[Monnaie] Ecosociétalisme et création monétaire

Discussions traitant de l'impact du pic pétrolier sur l'économie.

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AJH
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Re: [Monnaie] Ecosociétalisme et création monétaire

Message par AJH » 08 févr. 2010, 07:39

pragma tic a écrit :Bonjour,

Merci à AJH pour ses précisions, je ne doute pas que la solution proposée soit la bonne, mais j'ai hâte d'être en capacité à faire le calcul qui le démontre, j'en suis loin ...

Alors pour Bruno Lemaire, il y a à discuter sur la troisième citation.

Ignorant tout de la monnaie et de ses joyeusetés, j'ai passé quelques heures sur internet afin de vérifier la pertinence de ces citations au regard de la procédure factuelle (comptable) qui gouverne la procédure du crédit bancaire.
J'y ai gagné un bon mal de tête et quelques croyances, qui vont orienter mes commentaires à venir sur ces citations.

Alors, sur la première : "Non seulement, les banques commerciales prêtent en totalité la monnaie qu'on leur a confiée, les dépôts font alors les crédits. Mais elles prêtent aussi de la monnaie qu'elles n'ont pas en dépôt, et ce sont alors les crédits qui font les dépôts."
Elle me paraît parfaitement erronée. Car de ce que j'ai compris, les banques peuvent "prêter" (dans le cadre du crédit) seulement 90% environ de leurs fonds propres et de ce qu'elles ont reçu en dépôt.
Donc, non seulement pas tout ce qu'elles ont reçu en dépôt, et encore moins de la monnaie qu'elles ne détiendraient pas au moins d'une manière comptable.
Il semble que sur ce plan, l'aspect factuel prête à confusion pour beaucoup de personnes.

Comme je l'avais déjà expliqué, la moyenne des nouveaux crédits "ex nihilo" que font les banques (prêt de monnaie qu'elles n'ont pas en dépôts) est de 60%. Il s'agit simplement d'une monétisation de reconnaissance de dette (de créances)
Les 40% autres sont des prêts sur des épargnes existantes (des dépôts, SAUF les dépôts à vue qui ne peuvent être prêtés par les banques). Mais ces épargnes sont nécessairement issues de crédits "ex nihilo" puisque l'ensemble des banques commerciales est la seule structure autorisée à créer de la monnaie par monétisation de créances (je mets de côté les quelques pourcents en billets de banque)
Sur la seconde "En créant la monnaie centrale à la disposition des banques commerciales, la Banque Centrale joue bien un rôle dans la création monétaire, mais elle n'est pas pour autant à l'origine de la monnaie dématérialisée existante, celle que l'on trouve sur les comptes courants des clients." : Je ne la conteste pas, et je trouve qu'elle a le mérite de mettre l'accent sur une grosse complication pour la modélisation qui surgit de la coexistance de deux monnaies, jouissant de statuts et caractéristiques très différents.
Les banques entre elles utilisent cette "monnaie centrale" pour chacune compenser, si nécessaire, les différences entre ce qu'elles se doivent. Mais au niveau de toutes les banques commerciales, il n'y a pas de solde de compensation
Sur la troisième : "Cette création monétaire est parfois appelée "création ex nihilo", c'est à dire création à partir de rien. Cette qualification repose sur le fait que la monnaie ainsi prêtée à l'emprunteur n'existait pas au préalable. Pourtant cette monnaie n'est pas créée à partir de rien, mais à partir d'une opération bancaire qui l'a créée en contrepartie d'un titre de créance. L'usage du terme ex nihilo tendrait à faire penser que cette création serait sans contrepartie, et que les banques pourraient ainsi créer de la monnaie "gratuitement", ce qui n'est pas le cas." : Moi elle me semble réparer l'erreur contenue dans la première, en précisant bien que la monnaie pré-existe (au moins sous forme comptable) au moment de sa mise en circulation par la banque dans le cadre du crédit.
Non, la monnaie ne pré existe pas sous forme comptable ou autre. Quand un emprunteur vient voir un banquier, celui ci crée, par une inscription identique sur 2 comptes (actif et passif), de la monnaie qui n'existait pas l'instant d'avant. Nous avons vu qu'il y avait bien des contreparties... le banquier (heureusement) ne peut faire tout ce qu'il veut (bien qu'en ce moment ... :roll: ) ; il faut déjà qu'il ait une demande.
Sur la quatrième : "Cette possibilité de création monétaire n'est pas infinie, mais est limitée par le montant des réserves obligatoires auprès de la Banque Centrale, ainsi que par le "ratio Cooke" qui fait dépendre le montant total des prêts que peut accorder la banque du montant de ses fonds propres (son capital)." : D'ou l'environ 90% auquel j'arrive ...

A ce stade, je n'ai aperçu aucune création de monnaie, en limitant ma modélisation à une seule banque, qui ne disposerait que de fonds propres et de dépôts de ses clients.

Je suppose que c'est lorsqu'on introduit les échanges entre plusieurs banques (les crédits font les dépôts ?) qu'on commence à s'amuser.
Je ne suis sûr de rien mais j'espère que nos échanges, dont je vous remercie, me permettront d'acquérir quelques convictions en ce domaine.
Aux limites des R.O. et ratio de fonds propre, il faut rajouter la demande statistique de billets que la banque est obligée de se fournir auprès de la Banque Centrale et les réglements de compensation éventuels.
Les capacités de création monétaire d'une banque sont faibles (compte tenu de l'environnement concurrentiel lui faisant risquer les fuites de compensation). Les capacités du système bancaire dans son ensemble sont par contre importantes (fonction seulement des R.O. et de la demande en billets: si l'ensemble fait 10%, les banques -ensemble - peuvent prêter 10 fois la monnaie centrale dont elles disposent ou peuvent disposer sur demande à la Banque Centrale)

Mais au moins à retenir: les banques ne prêtent pas les dépôts à vue (l'argent sur votre compte bancaire)

Essayez de prendre le temps de lire tranquillement http://monnaie.wikispaces.com/Cr%C3%A9a ... C3%A9taire ... ca évitera de toujours répondre aux même questions.
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Re: [Monnaie] Ecosociétalisme et création monétaire

Message par bruno lemaire » 08 févr. 2010, 11:09

@AJH et Pragmatic.

Je continue à dire qu'étudier le multiplicateur pour une banque donnée n'a aucun sens. Il faut partir du système bancaire global (donc 100%) et pas d'une banque ayant 10% de part de marché. En faisant cela, on "linéarise" toutes les interactions du système.

Je pense que Jean Bayard serait d'accord, mais même s'il ne l'est pas, c'est ma conviction - et je la partage ;-)
Une banque seule avec une part de marché faible n'a que peu de possibilité de création monétaire. Voici un exemple
SI
- le coefficient b de préférence pour les billets = 12%,
- la part de marché 10%
- le coefficient h de réserves obligatoire = 4%
un réseau bancaire, s'il est certain d'obtenir 10000 de refinancement de la banque centrale, peut "créer" 10923 € de crédits nouveaux sans devoir s'endetter (se refinancer pour la compensation) plus que les 10000, ni envers aucune banque commerciale, ni envers la banque centrale.

Si maintenant sa part de marché est de 90% (au lieu des 10% précédent), le montant des crédits nouveaux possible devient 41722 €
Pour le point ci-dessous, je suis évidemment d'accord:
Mais pour l'ensemble de toutes les banques de tous les réseaux (100% de parts de marché), elles peuvent émettre 64433 € de crédits nouveaux, toutes les hypothèses initiales identiques ( 12% de billets et 4% de R.O.)

A noter que l'obligation actuelle des RO est de 2% des dépôts à vue que détient la banque.
Petite précision statistique:

depuis 15 ans, le rapport "M1/Currency" est resté, au niveau européen, compris entre 4.4 et 7.6 (avec un point aberrant au dessus de 9 lors du lancement de l'euro, fin 2001, début 2002). Il est actuellement voisin de 6 (voisin de 5 pour la France)

B.L.

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Re: [Monnaie] Ecosociétalisme et création monétaire

Message par bruno lemaire » 08 févr. 2010, 11:29

Remundo a écrit :Bonjour Bruno,

j'aime bien ce passage
Bruno Lemaire a écrit : Si Casimir emprunte de la « monnaie » pour une activité économique qui va pouvoir avoir un certain impact, son emprunt aura été utile : il pourra rembourser cet emprunt. Si cette « monnaie » prend simplement la forme de « cash », de « liquide », et si ce « cash » est emprunté pour être déposé sous son matelas, le principe de conservation des quantités jouera dans le mauvais sens : 90% du « cash » va sortir du circuit économique.

S. Gesell a parlé de ce risque, et de ses conséquences potentiellement fort graves, d’où son idée de monnaie fondante, perdant de la valeur si elle n’est pas dépensée rapidement.

Au contraire, si l’emprunt de Casimir est réinjecté, directement ou non, dans la sphère économique (investissement-production-consommation) non seulement une cascade d’emprunts pourra avoir lieu (la banque B qui reçoit éventuellement tout ou partie du placement de Casimir va elle-m^me pouvoir prêter jusqu’à 90% de ce placement, etc.), mais cette cascade aura deux effets.

Alimenter la sphère économique en moyens de paiements, et permettre à Casimir, et à la séquence d’emprunteurs qui sera apparue à travers le système bancaire, de rembourser leurs emprunts. Car si ceux que P. Jorion appelle les créationnistes ont raison de parler de la création de « monnaie scripturale » par les banques, ils devraient aussi être appelés « destructionnistes », car ils n’oublient pas que les emprunts – même en monnaie scripturale – devront être remboursés (là encore en monnaie scripturale).On pourra consulter à cet égard le livre de M. Allais, paru en 1977, "l'impôt sur le capital et la réforme monétaire".

En d’autres termes, dans un « bon » système économique d’une communauté donnée, la monnaie scripturale devrait, bon an mal an, augmenter à peu près comme la production-consommation-investissement de la communauté considérée et, si le taux des « réserves fractionnaires » ne bouge pas trop, il devrait en être de même pour la masse de « papier-monnaie », qu’on considère le « papier-monnaie » comme le véritable sang, ou comme les globules rouges, de l’économie.
Il n'y a rien de pire que l'argent qui ne circule pas, car dans ce cas il ne vaut rien, ni pour l'investisseur, ni pour le prêteur.

Sinon, pour calmer l'avidité des banques, il faudrait strictement cloisonner les "activités d'affaires" avec les activités traditionnelles de dépôt/prêt ; et peut-être aussi comme veut le faire Obama, limiter leur taille pour limiter les risques en cas de faillite de l'une d'elle (éviter l'effet domino de faillites en série).
@Remundo.

Je pense - mais AJH pourra mieux le dire - que les propositions de M. Allais vont dans le sens de ce cloisonnement: banques de dépôts, qui ne font "que" du cash management (ce sont de simples comptables non faiseurs de prêts, donc non "créationnistes"), et banques de fiancement (qui se "contentent" de transformer l'épargne à terme -disons 5 ans, en financement à plus court terme (disons 5 ans moins un jour)

B.L.

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Re: [Monnaie] Ecosociétalisme et création monétaire

Message par AJH » 08 févr. 2010, 11:35

bruno lemaire a écrit :
@Remundo.

Je pense - mais AJH pourra mieux le dire - que les propositions de M. Allais vont dans le sens de ce cloisonnement: banques de dépôts, qui ne font "que" du cash management (ce sont de simples comptables non faiseurs de prêts, donc non "créationnistes"), et banques de financement (qui se "contentent" de transformer l'épargne à terme -disons 5 ans, en financement à plus court terme (disons 5 ans moins un jour)

B.L.
C'est tout à fait cela =D>

Pour aller un peu plus loin:
Les principes de la réforme radicale du crédit proposée par Maurice Allais.

Maurice Allais énonce — après les avoir démontrés et après avoir répondu aux principales objections — les principes d’une réforme structurelle du système du crédit, du système financier et monétaire international, et du système des échanges commerciaux internationaux, seuls à même, d’interdire la réapparition d’une crise systémique semblable à celle qui menace à présent la prospérité et la liberté dans nos société, voire dans le monde entier.

Son diagnostic peut en effet se résumer ainsi :

« Le système actuel du crédit, dont l’origine historique a été tout à fait contingente, apparaît comme tout à fait irrationnel, et cela pour huit raisons :

1. la création (ou la destruction) irresponsable de monnaie et de pouvoir d’achat par les décisions des banques et des particuliers

2. le financement d’investissements à long terme par des fonds empruntés à court-terme

3. la confusion de l’épargne et de la monnaie

4. la très grande sensibilité du mécanisme du crédit actuel à la situation conjoncturelle

5. l’instabilité foncière qu’il engendre

6. l’altération des conditions d’une efficacité maximale de l’économie

7. l’altération de la distribution des revenus

8. et enfin l’impossibilité de tout contrôle efficace du système du crédit par l’opinion publique et le Parlement, en raison de son extraordinaire complexité.

Au regard d’une expérience d’au moins deux siècles quant aux désordres de toutes sortes et à la succession sans cesse constatée des périodes d’expansion et de récession, on doit considérer que les deux facteurs majeurs qui les ont considérables amplifiées sinon suscitées, sont :

1. la création de monnaie et de pouvoir d’achat ex nihilo par le mécanisme du crédit.

2. le financement d’investissements à long terme par des fonds empruntés à court-terme.

Il pourrait cependant être aisément remédié à ces deux facteurs par une réforme d’ensemble qui permettrait, sinon de mettre fin aux fluctuations conjoncturelles, tout au moins d’en réduire très considérablement l’ampleur.

Cette réforme doit s’appuyer sur les deux principes tout à fait fondamentaux :

1. La création monétaire doit relever de l’État et de l’État seul. Toute création monétaire autre que la monnaie de base par la Banque Centrale doit être rendue impossible, de manière que disparaissent les « faux droits » résultant actuellement de la création monétaire bancaire.

2. Tout financement d’investissement à un terme donné doit être assuré par des emprunts à des termes plus longs, ou tout au moins de même terme.

Les principes de la réforme du système du Crédit que propose Maurice Allais peuvent donc se résumer comme suit :

Cette double condition implique une modification profonde des structures bancaires et financières reposant sur la dissociation totale des activités bancaires telles qu’elles se constatent aujourd’hui, et leur attribution selon trois catégories d’établissements distincts et indépendants :

1. des banques de dépôt assurant seulement, à l’exclusion de toute opération de prêt, les encaissements et les paiements, et la garde des dépôts de leurs clients, les frais correspondants étant facturés à ces derniers, et les comptes des clients ne pouvant comporter aucun découvert ;

2. des banques de prêt empruntant à des termes donnés et prêtant les fonds empruntés à des termes plus courts, le montant global des prêts ne pouvant excéder le montant global des fonds empruntés.

3. des banques d’affaires empruntant directement auprès du public, ou aux banques de prêt et investissant les fonds empruntés dans les entreprises

Dans son principe, une telle réforme rendrait impossible la création monétaire et de pouvoir d’achat ex nihilo par le système bancaire, ainsi que l’emprunt à court terme pour financer des prêts de terme plus long. Elle ne permettrait que des prêts de maturité plus courte que celle correspondant aux fonds empruntés. Les banques de prêt et les banques d’affaire serviraient d’intermédiaires entre les épargnants et les emprunteurs. Elles seraient soumises à une obligation impérative : emprunter à long terme pour prêter à plus court terme, à l’inverse de ce qui se passe aujourd’hui.
Une telle organisation du système bancaire et financier permettrait la réalisation simultanée de six conditions tout à fait fondamentales :

1. l’impossibilité de toute création monétaire et de pouvoir d’achat en dehors de celle de la monnaie de base par les autorités monétaires ;

2. la suppression de tout déséquilibre potentiel résultant du financement d’investissements à long terme à partir d’emprunts à court ou à moyen terme ;

3. l’expansion de la masse monétaire globale, constituée uniquement par la monnaie de base, au taux souhaité par les autorités monétaires ;

4. une réduction majeure, sinon totale, de l’amplitude des fluctuations conjoncturelles ;

5. l’attribution à l’État, c’est-à-dire à la collectivité, des gains provenant de la création monétaire, et l’allégement en conséquence des impôts actuels ;

6. un contrôle aisé par l’opinion publique et par le Parlement de la création monétaire et de ses implications.

Cette réforme apparaît comme une condition nécessaire de survie d’une économie décentralisée et de son efficacité.

Maurice Allais, propose donc de confier l’exclusivité de la création monétaire ex nihilo à une Banque Centrale – indépendante constitutionnellement des pouvoirs politiques, son objectif statutaire constitutionnel étant de préserver la stabilité des prix, c’est-à-dire une hausse des prix annuelle qui n’excède pas 2%, le rythme annuel de cette création monétaire étant calé sur le rythme de croissance du PIB réel.
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Re: [Finance] Taux d'interets en France / taux de la BCE

Message par bruno lemaire » 08 févr. 2010, 11:38

Ce qui est amusant, en revanche, et qui nous perturbe, c'est que ceux qui l'ont correctement identifié et analysé le comprennent en tant qu'outil d'enrichissement par les banques commerciales au dépends de la communauté.
Ce qui n'est qu'anecdotiquement vrai, car lorsqu'elles créent de la monnaie, les banques créent un outil (servant à l'échange des "richesses"), mais aucunement une "richesse", et ne peuvent donc s'enrichir par ce fait que tout autant qu'elles parviendront à faire gober Monnaie=Richesse à ceux qui seront prêts à le croire ...
Vous auriez parfaitement raison au moins théoriquement, sur le point "anecdotiquement vrai", puisque, effectivement, les banques ne créent que du vent, et que les richesses anticipées ne sont que potentielles.

Mais:a) cette "anecdote" dure depuis si longtemps qu'elle finit par peser: la monnaie n'est pas la richesse, mais une mauvaise émission de monnaie peut tuer la vraie richesse.(vous l'écrivez d'ailleurs, en disant que tout cela finira bien par péter .... mais avec quels dégâts)
b) en attendant, si la masse monétaire enfle, et si le PIB ne suit pas, ceux qui ont de plus en plus de monnaie (fausse richesse) s'approprient une part de plus en plus grande de cette richesse vraie: oui, je sais, ce n'est pas proportionnel, c'est hyperbolique - (au sens presque "matheux" du terme: on ne va quand m^me pas chicaner sur un barycentre de plus en plus "pesant" vers le secteur bancaire ;-) )

Très cordialement, Bruno.

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Re: [Monnaie] Ecosociétalisme et création monétaire

Message par pragma tic » 08 févr. 2010, 11:39

Bonjour,

Merci à ceux qui me proposent une solution, mais ce n’est pas le sens de la démarche que j’entreprends en ce moment.
Connaître une solution est bien, mais si on ne la comprend pas (ce qui est mon cas), ça ne permet aucunement de progresser.
Je m’essaie, en ce moment, à mesurer les contraintes factuelles qui pèsent sur un opérateur de crédit, dans le but d’identifier les circonstances dans lesquelles il peut mettre de la monnaie en circulation, de manière à pouvoir ensuite (dans un second temps) tenter de caractériser la nature de cette monnaie, ses origines, et son rôle dans l’économie.
L’intérêt de ma démarche est limité, car les modélisations que je me prépare à mettre en œuvre ne pourront aucunement prendre en compte la complexité de la réalité économique.
En revanche, en démarrant simplement, (par les aspects juridiques et comptables de base), j’ai des chances de pouvoir mettre en lumière les grands principes de fonctionnement à l’œuvre, en évitant les pièges des modélisations trop complexes, dans lesquelles les décrochages avec la réalité me semblent fréquents, à ce que je peux observer.

Mon propos revient donc à créer une banque, (la Pragma Fric), à observer les contraintes légales (juridiques et comptables) qui pèsent sur elle, puis, tout en s’efforçant de respecter le cadre légal, d’en faire progressivement un opérateur de crédit, de manière à tenter de mettre en évidence le mécanisme par lequel cette banque pourrait participer à une « création monétaire ».

Je dispose pour se faire de 200 000 euros et de quelques coffres dont je ne sais pas quoi faire.
J’ai donc, dans un premier temps, procédé à quelques déclarations d’usage, dont je crois qu’elles ne concernent pas mon propos ici. J’ai ainsi pu ouvrir un compte à la BCE, et un autre à la Banque de France.
Le compte à la BCE sera mon compte de fonctionnement. Pour l’approvisionner, il m’a fallu produire un titre de créance. J’ai donc investi dans un Bon du Trésor Interannuel de six ans, de 200 000 euros, et je l’ai déposé à la BCE.
Mon compte à la banque de France accueillera mes réserves obligatoires, J’y effectue un virement de 20 000 euros à ce titre, ce qui me fixe pour l’instant à ce niveau (supérieur au nécessaire) mes réserves obligatoires, et a pour effet de laisser à 180 000 euros mon compte créditeur à la BCE.
Et je démarre. Ce matin, 3 clients (Dupond, Durand, Duschnock,) sont venus chacun ouvrir un compte courant, et l’ont chacun crédité de 50 000 euros, ce qui m’a pourvu de 150 000 euros, que j’ai convertis en un certificat de dépôt, me permettant de porter à 330 000 euros mon solde créditeur à la BCE.
Telle que j’interprète actuellement la législation comptable applicable au droit bancaire, je dispose donc d’un « droit à crédit » du niveau de 90% de mes fonds propres et dépôts, soit environ 270 000 euros.
Les clients ne tarderont sûrement pas, car je vais commencer par du crédit gratuit.

Ai-je commis quelque impair, dans mes actes ou interprétation de la législation comptable ?
Il est plus tard que vous ne pensez.
Votre plan B est mon plan A.

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Re: [Monnaie] Ecosociétalisme et création monétaire

Message par bruno lemaire » 08 févr. 2010, 11:42

AJH a écrit :Je précise évidemment que les chiffres de "création monétaire" sont des chiffres issus du calcul.. ce que peuvent faire les banques en théorie.

Pour la pratique, je laisse parler Patrick Artus
« Une porosité entre base monétaire et masse monétaire est le multiplicateur monétaire. Or, il s’est effondré. Alors que les banques européennes génèrent habituellement 4800 euros à partir de 1000 euros de monnaie banque centrale, leur capacité de création monétaire est tombée à 3500 euros depuis Lehman »

Que Artus, qui travaille pour Natixis, banque sauvée d'un sort funeste par les autorités, le dise, c'est une chose.

Que ce soit vrai, c'en est une autre. Les chiffres européens les plus récents (novembre 2009) parlent d'un ratio M1/currency de 5.9.

B.L.

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Re: [Monnaie] Ecosociétalisme et création monétaire

Message par bruno lemaire » 08 févr. 2010, 11:56

pragma tic a écrit :Bonjour,

Merci à AJH pour ses précisions, je ne doute pas que la solution proposée soit la bonne, mais j'ai hâte d'être en capacité à faire le calcul qui le démontre, j'en suis loin ...

Alors pour Bruno Lemaire, il y a à discuter sur la troisième citation.

Ignorant tout de la monnaie et de ses joyeusetés, j'ai passé quelques heures sur internet afin de vérifier la pertinence de ces citations au regard de la procédure factuelle (comptable) qui gouverne la procédure du crédit bancaire.
J'y ai gagné un bon mal de tête et quelques croyances, qui vont orienter mes commentaires à venir sur ces citations.

Alors, sur la première : "Non seulement, les banques commerciales prêtent en totalité la monnaie qu'on leur a confiée, les dépôts font alors les crédits. Mais elles prêtent aussi de la monnaie qu'elles n'ont pas en dépôt, et ce sont alors les crédits qui font les dépôts."
Elle me paraît parfaitement erronée. Car de ce que j'ai compris, les banques peuvent "prêter" (dans le cadre du crédit) seulement 90% environ de leurs fonds propres et de ce qu'elles ont reçu en dépôt.
Donc, non seulement pas tout ce qu'elles ont reçu en dépôt, et encore moins de la monnaie qu'elles ne détiendraient pas au moins d'une manière comptable.
Il semble que sur ce plan, l'aspect factuel prête à confusion pour beaucoup de personnes.

Sur la seconde "En créant la monnaie centrale à la disposition des banques commerciales, la Banque Centrale joue bien un rôle dans la création monétaire, mais elle n'est pas pour autant à l'origine de la monnaie dématérialisée existante, celle que l'on trouve sur les comptes courants des clients." : Je ne la conteste pas, et je trouve qu'elle a le mérite de mettre l'accent sur une grosse complication pour la modélisation qui surgit de la coexistance de deux monnaies, jouissant de statuts et caractéristiques très différents.

Sur la troisième : "Cette création monétaire est parfois appelée "création ex nihilo", c'est à dire création à partir de rien. Cette qualification repose sur le fait que la monnaie ainsi prêtée à l'emprunteur n'existait pas au préalable. Pourtant cette monnaie n'est pas créée à partir de rien, mais à partir d'une opération bancaire qui l'a créée en contrepartie d'un titre de créance. L'usage du terme ex nihilo tendrait à faire penser que cette création serait sans contrepartie, et que les banques pourraient ainsi créer de la monnaie "gratuitement", ce qui n'est pas le cas." : Moi elle me semble réparer l'erreur contenue dans la première, en précisant bien que la monnaie pré-existe (au moins sous forme comptable) au moment de sa mise en circulation par la banque dans le cadre du crédit.

Sur la quatrième : "Cette possibilité de création monétaire n'est pas infinie, mais est limitée par le montant des réserves obligatoires auprès de la Banque Centrale, ainsi que par le "ratio Cooke" qui fait dépendre le montant total des prêts que peut accorder la banque du montant de ses fonds propres (son capital)." : D'ou l'environ 90% auquel j'arrive ...

A ce stade, je n'ai aperçu aucune création de monnaie, en limitant ma modélisation à une seule banque, qui ne disposerait que de fonds propres et de dépôts de ses clients.

Je suppose que c'est lorsqu'on introduit les échanges entre plusieurs banques (les crédits font les dépôts ?) qu'on commence à s'amuser.
Je ne suis sûr de rien mais j'espère que nos échanges, dont je vous remercie, me permettront d'acquérir quelques convictions en ce domaine.
Bonjour,

je n'avais pas vu votre message, avant d'écrire que la création monétaire pouvait se comprendre, soit avec une seule banque, soit à partir du sytème global bancaire (qui correspond donc à 100 % de l'éventuelle création monétaire).

Je suis donc "presque" en accord avec vous, sur le fait que partir d'une seule banque, qui n'aurait que 10 ou 20 ou 30% du marché, n'a pas de sens - et ne montre pas cette création monétaire éventuelle.

Sur ce point, je suis "donc" en désaccord avec André-Jacques: je suis sûr qu'il me pardonnera.

Le système bancaire a besoin initialement de billets, pour "amorcer" la pompe (de même que les banques du far-west avaient besoin de quelques pépites, amenées en dépôts, pour amorcer la pompe). A partir d'un stock initial de billets, d'euros "centraux", disons 10 milliards, dont 2 milliards en fonds propres, les banques vont pouvoir prêter de l'argent: ce ne sont pas les billets eux-m^me qu'elles prêtent, elles se contentent d'ouvrir des "comptes à vue" (appelés de façon diabolique "dépôts à vue", alors qu'en dehors de s fond initiaux il n'y a eu aucun dépôt réele, comme lorsque les banques du Far West accordaient des prêts, et non des "reçus" de dépôts).

Il se trouve qu'en fonction du contexte, des règles prudentielles plus ou moins appliquées,d'une guerre de parts de marché à l'intérieur du système bancaire, d'opérations plus ou moins hasardeuses des banques "sur fonds propres" - et sur argent sale -historiquement le ratio "M1/currency" évolue entre 4 et 9, en Europe, depuis 15 ans, un peu moins de 6 actuellement en Europe.

Donc "les dépôts initiaux" ont permis aux banques de prêter (4 à 10 fois plus que ce qu'elles ont en "dépôts" liquides), et ces prêts font les nouveaux dépôts.

Une proposition - qui n'est pas la mienne - voudrait imposer un ratio M1/currency (M1 = "monnaie scripturale" plus billets en circulation plus pièces; currency=billets en circulation plus pièces) de 1, contre le ratio actuel.

Jorion ne nie pas l'existence de ce ratio, il dit qu'il n'a aucun sens.

Cordialement, Bruno.

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Re: [Monnaie] Ecosociétalisme et création monétaire

Message par Remundo » 08 févr. 2010, 12:06

Donc "les dépôts initiaux" ont permis aux banques de prêter (4 à 10 fois plus que ce qu'elles ont en "dépôts" liquides), et ces prêts font les nouveaux dépôts.

Une proposition - qui n'est pas la mienne - voudrait imposer un ratio M1/currency (M1 = "monnaie scripturale" plus billets en circulation plus pièces; currency=billets en circulation plus pièces) de 1, contre le ratio actuel.

Jorion ne nie pas l'existence de ce ratio, il dit qu'il n'a aucun sens.

Cordialement, Bruno.
Bonjour Bruno,

ça calmerait le jeu monétaire, mais ça freinerait aussi considérablement l'investissement... Le but est d'avoir un système qui crée le plus de richesses concrètes pour le plus grand nombre. La monnaie au milieu de ça n'est qu'un moyen d'échange et sa quantité (son aspect numérique) représente bêtement une correspondance avec la valeur des biens sur lesquels l'acheteur et le vendeur s'entendent.

Qu'en pensez-vous ?

bruno lemaire
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Re: [Monnaie] Ecosociétalisme et création monétaire

Message par bruno lemaire » 08 févr. 2010, 12:24

Remundo a écrit :
Donc "les dépôts initiaux" ont permis aux banques de prêter (4 à 10 fois plus que ce qu'elles ont en "dépôts" liquides), et ces prêts font les nouveaux dépôts.

Une proposition - qui n'est pas la mienne - voudrait imposer un ratio M1/currency (M1 = "monnaie scripturale" plus billets en circulation plus pièces; currency=billets en circulation plus pièces) de 1, contre le ratio actuel.

Jorion ne nie pas l'existence de ce ratio, il dit qu'il n'a aucun sens.

Cordialement, Bruno.
Bonjour Bruno,

ça calmerait le jeu monétaire, mais ça freinerait aussi considérablement l'investissement... Le but est d'avoir un système qui crée le plus de richesses concrètes pour le plus grand nombre. La monnaie au milieu de ça n'est qu'un moyen d'échange et sa quantité (son aspect numérique) représente bêtement une correspondance avec la valeur des biens sur lesquels l'acheteur et le vendeur s'entendent.

Qu'en pensez-vous ?
Rebonjour Remundo.

Avant de vous répondre, une question technique au modérateur de ce blog, ou de ce fil.
Existe t-il l'équivalent d'un RSS auquel onpourrait s'abonner (type igoogle) pour suivre les échanges et pouvoir mieux y répondre.
Suivant plusieurs blogs à la fois, je m'y perds - ce qui n'est pas grave, cetes - mais, du coup, j'oublie parfois de répondre à des questions qui me sont directement posées: ce qui est fort discourtois de ma part, j'en conviens aisément: responsable, mais pas (trop) coupable.

<i>Sur la monnaie </i>et la question de Remundo maintenant:
J'émets, comme vous, des réserves sur le fait que ramener le ratio M1/currency à 1 soit "LA" solution. Les banques actuelles ne font pas bien leur travail, mais il faut que ce travail soit fait.
Nationaliser la monnaie, au sens de la rendre vraiment au service de tous, devrait être l'objectif. Mais pourquoi la nationalisation des banques, ou les transformer en simples services d'enregistrement comptable, serait LA panacée?
Je pense que la fonction publique est tout à fait noble, mais il y a des mauvais et des escrocs partout: je crois plus à la transparence des comptes et des actions qu'à la lutte des classes,ou des castes dans le cas préssent. Je ne suis pas sûr de connaître des banquiers honnêtes (en fait je ne connais pas personnellement de banquiers), mais je connais des fonctionnaires pourris.

La monnaie, ou plus exactement, dans le cadre de la question de Remundo, les crédits sont indispensables au financement des investissements, eux même au service des besoins de nos concitoyens.
Jusqu'à présent, seul le crédit social de Louis Even me semble une bonne piste: partir des besoins, et arriver à la monnaie. Mais c'est une piste que je dois travailler, je ne suis qu'un vieux débutant en ce domaine.

cordialement, B.L.

Comme monnaie complémentaire, j'ai parfois aussi évoqué une "monnaie fondante", par exemple pour financer partiellement le Revenu Minimum de Dignité. Mais ceci est une autre histoire, comme celle d'interdire les taux f'intérêt "non éthiques".

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Re: [Monnaie] Ecosociétalisme et création monétaire

Message par AJH » 08 févr. 2010, 12:49

Justement, aujourd'hui ..
http://www.boursorama.com/infos/imprime ... e791d44f0c
Finance : le patron de la FSA veut "contrôler l'expansion du crédit"

Le président de la Financial Services Authority (FSA), le gendarme des marchés britanniques, estime qu'il faut "contrôler l'expansion du crédit" pour éviter de nouvelles crises, en étant notamment "plus sélectifs" dans la distribution de prêts.

"Je suis de plus en plus convaincu qu'il faut contrôler l'expansion du crédit, indépendamment de la politique monétaire", affirme Jonathan Adair Turner dans un entretien publié lundi par le quotidien français La Tribune.

Selon lui, "il faudrait faire la différence" entre d'une part les crédits "qui financent l'activité réelle, de nouveaux actifs ou des investissements" et qui donc "débouchent sur de la croissance", et d'autre part les crédits qui "financent le rachat d'actifs existants" avec "un endettement élevé, où ce sont les plus-values qui financent le coût du crédit" (prêts pour l'immobilier ou pour les rachats d'entreprises par exemple).

"Il n'y a pas de raison de limiter les premiers, alors que les autres n'ont pas toujours d'utilité sociale, ils peuvent même être dangereux", insiste M. Turner.

Or, constate le patron du gendarme de la City, "lorsqu'on relève les taux d'intérêt, on pénalise indifféremment les deux, on frappe même davantage l'activité réelle, alors que l'on récompense les spéculateurs".

Il relève que certains pays exercent déjà un contrôle, comme la Chine - "avec un succès réel" - ou l'Allemagne et l'Italie, qui sont "plus sélectifs pour la distribution de crédit à l'immobilier par exemple".

S'agissant de la régulation plus générale du monde de la finance, M. Turner juge que 2010 sera une année "cruciale", au cours de laquelle il faut passer "des grand principes" à "la réalité concrète" avec "des contraintes plus fortes".

Saluant "les principes" du projet de réforme bancaire de l'administration américaine, le patron de la FSA estime enfin qu'une loi ne sera pas suffisante. "Quand on s'attaque à ce problème, on revient vite aux obligations portant sur le capital des banques, c'est le coeur du problème, c'est là qu'il faut agir", prévient-il.

Vous voulez les misérables secourus, moi je veux la misère supprimée ( Victor Hugo )
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Re: [Monnaie] Ecosociétalisme et création monétaire

Message par bruno lemaire » 08 févr. 2010, 12:54

AJH a écrit :Justement, aujourd'hui ..
http://www.boursorama.com/infos/imprime ... e791d44f0c
Finance : le patron de la FSA veut "contrôler l'expansion du crédit"

Le président de la Financial Services Authority (FSA), le gendarme des marchés britanniques, estime qu'il faut "contrôler l'expansion du crédit" pour éviter de nouvelles crises, en étant notamment "plus sélectifs" dans la distribution de prêts.

"Je suis de plus en plus convaincu qu'il faut contrôler l'expansion du crédit, indépendamment de la politique monétaire", affirme Jonathan Adair Turner dans un entretien publié lundi par le quotidien français La Tribune.

Selon lui, "il faudrait faire la différence" entre d'une part les crédits "qui financent l'activité réelle, de nouveaux actifs ou des investissements" et qui donc "débouchent sur de la croissance", et d'autre part les crédits qui "financent le rachat d'actifs existants" avec "un endettement élevé, où ce sont les plus-values qui financent le coût du crédit" (prêts pour l'immobilier ou pour les rachats d'entreprises par exemple).

"Il n'y a pas de raison de limiter les premiers, alors que les autres n'ont pas toujours d'utilité sociale, ils peuvent même être dangereux", insiste M. Turner.

Or, constate le patron du gendarme de la City, "lorsqu'on relève les taux d'intérêt, on pénalise indifféremment les deux, on frappe même davantage l'activité réelle, alors que l'on récompense les spéculateurs".

Il relève que certains pays exercent déjà un contrôle, comme la Chine - "avec un succès réel" - ou l'Allemagne et l'Italie, qui sont "plus sélectifs pour la distribution de crédit à l'immobilier par exemple".

S'agissant de la régulation plus générale du monde de la finance, M. Turner juge que 2010 sera une année "cruciale", au cours de laquelle il faut passer "des grand principes" à "la réalité concrète" avec "des contraintes plus fortes".

Saluant "les principes" du projet de réforme bancaire de l'administration américaine, le patron de la FSA estime enfin qu'une loi ne sera pas suffisante. "Quand on s'attaque à ce problème, on revient vite aux obligations portant sur le capital des banques, c'est le coeur du problème, c'est là qu'il faut agir", prévient-il.

Merci André-Jacques pour ce travail de veille, qui m'apporte, qui nous apporte, beaucoup.
Cela permet d'asseoir nos réflexions sur des faits, et nos analyses sur des propositions, dans lesquelles, bien sûr, il y a toujours à décoder.

Amitiés sincères (comme toute amitié, normalement ;-) )

Bruno.

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Re: [Monnaie] Ecosociétalisme et création monétaire

Message par bruno lemaire » 08 févr. 2010, 13:02

pragma tic a écrit :Bonjour,

Merci à ceux qui me proposent une solution, mais ce n’est pas le sens de la démarche que j’entreprends en ce moment.
Connaître une solution est bien, mais si on ne la comprend pas (ce qui est mon cas), ça ne permet aucunement de progresser.
Je m’essaie, en ce moment, à mesurer les contraintes factuelles qui pèsent sur un opérateur de crédit, dans le but d’identifier les circonstances dans lesquelles il peut mettre de la monnaie en circulation, de manière à pouvoir ensuite (dans un second temps) tenter de caractériser la nature de cette monnaie, ses origines, et son rôle dans l’économie.
L’intérêt de ma démarche est limité, car les modélisations que je me prépare à mettre en œuvre ne pourront aucunement prendre en compte la complexité de la réalité économique.
En revanche, en démarrant simplement, (par les aspects juridiques et comptables de base), j’ai des chances de pouvoir mettre en lumière les grands principes de fonctionnement à l’œuvre, en évitant les pièges des modélisations trop complexes, dans lesquelles les décrochages avec la réalité me semblent fréquents, à ce que je peux observer.

Mon propos revient donc à créer une banque, (la Pragma Fric), à observer les contraintes légales (juridiques et comptables) qui pèsent sur elle, puis, tout en s’efforçant de respecter le cadre légal, d’en faire progressivement un opérateur de crédit, de manière à tenter de mettre en évidence le mécanisme par lequel cette banque pourrait participer à une « création monétaire ».

Je dispose pour se faire de 200 000 euros et de quelques coffres dont je ne sais pas quoi faire.
J’ai donc, dans un premier temps, procédé à quelques déclarations d’usage, dont je crois qu’elles ne concernent pas mon propos ici. J’ai ainsi pu ouvrir un compte à la BCE, et un autre à la Banque de France.
Le compte à la BCE sera mon compte de fonctionnement. Pour l’approvisionner, il m’a fallu produire un titre de créance. J’ai donc investi dans un Bon du Trésor Interannuel de six ans, de 200 000 euros, et je l’ai déposé à la BCE.
Mon compte à la banque de France accueillera mes réserves obligatoires, J’y effectue un virement de 20 000 euros à ce titre, ce qui me fixe pour l’instant à ce niveau (supérieur au nécessaire) mes réserves obligatoires, et a pour effet de laisser à 180 000 euros mon compte créditeur à la BCE.
Et je démarre. Ce matin, 3 clients (Dupond, Durand, Duschnock,) sont venus chacun ouvrir un compte courant, et l’ont chacun crédité de 50 000 euros, ce qui m’a pourvu de 150 000 euros, que j’ai convertis en un certificat de dépôt, me permettant de porter à 330 000 euros mon solde créditeur à la BCE.
Telle que j’interprète actuellement la législation comptable applicable au droit bancaire, je dispose donc d’un « droit à crédit » du niveau de 90% de mes fonds propres et dépôts, soit environ 270 000 euros.
Les clients ne tarderont sûrement pas, car je vais commencer par du crédit gratuit.

Ai-je commis quelque impair, dans mes actes ou interprétation de la législation comptable ?
Le début de pragma fric me semble alléchant, et correct.

Le seul point en désaccord est le suivant:
Telle que j’interprète actuellement la législation comptable applicable au droit bancaire, je dispose donc d’un « droit à crédit » du niveau de 90% de mes fonds propres et dépôts, soit environ 270 000 euros.
Je pense que vos réserves vous permettent de prêter 9 fois les 300000 euros, donc 2 millions 700.
Bien entendu, si les autres banques vous voient arriver d'un mauvais oeil et si elles ne marchent pas au même pas (phrase suggérée par Christophe, sur le blog "postjorion") que vous (c'est à dire s'il n'y a pas une augmentation de crédits homothétique dans le système bancaire) il va y avoir des fuites de votre banque vers les autres, qui ne seront pas compensées en sens inverse, et vous serez "liquidé", pour manque de liquidités, très vite.

C'est bien pour cela que je pense que l'approche "micro" ne mène pas très loin, même si elle est fort instructive.

Cordialement, Bruno.

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Re: [Monnaie] Ecosociétalisme et création monétaire

Message par AJH » 08 févr. 2010, 13:13

bruno lemaire a écrit :
AJH a écrit :Je précise évidemment que les chiffres de "création monétaire" sont des chiffres issus du calcul.. ce que peuvent faire les banques en théorie.

Pour la pratique, je laisse parler Patrick Artus
« Une porosité entre base monétaire et masse monétaire est le multiplicateur monétaire. Or, il s’est effondré. Alors que les banques européennes génèrent habituellement 4800 euros à partir de 1000 euros de monnaie banque centrale, leur capacité de création monétaire est tombée à 3500 euros depuis Lehman »

Que Artus, qui travaille pour Natixis, banque sauvée d'un sort funeste par les autorités, le dise, c'est une chose.

Que ce soit vrai, c'en est une autre. Les chiffres européens les plus récents (novembre 2009) parlent d'un ratio M1/currency de 5.9.

B.L.
Bruno

Attention de ne pas confondre "base monétaire" (M0, dont parle Artus) et "monnaie fiduciaire" (part Banque Centrale en M1... le "currency")
En octobre 2009
Base monétaire: 1070 G€ (dont 746 G€ d'espèces)
Monnaie fiduciaire (espèces) dans M1 : 746 G€
DAV : 3737 G€
M1 : 4483 G€
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Re: [Monnaie] Ecosociétalisme et création monétaire

Message par bruno lemaire » 08 févr. 2010, 23:29

« Une porosité entre base monétaire et masse monétaire est le multiplicateur monétaire. Or, il s’est effondré. Alors que les banques européennes génèrent habituellement 4800 euros à partir de 1000 euros de monnaie banque centrale, leur capacité de création monétaire est tombée à 3500 euros depuis Lehman »

Que Artus, qui travaille pour Natixis, banque sauvée d'un sort funeste par les autorités, le dise, c'est une chose.

Que ce soit vrai, c'en est une autre. Les chiffres européens les plus récents (novembre 2009) parlent d'un ratio M1/currency de 5.9.

B.L.[/quote]

Bruno

Attention de ne pas confondre "base monétaire" (M0, dont parle Artus) et "monnaie fiduciaire" (part Banque Centrale en M1... le "currency")
En octobre 2009
Base monétaire: 1070 G€ (dont 746 G€ d'espèces)
Monnaie fiduciaire (espèces) dans M1 : 746 G€
DAV : 3737 G€
M1 : 4483 G€[/quote]

OK, alors je "corrige".
Le ratio "M1/currency" est souvent présenté sous une forme légèrement différente:
"M1-Currency"/"Currency" pour se rapprocher du multiplicateur monétaire théorique.

M1 est en effet égal à la somme "monnaie scripturale bancaire" plus "currency".

Si on ne veut conserver que la monnaie scripturale bancaire au numérateur du ratio (cette monnaie n'étant autre que le montant global des DAV - dépôts à vue - que je préfère appeler "comptes à vue")il vaut mieux écrire(M1-Currency)/currency, ce qui n'est autre que le ratio précédent, moins l'unité:
(M1-currency/currency) = M1/currency - 1.

Un multiplicateur théorique de 9 voudrait dire que le système bancaire global peut prêter 9 fois plus d'argent que l'argent liquide qu'elle a en dépôt (soit de ses clients, soit sur fonds propres).

Ainsi, avec 100 milliards de "currency", les DAV pourraient se monter à 900 milliards, pour un agrégat M1 de 1000 milliards:
M1/100 = 10 ou (M1-100)/100 = 9

On m'a proposé dernièrement, pour "currency", VAP (Vrai Argent de Paul).
Le multiplicateur monétaire, ou ratio (M1-Currency)/currency, deviendrait:( DAV-VAP)/VAP. ;-)

Pour faire plaisir à AJH - qui le mérite bien, je dirai donc que "mon" multiplicateur européen n'est pas de 5,9, mais de 4,9 (=5,9 moins 1)

Mais ce n'est tjs pas la valeur donnée par Artus. Ou alors, il faut utiliser un autre ratio, non utilisé habituellement, DAV/M0, que l'on appellerai ratio de porosité, voire ratio de morosité.

Pourquoi pas, après tout

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