Le gouvernement reconnaît que le pays est en récession
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 03.10.08
Après avoir tourné autour du pot, le gouvernement a reconnu que la France était techniquement en récession, vendredi 3 octobre. Suite aux conclusions de l'Insee prévoyant une baisse du PIB français pour les deux derniers trimestres de 2008, le ministre du budget Eric Woerth a reconnu que le pays était en "récession technique" après deux trimestres de "croissance négative". Il a toutefois souligné que, sur l'ensemble de l'année en cours, la croissance du PIB sera de 1 %, un argument qu'il avait utilisé dans un premier temps pour démentir qu'une récession avait lieu.
"Il ne faut pas jouer sur les mots, je trouve tout cela ridicule", avait réagi M. Woerth vendredi matin depuis les journées parlementaires de l'UMP, à Antibes. "Par nature, la France n'est pas en récession", avait-il assuré dans un premier temps, soulignant qu'"il y a une définition technique et statistique de la récession et puis, il y a la réalité des choses". Ce phénomène économique se définit comme un recul du PIB pendant au moins deux trimestres consécutifs. Le ministre a par la suite fustigé "une sorte de jeu de chasse et de la souris ridicule" entre les membres du gouvernement et la presse pour savoir qui dira "le mot qu'il ne faut pas dire", à savoir "récession".
"UN DISCOURS DE RÉALISME, PAS UN DISCOURS DE CATASTROPHISME"
Dans la matinée, M. Woerth avait utilisé plusieurs expression pour décrire la situation de la croissance française, tout en prenant soin de ne pas utiliser le mot "récession". Cette ligne de conduite a également été adoptée par plusieurs membres du gouvernement, dont sa collègue de l'économie, Christine Lagarde, pour savoir si c'est une récession ou pas "n'est pas le plus important"."On est dans une situation économique difficile. Il faut mettre en place des mesures de soutien au développement de l'activité, c'est ça qu'on est en train de faire", s'est-elle contentée de répondre.
Le porte-parole de l'UMP,Frédéric Lefebvre, s'était étonné que le journalistes veuillent "que l'on prononce le mot récession". "Il y a une croissance molle pour 2008 et une croissance qui ne devrait pas être très forte en 2009, c'est pour cela qu'il faut la soutenir par une politique d'hyper-réactivité comme le fait le gouvernement", a justifié le député des Yvelines, alors que le ministre du travail, Xavier Bertrand soulignait l'importance d'"un discours de réalisme, pas un discours de catastrophisme". Le premier ministre, François Fillon, s'est refusé à tout commentaire sur la question. Nicolas Sarkozy, qui a annulé une réunion prévue vendredi avec les jeunes apprentis européens pour préparer la réunion au sommet sur la crise financière de samedi, ne s'est pas non plus prononcé.
Le député UMP du Val-d'Oise, Jérôme Chartier, a trouvé le moyen de contourner le problème : au lieu de "récession", il préfère parler "de croissance négative." A Bruxelles, le président de la Banque centrale européenne, le Français Jean-Claude Trichet, a adopté le même ton après les annonces de l'Insee, refusant de parler de récession dans son pays d'origine, lui préférant le terme de "croissance ralentie".