du pétrole.
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J'ajoute que le total des réserves prouvées peut varier sans que de nouveaux gisements soient trouvés. En effet, dans les pays du Golfe, ce sont les états eux-mêmes qui annoncent les réserves prouvées et nous savons tous quel crédit il faut donner à leur déclarations. L'augmentation des réserves prouvées dans le Golfe au cours des années 80 s'est faite alors que très peu de nouveaux gisements y ont été découverts. Elle ne fait que reflèter les luttes d'influence au sein de l'OPEP.
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Ce qui est sûr, c'est que si la production augmente moins vite que la demande -ou même ralentit-, alors les échanges internationaux vont devenir chers assez vite. Et avec la montée de la consommation chinoise l'échéance de 2010 n'est pas forcément irréaliste. Au moins pour un début de retour sur les délocalisations.

Ceci-dit pour moi si ça se confirme ça reste une bonne nouvelle puisque je n'ai pas confiance dans la capacité de notre planète à s'adapter à la pollution, et j'ai plutôt confiance dans la capacité des sociétés humaines à s'adapter à un manque d'énergie fossiles :)
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La prévision pour 2010 n'a pas été inaugurée par une bande d'écologistes barbus et hirsutes, vêtus de pulls à col roulé, qui élèvent des chèvres dans le Larzac. Elle émane de l'ASPO, très sérieux regroupement de messieurs portant cravates (enfin, pas tous), dont les membres sont pour, la plupart, des anciens employés de compagnies pétrolières, assez bien renseignés sur la question (quelques-unes de leurs prédictions se sont déjà réalisées).
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En outre, je ne vois pas en quoi Malthus était un con, et en quoi les fondateurs du Club de Rome avaient tort sur le fond : la Terre étant un milieu limité, la multiplication d'êtres humains ayant des besoins de consommation croissants ne peut aboutir qu'à une rupture. Cela me paraît d'une logique clairvoyante.

Et je ne vois pas en quoi la notion de "développement durable" y changera quoi que ce soit : au mieux, cela reculera l'échéance fatale de quelques générations...