A Châteauroux, un projet innovant de 700 millions d'euros autour d'un datacenter géant
STÉPHANE FRACHET Usine Nouvelle le 14/03/2019
L'agglomération de Châteauroux (Indre) développe un projet à 700 millions d'euros autour d'un datacenter géant. Soutenu par la Caisse des dépôts, l'investisseur franco-néerlandais Mado annonce la participation d'Atos, Siemens, Bouygues et EDF.
La zone d'activité d'Ozans, où doit s'ériger d'ici 2023 un datacenter géant de 12 000 mètres carrés, des serres, une usine de déshydratation de luzerne, et un centre logistique de 50 000 mètres carrés.
Un datacenter de 12 000 mètres carrés, alimenté par de l'énergie solaire, dont les serveurs chaufferont des serres, et déshydrateront de la luzerne pour les éleveurs : voici résumé le projet porté par un investisseur franco-néerlandais, Mado, soutenu par la Caisse des dépôts, et qui vient d'acquérir pour 16 millions d'euros une immense parcelle à Etrechet, sur une zone d'activités de l'agglomération de Châteauroux (Indre), qui est certifiée Haute qualité environnementale.
Baptisé Green Challenge 36, ce projet "unique en Europe par sa taille et sa configuration innovante" représente un investissement cumulé de 700 millions d'euros, selon Gil Averous, maire de Châteauroux et président de l'intercommunalité.
Ce projet est porté par la société Mado France, dont le siège est à Saint-Cyr-sur-Loire, dans le département voisin d'Indre-et-Loire. Il mobilisera une surface de 250 hectares, soit la moitié de cette immense zone d'activités Ozans, qui ciblait au départ des investisseurs chinois.
Un potentiel de 750 emplois
Le coeur du programme comporte un datacenter de 12000 m2, qui aura la certification Tier IV, avec une double redondance des serveurs, tant pour la connexion à la fibre optique que pour les alimentations par les circuits électrique et froid. Construit et équipé par Siemens, Atos et Bouygues, ce datacenter aura une autonomie en autarcie de 48 heures., annonce en substance Dirk Dobber, président de Mado France.
Deux exploitants seraient sur les rangs : le luxembourgeois ERBC, qui exploite déjà 10 datacenters en Europe, dont un en Lorraine, et son confrère Switch, du groupe néerlandais Vincere.
Deux centrales photovoltaïques de 60 et 40 hectares alimenteront le site en électricité. Mado est en négociation pour le rachat d'un projet de HCGN Europe, l’une des filiales de la société China General Nuclear Power Group (CGN) qui a obtenu une autorisation pour un parc sur la zone d'activités voisine de la Martinerie.
Dirk Dobber, président de Mado France, estime qu'il est possible "de créer autour du datacenter un écosystème vertueux, qui pourrait faire partager sur un même site des échanges d’énergies entre différentes activités".
La chaleur dégagée par l'informatique alimentera une usine de déshydratation de végétaux, notamment de luzerne, à destination des éleveurs de la région, ainsi que des serres maraîchères et horticoles sur 80 hectares. A ce stade, les investisseurs précisent que des contacts sont pris, mais qu'aucun engagement ferme n'est pris sur cette partie agricole.
Dirk Dobber cite un suivi par Interfel, la FNSEA, et par deux industriels hollandais dont Hartog, qui exploite déjà une usine de déshydratation de végétaux. Un centre logistique de 50000 mètres carrés pour les produits agricoles, et des bâtiments tertiaires, compléteront ce programme qui pourrait générer environ 750 emplois.
Reste à boucler les études. Elles devraient prendre deux ans, auxquels s'ajouteront deux ans de travaux. L'investisseur et l'agglomération de Châteauroux
annoncent un lancement en 2023.